L’inflation a disparu des titres de journaux mais elle continue de faire des ravages dans les couches populaires de la société, tandis que les patrons s’enrichissent à une vitesse indécente.
Il y a un chiffre qui fait froid dans le dos : au niveau mondial, toutes les 30 heures, un riche devient milliardaire tandis qu’un million de personnes basculent dans la pauvreté.
En Belgique, le patrimoine des millionnaires a augmenté de 6% l’an dernier alors que la production de richesses a chuté de 1%. Si les profits augmentent alors que la production baisse, cela signifie que pour chaque marchandise produite, pour chaque service fourni par des travailleurs, la part des actionnaires a augmenté.
Cette accélération de l’enrichissement des puissants a commencé pendant la crise du Covid grâce à la précarité qu’elle a imposé au monde du travail et grâce aux généreuses aides de l’État. La guerre en Ukraine aggrave à son tour la situation en y ajoutant une inflation galopante.
L’augmentation des prix touche beaucoup plus les ménages pauvres : le loyer, la nourriture et le transport constituent la part principale des dépenses. Quand ces postes augmentent de 8,5%, cela fait vite 200€ de charges en plus par mois. C’est peut-être marginal dans les milieux aisés mais c’est insupportable pour des salaires d’ouvrier ou d’employé. Le résultat est de faire basculer un budget ric-rac dans le rouge, et donc de se priver de loisirs, de chauffage, de soins de santé.
Le nombre de travailleurs pauvres a doublé avec la pandémie et, même si on n’a pas de chiffres pour 2022, il est évident que la situation n’a pu qu’empirer depuis le retour de l’inflation.
La manière dont l’index est calculé fait que l’indexation automatique des salaires ne couvre pas, loin de là, ces pertes financières. Quant aux mesures d’urgence prises par le gouvernement, ce sont des emplâtres sur une jambe de bois ! La baisse temporaire de la TVA sur le gaz et l’électricité, ou les 100€ de prime par ménage sont largement insuffisants. Ce ne sont que des mesurettes qui visent à rendre l’appauvrissement moins insupportable mais elles n’empêchent en rien le monde du travail de s’appauvrir chaque jour un peu plus.
De Croo et ses ministres ne s’inquiètent pas réellement du sort des couches populaires, ils veulent juste contenir un minimum la crise actuelle car ils craignent qu’elle n’entraîne aussi les classes moyennes quand les travailleurs n’auront plus de salaire à dépenser. Surtout, ils veulent éviter que la colère du monde du travail ne débouche sur des grèves, des manifestations, voire pire encore…
De Croo et consorts prennent dans l’argent public, dans celui de nos impôts, pour financer leurs mesures. C’est donc chacun de nous qui payons, pas les riches, pas le patronat !
Pourtant, ce sont eux qui se sont enrichis par milliards grâce à la crise du Covid et à la guerre en Ukraine ; ce sont les groupes pétroliers, les producteurs d’électricité, les grossistes du secteur alimentaire, les Total, Engie, Colruyt, Delhaize et compagnie. C’est dans leur trésor de guerre qu’il faudrait puiser et pas dans la poche des travailleurs. Leur richesse s’est construite sur la précarité, sur la pauvreté et sur la spéculation. Ce sont eux qui doivent payer et pas seulement des primes, mais une réelle augmentation des salaires.
On ne peut pas attendre d’un gouvernement comme celui de De Croo de faire payer les riches. Les politiciens ont montré cent fois qu’ils étaient à leur service. En ce sens, De Croo ou un autre, c’est pareil : les capitalistes possèdent le monde, ils ont le pouvoir économique tandis que les gouvernements ne sont là que pour s’assurer de la stabilité du système : que les travailleurs restent à leur place d’exploités et que les riches continuent à s’enrichir.
C’est pour cela que les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Sans luttes, nous n’aurons que des larmes pour pleurer sur notre sort.
Voilà deux siècles que Marx a démontré les mécanismes de l’exploitation capitaliste. Depuis, les choses n’ont changé qu’en surface et, au fond, perdure la même exploitation de la misère et de la précarité de la majorité pour enrichir une infime minorité de parasites.
C’est ce système auquel il faut mettre fin en chassant les parasites qui s’enrichissent de notre travail et qui spéculent sur notre misère. Le monde du travail pourrait alors mettre en commun les ressources et les moyens de production afin que chacun et chacune puisse vivre décemment sans avoir à s’inquiéter de l’avenir.