Depuis que Bart De Wever et sa bande ont pris les commandes avec la coalition Arizona, c’est une offensive méthodique, brutale, contre le monde du travail qui est en marche. Ce gouvernement ne gouverne pas pour nous, il gouverne contre nous. Chaque réforme est un coup de plus dans le dos de celles et ceux qui n’ont que leur salaire pour vivre. Pendant que les riches encaissent, c’est à nous de payer la facture de leur crise, de leurs profits, de leur militarisme.
Prenons les retraites. Ils veulent nous faire bosser jusqu’à l’os. 66 ans en 2025, 67 en 2030. Qui, parmi les ouvriers, les aides-soignantes, les caissières, pourra tenir jusqu’à cet âge sans y laisser sa santé ou sa vie ? Et pour ceux qui n’en peuvent plus avant ? Ils seront sanctionnés : 2 %, puis 4 %, puis 5 % de pension en moins par an. Résultat : une retraite amputée de 25 % à vie pour celles et ceux qui partiraient cinq ans « trop tôt ». Et bien sûr, les régimes spéciaux sont aussi attaqués. Cheminots, agents publics, militaires : tout doit être abaissé au niveau le plus bas. L’objectif est clair : faire des économies sur notre dos pour mieux gaver les actionnaires.
Et comme si cela ne suffisait pas, ils s’en prennent maintenant aux chômeurs. Leur dernière trouvaille ? Limiter les allocations à deux ans. Ensuite, les gens devront mendier l’aide des CPAS. Et pour ceux qui y auront droit, ce sera le revenu d’intégration : une misère à peine suffisante pour survivre. Les factures s’empilent, les dettes explosent, les files s’allongent devant les banques alimentaires : déjà 209 000 personnes y avaient recours chaque mois en 2024. Et demain, combien ?
Même les associations qui tentent de réparer un peu les dégâts de l’État, sont étranglées. Les aides fondent, les structures ferment. Les hôpitaux sont à bout de souffle, les écoles manquent de tout, les transports en commun tombent en ruine, la justice est paralysée. Les riches s’en fichent bien que les hôpitaux publics aient des listes d’attente pour chaque spécialiste ou que la 7eme professionnelle disparaisse. Ils vont dans les écoles privées, les hôpitaux privés, ont leur voiture personnelle, voire un chauffeur, ils n’ont pas besoin d’avocat prodéo, etc. En revanche, l’argent public va pouvoir gonfler leurs poches via les baisses d’impôts et les subventions à leurs entreprises. Comble de l’ironie, la bourgeoisie pourra au passage hériter de privatisations de secteurs publics jugés défaillant faute de financement !
Mais alors qu’ils nous serrent la ceinture jusqu’à l’asphyxie, les dépenses militaires, elles, explosent. Objectif : 2 % du PIB dès 2025, peut-être 3 % après. Des milliards pour des missiles, des blindés, des drones. Et pourquoi ? Pour se préparer aux guerres à venir, économiques et militaires. Mais pour mener ces guerres, ils savent qu’ils doivent d’abord gagner celle-ci : la guerre de classe contre nous.
Et dans ce système, il y a ceux qui trinquent et ceux qui trinquent le champagne. Les grands groupes, eux, se portent à merveille. Profits record, dividendes à gogo, cadeaux fiscaux à la pelle. Pendant que nous comptons nos centimes, ils empilent les milliards. Et le gouvernement, la bouche pleine de mots comme « effort » et « solidarité », ne s’adresse qu’à nous. Pas aux banquiers, aux patrons et aux spéculateurs.
Mais la colère est bien là. En janvier, deux journées de grève dans l’enseignement ont lancé la mobilisation. Ensuite, les 13 janvier et février, 30 000 puis 100 000 manifestants ont défilé contre l’austérité. Le 31 mars, une grève a encore touché plusieurs secteurs. Mais depuis, la mobilisation est retombée… Les nouvelles manifestations ont rassemblé peu de monde. Les grèves se sont faites moins nombreuses.
Ces mobilisations montrent que les travailleurs refusent de subir sans réagir. Mais elles restent trop fragmentées, trop espacées, trop isolées pour faire plier le pouvoir. Et ce n’est pas un hasard : les directions syndicales canalisent la colère vers des journées d’action sans suite, sans lien entre les secteurs. Elles condamnent les attaques contre les travailleurs, mais ne veulent pas affronter le gouvernement et le patronat jusqu’au bout. Cette stratégie de l’éparpillement, de la temporisation, nous affaiblit. Et elle sert, en fin de compte, ceux qui mènent la guerre contre nous.
Il faut que les travailleurs s’organisent, s’unissent, se donnent les moyens de riposter. Et pour cela, il leur faut un outil. Un parti communiste révolutionnaire, construit dans les entreprises, les services, les quartiers. Un parti qui ne cherche pas des compromis ; un parti qui ne négocie pas notre exploitation mais organise sa fin.
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Un monde d’argent et de sang à renverser !
À Gaza, la guerre d’extermination se poursuit. La mort rôde partout et tout le temps. Elle est sur le visage de centaines de milliers d’enfants exténués, affamés et squelettiques. Netanyahou procède à une purification ethnique et les dirigeants européens en sont encore à faire semblant de se demander si Israël respecte ou non les droits humains !
En Ukraine, Poutine et Trump nous font du grand cinéma autour de la paix mais la guerre n’en finit plus. Kiev est toujours bombardée. Les soldats russes et ukrainiens continuent de tomber au combat ou de croupir dans des prisons sordides.
Bien d’autres régions du monde sont ravagées par la guerre. En République démocratique du Congo, au Soudan, au Mali, où des millions de femmes et d’hommes ont été tués et des millions d’autres déplacés, qui peut même dater le début de la guerre ?
Et quel peut être l’avenir pour l’humanité quand les bruits de bottes se multiplient et que l’on s’enfonce toujours davantage dans la crise économique et la catastrophe climatique ?
Mais pour les maîtres du monde, le principal est que les affaires continuent. Et elles prospèrent ! Le grand casino de la finance bat son plein. Les sauteries, du genre de celle organisée par Trump pour vendre sa cryptomonnaie, se multiplient d’un bout à l’autre de la planète. La grande bourgeoisie y fait son marché à coups de milliards.
Les Arnault, Michelin, Bolloré, Musk, Bezos, Zuckerberg ont mille et un projets pour faire fructifier leurs fortunes. Et ils en ont plus encore pour se vautrer dans le luxe.
Quand Trump s’est déplacé au Proche-Orient, ce n’est pas le sort des Palestiniens qui l’a préoccupé, mais son propre business. L’affairiste de New York a été comblé : la Trump Organisation construira une résidence de luxe au Qatar, un golf à Dubaï, une Trump Tower à Djeddah et les pétromonarchies investiront des milliards dans sa cryptomonnaie.
Tout est de la même eau. ArcelorMittal supprime des emplois en Belgique et en France et se plaint qu’il n’est plus rentable de produire de l’acier en Europe. Mais il investit un milliard de dollars dans les Celtics de Boston, une équipe de basket américaine !
Ce sont ces crapules qui dirigent l’économie ! Ce sont leurs laquais, à la tête des États, qui prétendent dire ce qui est bien et ce qui est mal, et décider de la paix et de la guerre. Il ne faut pas l’accepter ! Leur système capitaliste d’exploitation et d’enrichissement est une insulte à la dignité et à l’intelligence humaines.
L’humanité a les moyens de supprimer la misère depuis déjà longtemps. À l’échelle de la planète, les moyens de vivre dignement, sans que quiconque craigne de manquer, existent. Le progrès continu des techniques et des connaissances devrait permettre à tous de s’épanouir sans avoir à exploiter ou dominer quiconque.
Les États-Unis pourraient, à eux seuls, régler nombre de problèmes de la planète. Avec les meilleurs laboratoires, ils ont une capacité d’innovation et de recherche scientifique inégalée. Au lieu de cela, la classe capitaliste la plus riche du monde fait une orgie de richesses. Elle voue un culte à l’accumulation individuelle et à la loi du plus fort.
Sous la pression de Trump, elle attise la guerre économique. Plus fanfaron que jamais, le caïd de la Maison Blanche a annoncé la construction d’un « golden dome », un bouclier antimissile inspiré par le « dôme de fer » d’Israël. 600 ou 700 milliards de dollars, soit plus qu’il n’en faudrait pour éradiquer la malnutrition et nombre de maladies mortelles dans le monde, seront donc consacrés à mettre en orbite de quoi faire sauter plusieurs fois la planète.
Tant que nous laisserons les rênes à la classe capitaliste, l’évolution réactionnaire, guerrière et barbare de la société suivra son cours. Le capitalisme à visage humain n’a jamais existé et n’existera jamais, mais le capitalisme sénile est de plus en plus barbare.
Pour faire de nouveau progresser la société, il faut viser le renversement de la bourgeoisie et de l’ordre impérialiste. C’est pourquoi il faut que les travailleurs renouent avec les idées communistes révolutionnaires.
En 1789, en France, les paysans et le petit peuple des villes ont fait la révolution. Ils on eut le courage, la force et l’organisation d’aller demander des comptes puis de détrôner la classe de parasites et ils ont construit une nouvelle société abolissant les privilèges de naissance. Ce sont les privilèges de l’argent qu’il faut désormais supprimer. Et seule une révolution dirigée, cette fois, par le monde du travail pourra l’imposer. Les travailleurs et les paysans pauvres en Russie l’ont déjà fait une fois, en 1917. Aujourd’hui plus qu’hier, les travailleurs peuvent non seulement se donner cet objectif mais ont toute les chances d’y parvenir.
Gaza : une entreprise d’extermination
Le gouvernement israélien peut se vanter d’avoir sur la conscience – s’il en a une – la mort de plus de 52 000 Gazaouis en dix-neuf mois. Depuis que Netanyahou a décidé, le 18 mars, de rompre la trêve, deux mille habitants ont été tués, dont 437 au cours de la seule dernière semaine d’avril.
Les bombardements font 50 morts par jours, les attaques de drones terrifient la population 24 heures sur 24, le blocus total du territoire affame littéralement les deux millions de Palestiniens qui ne savent où se réfugier.
Des annonces hypocrites lancées par haut-parleur ou SMS par l’armée israélienne, appellent les Gazaouis à se déplacer lors d’un bombardement. Mais, il n’y a pas de zone qui soit un peu plus sûre.
Après avoir détruit les installations de fourniture d’électricité, visé systématiquement les générateurs, coupé l’accès à l’eau potable, rendu inutilisables les circuits d’évacuation des eaux usées, le gouvernement israélien empêche strictement la nourriture, les médicaments, le carburant, les produits de première nécessité de parvenir aux habitants, que ce soit par les canaux commerciaux ou par des réseaux humanitaires. Les journées des habitants se passent à tenter de trouver un peu de nourriture, de bois, d’eau. « Aucune aide n’entrera à Gaza », avait plastronné mi-avril le ministre de la Défense. Son succès est complet.
Le 2 mai, dans la nuit, des drones israéliens ont même visé et atteint un navire de la Flotille de la liberté, dans les eaux internationales au large de Malte. L’équipage de ce navire humanitaire, victime d’un incendie et d’une brèche dans sa coque, entendait livrer « une aide vitale, désespérément nécessaire » à Gaza.
Cet écrasement physique de la population de Gaza est soigneusement calculé dans le plan de Netanyahou. Réuni dimanche 4 mai, en fin de journée, le cabinet de sécurité israélien a approuvé une poursuite de l’offensive militaire à Gaza, débutée le 18 mars. Le communiqué officiel précise qu’elle doit permettre la mise en œuvre d’un « plan de conquête » et la promotion du « départ volontaire des Gazaouis ».
Pour pouvoir prendre le contrôle, même partiellement, de l’enclave palestinienne, l’armée israélienne va avoir besoin de plus de soldats. L’armée rappelle des dizaines de milliers de réservistes pour les déployer dans les quinze prochains jours. L’extrême droite israélienne applaudit à la mise en œuvre de cette politique de guerre qui constitue son programme. Mais, dans le reste de la population israélienne, la lassitude s’exprime de plus en plus face à un conflit dont elle ne voit pas la fin. D’après les autorités militaires, seuls 50 % à 70 % des réservistes répondent à leur convocation. D’autant que Gaza n’est pas le seul front sur lequel l’armée israélienne est de plus en plus engagée.
Une véritable guerre se mène en Cisjordanie contre plusieurs camps de réfugiés, notamment ceux de Tulkarem et Nour Shams. D’après l’agence de presse palestinienne WAFA, plus de 4 200 familles, soit 25 000 personnes, ont été contraintes de fuir après la destruction de leurs habitations. Au Liban, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024, l’armée israélienne n’a jamais cessé de bombarder et de mener des opérations militaires. Et c’est sans compter les
Loin de garantir la sécurité à la population israélienne, la politique de Netanyahou l’engage toujours plus dans une guerre sans fin. Ceux qui continuent de manifester tous les samedis en Israël contre Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite en sont conscients, au moins partiellement.
Les dirigeants des grandes puissances, eux, n’ont jamais retiré leur soutien à Netanyahou, quelles que soient les réserves qu’ils aient pu parfois exprimer, pour la simple raison que l’État israélien constitue le gendarme de l’ordre impérialiste au Moyen-Orient.
Le boucher Netanyahou poursuit une véritable politique d’extermination dans le silence complice de ses homologues des grandes puissances.
A bas les plans du gouvernement, à bas cette société capitaliste
Il n’aura pas fallu longtemps au gouvernement Arizona pour donner sa réponse à la « grève générale » du 31 mars : c’est une attaque en règle contre le monde du travail !
La mesure principale, c’est la limitation des allocations de chômage dans le temps, qui va se traduire par la perte des allocations pour plus de 100 000 personnes au premier janvier prochain et 300 000 d’ici 2028. Ce sont les patrons qui licencient mais ce sont les travailleurs qu’on pointe du doigt. Le ministre de l’Emploi, David Clarinval (MR), se vante de « remettre le travail en valeur centrale de notre société » en laissant sous-entendre que les ouvriers d’Audi ou les caissières de chez Cora qui ont perdu ou vont perdre leur emploi seraient tous des fainéants. Est-ce eux qui ont choisi de se retrouver au chômage ? Non. Ces discours moralisateurs n’ont rien à voir avec la réalité des millions de femmes et d’hommes qui s’échinent tous les jours pour nourrir leur famille.
En réalité, exclure les chômeurs sert deux objectifs. D’abord, cela va précariser encore plus les travailleurs en faisant planer au-dessus de leur tête la menace d’une plus grande pauvreté s’ils perdent leur boulot. Ensuite, cela permettra au gouvernement de réduire encore plus les budgets des assurances sociales, c’est aussi pour cette raison que les pensions seront moins bien indexées et que les malades de longue durée seront eux aussi pourchassés. Et pour quoi faire ? Augmenter les budgets militaires de plusieurs milliards et réduire les cotisations patronales pour que les patrons paient encore moins cher leurs salariés. On l’a déjà dit et redit : quand les cotisations baissent, les patrons n’embauchent pas plus et ils encaissent la différence.
Dans le même temps où il s’attaque aux chômeurs et aux malades, accusés de vivre aux crochets de la société, que fait le gouvernement contre les fraudeurs qui ont planqué leur argent dans des paradis fiscaux ? Il leur offre une nouvelle régularisation fiscale qui leur permettra, une fois de plus, de blanchir leur argent sale.
Tout cela sous le prétexte de sauver l’économie ou de créer des emplois. Gouvernement et patronat en appellent solennellement à la « responsabilité ». Voilà qui est facile quand on gagne des salaires à six chiffres ou plus et qu’on sait qu’on va encore s’enrichir. Les dirigeants de la FEB et les ministres ne se sentent responsables que devant les bourgeois, les actionnaires des grandes entreprises, qui accaparent tout ce que la société produit comme richesses et ne donnent rien en échange.
Le responsable de cette crise économique qui n’en finit pas, c’est l’appétit de richesse des grands capitalistes. Qui baisse les salaires pour s’enrichir, qui exige des gouvernements qu’ils coupent dans les budgets pour réduire leurs coûts sociaux et ainsi vider les services publics de leur contenu ? Qui engage des experts fiscaux pour ne pas payer d’impôts ? Toujours les mêmes : les grands bourgeois. Qui refuse le moindre contrôle sur la pollution des usines et continue à polluer, à brûler des milliards de tonnes de pétrole quitte à transformer la planète en enfer climatique ? Qui investit aujourd’hui par milliards dans la production d’armes pour envoyer demain les jeunes travailleurs de tous les pays s’entretuer pour défendre leur contrôle sur les ressources minières et économiques dans les autres régions du monde ? Les mêmes responsables : le patronat, les actionnaires, les capitalistes.
Tout ce système ne crée que misère, guerres et dévastations.
Travailleuses et travailleurs, nous produisons tout mais nous n’avons rien. Nous faisons tout fonctionner mais nous ne décidons rien. C’est le monde à l’envers, c’est absurde mais c’est ça le capitalisme. Il a réussi à prendre le pas sur la planère entière et depuis plus de deux siècles, il l’entraîne dans sa folie.
La seule alternative est que le monde du travail se mobilise pour prendre la direction de la société, pour qu’elle soit gérée collectivement en fonction de l’intérêt commun. En 1917, en Russie, des femmes et des hommes, de simples ouvriers et paysans, se sont révoltés et ont réussi l’exploit d’arracher le pouvoir aux mains des capitalistes. Ils n’ont pas su le garder mais ils ont prouvé que c’était possible et nous portons aujourd’hui la responsabilité de mener cette tâche à bien.
Cela paraît peut-être lointain, inatteignable, mais nous n’avons pas d’autre choix d’essayer ou de regarder le monde sombrer dans la barbarie.
La grève générale… et après ?
Ce lundi 31 mars, une grève générale a paralysé tout le pays. Lancées en front commun syndical, elle a été largement suivie. Les transports publics ont été paralysés, aucun avion n’a décollé de Zaventem. La plupart des grandes enseignes de la distribution affichaient porte close. Les écoles aussi étaient fermées, etc. etc.
Cette mobilisation fait suite aux manifestations du 13 janvier et du 13 févriers, qui ont rassemblé près de 100 000 personnes. Preuve s’il en est que le monde du travail est prêt à se mobiliser.
Les syndicats, qui ont été reçus par Jan Jambon, le ministre des Pensions ce jour-là, ont apprécié « l’écoute attentive » dont ils ont bénéficié. Ils se réjouissent d’avoir pu exprimer leurs revendications. Mais qui peut sérieusement croire que Jambon n’est pas au courant des revendications du monde du travail et qu’il faut qu’une délégation de dirigeants syndicaux aille les lui expliquer de vive voix ? Le ministre, et tout le gouvernement avec lui, savent très bien ce qu’ils veulent : aider le patronat à s’enrichir encore plus, aux dépens des travailleurs, de leurs pensions, de leurs droits sociaux comme l’allocation de chômage et aux dépens des services publics à la population.
De Wever a déclaré le jour même de la grève qu’elle n’allait rien changer à sa politique. Il fallait être bien naïf pour croire qu’il en serait autrement et les directions syndicales ne s’attendaient pas à autre chose, elles ne sont pas nées de la dernière pluie.
L’appel à une grève générale pour le 29 avril, est une fausse marque de détermination. Les dirigeants syndicaux savent qu’il faudrait autre chose qu’une grève générale par-ci et qu’une manifestation par-là pour faire reculer le gouvernement, mais ils n’essaient même pas. En effet, ils savent aussi que le ras-le-bol des couches populaires est tel que si leur colère explosait, il ne suffirait pas de quelques miettes pour la calmer. Elles ne veulent pas prendre ce risque et n’espèrent qu’une chose : maintenir leur place à la table des négociations, se réjouir que monsieur le Ministre les reçoive et les écoute poliment, et continuer à ronronner.
Mais le résultats cette politique est que depuis longtemps les patrons ne voit plus la nécessité de ménage les directions syndicales.
Aujourd’hui, les discours militaristes et patriotiques se déversent en abondances dans les médias. Les grands pays européens entrent en « économie de guerre », la commission européenne a levé les critères de Maastricht qui servaient à justifier l’austérité depuis 1992 ; elle a elle-même prévu un budget de 800 milliards d’euros pour financer le réarmement. Francken veut augmenter le budget de l’armée à 12 milliards d’euros au lieu de 8 actuellement. Ou vont-ils trouver ces sommes pharamineuses sinon dans les poches des travailleurs ?
C’est un véritable rouleau compresseur idéologique que les dirigeants sont en train de mettre en place en utilisant l’épouvantail de la Russie. Il est évident que l’armée de Poutine n’est pas aux portes Europe. Même s’il le voulait, elle en serait incapable. Il suffit pour s’en convaincre de voir les difficultés qu’elle rencontre en Ukraine. Le budget militaire de la Russie est de 150 milliards de dollars, celui des pays européens de l’OTAN est le triple, avec 450 milliards et celui des États-Unis est encore deux fois plus important, approchant les mille milliards. Tous ceux qui oseront défendre pensions, chômage ou soins de santé, seront accusés d’être des égoïstes qui pactisent avec « l’ennemi » et de trahissent leur pays.
En revanche, s’il en est qui veulent en découdre, en commençant par la guerre économique, ce sont les pays impérialistes, les États-Unis et l’Europe en premier lieu, car elle est à leurs yeux la seule porte de sortie à la crise économique actuelle, une crise causée par la concurrence acharnée des grands groupes capitalistes pour contrôler les marchés mondiaux. La guerre commerciale lancée par Trump n’est pas l’acte d’un fou, c’est un épisode de ce bras de fer qui se joue au niveau international et qui ne fera que s’amplifier jusqu’au moment où ce sont les armes qui devront dire qui est le plus fort.
Le capitalisme mène inéluctablement à la guerre et c’est pour cela que ceux dont nous devons nous défendre, ce sont nos propres patrons et leurs serviteurs politiques. « L’ennemi principal est dans notre pays ! » disait le communiste allemand Karl Liebnecht en 1915, pendant la première guerre mondiale. Cela n’a jamais été aussi vrai.
Voilà pourquoi, il est urgent pour les travailleurs de s’organiser eux-mêmes, de ne plus compter sur des directions syndicales car c’est l’avenir de toute la société qui est en jeu.
Leurs guerres ne sont pas les nôtres
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier, Trump a donné un coup d’accélérateur à la guerre commerciale mondiale. Cette compétition économique existe depuis toujours, menée essentiellement par les États-Unis et les pays européens, qui sont en lutte pour se partager le monde depuis plus d’un siècle. Une lutte qui se menait de façon plus feutrée, en tout cas entre « alliés », car pour les pays dominés par ces grands empires économiques, c’est l’exploitation la plus rude qui règne.
Trump a enchaîné les provocations : annexer le Canada et le Groenland ou chasser les Palestiniens de Gaza pour en faire une nouvelle Côte d’Azur, prendre le contrôle de l’économie ukrainienne. Et chaque jour qui passe, il promet une nouvelle guerre commerciale à coups de droits de douane de 25 % contre le Canada, le Mexique, l’Europe et plus récemment contre tout pays qui achèterait son pétrole au Vénézuéla. Dans la plupart des cas, ces taxes n’ont duré qu’un jour, la chute des cours des bourses obligeant Trump à reculer avec une discrétion peu habituelle pour le personnage.
Les provocations de Trump ont fait dire qu’il était stupide ou fou. Certes, les changements subits et imprévisibles de sa politique tarifaire peuvent donner une impression de chaos qui tranche avec le ronron diplomatique qui prévalait dans les relations des États-Unis avec leur alliés pendant les années précédentes. En réalité, Trump n’est pas fou. Il rappelle simplement au reste du monde que les plus forts, ce sont les États-Unis. Trump travaille pour eux, pour que ce soit eux qui récupèrent le plus gros des marchés militaires, des ressources ukrainiennes ; il travaille à mettre à genoux leurs concurrents européens et chinois. La preuve : tandis que les dirigeants européens gesticulent, impuissants, les grands patrons américains se taisent, et se préparent à encaisser le gros lot.
Pourtant, les taxes posent autant de problèmes aux capitalistes américains qu’elles en résolvent. Elles handicapent les entreprises américaines, comme General Motors, qui sont installées au Mexique, et les milliers d’autres qui travaillent avec des sous-traitants basés au Mexique ou au Canada et dont les pièces font parfois plusieurs allers-retours de part et d’autre de la frontière.
La même interdépendance existe entre les États-Unis, la Chine et l’Union européenne. Musk, qui possède une usine Tesla à Shanghaï et y vend le tiers de ses voitures, n’a pas du tout envie de se fâcher avec Pékin. Et même si Boeing, rival d’Airbus, peut avoir intérêt à la promotion du patriotisme économique, il achète des moteurs en Europe.
Dans l’enchevêtrement de l’économie mondiale, faire croire que chaque pays peut être souverain économiquement est pur mensonge et démagogie.
C’est là la contradiction dans laquelle se débat le capitalisme depuis cent ans : l’économie est devenue mondiale, les capitalistes développent leurs tentacules sur toute la planète mais la concurrence entre eux les pousse dans des crises qui referment les frontières.
Partout, les tensions montent du fait de la guerre économique toujours plus féroce. La lutte pour la suprématie sur telle ou telle région et la guerre pour les minerais, le pétrole, l’énergie ou les marchés font rage. La concurrence entre rapaces plonge depuis longtemps des régions entières dans des guerres sanglantes, et pas qu’en Ukraine. La République démocratique du Congo, le Soudan et le Moyen-Orient sont aussi ravagés par des guerres alimentées par les appétits et les manœuvres des grandes puissances.
Alors oui, la situation est grave. Poutine a déclenché une boucherie en Ukraine pour contrer la pression occidentale et protéger les intérêts des oligarques russes. C’est un dictateur et un assassin. Mais les dirigeants occidentaux, qui ont attisé cette guerre pour défendre leurs propres intérêts impérialistes, ne sont pas moins rapaces, cyniques et meurtriers.
Trump négocie avec Poutine un partage de l’Ukraine, car il veut récupérer la mise pour les entreprises américaines. Les dirigeants européens crient à la trahison mais que veulent-ils sinon leur part du gâteau ?
Pour nous entraîner dans leur guerre, les dirigeants politiques européens nous assènent une propagande nationaliste de plus en plus guerrière. Elle a un but : nous faire croire que le monde se découpe en blocs de pays concurrents, et pas en classes sociales opposées. Elle veut nous faire croire que nos intérêts sont ceux actionnaires et des patrons des entreprises qui nous embauchent.
Eh bien non, cette guerre impérialiste, refusons d’en être la chair à canon ! Il y a une autre voie : nous battre contre la domination de la bourgeoisie. Et pour nous, travailleurs de Belgique, cela signifie contre les Colruyt, Mestdagh, Frère, Bekaert et autres barons.
La marche à la guerre
La réconciliation spectaculaire de Trump avec Poutine, sur le dos des Ukrainiens a choqué nombre de commentateurs. Trump et son vice-président, Vance, ont publiquement insulté Zelenski et coupé l’aide militaire à l’Ukraine. Les dirigeants européens se sentent lâchés par la première puissance impérialiste.
Ils ont aussitôt assuré Zelenski de leur soutien, un soutien tout aussi hypocrite que celui des États-Unis, puisque la question, au bout du compte est de savoir qui aura le plus gros morceau dans l’exploitation des ressources ukrainiennes après la guerre.
Dans les jours qui ont suivi, Von der Leyen a exhibé un plan de refinancement pour renforcer la militarisation de l’Europe tandis que chaque dirigeant européen y allait de sa proclamation guerrière : pour Macron, « La menace russe est là », le chancelier allemand, Merz, a demandé à être protégé par le bouclier nucléaire français et le premier ministre anglais parle d’envoyer des troupes européennes en Ukraine. Les dirigeants des vingt-sept pays européens se réunissent en urgence à Bruxelles pour discuter du plan de Von der Leyen, mais il n’y aura de débat que pour la forme : tous sont d’accord pour augmenter les budgets européens de l’armement.
Cet argent européen, auquel s’ajouteront probablement les budgets militaires de chaque pays, remplira les coffres des Thales, Dassault, FN, BAE et autres marchands de canons. Les plus grandes entreprises d’armement du monde ont déjà enregistré des bénéfices de près de 600 milliards d’euros l’année dernière, profitant des guerres à Gaza, en Ukraine et ailleurs. Airbus, par exemple, a vu les profits de sa branche militaire augmenter de 20 % grâce à ses accords sur les drones militaires avec l’armée israélienne.
D’où va venir cet argent ? En Belgique, les partis de la coalition Arizona, qui viennent d’annoncer leur politique d’austérité, prétendaient qu’il n’y avait plus d’argent pour les services publics, les écoles et les hôpitaux, qui manquent pourtant déjà cruellement de moyens ; ils utilisaient l’argument de l’endettement pour lancer la chasse aux chômeurs et aux malades. Eh bien, les voilà qui s’apprêtent à dépenser quatre milliards d’euros supplémentaires pour acheter des armes. Théo Franken assure qu’il a le soutien de tous les partis pour augmenter le budget de la Défense, quitte à s’endetter en lançant un emprunt « Défense »… Encore une dette qui va profiter aux banques et aux industriels et qu’ils ne manqueront pas d’essayer de faire rembourser par les travailleurs.
Au nom de la défense de la souveraineté nationale ou de l’Europe, ces politiciens se mettent au garde-à-vous devant les généraux et les marchands de canons. Ils participent par avance à l’union nationale pour la guerre.
Face à la volonté de domination américaine affirmée avec le cynisme et la brutalité d’un Trump, les dirigeants européens tentent de se faire passer pour les gardiens des valeurs démocratiques. Mais c’est une posture hypocrite et mensongère.
De l’Afrique au Moyen-Orient, ils n’ont cessé de se répartir des zones d’influence, de fomenter des guerres, de tailler des frontières au milieu des peuples ou de soutenir des dictateurs qui leur étaient utiles, avant de les lâcher du jour au lendemain.
S’ils s’offusquent parce que les brigands Trump et Poutine se réconcilient pour se partager les richesses de l’Ukraine, c’est uniquement parce qu’ils sont écartés du butin. Le revirement américain en Ukraine prend les Européens à contre-pied. Mais l’objectif de Trump est le même que celui de Biden : assurer l’hégémonie américaine sur le monde. Les moyens pour y parvenir changent, au gré de l’évolution des rapports de force.
Si, aujourd’hui, Trump lâche les dirigeants ukrainiens, ce n’est ni parce qu’il est fou ou sous l’emprise de Poutine ni parce qu’il voudrait apporter coûte que coûte la paix dans le monde. C’est parce que, après trois années de guerre, l’impérialisme américain fait ses comptes et estime utile de faire la paix avec Poutine.
Dans le renversement des alliances qui s’effectue sous nos yeux, dans ce bras de fer entre brigands, les travailleurs ne doivent pas serrer les rangs derrière leurs dirigeants politiques ou leurs généraux.
Qu’ils défendent la souveraineté nationale, une défense européenne ou le maintien d’une alliance avec les États-Unis, les politiciens qui se disputent le pouvoir sont tous d’accord pour défendre les intérêts des capitalistes. Quelle que soit l’option qu’ils défendent, ils nous la feront payer, par des sacrifices financiers aujourd’hui, au prix du sang demain. S’opposer à l’avenir sanglant que le capitalisme nous prépare commence par refuser l’embrigadement derrière nos dirigeants et les sacrifices qu’ils nous promettent.
Trump et Poutine prêts… à se partager l’Ukraine
Trump a décidé de négocier l’avenir de l’Ukraine avec Poutine sans les dirigeants européens et par-dessus la tête de Zelensky. Ce qui est vécu par Macron, Scholz et compagnie comme un affront et une véritable humiliation.
Trump aurait commencé les discussions avec le Kremlin, en acceptant l’amputation du territoire de l’Ukraine et sa non-adhésion à l’Otan. Et il se moque complètement de ce qu’en pensent les Ukrainiens, qui sont quand même les premiers concernés.
Mais ce n’est pas cela qui choque les dirigeants européens mais qu’ils ne soient pas invités autour de la table. Ce qui les choque, c’est que Trump les méprise et qu’ils n’auront peut-être droit à rien dans les négociations. Eh oui, il arrive que le caïd rabaisse le caquet et les prétentions de ses hommes de main !
Pour autant, les dirigeants européens ne renoncent pas à leur part de gâteau. Ils se sont réunis pour offrir leurs services aux Américains : ils seraient prêts à envoyer des troupes françaises et britanniques en Ukraine pour surveiller l’application d’un éventuel accord de paix.
Trump, Poutine, Macron, Scholz… et les autres dirigeants européens sont à mettre dans le même sac : ils ne cherchent qu’à se payer sur la bête. Ils lorgnent les terres fertiles d’Ukraine et les métaux rares. Ils lorgnent aussi les milliards que rapportera le marché de la reconstruction.
Pendant trois ans, des centaines de milliers d’Ukrainiens et de Russes ont été blessés, mutilés ou tués. Toute une jeunesse, mobilisée ou poussée à l’exil, a été sacrifiée. L’est et le sud de l’Ukraine ont été ravagés, des villes et des villages transformés en cités fantômes. Les destructions d’immeubles, de ponts, de routes et de bien d’autres infrastructures ont ramené le pays des années en arrière. Leur dirigeants ont jeté les Russes et les Ukrainiens dans une haine fratricide.
Tout cela pourquoi ? Pour que les grandes puissances qui se disputaient leur influence sur l’Ukraine finissent par dépecer le pays ensemble ! Pour qu’elles en reviennent à un accord qu’elles auraient pu signer au tout début de la guerre !
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, on nous explique qu’il y a le camp du bien et le camp du mal, le camp de la démocratie et celui de la dictature, et qu’il faut serrer les rangs derrière les leaders du monde libre pour défendre un petit pays et son droit à disposer de lui-même. Mais les prétendus démocrates américains et européens ne valent pas mieux que le dictateur Poutine ! S’il s’agit de réaliser de bonnes affaires, ils ne rechignent jamais à faire couler le sang !
Après bien d’autres, les Ukrainiens font l’amère expérience de ce qu’avait dénoncé Anatole France après la Première Guerre mondiale : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels ! ». En l’occurrence, les Ukrainiens se sont battus pour les intérêts de leurs oligarques mais aussi et surtout pour les intérêts des industriels et financiers occidentaux.
Et c’est peu dire que les États-Unis ont trouvé intérêt à faire durer cette guerre ! Leurs trusts se sont enrichis au travers des fournitures d’armes et de moyens de communication. Ils ont testé leur matériel militaire sans avoir à déplorer un seul mort. Et ils ont affaibli la Russie en lui imposant une série de sanctions économiques.
Mieux, avec ces sanctions ils ont écrasé leurs concurrents européens. Écrasé les capitalistes d’Allemagne, dont l’économie, tournée vers l’Est, a été privée du pétrole et du gaz russes. Aujourd’hui, Trump peut se targuer de disposer d’une énergie moins chère qu’en Europe et de remporter haut la main la course à la compétitivité.
Au fond, les États-Unis sont les véritables gagnants de cette guerre. Maintenant que l’armée ukrainienne est à bout, ils peuvent passer à une nouvelle étape. C’est ainsi que Trump peut endosser les habits de faiseur de paix.
Les Ukrainiens comme les Russes aspirent à la paix. Tous ceux qui sont mobilisés et subissent ces combats dans leur chair, comme ceux qui ont pris le chemin de l’exil, ont hâte de voir cette boucherie finir.
Mais comme la répartition du gâteau sera fonction de l’avancée des troupes russes, les armes sont encore loin de se taire. Et si tant est qu’une paix finisse par être signée, elle ne sera qu’une trêve entre deux guerres, le temps que s’établisse un nouveau rapport de force.
Être sacrifiés sur l’autel de la domination impérialiste est le sort de tous les peuples si on laisse les dirigeants impérialistes parler en notre nom.
Le nouveau gouvernement attaque ? Rendons coup pour coup !
Les partis de la coalition Arizona se sont finalement mis d’accord sur le partage du pouvoir pour les prochaines années : De Wever (N-VA) premier ministre, Bouchez (MR) à la manœuvre, CD&V, Engagés et Vooruit en soutien. Il en ressort un programme drastique pour aggraver l’exploitation des travailleurs et augmenter les profits des grandes entreprises.
De Wever, Bouchez et leurs acolytes s’en prennent une fois de plus aux pensions en durcissant le calcul des années de carrière. Pour la majorité des travailleurs, les pensions vont baisser et pour ceux qui ne s’en sortent pas, le gouvernement propose tout bonnement de continuer à travailler encore plus longtemps. Toutes les professions qui bénéficiaient d’un droit à une pension anticipée vont perdre cet avantage. Le passage de l’âge de la pension à 67 ans ne leur a pas suffi, ils en veulent toujours plus.
Les allocations de chômage vont être supprimées au bout de deux ans. Cela touchera de plein fouet les travailleurs peu qualifiés qui n’arrivent pas à retrouver du travail et ceux qui, comme à Audi, ont bossé toute leur vie sur des chaînes et sont considérés comme trop vieux sur le marché de l’emploi.
Les malades sont aussi dans le collimateur avec des mesures coercitives pour les forcer à reprendre le travail au plus vite.
Le gouvernement veut augmenter la flexibilité en annualisant le temps de travail et en supprimant les jours obligatoires de fermeture. Le travail de nuit coûtera moins cher au patrons puisqu’il ne sera compté qu’à partir de minuit au lieu de vingt heures actuellement.
Afin de faire passer la pilule, le gouvernement a promis d’augmenter le salaire net. Mais cela se fera par une réduction de l’impôt sur le revenu et donc en pompant dans les caisses publiques. C’est donc en quelque sorte de notre propre poche que viendra cette pseudo-augmentation !
Au total, ce sont 22 milliards d’euros de mesures d’austérité qui se profilent pour les années à venir.
Les partis de l’Arizona prétendent faire payer les « épaules les plus larges » pour répartir plus équitablement le poids de l’austérité. Cela ne trompe personne : la taxe sur la plus-value qu’ils veulent introduire rapportera à terme 500 millions d’euros ; c’est une goutte d’eau par rapport à ce qu’ils veulent faire payer par la population laborieuse.
L’Arizona justifie ses attaques par la nécessité de réduire la dette de l’État. Contrairement à ce qu’ils disent et à ce que répètent aussi les partis d’opposition, ce ne sont ni les pensions, ni les services publics qui en sont à l’origine, mais uniquement les cadeaux que l’État fait aux grandes entreprises, sous la forme d’aides directes ou de réductions de charges sociales. C’est leur dette et elle n’engage en rien les familles laborieuses.
Cette musique de la dette, nous l’entendons depuis des dizaines d’années. S’y ajoute aujourd’hui le contexte de la crise économique mondiale, qui met les profits des entreprises sous pression. Les partis politiques sont là pour les protéger de la concurrence internationale et des mesures protectionnistes des autres grandes puissances. C’est pour cela qu’ils passent à la vitesse supérieure dans leurs attaques contre le monde du travail. En Belgique comme ailleurs, ils essaient de faire passer des mesures de plus en plus ouvertement en faveur de la grande bourgeoisie. L’heure n’est plus à maintenir les apparences d’une quelconque justice sociale, ni non à maintenir de bonnes relations avec les syndicats afin de les utiliser pour faire passer la pilule auprès des travailleurs.
Le 13 janvier dernier, des dizaines de milliers de travailleurs ont manifesté à Bruxelles, le 27 janvier suivant, plus de 30 000 profs ont exprimé leur colère face aux mesures du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’étaient des manifestations denses et déterminées qui montraient bien que la colère monte dans les rangs du monde du travail. Le 13 février, une nouvelle manifestation est organisée par le front commun syndical. Nous devons y être nombreux.
L’Arizona n’est qu’une nouvelle mouture de l’État-major politicien au service de la bourgeoisie. Ils nous entrainent dans leur guerre économique et, peut-être demain dans des conflits militaires. Tant que le capitalisme perdurera, ces menaces mortelles pèseront au-dessus de nos têtes.
Le monde du travail a besoin d’urgence de s’organiser de son côté pour s’y opposer et mener une lutte révolutionnaire contre les capitalistes et leur système politique injuste et absurde.
Prenons nos luttes en mains
Le 13 janvier dernier, plus de 30 000 travailleuses et travailleurs ont manifesté à Bruxelles à l’appel du front commun syndical pour défendre les pensions contre les futurs plans du prochain gouvernement.
Entre temps, le plan en question a fuité dans la presse et le monde du travail a, sans surprise, de quoi être en colère contre les politiciens de la coalition MR-Engagés-NVA et compagnie. Il y a d’abord les attaques contre les revenus : salaires bloqués jusqu’en 2027, augmentation des taxes sur les allocations de chômage et les pensions alimentaires.
Viennent ensuite les attaques contre la protection sociale : blocage et dégressivité accrue des allocations de chômage avec une limite de deux ans. Chassés du droit au chômage, les travailleurs licenciés qui n’ont pas la chance de retrouver un emploi se retrouveront à la charge de CPAS, désargentés et dépassés.
Les pensions ne sont pas en reste : les conditions pour obtenir une pension complète seront encore durcies, ce qui aura pour conséquence que les salariés qui auraient des trous dans leur carrière ne pourront plus compter que sur une pension partielle à leurs 67 ans ; cela concerne en fait la majorité des travailleuses et des travailleurs. À terme, ce sont tous les statuts encore un peu protégés qui vont disparaître : profs, cheminots, fonctionnaires, etc.
Au total, le gouvernement table sur 18 milliards d’euros d’économies sur les 4 prochaines années. Les services publics, les écoles, les hôpitaux, qui sont déjà à bout de souffle, vont encore plus mal fonctionner. Tant pis pour les ménages populaires qui n’ont pas le choix et tant mieux pour les bourgeois qui vont de toute façon dans des cliniques et des écoles privées.
Donc, oui, avec Bouchez et De Wever à la manœuvre, on s’attendait bien à un programme de combat anti-ouvrier.
Les dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs qui ont manifesté le 13 janvier avaient bien raison de le faire.
Mais quelle est la suite ?
Certes, les syndicats ont annoncé des manifestations tous les 13 du mois. Bodson, le président de la FGTB a brandi la menace de la grève générale comme arme ultime si le futur gouvernement ne révise pas sa copie.
Mais cela ne suffira pas.
Les organisations syndicales réclament une augmentation du pouvoir d’achat et plus de protectionnisme européen. En d’autres termes, ils attendent du gouvernement, qui est au service du patronat, qu’il oblige le patronat à augmenter les salaires.
Encore une fois, ils appellent les gouvernements et le patronat à la raison, avec de vagues menaces de manifestations et de journées de grève générale sans suite.
Mais le patronat, de son côté, lui ne fait pas de vaines menaces : il licencie, il fait bloquer les salaires, il pousse des centaines de milliers de familles vers la misère.
Et ce n’est pas tout, au travers des gouvernements à son service, la bourgeoisie belge et ses alliées européennes, soutiennent des guerres à Gaza ou en Ukraine, le pillage de l’Afrique, la mise en concurrence des travailleurs sur toute la planète. Le premier ministre De Croo prétend qu’il va falloir hausser le ton face à Trump et à sa méthode forte, mais l’Europe fait la même chose, à son niveau et de façon plus hypocrite en soutenant toutes les dictatures du moyen orient.
La concurrence économique internationale fait planer des menaces de crise généralisée, voire de nouvelles guerres ; les attaques contre le monde du travail sont de plus en plus généralisées et de plus en plus ouvertes ; la guerre sociale et économique contre les couches populaires est ouverte. Face à cela, demander gentiment à un gouvernement de préserver le pouvoir d’achat est tout bonnement ridicule.
Voilà des dizaines d’années que les travailleurs sont appelés à participer à des manifestations sans lendemain, puis à faire confiance aux directions syndicales pour négocier en leur nom. Les syndicats n’ont rien organisé pour permettre aux travailleurs d’Audi de se défendre, ils leur ont juste demandé d’attendre le résultat des négociations. Résultat ? Nul.
Si les travailleurs veulent un autre avenir, ils vont devoir le créer avec leurs propres moyens d’organisations. Pour organiser ces luttes les travailleurs ont besoin de leur propre parti, avec des militants révolutionnaires décidés à ne pas se cacher derrière les directions syndicales de peur de perdre leur mandat.
Ce parti, il reste à construire. Plus vite on s’y mettra, plus vite on sera capable de faire reculer les capitalistes et même de leur faire rendre gorge comme disait Marx, c’est-à-dire plus nous nous rapprocherons d’une révolution sociale capable d’abattre se vieux monde bourgeois et toutes ses horreurs.