Depuis l’annonce de la fermeture du site de Caterpillar à Gosselies, qui va laisser 2200 travailleurs sur le carreau, une série de licenciements ont été annoncés.
Chez AXA, ce sont 650 emplois qui vont passer à la trappe. Trois cent licenciements ont été annoncés à P&V, deux cent septante chez Douwe-Egberts, deux cent vingt liés à la faillite de MS Mode, plus toute une série dans des entreprises plus petites. Au total, ce sont quatre mille emplois directs qui sont concernés, sans compter l’impact chez les sous-traitants.
Caterpillar a gagné 2 milliards d’euro l’an dernier, et encore plus les années précédentes. Le patron a reconnu que le site de Gosselies était performant, mais qu’il fallait fermer quelque part pour faire remonter les profits… AXA a fait un bénéfice de 5 milliards d’euros mais pour « rester numéro un » et garantir les profits des actionnaires, ils ont décidé de « comprimer les coûts » et donc de restructurer.
Quand Caterpillar a annoncé la fermeture de l’usine de Gosselies, le monde politique a dénoncé la méthode « à l’américaine ». Les politiciens ont dénoncé la forme, aucun n’a remis en cause le droit de Caterpillar à faire des profits sur les dos des travailleurs.
Mais les milliers d’autres licenciements de ce mois-ci n’ont rien à voir avec des firmes américaines. Qu’est-ce que ça change pour les travailleurs d’être licenciés par un patron européen ou américain ? C’est la même galère…
Les gouvernements successifs ont tout fait pour faciliter la vie au patronat, … sous prétexte d’attirer les investisseurs qui allaient créer de l’emploi. Ce que ces licenciements montrent, c’est d’abord que tous les patrons se valent, quelque soient leur nationalité, quelle que soit la taille de leur entreprise.
Cela montre aussi que les travailleurs ont espéré à tort qu’en acceptant les conditions imposées par le patronat, ils allaient garantir leurs emplois pour l’avenir. Les charges sociales ont été réduites, les salaires ont été bloqués, la flexibilité a été accrue et avec l’augmentation de l’âge de la pension, c’est la durée du travail qui a augmenté.
Tout cela, ce sont les concessions que le monde du travail a faites au niveau général, et qui se traduisent par un recul du niveau de vie. Il faut encore y ajouter les concessions qui ont été imposés dans chaque entreprise, sur les conditions de travail, sur les pauses, parfois même sur la sécurité. A chaque fois, en utilisant la menace de la restructuration.
Par exemple, chez AXA, la direction veut aussi imposer une réduction des salaires et une augmentation des horaires pour les travailleurs qui ont échappé au licenciement.
Et ce n’est pas tout ! Avec les subventions et les diminutions d’impôts, le gouvernement dispense le patronat de payer sa quote-part pour les routes sur lesquelles passent ses marchandises, pour les écoles dans lesquelles les futurs travailleurs sont formés, pour les pompiers et les policiers qui les protègent. Tout cela, c’est finalement le monde du travail qui est contraint de le payer ! Ah mais, disent les ministres, si les impôts sont trop élevés, les patrons ne vont pas investir.
Mais au bout du compte, les patrons n’investissent pas et ils licencient quand même !
On veut nous faire croire qu’il y aurait une sorte d’accord possible « concessions contre emplois », entre le monde du travail et le monde patronal. Mais c’est illusoire. Les patrons sont les représentants d’une machine économique inhumaine, une machine pour laquelle seuls comptent les bilans financiers, les investissements et les profits. Cette machine se moque bien des concessions passées, elle ne voit que les concessions futures qu’elle va exiger. Pour elle, il n’y a pas de parole ni d’accord qui tiennent fasse à l’impératif de faire plus de profits.
Personne ne dirige l’économie mondiale, mais il y a ceux qui en profitent, une infime minorité de milliardaires, et l’immense majorité qui en souffre. Les patrons, les actionnaires, ont choisi leur camp.
Les politiciens aussi. Ils participent au chantage à l’emploi, ils répètent qu’il faut tout céder pour garder nos emplois et versent des larmes de crocodiles sur le sort des travailleurs qui ont perdu leur job. Quand ils parlent de sauver l’économie, les travailleurs entendent « sauver des emplois », mais la réalité est qu’il ne s’agit que de sauver les profits des capitalistes.
Tout le système est à changer, mais la première des choses serait d’interdire les licenciements et de prendre sur les profits pour maintenir les emplois.