Le 26 mai, tous ceux qui ont le droit de vote en Belgique, ce qui est loin d’être le cas de tous les travailleurs, ont participé aux scrutins pour les élections législatives, régionales et européennes.
La question est toujours la même pour les travailleurs, que peuvent-ils en attendre ?
Les partis traditionnels ont tous déjà participé à l’un ou l’autre gouvernement, ils ont démontré maintes fois qu’au bout du compte, ils choisissent toujours les intérêts de la bourgeoisie, soit parce que c’est la classe sociale qu’ils défendent ouvertement, comme les libéraux, soit comme le PS, parce qu’ils sont foncièrement hostiles à toute idée de révolution sociale. Cette aversion à la révolution rend le PS bien incapable d’imposer à la bourgeoise de timides mesures quand bien même il s’agirait seulement de défaire les mauvais coups qu’il a lui-même portés à la classe ouvrière, comme le recul de l’âge de la pension ou les exclusions du chômage.
Il est des formations politiques, souvent plus petites qui n’ont jamais fait l’exercice du pouvoir. Peut-on leur faire crédit sur ce seul critère ? Le raisonnement a l’attrait de la simplicité mais fait preuve de cécité politique.
L’extrême droite n’est pas une alternative pour la classe ouvrière. Elle est, tout autant que les libéraux, au service de la grande bourgeoise qui la finance à l’occasion lorsqu’elle le juge nécessaire. Qui plus est, en désignant les travailleurs immigrés comme boucs émissaires, elle exonère les capitalistes de la misère sociale, divise et affaiblit la classe ouvrière.
Une partie des travailleurs sont tentés de voter pour le PTB. Selon les derniers sondages, aux alentours de 10% en Wallonie. Le PTB se présente comme « proche des gens ». Raoul Hedebouw a un air sympathique, il parle des problèmes des travailleurs et, sur les plateaux de télévision, il a de la répartie devant les politiciens bourgeois à l’air arrogant ou supérieur. Dans le passé, le PTB s’est réclamé du communisme, celui de Staline, qui n’est pas la figure de ce que le communisme représente de progressiste pour l’humanité. Mais enfin, il s’agissait tout de même d’un drapeau de la révolution sociale, si on n’était pas trop regardant. Aujourd’hui, ce sont surtout ses adversaires qui présentent le PTB comme communiste. Et si Hedebouw se dit toujours marxiste, il aime à dire que le socialiste Moureaux l’était également. La référence au communisme, elle, a disparu de leur programme depuis dix ans. Aujourd’hui, le programme du PTB contient des propositions comme la revendication du modèle KIWI sur les médicaments qui concernent l’ensemble de la population. Mais, il ne contient pas de mesures qui représentent les intérêts spécifiques de la classe ouvrière comme le feraient l’interdiction des licenciements et l’augmentation générale des salaires à 2000 euros afin de vivre décemment. Or, ce dont a cruellement besoin la classe ouvrière, c’est d’un parti qui représente ses intérêts politiques propres.
Selon le PTB, ses élus ne pourront défendre leurs mesures qu’avec l’aide de la rue. Qu’est-ce que cela signifie au juste ? Qu’il compte sur la FGTB pour organiser des manifestations ? Mais la FGTB le fait déjà. La direction du syndicat socialiste organise des journées d’action pour défendre les pensions mais elle entend bien en garder le contrôle et ne fait rien pour qu’elles soient un succès. Or, le PTB ne dit rien de cette bureaucratie à laquelle il laisse la prérogative d’organiser les luttes. Au contraire, il dit que ce n’est pas à lui de le faire, que ce n’est pas l’affaire d’un parti politique. Toute l’histoire du mouvement ouvrier montre le contraire. C’est lorsque les travailleurs avaient un parti communiste réellement révolutionnaire qui dirigeait les grèves qu’ils ont pu faire peur à la bourgeoisie, obtenir des avancées importantes et parfois prendre le pouvoir comme en Russie.
Que le PTB se taise sur cette question en dit long sur ce qu’il est au fond : un parti réformiste.
Alors, les travailleurs qui voteront pour le PTB exprimeront qu’ils ne font plus confiance au parti socialiste et qu’ils ne sont pas prêts à se laisser berner par la démagogie anti-immigrés. Et ils auront raison de ne pas écouter Di Rupo qui appelle à voter utile, à battre la droite en votant pour les socialistes. Néanmoins, toute attente vis-à-vis du PTB sera synonyme de déceptions. En leur temps, la gauche dite radicale de Grèce (Syriza) et d’Espagne (Podemos) a également suscité les mêmes illusions auprès des travailleurs qui leur ont apporté leur voix.
Il sera important de s’en souvenir plus tard, surtout si le PTB participe au pouvoir. Car la déception est le plus souvent compagne de la démoralisation. Or, la classe ouvrière a besoin de toute sa combativité pour défendre ses intérêts contre la bourgeoisie.