Après le LuxLeaks, voilà le SwissLeaks, une série de montages financiers sophistiqués organisés par la banque suisse HSBC pour permettre à ses riches clients de payer moins d’impôts en créant des sociétés fictives dans des paradis fiscaux. Cette fois-ci, les montants révélés sont de l’ordre de cent milliards de dollars au niveau mondial, dont 6 milliards de fraude rien que pour la Belgique.
Parmi les fraudeurs, on trouve entre autres la famille Boël qui a fait fortune dans la sidérurgie et la famille de Clerck actionnaire de AB Inbev, déjà épinglée dans le scandale des cadeaux fiscaux luxembourgeois. Mais ils sont quelques milliers à avoir planqué leur argent à l’abri de l’impôt…
Le scandale touche les politiciens qui s’accusent les uns les autres de laxisme. Le PS accuse le MR de « faciliter la fraude » et il est vrai que le MR est le défenseur des « intérêts notionnels » qui sont un moyen pour les entreprises de payer moins d’impôts. Mais quand ils ont gouverné ensemble, ils ont appliqué une politique de rigueur budgétaire qui a abouti à réduire drastiquement le personnel du Ministère des finances chargé des enquêtes fiscales. Et aujourd’hui le MR, avec la NVA cette fois, a coupé tous les budgets qui permettraient d’embaucher le personnel et d’acquérir les logiciels nécessaires à la traque des fraudeurs.
D’ailleurs, que propose le PS ? Rien de plus que de créer une « commission parlementaire », qui ne fera que papoter et constater que les fonctionnaires n’ont pas les moyens de s’attaquer aux fraudes massives et perfectionnées mises en places par les milliardaires.
Tout cela montre bien que la priorité des politiciens n’est pas de s’attaquer au monde de la finance. Et si cela avait été le cas, on le saurait depuis longtemps car si les révélations de l’informaticien suisse ont permis de trouver des noms, les fonctionnaires du fisc savent depuis longtemps que ce genre de montages existe et qu’ils permettent chaque année à des milliards d’euros de s’évader en toute impunité.
S’il en fallait une preuve, il y a eu les « LuxLeaks », il y a deux mois, qui ont dévoilé que le Ministère des finances faisait des accords secrets avec de grandes entreprises belges ou étrangères pour leur octroyer un taux d’imposition inférieur à la normale.
La passivité des gouvernements de tous bords à lutter contre la fraude fiscale, voire leur complicité dans les mécanismes de fraude, est à comparer à l’énergie qu’ils mettent à s’attaquer aux classes populaires. Pendant la dernière campagne électorale, Di Rupo s’est vanté d’avoir réalisé 22 milliards « d’effort budgétaire ». Même si ces chiffres sont contestables et difficiles à interpréter, il est évident que son gouvernement a pioché bien plus dans la poche des travailleurs que dans celle des riches. Et le gouvernement MR-NVA de Charles Michel s’est donné comme objectif de faire quatre fois plus en deux ans !
C’est cela le choix politique de tous ces gouvernements au service de la bourgeoisie : bloquer les salaires et supprimer l’index pour augmenter la rentabilité des entreprises, reporter l’âge de la pension pour en diminuer le montant, manipuler les remboursement de soins de santé, réduire les budgets des écoles, des services publics, des transports publics et pourchasser les chômeurs en les accusant de fraude. Voilà la politique des gouvernements, une politique qui mène des familles entières vers la misère, qui fait que de plus en plus de travailleurs renoncent à se soigner par manque de moyens, qui mène à l’échec scolaire et au cercle infernal du chômage.
Si ce chômage existe, si cette crise économique existe, ce n’est pas parce que les moyens manquent : ce genre de scandale rappelle que les grandes fortunes ont les moyens d’injecter des milliards d’euros dans les circuits financiers. Cet argent pourrait servir à créer les emplois qui font aujourd’hui cruellement défaut. Mais les gouvernements préfèrent cent fois s’attaquer aux pauvres et aux travailleurs que de lever le petit doigt contre ces riches parasites.
Les capitalistes disposent de leurs politiciens, de tous ces partis qui se déchirent entre eux mais qui servent le même maître. Ce dont le monde du travail a besoin aujourd’hui, c’est de s’organiser, de constituer son propre parti pour lutter contre ce système avec ses propres armes, que sont les manifestations et la grève. Ce sont les travailleurs qui font fonctionner l’économie, ce sont eux qui constituent la majorité de la population. Unis et organisés, ils pourraient imposer que les moyens financiers soient utilisés pour le bien-être de tous et pas seulement d’une poignée de nantis.