Le 13 mars, les travailleurs du Delhaize d’Hornu sont partis en grève contre le manque de personnel et la surcharge de travail. Le matin, ils ont organisé un piquet, sans le soutien du SETCA qui n’a pas voulu soutenir le mouvement. La situation, si elle était la plus dure à Hornu, est la même dans tous les Delhaize. Depuis la restructuration de 2014-2015 et la suppression de 1800 emplois, les magasins tournent avec moins de travailleurs et beaucoup de CDI ont été remplacés par CDD. Or, ceux-ci ne sont pas renouvelés à temps, voire pas du tout, et ils sont en nombre insuffisant. La direction outrepasse la loi et fait durer les contrats temporaires au-delà des délais légaux. Ajouter la maladie, les CDD qu’il faut chaque fois former, les travailleurs en ont ras-le-bol. En Flandre, le mouvement a commencé plus tôt, même s’il n’a pas pris la forme d’une grève.
Le 16 à Hornu, les travailleurs ont repris la grève arrêtée la veille. Certes, la direction avait un peu reculé en acceptant de renouveler les contrats CDD. Ce qui était un minimum. Mais les travailleurs ont exigé que les contrats soient cette fois des CDI. Le Setca ne soutenait toujours pas le mouvement. Ils ont déclaré « Nous n’avons pas compris le pourquoi de la grève… Si nous faisions grève à chaque fois qu’un CDD n’est pas transformé en CDI, on ferait grève tout le temps… ». Selon le Setca, le passage en CDI est beaucoup plus difficile quand le chiffre d’affaires n’est pas au top. Bref, la direction n’a même plus besoin de faire sa propagande ! Sauf que vendredi 17, la grève s’est étendue dans le Hainaut, à Bruxelles et en Flandre. Partout, les travailleurs exigent la même chose : des embauches. À Hornu, des clients ont exprimés leur soutien aux grévistes. Normal, avec le manque d’effectifs, les rayons sont souvent vides !
Entretemps, le Setca a décidé de soutenir « toute action spontanée » !
Changement de secteur, et pourtant toujours le même problème, le manque de personnel, le travail toujours plus dur. Depuis lundi, les travailleurs des trois plus grands dépôts de Bruxelles-Propreté sont eux aussi entrés en grève. Depuis la dernière réforme de Laanan, les tournées sont plus longues, les journées aussi. Il manque de bras, de vestiaires, etc. La Région s’est débrouillée pour ne pas calculer les tonnes de déchets portées par les ouvriers lors du ramassage. Pas moyen de comparer avec les chiffres d’avant la réforme. C’est bien pratique pour la ministre, mais la fatigue des bras ne ment pas.
La situation est similaire chez les infirmières. De la Région, on passe au fédéral. C’est Maggie De Block qui, cette fois, se charge d’augmenter la productivité des travailleurs. Elle supprime les aménagements du temps de travail pour les infirmières en fin de carrière. Or, le métier est dur ; d’ailleurs, existe-t-il des métiers qui ne le soient pas ?
Le 21, le secteur non-marchand, dont font partie les infirmières et les éboueurs, manifestait à Bruxelles. On dit le « non-marchand » parce que ce sont les services à la population payés par l’Etat avec nos impôts. La manifestation était prévue depuis longtemps, car depuis longtemps ces travailleurs subissent une dégradation de leurs conditions de travail. Car le pendant des licenciements et des pertes d’emplois, c’est l’augmentation de la productivité du travail, l’accroissement de l’exploitation, plus de boulot avec moins de bras, les corps fatigués, brisés par le travail et les accidents.
Le petit climat de contestation a motivé beaucoup de travailleurs à venir manifester. Les infirmières de l’hôpital universitaire de Liège ont fait le déplacement. La police a compté plus de 14000 manifestants (les syndicats en ont compté 2000 de moins !).
Ce qui est remarquable, c’est que dans le privé comme dans le public, les revendications soient les mêmes, qu’elles visent un même objectif, l’arrêt de la dégradation des conditions de travail. Que les entreprises soient aux mains des capitalistes ou de l’État, elles servent au bout du compte une même classe sociale : la bourgeoisie. Car, dans les entreprises publiques, les économies servent à pallier la baisse des cotisations sociales du patronat. C’est une manière indirecte pour lui de maximiser ses profits. Accessoirement, cet argent peut aussi, en finissant dans la poche des politiciens, les rémunérer pour leurs loyaux services à la bourgeoisie. La dégradation des conditions de travail touche tous les travailleurs indistinctement. Elle les unit dans un même mouvement pour ne pas être broyés par le travail.