Le troisième tour, ce ne seront pas les législatives mais les luttes sociales

Sans grande surprise, Macron a finalement remporté le second tour des élections présidentielles françaises avec un score confortable de 58,5%, tandis que Le Pen en a attiré 41,5%.

Macron a une fois de plus bénéficié du rejet de Le Pen et de son programme d’extrême droite anti-ouvrier et raciste. La plupart des partis politiques et des syndicats avaient en effet appelé à voter contre elle. Des manifestations syndicales ou lycéennes contre Le Pen et son Rassemblement National ont eu lieu, au cours desquelles, d’ailleurs, bien des manifestants exprimaient leur frustration par des pancartes « Ni Macron, ni Le Pen ».

Malgré tout, le score du Rassemblement National a progressé depuis les dernières élections présidentielles, pas seulement en pourcentage mais aussi en nombre de voix : Le Pen est passée de 10,7 millions à 13,3 millions de voix. Elle a aussi bénéficié d’un vote de rejet anti-Macron, comme le montrent les résultats dans certains quartiers populaires où Mélenchon était arrivé en tête au premier tour et qui ont voté Le Pen au second. Mais ceux qui ont voté pour elle par haine vis-à-vis du « président des riches » ont néanmoins voté pour une ennemie tout aussi acharnée des travailleurs.

Voter Le Pen ne sert qu’à faire pencher de plus en plus le balancier politique vers la droite et à justifier des mesures plus antisociales, plus répressives et plus racistes.

Un grand nombre d’électeurs, dégoûtés du non-choix qu’ils devaient faire, ont préféré s’abstenir. C’est ainsi que le taux d’abstention a culminé à 28%. Si l’on calculait les pourcentages sur tous les électeurs et pas seulement sur les votants, Macron n’aurait que 38,5% et Le Pen 27,3% – il y a donc plus d’électeurs qui se sont abstenu que de voix pour Le Pen !

Macron, par sa politique anti-sociale et ouvertement pro-patronale a certainement alimenté le vote Le Pen et il va continuer à le faire dans les années qui viennent. Mais les partis qui se disent de gauche, le Parti Socialiste et le Parti Communiste Français, portent eux aussi leur part de responsabilité dans cette situation. En 1981, François Mitterrand a amené la gauche au pouvoir et cela a créé un immense espoir parmi les couches populaires. Après quelques mesures sociales, il fallut rapidement déchanter : fermeture des mines, blocage des salaires, flexibilisation du travail et l’ensemble de la politique d’austérité ont repris d’une main ce qui avait été donné de l’autre. La présidence de François Hollande a été du même acabit, au point qu’il n’a même pas osé se représenter… Pour le monde du travail, ce fut une immense trahison : qui allait le défendre alors que ceux-là même qui étaient censés le représenter faisaient une politique de droite ?

Depuis des dizaines d’années, du PS au PCF, puis à la France Insoumise, tous les partis qui prétendent s’opposer à la droite et défendre les couches populaires ne proposent rien de plus que de voter pour eux. Ils ont tous abandonné le terrain des luttes sociales. On voit où ça les a menés aujourd’hui : appeler à voter Macron !

Or, c’est justement dans les entreprises et dans la rue que les travailleurs peuvent mener leur combat. Pas dans les urnes ! La grande bourgeoisie, les Bouygues et les Bolloré, les actionnaires discrets d’Engie et de Total, ne craignent pas les politiciens, même de gauche. En revanche, ils savent que leurs profits viennent du travail de leurs salariés, que ce sont les travailleurs qui font marcher toute l’économie, qui produisent dans leurs entreprises, qui transportent leurs marchandises, qui construisent les routes, etc. etc. 

Tout repose sur les épaules du monde du travail, le prolétariat. C’est pour cela que c’est lui seul qui est en mesure de mettre à bas ce système capitaliste injuste et absurde, chasser le patronat, prendre les entreprises et les faire fonctionner dans l’intérêt général de tous de façon démocratique et en prenant en compte les impératifs écologiques à long terme.

Cela peut paraître lointain au vu de la faiblesse actuelle des luttes des travailleurs, c’est pourtant la seule perspective car on ne peut pas continuer à attendre que tel ou tel politicien change la société à notre place, ils en le feront pas.De tous temps, les luttes des travailleurs ont connu des hauts et des bas. Il est urgent et nécessaire aujourd’hui que les travailleurs reconstruisent leur parti, pas pour gagner des élections, mais pour commencer à se préparer aux luttes sociales, pour défendre le programme d’une révolution sociale, le seul qui représente un avenir pour la société

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