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Gaza : une entreprise d’extermination

Le gouvernement israélien peut se vanter d’avoir sur la conscience – s’il en a une – la mort de plus de 52 000 Gazaouis en dix-neuf mois. Depuis que Netanyahou a décidé, le 18 mars, de rompre la trêve, deux mille habitants ont été tués, dont 437 au cours de la seule dernière semaine d’avril.
Les bombardements font 50 morts par jours, les attaques de drones terrifient la population 24 heures sur 24, le blocus total du territoire affame littéralement les deux millions de Palestiniens qui ne savent où se réfugier.
Des annonces hypocrites lancées par haut-parleur ou SMS par l’armée israélienne, appellent les Gazaouis à se déplacer lors d’un bombardement. Mais, il n’y a pas de zone qui soit un peu plus sûre.
Après avoir détruit les installations de fourniture d’électricité, visé systématiquement les générateurs, coupé l’accès à l’eau potable, rendu inutilisables les circuits d’évacuation des eaux usées, le gouvernement israélien empêche strictement la nourriture, les médicaments, le carburant, les produits de première nécessité de parvenir aux habitants, que ce soit par les canaux commerciaux ou par des réseaux humanitaires. Les journées des habitants se passent à tenter de trouver un peu de nourriture, de bois, d’eau. « Aucune aide n’entrera à Gaza », avait plastronné mi-avril le ministre de la Défense. Son succès est complet.
Le 2 mai, dans la nuit, des drones israéliens ont même visé et atteint un navire de la Flotille de la liberté, dans les eaux internationales au large de Malte. L’équipage de ce navire humanitaire, victime d’un incendie et d’une brèche dans sa coque, entendait livrer « une aide vitale, désespérément nécessaire » à Gaza.
Cet écrasement physique de la population de Gaza est soigneusement calculé dans le plan de Netanyahou. Réuni dimanche 4 mai, en fin de journée, le cabinet de sécurité israélien a approuvé une poursuite de l’offensive militaire à Gaza, débutée le 18 mars. Le communiqué officiel précise qu’elle doit permettre la mise en œuvre d’un « plan de conquête » et la promotion du « départ volontaire des Gazaouis ».
Pour pouvoir prendre le contrôle, même partiellement, de l’enclave palestinienne, l’armée israélienne va avoir besoin de plus de soldats. L’armée rappelle des dizaines de milliers de réservistes pour les déployer dans les quinze prochains jours. L’extrême droite israélienne applaudit à la mise en œuvre de cette politique de guerre qui constitue son programme. Mais, dans le reste de la population israélienne, la lassitude s’exprime de plus en plus face à un conflit dont elle ne voit pas la fin. D’après les autorités militaires, seuls 50 % à 70 % des réservistes répondent à leur convocation. D’autant que Gaza n’est pas le seul front sur lequel l’armée israélienne est de plus en plus engagée.
Une véritable guerre se mène en Cisjordanie contre plusieurs camps de réfugiés, notamment ceux de Tulkarem et Nour Shams. D’après l’agence de presse palestinienne WAFA, plus de 4 200 familles, soit 25 000 personnes, ont été contraintes de fuir après la destruction de leurs habitations. Au Liban, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024, l’armée israélienne n’a jamais cessé de bombarder et de mener des opérations militaires. Et c’est sans compter les
Loin de garantir la sécurité à la population israélienne, la politique de Netanyahou l’engage toujours plus dans une guerre sans fin. Ceux qui continuent de manifester tous les samedis en Israël contre Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite en sont conscients, au moins partiellement.
Les dirigeants des grandes puissances, eux, n’ont jamais retiré leur soutien à Netanyahou, quelles que soient les réserves qu’ils aient pu parfois exprimer, pour la simple raison que l’État israélien constitue le gendarme de l’ordre impérialiste au Moyen-Orient.
Le boucher Netanyahou poursuit une véritable politique d’extermination dans le silence complice de ses homologues des grandes puissances.

A bas les plans du gouvernement, à bas cette société capitaliste

Il n’aura pas fallu longtemps au gouvernement Arizona pour donner sa réponse à la « grève générale » du 31 mars : c’est une attaque en règle contre le monde du travail !
La mesure principale, c’est la limitation des allocations de chômage dans le temps, qui va se traduire par la perte des allocations pour plus de 100 000 personnes au premier janvier prochain et 300 000 d’ici 2028. Ce sont les patrons qui licencient mais ce sont les travailleurs qu’on pointe du doigt. Le ministre de l’Emploi, David Clarinval (MR), se vante de « remettre le travail en valeur centrale de notre société » en laissant sous-entendre que les ouvriers d’Audi ou les caissières de chez Cora qui ont perdu ou vont perdre leur emploi seraient tous des fainéants. Est-ce eux qui ont choisi de se retrouver au chômage ? Non. Ces discours moralisateurs n’ont rien à voir avec la réalité des millions de femmes et d’hommes qui s’échinent tous les jours pour nourrir leur famille.
En réalité, exclure les chômeurs sert deux objectifs. D’abord, cela va précariser encore plus les travailleurs en faisant planer au-dessus de leur tête la menace d’une plus grande pauvreté s’ils perdent leur boulot. Ensuite, cela permettra au gouvernement de réduire encore plus les budgets des assurances sociales, c’est aussi pour cette raison que les pensions seront moins bien indexées et que les malades de longue durée seront eux aussi pourchassés. Et pour quoi faire ? Augmenter les budgets militaires de plusieurs milliards et réduire les cotisations patronales pour que les patrons paient encore moins cher leurs salariés. On l’a déjà dit et redit : quand les cotisations baissent, les patrons n’embauchent pas plus et ils encaissent la différence.
Dans le même temps où il s’attaque aux chômeurs et aux malades, accusés de vivre aux crochets de la société, que fait le gouvernement contre les fraudeurs qui ont planqué leur argent dans des paradis fiscaux ? Il leur offre une nouvelle régularisation fiscale qui leur permettra, une fois de plus, de blanchir leur argent sale.
Tout cela sous le prétexte de sauver l’économie ou de créer des emplois. Gouvernement et patronat en appellent solennellement à la « responsabilité ». Voilà qui est facile quand on gagne des salaires à six chiffres ou plus et qu’on sait qu’on va encore s’enrichir. Les dirigeants de la FEB et les ministres ne se sentent responsables que devant les bourgeois, les actionnaires des grandes entreprises, qui accaparent tout ce que la société produit comme richesses et ne donnent rien en échange.
Le responsable de cette crise économique qui n’en finit pas, c’est l’appétit de richesse des grands capitalistes. Qui baisse les salaires pour s’enrichir, qui exige des gouvernements qu’ils coupent dans les budgets pour réduire leurs coûts sociaux et ainsi vider les services publics de leur contenu ? Qui engage des experts fiscaux pour ne pas payer d’impôts ? Toujours les mêmes : les grands bourgeois. Qui refuse le moindre contrôle sur la pollution des usines et continue à polluer, à brûler des milliards de tonnes de pétrole quitte à transformer la planète en enfer climatique ? Qui investit aujourd’hui par milliards dans la production d’armes pour envoyer demain les jeunes travailleurs de tous les pays s’entretuer pour défendre leur contrôle sur les ressources minières et économiques dans les autres régions du monde ? Les mêmes responsables : le patronat, les actionnaires, les capitalistes.
Tout ce système ne crée que misère, guerres et dévastations.
Travailleuses et travailleurs, nous produisons tout mais nous n’avons rien. Nous faisons tout fonctionner mais nous ne décidons rien. C’est le monde à l’envers, c’est absurde mais c’est ça le capitalisme. Il a réussi à prendre le pas sur la planère entière et depuis plus de deux siècles, il l’entraîne dans sa folie.
La seule alternative est que le monde du travail se mobilise pour prendre la direction de la société, pour qu’elle soit gérée collectivement en fonction de l’intérêt commun. En 1917, en Russie, des femmes et des hommes, de simples ouvriers et paysans, se sont révoltés et ont réussi l’exploit d’arracher le pouvoir aux mains des capitalistes. Ils n’ont pas su le garder mais ils ont prouvé que c’était possible et nous portons aujourd’hui la responsabilité de mener cette tâche à bien.
Cela paraît peut-être lointain, inatteignable, mais nous n’avons pas d’autre choix d’essayer ou de regarder le monde sombrer dans la barbarie.

La grève générale… et après ?

Ce lundi 31 mars, une grève générale a paralysé tout le pays. Lancées en front commun syndical, elle a été largement suivie. Les transports publics ont été paralysés, aucun avion n’a décollé de Zaventem. La plupart des grandes enseignes de la distribution affichaient porte close. Les écoles aussi étaient fermées, etc. etc.
Cette mobilisation fait suite aux manifestations du 13 janvier et du 13 févriers, qui ont rassemblé près de 100 000 personnes. Preuve s’il en est que le monde du travail est prêt à se mobiliser.
Les syndicats, qui ont été reçus par Jan Jambon, le ministre des Pensions ce jour-là, ont apprécié « l’écoute attentive » dont ils ont bénéficié. Ils se réjouissent d’avoir pu exprimer leurs revendications. Mais qui peut sérieusement croire que Jambon n’est pas au courant des revendications du monde du travail et qu’il faut qu’une délégation de dirigeants syndicaux aille les lui expliquer de vive voix ? Le ministre, et tout le gouvernement avec lui, savent très bien ce qu’ils veulent : aider le patronat à s’enrichir encore plus, aux dépens des travailleurs, de leurs pensions, de leurs droits sociaux comme l’allocation de chômage et aux dépens des services publics à la population.
De Wever a déclaré le jour même de la grève qu’elle n’allait rien changer à sa politique. Il fallait être bien naïf pour croire qu’il en serait autrement et les directions syndicales ne s’attendaient pas à autre chose, elles ne sont pas nées de la dernière pluie.
L’appel à une grève générale pour le 29 avril, est une fausse marque de détermination. Les dirigeants syndicaux savent qu’il faudrait autre chose qu’une grève générale par-ci et qu’une manifestation par-là pour faire reculer le gouvernement, mais ils n’essaient même pas. En effet, ils savent aussi que le ras-le-bol des couches populaires est tel que si leur colère explosait, il ne suffirait pas de quelques miettes pour la calmer. Elles ne veulent pas prendre ce risque et n’espèrent qu’une chose : maintenir leur place à la table des négociations, se réjouir que monsieur le Ministre les reçoive et les écoute poliment, et continuer à ronronner.
Mais le résultats cette politique est que depuis longtemps les patrons ne voit plus la nécessité de ménage les directions syndicales.
Aujourd’hui, les discours militaristes et patriotiques se déversent en abondances dans les médias. Les grands pays européens entrent en « économie de guerre », la commission européenne a levé les critères de Maastricht qui servaient à justifier l’austérité depuis 1992 ; elle a elle-même prévu un budget de 800 milliards d’euros pour financer le réarmement. Francken veut augmenter le budget de l’armée à 12 milliards d’euros au lieu de 8 actuellement. Ou vont-ils trouver ces sommes pharamineuses sinon dans les poches des travailleurs ?
C’est un véritable rouleau compresseur idéologique que les dirigeants sont en train de mettre en place en utilisant l’épouvantail de la Russie. Il est évident que l’armée de Poutine n’est pas aux portes Europe. Même s’il le voulait, elle en serait incapable. Il suffit pour s’en convaincre de voir les difficultés qu’elle rencontre en Ukraine. Le budget militaire de la Russie est de 150 milliards de dollars, celui des pays européens de l’OTAN est le triple, avec 450 milliards et celui des États-Unis est encore deux fois plus important, approchant les mille milliards. Tous ceux qui oseront défendre pensions, chômage ou soins de santé, seront accusés d’être des égoïstes qui pactisent avec « l’ennemi » et de trahissent leur pays.
En revanche, s’il en est qui veulent en découdre, en commençant par la guerre économique, ce sont les pays impérialistes, les États-Unis et l’Europe en premier lieu, car elle est à leurs yeux la seule porte de sortie à la crise économique actuelle, une crise causée par la concurrence acharnée des grands groupes capitalistes pour contrôler les marchés mondiaux. La guerre commerciale lancée par Trump n’est pas l’acte d’un fou, c’est un épisode de ce bras de fer qui se joue au niveau international et qui ne fera que s’amplifier jusqu’au moment où ce sont les armes qui devront dire qui est le plus fort.
Le capitalisme mène inéluctablement à la guerre et c’est pour cela que ceux dont nous devons nous défendre, ce sont nos propres patrons et leurs serviteurs politiques. « L’ennemi principal est dans notre pays ! » disait le communiste allemand Karl Liebnecht en 1915, pendant la première guerre mondiale. Cela n’a jamais été aussi vrai.
Voilà pourquoi, il est urgent pour les travailleurs de s’organiser eux-mêmes, de ne plus compter sur des directions syndicales car c’est l’avenir de toute la société qui est en jeu.

Leurs guerres ne sont pas les nôtres

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier, Trump a donné un coup d’accélérateur à la guerre commerciale mondiale. Cette compétition économique existe depuis toujours, menée essentiellement par les États-Unis et les pays européens, qui sont en lutte pour se partager le monde depuis plus d’un siècle. Une lutte qui se menait de façon plus feutrée, en tout cas entre « alliés », car pour les pays dominés par ces grands empires économiques, c’est l’exploitation la plus rude qui règne.
Trump a enchaîné les provocations : annexer le Canada et le Groenland ou chasser les Palestiniens de Gaza pour en faire une nouvelle Côte d’Azur, prendre le contrôle de l’économie ukrainienne. Et chaque jour qui passe, il promet une nouvelle guerre commerciale à coups de droits de douane de 25 % contre le Canada, le Mexique, l’Europe et plus récemment contre tout pays qui achèterait son pétrole au Vénézuéla. Dans la plupart des cas, ces taxes n’ont duré qu’un jour, la chute des cours des bourses obligeant Trump à reculer avec une discrétion peu habituelle pour le personnage.
Les provocations de Trump ont fait dire qu’il était stupide ou fou. Certes, les changements subits et imprévisibles de sa politique tarifaire peuvent donner une impression de chaos qui tranche avec le ronron diplomatique qui prévalait dans les relations des États-Unis avec leur alliés pendant les années précédentes. En réalité, Trump n’est pas fou. Il rappelle simplement au reste du monde que les plus forts, ce sont les États-Unis. Trump travaille pour eux, pour que ce soit eux qui récupèrent le plus gros des marchés militaires, des ressources ukrainiennes ; il travaille à mettre à genoux leurs concurrents européens et chinois. La preuve : tandis que les dirigeants européens gesticulent, impuissants, les grands patrons américains se taisent, et se préparent à encaisser le gros lot.
Pourtant, les taxes posent autant de problèmes aux capitalistes américains qu’elles en résolvent. Elles handicapent les entreprises américaines, comme General Motors, qui sont installées au Mexique, et les milliers d’autres qui travaillent avec des sous-traitants basés au Mexique ou au Canada et dont les pièces font parfois plusieurs allers-retours de part et d’autre de la frontière.
La même interdépendance existe entre les États-Unis, la Chine et l’Union européenne. Musk, qui possède une usine Tesla à Shanghaï et y vend le tiers de ses voitures, n’a pas du tout envie de se fâcher avec Pékin. Et même si Boeing, rival d’Airbus, peut avoir intérêt à la promotion du patriotisme économique, il achète des moteurs en Europe.
Dans l’enchevêtrement de l’économie mondiale, faire croire que chaque pays peut être souverain économiquement est pur mensonge et démagogie.
C’est là la contradiction dans laquelle se débat le capitalisme depuis cent ans : l’économie est devenue mondiale, les capitalistes développent leurs tentacules sur toute la planète mais la concurrence entre eux les pousse dans des crises qui referment les frontières.
Partout, les tensions montent du fait de la guerre économique toujours plus féroce. La lutte pour la suprématie sur telle ou telle région et la guerre pour les minerais, le pétrole, l’énergie ou les marchés font rage. La concurrence entre rapaces plonge depuis longtemps des régions entières dans des guerres sanglantes, et pas qu’en Ukraine. La République démocratique du Congo, le Soudan et le Moyen-Orient sont aussi ravagés par des guerres alimentées par les appétits et les manœuvres des grandes puissances.
Alors oui, la situation est grave. Poutine a déclenché une boucherie en Ukraine pour contrer la pression occidentale et protéger les intérêts des oligarques russes. C’est un dictateur et un assassin. Mais les dirigeants occidentaux, qui ont attisé cette guerre pour défendre leurs propres intérêts impérialistes, ne sont pas moins rapaces, cyniques et meurtriers.
Trump négocie avec Poutine un partage de l’Ukraine, car il veut récupérer la mise pour les entreprises américaines. Les dirigeants européens crient à la trahison mais que veulent-ils sinon leur part du gâteau ?
Pour nous entraîner dans leur guerre, les dirigeants politiques européens nous assènent une propagande nationaliste de plus en plus guerrière. Elle a un but : nous faire croire que le monde se découpe en blocs de pays concurrents, et pas en classes sociales opposées. Elle veut nous faire croire que nos intérêts sont ceux actionnaires et des patrons des entreprises qui nous embauchent.
Eh bien non, cette guerre impérialiste, refusons d’en être la chair à canon ! Il y a une autre voie : nous battre contre la domination de la bourgeoisie. Et pour nous, travailleurs de Belgique, cela signifie contre les Colruyt, Mestdagh, Frère, Bekaert et autres barons.

La marche à la guerre

La réconciliation spectaculaire de Trump avec Poutine, sur le dos des Ukrainiens a choqué nombre de commentateurs. Trump et son vice-président, Vance, ont publiquement insulté Zelenski et coupé l’aide militaire à l’Ukraine. Les dirigeants européens se sentent lâchés par la première puissance impérialiste.
Ils ont aussitôt assuré Zelenski de leur soutien, un soutien tout aussi hypocrite que celui des États-Unis, puisque la question, au bout du compte est de savoir qui aura le plus gros morceau dans l’exploitation des ressources ukrainiennes après la guerre.
Dans les jours qui ont suivi, Von der Leyen a exhibé un plan de refinancement pour renforcer la militarisation de l’Europe tandis que chaque dirigeant européen y allait de sa proclamation guerrière : pour Macron, « La menace russe est là », le chancelier allemand, Merz, a demandé à être protégé par le bouclier nucléaire français et le premier ministre anglais parle d’envoyer des troupes européennes en Ukraine. Les dirigeants des vingt-sept pays européens se réunissent en urgence à Bruxelles pour discuter du plan de Von der Leyen, mais il n’y aura de débat que pour la forme : tous sont d’accord pour augmenter les budgets européens de l’armement.
Cet argent européen, auquel s’ajouteront probablement les budgets militaires de chaque pays, remplira les coffres des Thales, Dassault, FN, BAE et autres marchands de canons. Les plus grandes entreprises d’armement du monde ont déjà enregistré des bénéfices de près de 600 milliards d’euros l’année dernière, profitant des guerres à Gaza, en Ukraine et ailleurs. Airbus, par exemple, a vu les profits de sa branche militaire augmenter de 20 % grâce à ses accords sur les drones militaires avec l’armée israélienne.
D’où va venir cet argent ? En Belgique, les partis de la coalition Arizona, qui viennent d’annoncer leur politique d’austérité, prétendaient qu’il n’y avait plus d’argent pour les services publics, les écoles et les hôpitaux, qui manquent pourtant déjà cruellement de moyens ; ils utilisaient l’argument de l’endettement pour lancer la chasse aux chômeurs et aux malades. Eh bien, les voilà qui s’apprêtent à dépenser quatre milliards d’euros supplémentaires pour acheter des armes. Théo Franken assure qu’il a le soutien de tous les partis pour augmenter le budget de la Défense, quitte à s’endetter en lançant un emprunt « Défense »… Encore une dette qui va profiter aux banques et aux industriels et qu’ils ne manqueront pas d’essayer de faire rembourser par les travailleurs.
Au nom de la défense de la souveraineté nationale ou de l’Europe, ces politiciens se mettent au garde-à-vous devant les généraux et les marchands de canons. Ils participent par avance à l’union nationale pour la guerre.
Face à la volonté de domination américaine affirmée avec le cynisme et la brutalité d’un Trump, les dirigeants européens tentent de se faire passer pour les gardiens des valeurs démocratiques. Mais c’est une posture hypocrite et mensongère.
De l’Afrique au Moyen-Orient, ils n’ont cessé de se répartir des zones d’influence, de fomenter des guerres, de tailler des frontières au milieu des peuples ou de soutenir des dictateurs qui leur étaient utiles, avant de les lâcher du jour au lendemain.
S’ils s’offusquent parce que les brigands Trump et Poutine se réconcilient pour se partager les richesses de l’Ukraine, c’est uniquement parce qu’ils sont écartés du butin. Le revirement américain en Ukraine prend les Européens à contre-pied. Mais l’objectif de Trump est le même que celui de Biden : assurer l’hégémonie américaine sur le monde. Les moyens pour y parvenir changent, au gré de l’évolution des rapports de force.
Si, aujourd’hui, Trump lâche les dirigeants ukrainiens, ce n’est ni parce qu’il est fou ou sous l’emprise de Poutine ni parce qu’il voudrait apporter coûte que coûte la paix dans le monde. C’est parce que, après trois années de guerre, l’impérialisme américain fait ses comptes et estime utile de faire la paix avec Poutine.
Dans le renversement des alliances qui s’effectue sous nos yeux, dans ce bras de fer entre brigands, les travailleurs ne doivent pas serrer les rangs derrière leurs dirigeants politiques ou leurs généraux.
Qu’ils défendent la souveraineté nationale, une défense européenne ou le maintien d’une alliance avec les États-Unis, les politiciens qui se disputent le pouvoir sont tous d’accord pour défendre les intérêts des capitalistes. Quelle que soit l’option qu’ils défendent, ils nous la feront payer, par des sacrifices financiers aujourd’hui, au prix du sang demain. S’opposer à l’avenir sanglant que le capitalisme nous prépare commence par refuser l’embrigadement derrière nos dirigeants et les sacrifices qu’ils nous promettent.

Trump et Poutine prêts… à se partager l’Ukraine

Trump a décidé de négocier l’avenir de l’Ukraine avec Poutine sans les dirigeants européens et par-dessus la tête de Zelensky. Ce qui est vécu par Macron, Scholz et compagnie comme un affront et une véritable humiliation.
Trump aurait commencé les discussions avec le Kremlin, en acceptant l’amputation du territoire de l’Ukraine et sa non-adhésion à l’Otan. Et il se moque complètement de ce qu’en pensent les Ukrainiens, qui sont quand même les premiers concernés.
Mais ce n’est pas cela qui choque les dirigeants européens mais qu’ils ne soient pas invités autour de la table. Ce qui les choque, c’est que Trump les méprise et qu’ils n’auront peut-être droit à rien dans les négociations. Eh oui, il arrive que le caïd rabaisse le caquet et les prétentions de ses hommes de main !
Pour autant, les dirigeants européens ne renoncent pas à leur part de gâteau. Ils se sont réunis pour offrir leurs services aux Américains : ils seraient prêts à envoyer des troupes françaises et britanniques en Ukraine pour surveiller l’application d’un éventuel accord de paix.
Trump, Poutine, Macron, Scholz… et les autres dirigeants européens sont à mettre dans le même sac : ils ne cherchent qu’à se payer sur la bête. Ils lorgnent les terres fertiles d’Ukraine et les métaux rares. Ils lorgnent aussi les milliards que rapportera le marché de la reconstruction.
Pendant trois ans, des centaines de milliers d’Ukrainiens et de Russes ont été blessés, mutilés ou tués. Toute une jeunesse, mobilisée ou poussée à l’exil, a été sacrifiée. L’est et le sud de l’Ukraine ont été ravagés, des villes et des villages transformés en cités fantômes. Les destructions d’immeubles, de ponts, de routes et de bien d’autres infrastructures ont ramené le pays des années en arrière. Leur dirigeants ont jeté les Russes et les Ukrainiens dans une haine fratricide.
Tout cela pourquoi ? Pour que les grandes puissances qui se disputaient leur influence sur l’Ukraine finissent par dépecer le pays ensemble ! Pour qu’elles en reviennent à un accord qu’elles auraient pu signer au tout début de la guerre !
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, on nous explique qu’il y a le camp du bien et le camp du mal, le camp de la démocratie et celui de la dictature, et qu’il faut serrer les rangs derrière les leaders du monde libre pour défendre un petit pays et son droit à disposer de lui-même. Mais les prétendus démocrates américains et européens ne valent pas mieux que le dictateur Poutine ! S’il s’agit de réaliser de bonnes affaires, ils ne rechignent jamais à faire couler le sang !
Après bien d’autres, les Ukrainiens font l’amère expérience de ce qu’avait dénoncé Anatole France après la Première Guerre mondiale : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels ! ». En l’occurrence, les Ukrainiens se sont battus pour les intérêts de leurs oligarques mais aussi et surtout pour les intérêts des industriels et financiers occidentaux.
Et c’est peu dire que les États-Unis ont trouvé intérêt à faire durer cette guerre ! Leurs trusts se sont enrichis au travers des fournitures d’armes et de moyens de communication. Ils ont testé leur matériel militaire sans avoir à déplorer un seul mort. Et ils ont affaibli la Russie en lui imposant une série de sanctions économiques.
Mieux, avec ces sanctions ils ont écrasé leurs concurrents européens. Écrasé les capitalistes d’Allemagne, dont l’économie, tournée vers l’Est, a été privée du pétrole et du gaz russes. Aujourd’hui, Trump peut se targuer de disposer d’une énergie moins chère qu’en Europe et de remporter haut la main la course à la compétitivité.
Au fond, les États-Unis sont les véritables gagnants de cette guerre. Maintenant que l’armée ukrainienne est à bout, ils peuvent passer à une nouvelle étape. C’est ainsi que Trump peut endosser les habits de faiseur de paix.
Les Ukrainiens comme les Russes aspirent à la paix. Tous ceux qui sont mobilisés et subissent ces combats dans leur chair, comme ceux qui ont pris le chemin de l’exil, ont hâte de voir cette boucherie finir.
Mais comme la répartition du gâteau sera fonction de l’avancée des troupes russes, les armes sont encore loin de se taire. Et si tant est qu’une paix finisse par être signée, elle ne sera qu’une trêve entre deux guerres, le temps que s’établisse un nouveau rapport de force.
Être sacrifiés sur l’autel de la domination impérialiste est le sort de tous les peuples si on laisse les dirigeants impérialistes parler en notre nom.

Le nouveau gouvernement attaque ? Rendons coup pour coup !

Les partis de la coalition Arizona se sont finalement mis d’accord sur le partage du pouvoir pour les prochaines années : De Wever (N-VA) premier ministre, Bouchez (MR) à la manœuvre, CD&V, Engagés et Vooruit en soutien. Il en ressort un programme drastique pour aggraver l’exploitation des travailleurs et augmenter les profits des grandes entreprises.
De Wever, Bouchez et leurs acolytes s’en prennent une fois de plus aux pensions en durcissant le calcul des années de carrière. Pour la majorité des travailleurs, les pensions vont baisser et pour ceux qui ne s’en sortent pas, le gouvernement propose tout bonnement de continuer à travailler encore plus longtemps. Toutes les professions qui bénéficiaient d’un droit à une pension anticipée vont perdre cet avantage. Le passage de l’âge de la pension à 67 ans ne leur a pas suffi, ils en veulent toujours plus.
Les allocations de chômage vont être supprimées au bout de deux ans. Cela touchera de plein fouet les travailleurs peu qualifiés qui n’arrivent pas à retrouver du travail et ceux qui, comme à Audi, ont bossé toute leur vie sur des chaînes et sont considérés comme trop vieux sur le marché de l’emploi.
Les malades sont aussi dans le collimateur avec des mesures coercitives pour les forcer à reprendre le travail au plus vite.
Le gouvernement veut augmenter la flexibilité en annualisant le temps de travail et en supprimant les jours obligatoires de fermeture. Le travail de nuit coûtera moins cher au patrons puisqu’il ne sera compté qu’à partir de minuit au lieu de vingt heures actuellement.
Afin de faire passer la pilule, le gouvernement a promis d’augmenter le salaire net. Mais cela se fera par une réduction de l’impôt sur le revenu et donc en pompant dans les caisses publiques. C’est donc en quelque sorte de notre propre poche que viendra cette pseudo-augmentation !
Au total, ce sont 22 milliards d’euros de mesures d’austérité qui se profilent pour les années à venir.
Les partis de l’Arizona prétendent faire payer les « épaules les plus larges » pour répartir plus équitablement le poids de l’austérité. Cela ne trompe personne : la taxe sur la plus-value qu’ils veulent introduire rapportera à terme 500 millions d’euros ; c’est une goutte d’eau par rapport à ce qu’ils veulent faire payer par la population laborieuse.
L’Arizona justifie ses attaques par la nécessité de réduire la dette de l’État. Contrairement à ce qu’ils disent et à ce que répètent aussi les partis d’opposition, ce ne sont ni les pensions, ni les services publics qui en sont à l’origine, mais uniquement les cadeaux que l’État fait aux grandes entreprises, sous la forme d’aides directes ou de réductions de charges sociales. C’est leur dette et elle n’engage en rien les familles laborieuses.
Cette musique de la dette, nous l’entendons depuis des dizaines d’années. S’y ajoute aujourd’hui le contexte de la crise économique mondiale, qui met les profits des entreprises sous pression. Les partis politiques sont là pour les protéger de la concurrence internationale et des mesures protectionnistes des autres grandes puissances. C’est pour cela qu’ils passent à la vitesse supérieure dans leurs attaques contre le monde du travail. En Belgique comme ailleurs, ils essaient de faire passer des mesures de plus en plus ouvertement en faveur de la grande bourgeoisie. L’heure n’est plus à maintenir les apparences d’une quelconque justice sociale, ni non à maintenir de bonnes relations avec les syndicats afin de les utiliser pour faire passer la pilule auprès des travailleurs.
Le 13 janvier dernier, des dizaines de milliers de travailleurs ont manifesté à Bruxelles, le 27 janvier suivant, plus de 30 000 profs ont exprimé leur colère face aux mesures du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’étaient des manifestations denses et déterminées qui montraient bien que la colère monte dans les rangs du monde du travail. Le 13 février, une nouvelle manifestation est organisée par le front commun syndical. Nous devons y être nombreux.
L’Arizona n’est qu’une nouvelle mouture de l’État-major politicien au service de la bourgeoisie. Ils nous entrainent dans leur guerre économique et, peut-être demain dans des conflits militaires. Tant que le capitalisme perdurera, ces menaces mortelles pèseront au-dessus de nos têtes.
Le monde du travail a besoin d’urgence de s’organiser de son côté pour s’y opposer et mener une lutte révolutionnaire contre les capitalistes et leur système politique injuste et absurde.

Prenons nos luttes en mains

Le 13 janvier dernier, plus de 30 000 travailleuses et travailleurs ont manifesté à Bruxelles à l’appel du front commun syndical pour défendre les pensions contre les futurs plans du prochain gouvernement.
Entre temps, le plan en question a fuité dans la presse et le monde du travail a, sans surprise, de quoi être en colère contre les politiciens de la coalition MR-Engagés-NVA et compagnie. Il y a d’abord les attaques contre les revenus : salaires bloqués jusqu’en 2027, augmentation des taxes sur les allocations de chômage et les pensions alimentaires.
Viennent ensuite les attaques contre la protection sociale : blocage et dégressivité accrue des allocations de chômage avec une limite de deux ans. Chassés du droit au chômage, les travailleurs licenciés qui n’ont pas la chance de retrouver un emploi se retrouveront à la charge de CPAS, désargentés et dépassés.
Les pensions ne sont pas en reste : les conditions pour obtenir une pension complète seront encore durcies, ce qui aura pour conséquence que les salariés qui auraient des trous dans leur carrière ne pourront plus compter que sur une pension partielle à leurs 67 ans ; cela concerne en fait la majorité des travailleuses et des travailleurs. À terme, ce sont tous les statuts encore un peu protégés qui vont disparaître : profs, cheminots, fonctionnaires, etc.
Au total, le gouvernement table sur 18 milliards d’euros d’économies sur les 4 prochaines années. Les services publics, les écoles, les hôpitaux, qui sont déjà à bout de souffle, vont encore plus mal fonctionner. Tant pis pour les ménages populaires qui n’ont pas le choix et tant mieux pour les bourgeois qui vont de toute façon dans des cliniques et des écoles privées.
Donc, oui, avec Bouchez et De Wever à la manœuvre, on s’attendait bien à un programme de combat anti-ouvrier.
Les dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs qui ont manifesté le 13 janvier avaient bien raison de le faire.
Mais quelle est la suite ?
Certes, les syndicats ont annoncé des manifestations tous les 13 du mois. Bodson, le président de la FGTB a brandi la menace de la grève générale comme arme ultime si le futur gouvernement ne révise pas sa copie.
Mais cela ne suffira pas.
Les organisations syndicales réclament une augmentation du pouvoir d’achat et plus de protectionnisme européen. En d’autres termes, ils attendent du gouvernement, qui est au service du patronat, qu’il oblige le patronat à augmenter les salaires.
Encore une fois, ils appellent les gouvernements et le patronat à la raison, avec de vagues menaces de manifestations et de journées de grève générale sans suite.
Mais le patronat, de son côté, lui ne fait pas de vaines menaces : il licencie, il fait bloquer les salaires, il pousse des centaines de milliers de familles vers la misère.
Et ce n’est pas tout, au travers des gouvernements à son service, la bourgeoisie belge et ses alliées européennes, soutiennent des guerres à Gaza ou en Ukraine, le pillage de l’Afrique, la mise en concurrence des travailleurs sur toute la planète. Le premier ministre De Croo prétend qu’il va falloir hausser le ton face à Trump et à sa méthode forte, mais l’Europe fait la même chose, à son niveau et de façon plus hypocrite en soutenant toutes les dictatures du moyen orient.
La concurrence économique internationale fait planer des menaces de crise généralisée, voire de nouvelles guerres ; les attaques contre le monde du travail sont de plus en plus généralisées et de plus en plus ouvertes ; la guerre sociale et économique contre les couches populaires est ouverte. Face à cela, demander gentiment à un gouvernement de préserver le pouvoir d’achat est tout bonnement ridicule.
Voilà des dizaines d’années que les travailleurs sont appelés à participer à des manifestations sans lendemain, puis à faire confiance aux directions syndicales pour négocier en leur nom. Les syndicats n’ont rien organisé pour permettre aux travailleurs d’Audi de se défendre, ils leur ont juste demandé d’attendre le résultat des négociations. Résultat ? Nul.
Si les travailleurs veulent un autre avenir, ils vont devoir le créer avec leurs propres moyens d’organisations. Pour organiser ces luttes les travailleurs ont besoin de leur propre parti, avec des militants révolutionnaires décidés à ne pas se cacher derrière les directions syndicales de peur de perdre leur mandat.
Ce parti, il reste à construire. Plus vite on s’y mettra, plus vite on sera capable de faire reculer les capitalistes et même de leur faire rendre gorge comme disait Marx, c’est-à-dire plus nous nous rapprocherons d’une révolution sociale capable d’abattre se vieux monde bourgeois et toutes ses horreurs.

Le capitalisme met la planète à feu et à sang Il faut changer ce monde !

Le bilan de l’année 2024 est pitoyable. Alors que les politiciens nous vantent les bienfaits du modèle occidental prétendument « libre et démocratique », la réalité démontre, une fois de plus, qu’il n’en est rien.
La liberté est réservée à une élite, celle qui peut se la payer. Pour le reste de la planète, c’est la prison de la pauvreté, quand ce n’est pas la prison tout court.
La démocratie à la sauce capitaliste n’est qu’une façade qui vise à faire croire à la population qu’elle a son mot à dire. L’alternance des partis au pouvoir, que ce soit en Belgique, en France ou aux États-Unis, montre que quelle que soit la couleur des dirigeants, c’est toujours la même politique qui est menée : pour les plus riches et contre le monde du travail.
Pour les plus riches, tout va bien. Les dividendes versés aux actionnaires des grandes entreprises ont augmenté de 8% par rapport à l’année précédente. Cela représente des centaines de milliards de dollars versés à des gens qui ne font rien !
Pour le reste de la population, celle qui a produit cette richesse, c’est la misère.
La guerre continue entre la Russie et l’Ukraine, soutenue par le camp occidental. Des villes sont détruites, des soldats meurent sur le front par dizaines de milliers ; ce sont pour la plupart de simples prolétaires qui n’ont pas demandé à se retrouver les armes à la main. Et pourquoi ? Pour savoir qui, de la Russie ou des pays de l’OTAN, contrôlera les richesses agricoles, minières et industrielles dont regorge l’Ukraine. Sous le prétexte de la défense de la « nation » ou de la « liberté », cette guerre n’est qu’une guerre de rapine, conséquence directe de la concurrence entre les nations capitalistes.
La guerre continue aussi à Gaza où la population palestinienne n’en finit pas de subir les déluges de haine et de bombes du gouvernement sioniste israélien, avec le soutien implicite du reste des pays riches, dont en premier lieu les États-Unis, soi-disant défenseurs du monde libre, mais en réalité premiers fournisseurs d’armes à tous les oppresseurs de la planète. A travers cette guerre, les pays riches donnent un signal aux peuples exploités du monde : regardez ce qui vous attend si vous vous rebellez, vous mourrez, vos familles mourront, vos maisons, écoles et hôpitaux seront détruits.
Et puis, il y a la famine en Éthiopie, la guerre au Congo et dans bien des pays d’Afrique et d’Asie et dont on ne parle même plus dans les journaux ou à la télé.
Non contents de semer la mort aujourd’hui, les grands industriels et leurs financiers, préparent les catastrophes de demain en polluant la planète, ses terres comme ses mers, et en déglinguant son climat.
Même dans les pays dits « riches » la misère guette les classes populaires. En Amérique, en Europe, partout les travailleurs vivent dans l’angoisse de perdre leur emploi, licenciés par ces mêmes entreprises qui affichent des milliards d’euros de bénéfices ; souvent ils jonglent d’un boulot à l’autre, se serrent la ceinture et vivent des millions de drames quotidiens alors même que l’argent coule à flots dans les salons dorés de la grande bourgeoisie.
Le capitalisme, ce n’est ni la liberté, ni la démocratie, c’est la loi du plus fort, c’est la botte qui écrase les peuples. Son bilan est sans appel : pour le profit d’une minorité, il envoie toute l’humanité à la catastrophe.
Pourtant, ces milliards de femmes et d’hommes qui vivent dans la misère, la guerre ou la précarité, sont ceux-là mêmes qui font fonctionner toute l’économie. Sans eux, le capitalisme ne pourrait exister une minute de plus. Ces travailleuses et ces travailleurs d’ici et d’ailleurs jouent un rôle indispensable dans l’économie et ils pourraient s’en servir pour défendre leurs intérêts ainsi que celui des générations futures. Ils pourraient, grâce à la force que leur donne leur nombre, chasser les capitalistes et leurs politiciens du pouvoir pour organiser eux-mêmes une nouvelle société, sans profits, sans exploitation, sans guerres ni destructions.
Pour y arriver, le monde du travail devra se rendre compte de sa force et qu’il n’a pas besoin de patrons, de capitalistes ni de politiciens pour diriger la société. Et il devra reconstruire un parti révolutionnaire pour organiser ses luttes et leur donner une dimension mondiale. C’est ce que nous, communistes, appelons de tous nos vœux, il y a urgence !

La fin d’un dictateur, mais pas celle de la dictature

La chute de Bachar al-Assad réjouit à juste titre ceux qui ont subi sa dictature sanguinaire. Il avait conservé le pouvoir à Damas et sur une partie de la Syrie depuis la révolte de 2011, en utilisant contre la population une violence débridée, grâce à l’appui de la Russie et de l’Iran, mais aussi à la bienveillance des États-Unis et de l’Europe. Aujourd’hui, alors qu’Israël écrase Gaza et le Liban sous ses bombes, les soutiens russe et iranien ont fait défaut. L’armée d’Assad s’est effondrée en quelques jours et le groupe armé Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, s’est emparé de Damas.
Alep est tombée en trois jours, suivie dans la foulée de Damas, presque sans combat. L’armée de Bachar al-Assad n’a quasiment pas opposé de résistance. Cela a surpris dans une période où tous les projecteurs sont braqués sur les guerres d’Israël à Gaza et au Liban. Mais cette réactivation de la guerre syrienne, larvée depuis cinq ans après les violents combats et les centaines de milliers de morts de la décennie 2010, résulte directement des changements de rapports de force provoqués par les guerres d’Israël soutenues par les États-Unis.
Depuis 2011, la Syrie a été transformée en théâtre d’un affrontement entre les puissances, régionales et internationales, qui se disputent l’influence sur le Moyen-Orient. Après s’être toutes alliées pour combattre Daech, ces puissances se sont partagé la Syrie. Depuis le tournant des années 2020, le pays était découpé en plusieurs territoires. Le plus grand morceau était sous le contrôle de Bachar al-Assad soutenu par la Russie et l’Iran. Le Nord-Est est administré par les Forces démocratiques syriennes à majorité kurde, plus ou moins soutenues par les États-Unis. Le Nord-Ouest est contrôlé par des milices islamistes et par l’armée turque, tandis que la région d’Idlib, proche d’Alep, l’est par des milices semblables, en particulier l’organisation HTC, mais sans présence directe de l’armée turque. Ces milices sont soutenues notamment par l’Arabie saoudite.
Alep avait été reconquise en décembre 2016 par les troupes d’Assad, aidées par l’aviation russe, les Pasdarans iraniens et le Hezbollah libanais, au prix de terribles destructions et de déplacements de population. Mais depuis un an, le Hezbollah et l’Iran sont accaparés par la guerre que leur livre Israël. Depuis 2022, l’essentiel des forces militaires russes sont déployées en Ukraine. Le régime d’Assad s’en trouve affaibli. Selon plusieurs témoignages, les soldats d’al-Assad qui gardaient Alep, mal nourris, mal traités, n’ont opposé aucune résistance. Du fait de la corruption massive, de la répression systématique et des sanctions américaines qui perdurent, le régime d’Assad a perdu beaucoup du soutien qui lui restait dans la population. En outre, tout indique que les milices emmenées par HTC ont pu bénéficier de l’aide logistique et de livraisons d’armes venant de la Turquie.
Les dirigeants des pays qui justifient toutes leurs guerres par la lutte contre le terrorisme et l’islamisme, n’ont aucun scrupule à armer un groupe issu d’Al-Qaïda. Aujourd’hui, les dirigeants de HTC, toujours classés comme terroristes par les États-Unis, proclament qu’ils ont changé, qu’ils respectent tous les Syriens, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou kurdes, pourtant menacés par l’armée turque. Pour se faire accepter de la population d’Alep et pour donner des gages aux dirigeants occidentaux, les chefs de HTC affirment que « la diversité sera une force et pas une faiblesse ».
L’avenir dira si les dirigeants impérialistes soutiendront le pouvoir de HTC et ses alliés. Aujourd’hui, ils se réjouissent de la chute d’al-Assad, mais ils se sont tous hypocritement tus quand il faisait le sale boulot contre Daesch et sa propre population. Rien ne les empêchera de pactiser avec HTC si ce groupe accepte de reprendre le rôle de gendarme régional. Israël a donné le ton en bombardant la Syrie et en envahissant le Golan : le nouveau pouvoir va devoir choisir son camp ; sinon, pour la population syrienne, ce sera la promesse de nouveaux affrontements, bombardements et destructions et peut-être du remplacement d’une dictature par une autre.
Personne ne peut dire ce que vont faire les vainqueurs et quelle sera l’attitude des États-Unis. Ce qui est sûr, c’est que dans un Moyen-Orient où l’impérialisme n’apporte que la guerre et les divisions entre peuples, la liberté et la paix ne pourront venir de ce type de « libérateurs », mais des travailleurs et de la population s’ils s’organisent pour exercer le pouvoir.