Encore une fois, le déficit de la Sécurité sociale revient sur la table, et encore une fois le patronat veut le faire payer par les travailleurs.
Le débat a été relancé suite à la parution des dernières prévisions qui évaluent le « trou » à 3 milliards pour 2019 et jusqu’à six milliards dans les cinq années suivantes. On est loin des cris de victoire de Charles Michel qui prétendait avoir vaincu le dragon de l’endettement à force de sacrifices imposés aux travailleurs ! Les allocations ont été réduites, l’âge de la pension a été reporté à 67 ans et les salaires rabotés par les sauts d’index. Mais le déficit est toujours là…
Lors de la réunion entre la Ministre des affaires sociales, Maggie de Block, les patrons et les syndicats, ces derniers ont pointé du doigt, comme cause du déficit, les cadeaux fiscaux aux entreprises comme les flexi-jobs, les emplois étudiants ou le tax-shift qui ont réduit la contribution patronale au budget de la sécurité sociale. Évidemment, les patrons nient et la ministre temporise.
Mais si l’on replace ce chiffre dans son contexte, il prend une toute autre signification. La dette publique belge est de 460 milliards d’euros, dont 96% sont dus à des institutions financières belges ou internationales. Donc, premièrement le déficit de la sécu est une goutte d’eau et deuxièmement, la dette profite au patronat. Chaque année, le remboursement de cette dette lui rapporte 40 milliards d’euros, dont 10 milliards rien qu’en intérêts. Chaque travailleur rembourse donc avec ses impôts environ 7 000 euros par an.
Le montant du déficit de la Sécurité sociale n’est rien non plus quand on le compare à d’autres dépenses : le sauvetage des banques lors de la crise financière de 2008 a coûté 30 milliards. La fraude fiscale à grande échelle coûte 25 milliards par an. Pourtant, le nombre de fonctionnaires chargés de pourchasser les fraudeurs a été diminué par deux sous le gouvernement actuel. Les folies et les magouilles du système financier creusent dix fois plus le trou que les pensions, le chômage et les soins de santé de tous les travailleurs de Belgique !
Donc, non, le problème, ce n’est pas les pensions.
Le patronat refuse de parler de nouveaux impôts sous prétexte qu’il en paierait déjà plus qu’assez. C’est en tout cas ce qu’ils ont rappelé lors de cette réunion.
Or, le taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés a été divisé quasiment par deux depuis les années 1980. Il était de 48% à l’époque et il est maintenant officiellement de 25%. Les grosses entreprises, elles, s’arrangent même, grâce à des montages financiers complexes, pour ne payer que 3% de taxes. Chaque année, 250 milliards d’euros filent vers les paradis fiscaux, aux îles Caïmans ou autres Bermudes.
Donc, non, les patrons ne paient pas leur quote-part des dépenses publiques !
En réponse aux syndicats, les organisations patronales ont proposé un nouveau « pacte social » étalé sur 75 ans qui empêcherait la croissance des dépenses liées au vieillissement et réduirait les charges sur les entreprises. Non content de creuser le déficit public, le patronat voudrait encore une fois le faire payer par les travailleurs en reportant l’âge de la pension.
Que cela soit du pipeau, les patrons s’en moquent car de toute façon les gouvernements, de gauche comme de droite, répètent comme des perroquets que le travail coûte trop cher et que les travailleurs doivent se serrer la ceinture.
Mais en réalité, ce n’est pas le travail qui coûte trop cher. D’où vient l’argent qui sert à payer les salaires, les charges sociales et les pensions ? Exclusivement du travail ! Le bénéfice des capitalistes est lui aussi le produit de notre travail. C’est pour cela que nous, les communistes, nous disons que les capitalistes sont des parasites : ils ne créent rien mais ils profitent du fait que les entreprises leur appartiennent pour imposer leurs conditions à des travailleurs qui n’ont pas d’autre moyen de survivre que de se louer pour un salaire.
S’il n’y a pas assez d’argent pour les pensions, les hôpitaux ou les écoles, si les salaires sont trop bas, s’il n’y pas assez de personnel dans les entreprises, c’est exclusivement dû à l’appétit de profit des patrons qui en veulent toujours plus.
Nous savons tous que les gouvernements sont à leur service. Les seuls qui peuvent s’y opposer, ce sont les travailleurs eux-mêmes : ils sont les plus nombreux et ils sont au centre de toute l’économie. Ce qui leur manque, c’est un parti qui organise cette force et mène les luttes nécessaires pour faire payer le patronat.