Le hold-up du gouvernement contre les travailleurs

Sans surprise, le gouvernement a officiellement décidé d’imposer un saut d’index de 2% à partir du mois de mars. Cela signifie que les augmentations de prix en dessous de ce seuil ne seront pas prises en compte pour l’augmentation des salaires. Le gouvernement Michel a même été plus loin, en introduisant des amendes pour les entreprises qui augmenteraient néanmoins les salaires.
La mesure est présentée comme « nécessaire » pour relancer l’économie. Cette nécessité se traduit, selon le gouvernement et la plupart des médias, par l’amélioration de la « compétitivité » des entreprises. Ce message est répété jour après jour dans les journaux, à la télé ou à la radio. Il vise à convaincre les travailleurs que, pour que leur emploi ait un avenir, il faut qu’ils acceptent de gagner moins car sinon, les salaires moins élevés dans les pays voisins feraient fuir les entreprises du pays.
Selon les sources, le « gain » en emplois que ce saut d’index permettrait de créer serait de 16 500 emplois créés d’ici 2020 selon le Bureau du Plan à 56 000 selon la Banque nationale. Or, en janvier 2015, il y avait plus de 600 000 chômeurs recensés ! Et qu’en sera-t-il d’ici 2020 ? La population en âge de travailler aura augmenté de 50 000 personnes, soit plus que le gain escompté ! En plus, les économies de salaires dans le secteur privé, n’ont jamais créé aucun emploi : les patrons feront faire le même travail, par les mêmes personnes et se contenteront de les payer moins. D’ailleurs, la FEB, la Fédération des Entreprises de Belgique, n’a pas caché sa satisfaction à l’annonce de la mesure !
Le saut d’index va aussi toucher les travailleurs du secteur public. 2,5 milliards seront ainsi économisés sur le budget de l’état. Ce sont toujours les travailleurs qui font les frais des réductions des budgets publics tandis que les entreprises sont exonérées de charges et creusent la dette de la sécu. Et ces baisses de charges qui sont aussi, comme le saut d’index, toujours présentées comme un moyen de créer des emplois, n’ont jamais eu, de l’avis même des experts du gouvernement, aucun effet contre le chômage !
Les gains pour les patrons sont clairs, mais il n’y a que des pertes pour les travailleurs. Le pouvoir d’achat va être amputé d’une quarantaine d’euros du fait de l’augmentation des prix – pour les bas salaires, ce sera un problème de plus à la fin du mois. Les conséquences d’un pourcentage en apparence anodin sont énormes : sur la carrière entière d’un salarié, cela représente une perte de salaire de 25000 euros pour un salaire de base à 2500 euros bruts (environs 1600 euros net). Et cela fait aussi que les pensions seront moins élevées puisqu’elles seront calculées sur des salaires plus faibles.
Et cette mesure s’ajoute à d’autres mesures anti-sociales comme l’obligation faite aux prépensionnés de chercher à nouveau du travail ou comme la limitation des allocations d’insertion qui renvoie des milliers de jeunes belges vers le CPAS et le cycle infernal de la misère. Sans compter le projet de relever l’âge de la pension à 67 ans.
L’idée que la « santé de l’économie » serait bénéfique pour les travailleurs est fausse ! C’est un discours qui vise à endormir les travailleurs. La réalité, c’est que la croissance des entreprises rime avec la pauvreté de la population !
Que le gouvernement œuvre à l’augmentation des profits des entreprises et des riches au détriment des pauvres n’est pas nouveau. Malgré un discours plus social, le gouvernement Di Rupo a eu le même genre de politique, par exemple en limitant les droits des chômeurs dans la durée. Mais les travailleurs ne sont pas démunis face à ces attaques. Leur force, c’est le nombre, ils forment l’écrasante majorité de la population. Leurs armes, ce sont les manifestations et la grève. Le succès des mouvements de l’automne, qui a vu jusqu’à 120 000 manifestants le 6 novembre à Bruxelles, prouve que les travailleurs sont parfaitement capables de se mobiliser en masse. Bien sûr, face à la détermination actuelle du patronat, il faudra plus d’une manifestation et plus d’une grève pour obtenir gain de cause. Mais c’est le seul moyen d’enrayer la machine infernale.

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