A quelques mois des élections, les grandes manœuvres ont déjà commencé. Les partis francophones, en tout cas, sont déjà en train d’envisager les différentes manières de se partager le gâteau du pouvoir en imaginant tous les mariages à trois possibles entre PS, MR, CDH et Ecolo. Finalement, les résultats eux-mêmes ne serviront qu’à déterminer qui ne sera pas au gouvernement. Ne sachant pas avec qui ils vont devoir composer demain, les partis francophones se sont trouvés un ennemi commun : la NV-A. Côté PS, Paul Magnette déclare que « ce que veut le PS est totalement l’inverse de ce que veut la N-VA » tandis que côté MR, Charles Michel, dénonce la N-VA qui veut « casser le pays ». C’est partout le même discours : tout sauf la NV-A.
Il est évident que le programme de la NV-A est un programme qui défend les intérêts des patrons contre ceux des travailleurs, qu’ils soient francophones ou flamands. Par exemple, quand la NV-A parle de « mesures sociales », il s’agit d’augmenter les pensions, mais uniquement de ceux qui continueront à travailler au delà de 65 ans ! En plus de son discours anti-ouvrier, la NV-A fait porter la responsabilité des difficultés économiques bien réelles des travailleurs flamands sur les travailleurs wallons, et c’est ce qui rend son discours encore plus réactionnaire et néfaste.
Mais ce n’est pas pour cela que les partis francophones semblent ligués contre elle. En réalité, ce discours anti-NVA, et parfois même anti-flamand, vise surtout à utiliser ce parti comme un épouvantail pour faire oublier le bilan social désastreux des partis au pouvoir. Et le PS, fort de sa première place en Wallonie est le premier à se poser en rempart contre ce prétendu « danger », en répétant son éternel « sans nous ce serait pire ».
Pire pour qui ? Quel est son bilan réel du point de vue des travailleurs ?
A écouter Di Rupo, ce serait l’assainissement des finances publiques et la réduction du déficit, censés assurer l’avenir économique de la Belgique. Mais cela s’est surtout traduit par une cure d’austérité pour les services publics qui n’ont plus les moyens de fonctionner correctement ! La réforme de l’Etat, dont il est si fier, a eu pour conséquence de transférer la charge de services publics vers les régions et les communes, sans qu’elles aient les moyens d’y faire face. Ainsi, une commune sur cinq prévoit de licencier du personnel en 2014. Cela créera plus de chômeurs et rendra la vie plus compliquée pour tous les autres. En quoi réduire les dépenses publiques pour payer la crise de la spéculation bancaire est-elle une politique socialiste ?
Contre la spéculation des banques, le PS se réjouit d’avoir mené à bien une « réforme bancaire » qui limite en théorie certaines possibilités de spéculation, mais qui laisse en pratique les banques libres de faire ce qu’elles veulent. La responsabilité des banques dans la crise, et les profits qu’elles font au détriment du reste de la société justifierait autre chose qu’une réformette : il faudrait nationaliser sans indemnité toutes les banques et les fusionner en une seule banque publique au service de la population.
Le chômage a augmenté, autant chez les jeunes que chez les vieux. Mais les allocations de chômage sont devenues dégressives, ce qui fait que les travailleurs licenciés vont se retrouver plus rapidement qu’avant plongés dans la misère, alors qu’il n’y a pas de travail. S’attaquer aux chômeurs tout en réduisant les charges patronales, c’est la politique que mène le PS depuis des années, sans aucun résultat. Alors que ce qu’il faudrait, ce serait interdire les licenciements, au moins dans les entreprises qui font des bénéfices.
Au forum de Davos, où les dirigeants des pays riches retrouvent chaque année les plus puissants patrons de la planète, Di Rupo a fait la publicité du « modèle fiscal » belge, un modèle qui permet aux patrons de payer moins d’impôts sans investir grâce aux « intérêts notionnels » et aux fraudeurs de rapatrier en Belgique le résultat de leurs placements dans les paradis fiscaux sans être embêtés par la justice. Et il a aussi vanté la flexibilité du travail en Belgique. Voilà ce dont le PS est fier ! Voilà pourquoi il n’a aucun mal à faire des coalitions avec les autres partis bourgeois.
Les travailleurs n’ont rien à attendre d’un PS qui déroule ainsi le tapis rouge aux capitalistes. Son discours de gauche ne sert qu’à nous endormir ! Contre les licenciements et la vie chère, les travailleurs ne peuvent compter que sur leur mobilisation !