Le gouvernement nationaliste de Modi n’a pas lésiné sur les moyens pour sauver les profits capitalistes. Comme en Belgique, les entreprises bénéficient de prêts avantageux, de délais de remboursement et d’exemptions fiscales. Les travailleurs, quant à eux, n’ont eu droit qu’au mépris et à la matraque. Une fois le confinement décrété, entreprises, usines et chantiers ont été fermés, y compris les sociétés de transports. En perdant leur maigre salaire, il devenait impossible pour de nombreux travailleurs habitant la capitale de payer leur loyer ou leur nourriture. Plusieurs centaines de milliers d’entre eux, originaires de la campagne, tentèrent d’abord de rentrer à pieds dans des villages parfois très éloignés pour travailler dans les champs. Pour plus d’une cinquantaine de personnes, ce voyage fut le dernier ; la fatigue et la faim eurent raison de leurs efforts. Devant ce scandale dénoncé dans les médias, des travailleurs ont manifesté leur colère et quelques bus furent enfin mis à leur disposition. Des milliers de personnes affluèrent donc dans les gares routières, créant un terrain propice pour la propagation du coronavirus. La seule réponse du gouvernement face à ces marées humaines fut la matraque, soit pour leur faire rebrousser chemin, soit pour les faire entrer dans les bus pleins à craquer. Depuis, ces quelques bus continuent leurs aller-retours et permettent à une partie des travailleurs d’échapper à la misère urbaine. Mais pour l’autre partie, la plus pauvre, coincée en ville faute de pouvoir payer le ticket de bus, l’enfer continue. Sans toit, ni toilettes, ni douches, le gouvernement ne leur donne que des miettes pour survivre