Derrière la concurrence politicienne, une même politique antiouvrière

Comme après chaque élection, voici venu le temps des grandes manœuvres pour la formation du gouver-nement. Et comme à chaque fois, les grandes déclara-tions et les promesses ne pèsent pas lourd devant la perspective de postes ministériels…
Le MR avait déclaré refuser d’avance toute alliance avec la N-VA, qu’il traitait de parti quasiment raciste il y a quelques mois. Cela ne les empêche pas de for-mer une coalition pour le gouvernement fédéral. Le PS et le CDH ont crié à la trahison, mais ils auraient tout à fait pu faire la même chose si on leur avait pro-posé. Ils ont simplement préféré cette fois-ci s’assurer du contrôle des gouvernements bruxellois et wallons aux dépens du MR.
Ces petits jeux ne sont pas nouveaux. Ils montrent encore une fois que les prétendus différents commu-nautaires Nord-Sud ne sont que des prétextes : la dé-fense des wallons par les uns et des flamands par les autres, laisse la place à la défense du patronat et à des attaques contre les travailleurs, wallons comme fla-mands. Sur ce point, tous les politiciens sont d’accord.
On verra bientôt comment les autres promesses éco-nomiques ou sociales vont à leur tour passer à la trappe, aussi bien côté MR que PS et CDH.
En effet, même si peu d’informations filtrent des né-gociations au niveau fédéral, on y retrouve une bro-chette de propositions libérales bien connues. D’abord la réduction des impôts pour les entreprises à 25% et la réduction des charges sociales sur les bas salaires. L’une comme l’autre sont présentées comme des ac-tions en faveur du développement des entreprises et donc de l’emploi. En réalité, depuis des années qu’on applique ce genre de mesures, les patrons empochent ces cadeaux et ne créent aucun emploi.
Il est aussi question de l’allongement de la durée de cotisation pour la pension, soit par un report de l’âge de la pension, soit par un système de points. Politi-ciens et patronat dénoncent en chœur le soi-disant « problème » des retraites. Mais son origine est à chercher uniquement dans la réduction des cotisations sociales des entreprises – le trou de la sécu, ce sont les patrons qui ne paient pas ! Oui, il y a plus de retraités aujourd’hui qu’il y a trente ans, mais la productivité a aussi augmenté et cela permettrait largement de payer les salaires et les retraites.
Plusieurs partis de la coalition ont aussi évoqué la limitation du droit de grève par l’instauration d’un service minimum. Evidemment, ces partis pro-patronaux veulent empêcher les travailleurs de se dé-fendre face aux prochaines attaques qu’ils préparent !
Enfin, l’inévitable question de l’équilibre budgétaire est au menu. Il est évident qu’à force de réduire les rentrées par des réductions de cotisations patronales, le budget ne peut pas être à l’équilibre. Mais la réduc-tion des budgets publics n’est qu’un moyen parmi d’autres de faire payer les travailleurs car cela touche avant tout les hôpitaux, les pompiers, les écoles, la poste et autant de services utiles à la population.
Le PS et la CDH ont beau jeu de dénoncer une « coalition de droite », mais ils ne font pas mieux. A Bruxelles et en Wallonie, ils sont au pouvoir sans les libéraux. Cela ne les empêche pas de vouloir eux-aussi réduire les dépenses publiques d’un milliard d’euros. C’est énorme, sachant que le budget total de la Région wallonne est de 13 milliards. Cela va impli-quer des coupes sombres dans le budget de l’enseignement et réduire encore un peu plus les pers-pectives d’avenir des enfants des couches populaires, qui ne peuvent pas se payer des écoles privées.
Le PS prétend que c’est à cause du manque de fi-nancement de la part du fédéral. Mais le PS était en-core au fédéral jusqu’à maintenant ! Et il s’y entendait très bien avec le MR ! Ce n’est donc qu’un argument pour faire porter sur les autres la responsabilité des mesures impopulaires.
Les politiciens se préocuppent de leur avenir, de savoir qui sera Premier ministre ou commissaire européen, et ils se préoccuppent bien sûr de l’avenir des profits patronaux. Alors si les travailleurs ne veulent pas une nouvelle dégradation de leur niveau de vie et de leurs conditions de travail, ils ne peuvent pas compter sur cette démocratie-là, il faudra qu’ils se mobilisent largement et fortement.

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