La manifestation nationale du 29 septembre a été un succès. Plus de 70 000 travailleurs s’y sont retrouvés. Beaucoup ont exprimé leur ras-le-bol de ce système qui fait la part belle au patronat sans que celui-ci n’ait aucune responsabilité vis-à-vis des travailleurs. Evidemment, tout le monde était en colère après les annonces des licenciements chez Caterpillar, Axa, P&V et Douwe Egberts, pour ne citer que les plus importantes.
Certains manifestants exprimaient aussi leur mécontentement face à la mollesse de la réponse syndicale à ce patronat arrogant et à un gouvernement aussi clairement anti-travailleurs.
Lors de l’annonce par Caterpillar de la fermeture de l’usine de Gosselies, on a entendu tous les politiciens s’insurger contre les méthodes de voyous des patrons américains, sans aucun acte évidemment… Quand ce fut le tour des autres, les protestations indignées se firent plus discrètes. Eh oui, quel parti n’a pas des copains au conseil d’administration de ces grandes entreprises bien de chez nous ? Et quand ING a enfoncé le clou avec l’annonce de 3500 suppressions de postes, ce fut le silence radio.
Et pourtant, il y aurait de quoi dire ! Comme Caterpillar et AXA, ING fait des bénéfices plantureux. Et tous ont bénéficié de généreuses aides d’Etat, en particulier sous la forme de réductions d’impôts grâce aux intérêts notionnels.
Au mieux a-t-on entendu parler de demander aux patrons de la finance de créer un fonds de réinsertion pour aider les employés d’AXA, P&V ou ING à retrouver du travail. Encore une de ces cellules de reconversions où l’on traîne les travailleurs pendant un ou deux ans, dans l’espoir de retrouver un boulot. Les anciens sidérurgistes et métallos savent bien de quoi il s’agit…
Il doit être clair aux yeux de tous les travailleurs qu’il n’y a rien à attendre de ce gouvernement, ni d’aucun autre gouvernement pour protéger l’emploi. Le jour même de la manifestation, Charles Michel expliquait que les manifestants n’avaient pas compris que grâce aux mesures du gouvernement, l’économie allait mieux, qu’il y avait moins de chômage et que le pouvoir d’achat avait en réalité augmenté… On savait que les politiciens étaient des menteurs, mais là c’est un record de mauvaise foi !
Si l’économie va mieux, c’est uniquement pour les riches. Et si besoin en est, ING vient encore d’en faire la démonstration. Pendant des dizaines d’années, la crise a servi de prétexte aux restructurations. Les patrons versaient quelques larmes de crocodiles sur leurs stocks d’invendus ou leurs bilans comptables pour justifier le licenciement de centaines, de milliers de travailleurs. Alors que cela aurait été la moindre des choses qu’ils prennent sur les bénéfices du passé pour continuer à payer les salaires. Les politiciens ont été le relais servile de ces stratégies. De droite ou de gauche, ils n’ont jamais fait plus qu’amortir un petit peu les conséquences pour les travailleurs licenciés, avec les prépensions par exemple. Leur discours a été de faire croire que ça irait mieux après la crise, qu’il fallait se serrer la ceinture (celle des travailleurs, pas celle des patrons). Ils expliquaient que cela permettrait de relancer l’économie et qu’alors, les patrons investiraient et il y aurait du travail pour tous. Même quand ils attaquent les pensions, l’index ou les allocations, les gouvernements prétendent le faire au nom du redressement de l’économie et de la création d’emplois.
Eh bien, les licenciements de ce mois-ci achèvent de démontrer que ce n’était que du blabla pour endormir le monde du travail. ING, AXA ou Caterpillar vont bien, elles font des bénéfices, mais ces entreprises licencient quand même ! Le patron d’ING s’en vante même, en déclarant que « il faut réparer le toit quand le soleil brille ». Les travailleurs ne seraient-ils rien d’autre que des tuiles cassées ?
Le capitalisme est un système qui permet à quelques uns de s’enrichir sur la misère des autres. Ce n’est pas nouveau. Il est illusoire, utopique, d’espérer que les travailleurs et le patronat puissent prospérer dans un capitalisme régulé, à « visage humain ». ING et Cie ont juste rappelé le vrai visage du capitalisme.
Dans ce système, seuls les patrons et les actionnaires prospèrent. Ils veulent faire croire qu’ils « donnent du travail » aux salariés, mais, en réalité, ils exploitent leur travail.
Et plus les travailleurs se laissent faire, plus les patrons en demandent. C’est pourquoi, il faudra encore des manifestations et des grèves, il faudra une véritable riposte du monde du travail pour mettre un terme à ce système injuste.