La crise du Covid s’achève à peine, la guerre en Ukraine fait rage mais la guerre du gouvernement et du patronat contre le monde du travail n’a jamais cessé.
La ministre du Budget, Eva De Bleeker, a été claire là-dessus : le gouvernement a gardé en permanence l’objectif de limiter les dépenses, alors même que les soins de santé montraient la gravité de leur sous-financement et que les ménages sont écrasés par la hausse vertigineuse des prix.
Sous prétexte de mettre « plus de gens au travail », la ministre propose de faire la chasse aux malades de longue durée, d’augmenter la flexibilité, d’augmenter le travail de nuit, etc. Des mesures inefficaces mais qui feront plaisir au patronat.
Là où il serait urgent d’agir, comme, par exemple, le blocage des prix, la ministre renvoie au niveau européen, ce qui est une manière de reporter toute décision à un futur indéterminé, quand les travailleurs seront encore plus au bout du rouleau.
Bien sûr, pour elle, il n’est pas question d’augmenter les impôts sur les grandes fortunes. C’est une promesse du gouvernement ! Ils ont fait des dizaines de promesses électorales, mais les seules qu’ils tiennent, ce sont celles qu’ils ont faites aux riches.
Le Conseil Supérieur des Finances va dans le même sens que la ministre dans une note d’orientation sur la fiscalité : baisse des impôts sur les salaires d’un côté, mais suppression des chèques repas de l’autre, et surtout une augmentation de la TVA de 1%. Experts et politiciens parlent d’une fiscalité plus juste mais la TVA est l’impôt le plus injuste de tous puisqu’il ne dépend pas des revenus. Et toujours pas question d’un impôt sur la fortune ou le patrimoine !
Or, la question des impôts est directement liée à celle des services publics : en réduisant la part des grandes fortunes ou des entreprises, le coût de l’école, de la santé ou des transports pèse encore plus sur les épaules des travailleurs.
L’injustice est donc double. La fortune des plus riches vient avant tout du travail des salariés qu’ils exploitent dans leurs entreprises. Non seulement les patrons s’approprient le fruit de notre travail, mais en plus, ils refusent de payer pour les services publics.
Le patronat veut aller encore plus loin. Comme par coïncidence, il vient de publier sa propre liste de mesures pour les années qui viennent. Les gros morceaux, ce sont la fin de l’indexation automatique des salaires, la réduction des cotisations sociales et la régionalisation des politiques de chômage. Pas besoin de faire un dessin, l’index, même truqué comme il l’est aujourd’hui permet que les salaires suivent plus ou moins les prix. Supprimer l’index, c’est revenir à des négociations, branche par branche, voire entreprise par entreprise. Isolés, forcés à se battre pour chaque cent, les travailleurs seront toujours perdants. Cela va dans le même sens que la régionalisation du droit du travail : en divisant les travailleurs, en les mettant en concurrence au sein même du pays, le patronat renforcera sa capacité à leur imposer ses chantages.
Les politiciens répètent inlassablement que la compétitivité et la croissance seront bénéfiques à tout le monde car ils créeront de l’emploi. Chaque année qui passe prouve le contraire. Le patronat a empoché les réductions de charges sociales, il a profité de la déréglementation, mais ni les emplois, ni les salaires n’ont suivi. Alors qu’une inflation galopante ronge le pouvoir d’achat des travailleurs, les patrons ne parlent que de supprimer l’indexation.
Le patronat en veut toujours plus. Quoiqu’on leur cède, cela ne suffit jamais. Il se moque bien des conséquences pour la population. Pendant que les pauvres font la file dans des hôpitaux débordés, pendant que leurs enfants s’entassent à plus de vingt pas classe, les riches vont dans des cliniques privées et envoient leurs enfants dans des écoles d’élite.
La ministre De Bleeker dit dans sa conclusion : « l’État ne peut pas aider tout le monde à n’importe quel prix ». C’est évident, l’État est au service du patronat ! Les travailleurs devront s’aider eux-mêmes. Exigeons pour commencer le blocage des prix, l’augmentation des salaires et que les plus riches paient des impôts à la hauteur de leur fortune. C’est le monde du travail qui fait tourner l’économie, qui crée toutes les richesses. Ce rôle central lui donne une force énorme.Et puis, on verra, peut-être que les travailleurs aussi, se mettront à en vouloir toujours plus… et ils auraient bien raison !