Après Publifin en Wallonie, une série de scandales a mis à lumière du jour les pratiques corrompues du PS… mais pas seulement.
Le système est bien rodé. Un certain nombre de services à la population ont été transférés de l’administration vers des asbl privées. En faisant de la sorte, cela permet de les faire échapper à toutes les contraintes qui s’appliquent normalement aux services publics tels que les droits des travailleurs, mais aussi les rémunérations des dirigeants. En particulier, les asbl ont des conseils d’administration qui se réunissent quelques fois par an pour vérifier le bon fonctionnement de l’association et prendre des décisions pour l’avenir. Les administrateurs qui en font partie reçoivent une prime à chaque participation, un « jeton de présence ». Ce mécanisme, et il n’est pas le seul, permet d’arrondir les fins de mois des élus, de leurs amis politiques ou encore de leur famille…
A Bruxelles, le scandale est d’autant plus choquant qu’il s’agit d’associations ayant un objectif social. L’ex-bourgmestre Yvan Mayeur et la directrice du CPAS, Pascale Peraita, touchaient des jetons pour leur participation au conseil d’administration du Samu social, censé s’occuper des sans-abris. Et comme ça ne faisait pas assez d’argent à leurs yeux, ils ont inventé des dizaines de réunions bidons pour faire grimper l’addition jusqu’à des vingt mille euros par an. Les dons des particuliers au Samu social servaient donc à beurrer les tartines de ces politiciens – sachant que Peraita touchait déjà un salaire de base de 120 000 euros par an du CPAS.
Les politiciens PS ont abusé du filon. Les hôpitaux, le mont-de-piété, les habitations sociales et même le crématorium sont des exemples d’asbl qui paient richement leurs administrateurs. L’échevine de l’instruction publique, Faouzia Hariche, est administratrice des cantines scolaires. Et hop ! 20 000 euros dans la poche. Pourquoi est-ce que les cantines scolaires ne sont pas directement gérées par l’administration ? Justement pour créer ce genre de fonction et les rémunérations qui vont avec.
Et comme ça ne leur suffit pas, ils cumulent. Peraita (toujours elle) est la championne avec près de 80 000 euros par an pour quatre mandats rémunérés dans des asbl. Christophe Pourtois, du MR, a 10 mandats, pour un total de 76 000 euros par an, etc. etc. Sans compter que Peraita ou Onkelinx, et d’autres encore, n’hésitent pas à faire engager leurs propres enfants dans ces asbl pour des jobs qu’ils ne se donnent même pas la peine de faire.
A Bruxelles, il y a huit PS et deux MR dans le top 10 des dents les plus longues. Cela s’ajoute au scandale Publifin en Wallonie, sans compter toute la série de casseroles que le PS traîne, depuis les hélicoptères Agusta, jusqu’à la société wallonne du logement, la carolorégienne. Cela fait tache, et le risque est grand que le PS soit sanctionné aux prochaines élections et avec la perte du pouvoir, ce sera aussi la fin des dividendes…
C’est pourquoi une partie des politiciens PS comme Vervoort ou Magnette mettent en avant dans l’urgence un programme de « transparence » et de « décumul ». Le MR, le CDH, Ecolo et le PTB jouent dans le même registre. En ce qui concerne les partis au gouvernement, c’est clairement hypocrite, car ils sont tous été complices, actifs ou passifs de ces pratiques. Ils étaient bien au courant des nominations dans les asbl et les intercommunales, puisqu’ils en faisaient aussi partie ! Cela fait des années que les faits sont connus sans qu’ils réagissent. Au contraire, ils ont tous bloqué toutes les propositions de loi qui allaient dans le sens d’augmenter le contrôle et la transparence ! Aujourd’hui, leur goinfrerie leur pète à la figure et c’est la panique. On le voit clairement dans la rupture du CDH avec son allié traditionnel, le PS, pour éviter d’être entraîné dans sa chute.
Du point de vue des travailleurs, ces histoires de transparence et de décumul sont un leurre. Tout le système politique est avant tout fait pour mettre en place des partis qui, quelle que soit leur étiquette, font une politique en faveur des patrons : austérité, blocage des salaires, report de l’âge de la pension, réduction des charges patronales, etc. Et les politiciens sont chargés aussi de maintenir les travailleurs à leur place, y compris en les divisant entre régions, nationalités et religions.
En échange, les patrons les laissent se servir dans la caisse d’une manière ou d’une autre. Même avec de la « transparence », cette politique continuerait. La seule manière pour que la société soit « bien gérée », ce serait que les travailleurs s’en occupent eux-mêmes !