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Audi : non au diktat patronal

Après s’être débarrassé il y a quelques mois de plus de 400 intérimaires, dont certains travaillaient depuis plus de deux ans dans l’usine, le groupe VW a annoncé, de nuit et à la veille des vacances, qu’il n’y aurait plus de nouveau modèle assemblé à l’usine d’Audi Forest. C’est ce que les travailleurs redoutaient depuis quelques temps déjà : la direction veut fermer l’usine, comme elle se prépare à le faire également à plusieurs endroits en Allemagne.
Audi, filiale du groupe VW, qui a réalisé un bénéfice net de 18 milliards l’année dernière, s’apprête à priver de leur seul moyen de subsistance ceux-là mêmes qui ont produit ces montagnes de profits.
Au retour de congés, rien n’avait bougé et devant la colère des travailleurs, la direction a d’abord refusé de rouvrir l’usine, en refusant de payer les travailleurs. Les syndicats ont trouvé un accord la semaine dernière pour lever le lock-out et reprendre le travail en échange du paiement des salaires non versés, mais cet accord ne règle en rien le fond du problème.
Comme d’habitude, c’est le manque de commandes et les salaires trop élevés qui sont invoqués pour justifier la restructuration. Mais si les voitures ne trouvent pas d’acheteurs, c’est uniquement à cause des patrons du groupe. Ils sont les seuls à décider de la manière dont ils investissent leurs capitaux. S’ils ont pris du retard sur la concurrence dans l’électrique, si leurs voitures coûtent trop cher et s’ils sont incapables de prédire si elles seront vendues, c’est uniquement leur faute.
Quant à leurs arguments sur les prétendus « coûts » trop élevés du travail, ils ont de quoi choquer. Les actionnaires encaissent des dividendes fabuleux sans lever le petit doigt tandis que les salaires des ouvriers qui ont produit ces richesses sont misérables.
Les seuls à aller pointer au chômage seront les travailleurs, dans l’espoir de trouver un nouvel emploi qui leur permette de continuer à payer les factures et à faire vivre les leurs. Pour les actionnaires, au contraire, la fermeture de l’usine ne fera que consolider les bénéfices qui continueront de pleuvoir. Les difficultés que la direction invoque n’en sont pas. Les travailleurs rencontrés sur le piquet le savent bien. L’un d’eux déclarait : « C’est toujours pareil, s’ils ferment c’est pour préserver les bénéfices ».
Mais devant ce constat, certains nourrissent l’espoir que l’État règle la situation. Les travailleurs n’ont rien en à en attendre. Jusqu’à présent, il s’est borné à organiser un « kern », faisant croire qu’il pourrait trouver une solution pour les travailleurs. C’est un leurre. Qu’a-t-il fait pour ceux de Van Hool, Delhaize, Match ou Avery Dennison ? Qu’ont fait les gouvernements précédents pour ceux de Caterpillar, NLMK Clabecq ou Renault Vilvoorde ? Rien. Le gouvernement fédéral, la Région et la commune ont déjà versé plus de 158 millions d’euros à Audi ces six dernières années. Audi les a empochés et veut quand même mettre la clé sous la porte pour se relocaliser là où les perspectives de profits seront les plus grandes. Les gouvernements ne peuvent et ne veulent rien faire face à la dictature qu’exercent les grands groupes capitalistes sur l’économie, car ils sont à leur service.
Les patrons considèrent les travailleurs comme de la chair à profit, tout juste bons à trimer pour en fabriquer un maximum. Et s’ils ne rapportent pas assez, ils s’en débarrassent. Il en va ainsi dans le secteur automobile comme dans toutes les autres entreprises. En période de crise, la bourgeoisie cherche à maintenir ses profits. L’aggravation des conditions de travail et des salaires ou les licenciements sont autant de moyen pour elle d’y parvenir. Ces attaques se suivent en rafale et aucun travailleur n’y échappe.
Mais les coups que portent la bourgeoisie au monde du travail ne sont pas une fatalité. Les travailleurs ont les moyens de s’y opposer : ce sont eux qui font fonctionner toute l’économie.
La manifestation organisée le 16 septembre a rassemblé plus de 10 000 travailleurs, c’est un chiffre encourageant mais, pour affronter les problèmes qui s’imposent à nous, il en faudra plus. Comme le disait un ouvrier d’Audi : « C’est toute la Belgique qu’il faudrait mettre à l’arrêt ! ».
Aujourd’hui, les travailleurs sont divisés, chacun dans son entreprise, mais s’ils retrouvent la conscience qu’ils appartiennent tous à un même camp, alors ils pourront rendre les coups et bien plus encore.
En attendant, les travailleurs d’Audi ne pourront compter que sur leur détermination pour défendre leurs emplois ou, à défaut, les faire payer le plus cher possible à leur patron.

Les impérialistes mettent le feu au monde

Le premier avril dernier, Israël a bombardé le consulat iranien à Damas, tuant un des hauts dirigeants de l’armée iranienne. Cette provocation obligeait l’Iran à réagir militairement, ce qui a eu lieu le 13 avril avec l’envoi par l’Iran de 300 missiles à destination d’Israël, sans faire de victimes.

L’Iran a déclaré que l’incident était clos et Israël ne donne pas l’impression de vouloir répliquer pour l’instant. Néanmoins, pendant trois semaines, le spectre d’une généralisation du conflit à toute la région a plané. Pour les peuples de la région, qui vivent dans un état de guerre quasi permanent depuis plus de trente ans, c’était une perspective bien concrète et angoissante.

Pour l’instant, il semble que les Etats-Unis et leur alliés européens, ne souhaitent pas l’extension du conflit. Ils l’ont dit et répété. Mais quand l’Iran a mené sa contre-attaque, ils ont clairement confirmé qu’ils étaient dans le camp d’Israël en condamnant la riposte iranienne et en menaçant de mettre en œuvre de nouvelles sanctions Biden. Macron et les autres y sont allés de leur couplet sur le droit à Israël de se défendre alors que le gouvernement Netanyahou est le seul responsable de cette escalade. Leur indignation était d’autant plus hypocrite que l’Iran a pris bien soin de les informer à l’avance des détails de l’attaque.

Ces manœuvres sont un jeu de dupes dans lequel les populations laborieuses de tous les pays perdent à tous les coups. Les conflits et les alliances se font et se défont sans logique apparente : Israël mène des attaques contre l’avis de leur allié américain, tandis que l’Iran envoie des missiles inoffensifs pour venger l’affront.

La défense de la nation et la religion servent de prétexte pour embrigader les peuples derrière leurs dirigeants dans des guerres meurtrières, alors qu’il ne s’agit en réalité que de luttes entre capitalistes pour leur domination sur les populations qu’ils exploitent et les sources de matières premières. Dans chaque pays, les États défendent les intérêts des capitalistes qui leur sont liés, directement ou indirectement. Tous se moquent bien de la nationalité ou de la religion des travailleurs, tant qu’ils peuvent extraire des profits de leur travail. Les capitalistes luttent avant tout pour maintenir cet état de fait, maintenir leur pouvoir et leur richesse, et leur premier adversaire, c’est le monde du travail, les prolétaires qui peuvent eux aussi s’unir, s’organiser pour défendre leur droits et leurs salaires.

Mais tout en étant unis face au monde du travail, les capitalistes sont concurrents entre eux pour se partager le monde. Les plus puissants, essentiellement américains, dictent leur loi et leur état, les États-Unis se charge de maintenir leur domination sur le reste du monde. Les autres capitalistes suivent tout en tirant chacun la couverture à soi.

Dans les luttes d’influence pour le contrôle des ressources et des populations du Moyen-Orient, Israël a joué le rôle de gendarme des États-Unis depuis sa création en 1948, en intervenant militairement à la demande des USA. Mais en même temps, la bourgeoisie israélienne compte sur son gouvernement pour défendre son propre pouvoir, en particulier en étendant le territoire et en soumettant encore plus les travailleurs palestiniens, par la force s’il le faut.

C’est ça l’impérialisme, avec ses gros et petits requins.

Les États-Unis ont demandé à Israël de ne pas prendre de risques avec la stabilité régionale. En assassinant un général iranien, sachant qu’il y aurait une riposte, Netanyahou rappelle aux dirigeants américains qu’ils ont besoin de lui pour faire le sale boulot, en particulier face à l’Iran. Et il les oblige à réaffirmer leur solidarité, même s’ils ne sont pas d’accord avec ses méthodes.

L’Iran, de son côté, souhaite entrer dans le jeu capitaliste mondial et sa bourgeoisie ne demande qu’à y faire des affaires, y compris avec les bourgeoisies américaine, israélienne et toutes les autres.  L’Iran est un adversaire des USA parce que ses dirigeants n’ont pas voulu se soumettre totalement au pillage des trusts pétroliers américains. Dans ce monde impérialiste, c’est la loi du plus fort qui règne et les États-Unis rappellent à l’Iran qu’il doit plier ou subir les sanctions. Cette opposition n’empêche pas que ce soit une dictature réactionnaire qui écrase son propre peuple, les femmes en premier lieu.

Les populations de Palestine, d’Israël, d’Iran et de tout le Moyen-Orient sont ainsi ballotées au fil des conflits d’intérêts entre des bourgeoisies concurrentes, vassales des grands trusts occidentaux.

Ce qui se passe là-bas arrive aussi en Europe avec la guerre en Ukraine et la concurrence pour le pillage des matières premières et l’exploitation des populations menace d’amener toute la planète vers la guerre.