Après le drame des migrants noyés au large de Lampedusa, l’expulsion en France de Léonarda, une lycéenne, et la proposition honteuse de Hollande qu’elle revienne faire ses études en France, seule, ont relancé le débat sur les frontières et l’immigration.
L’extrême droite française crie au laxisme tandis que la droite se convertit à ses thèses les plus extrémistes en proposant de revoir l’aide médicale d’État et le droit du sol. Les deux reprochent au gouvernement de ne pas être assez dur contre les immigrés alors que la politique d’immigration des socialistes n’a rien à envier à celle de Sarkozy. En Belgique, la politique de Maggie de Block face aux Afghans ne vaut pas mieux. Et on n’a pas entendu les socialistes émettre de critiques…
Partout, la droite et l’extrême droite sont spécialistes pour opposer une misère à une autre, pour monter les pauvres contre de plus pauvres. Mais tous l’approuvent en disant « qu’on ne peut pas ajouter de la misère à la misère ». Comme si la misère des chômeurs et des travailleurs venait de la misère des plus pauvres !
Il ne s’agit pas de partager la misère et encore moins de choisir entre deux misères. La misère, il faut la combattre en allant chercher l’argent dans les poches des exploiteurs.
Il suffit d’aller dans les beaux quartiers où vivent les familles bourgeoises pour se rendre compte qu’il y a de l’argent.
Ceux qui veulent fermer les frontières et empêcher les travailleurs immigrés de circuler le font tantôt au nom de la crise, tantôt parce qu’il y a trop de chô-
meurs. Mais qui a plongé l’économie mondiale dans la crise si ce n’est les financiers ? Qui sont les respon-sables du chômage si ce n’est les licencieurs ?
Certains accusent les immigrés d’occuper des emplois qui manqueraient à des Belges. Mais sans eux, les routes n’auraient pas été construites, les usines n’auraient pas pu tourner. Et c’est encore le cas aujourd’hui.
Ce sont les capitalistes de la finance et de l’industrie et leur rapacité qui plongent de plus en plus de travailleurs dans la misère et le chômage ici. Et ils en font autant à l’échelle du monde, car pour eux, il n’y a pas de frontières qui tiennent.
Après avoir pillé les pays pauvres au temps de la colonisation et les avoir condamnés au sous-développement, les groupes capitalistes continuent de les exploiter et de les vider de leur sang. Si des cen-taines de milliers de pauvres ne voient plus d’autre solution que de tenter de passer clandestinement les frontières au péril de leur vie, c’est qu’ils ne peuvent plus vivre dans leurs pays.
« Les travailleurs n’ont pas de patrie », disait Marx, tant il est vrai que le sort que le capitalisme réserve aux prolétaires est d’aller là où il y a du travail. Tant il est vrai que rien ne leur sera jamais donné, jamais assuré, pas même le droit de se faire exploiter dans le pays où ils sont nés !
La vie de beaucoup de travailleurs est celle de perpétuels nomades. Pour certains, il s’agit de faire quelques dizaines de kilomètres pour changer d’usine et de ville. Mais d’autres sont forcés de faire des milliers de kilomètres, de changer de continent, de langue et d’abandonner leurs attaches.
Aujourd’hui, des jeunes Belges diplômés tentent une carrière à l’étranger, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, à Singapour. Personne ne leur conteste ce droit. Il n’y a aucune raison d’en priver les autres travailleurs. Quels que soient sa nationalité, son origine ou ses papiers, tout travailleur doit être libre de circuler et de s’installer où il le souhaite.
Le mouvement ouvrier conscient s’est toujours affronté à tous ceux qui voulaient opposer les travailleurs les uns aux autres pour les détourner du combat à mener contre les exploiteurs. La solidarité de classe et l’internationalisme doivent constituer les valeurs de la classe ouvrière.
« Non aux expulsions », « régularisation de tous les travailleurs » font partie de ses revendications. Elles participent de la conscience des travailleurs de se considérer comme un tout et d’avoir à mener un combat commun pour se libérer et libérer toute la société de l’oppression et de la misère.
Le capitalisme a réalisé le brassage des travailleurs du monde entier. Il les a soudés dans un sort commun. Il faut que leur lutte pour s’émanciper devienne commune !