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L’extrême-droite au service du patronat

Les dernières élections législatives n’ont pas permis au Vlaams Belang de prendre la première place en Flandre, contrairement à ce qu’il espérait et à ce qu’annonçaient les sondages. Il n’accèdera donc pas au pouvoir, du moins pas encore cette fois-ci.

La Belgique n’est pas la seule en Europe à voir l’extrême-droite progresser. En Italie, en Hongrie, en Autriche, elle est en tête ; en Allemagne, elle double son score. En France, cela a pris une tournure plus dramatique puisque, à la suite du succès du Rassemblement National de Le Pen, Macron a dissout l’Assemblée nationale, provoquant ainsi de nouvelles élections les 30 juin et 7 juillet prochains.

La manœuvre de Macron, comme les grandes déclarations des partis belges sur le cordon sanitaire, sont des calculs politiciens. Les hésitations de Bart de Wever concernant une alliance possible avec le Belang, qu’il a refusée à la dernière minute montrent bien que, malgré tout, il la considère comme possible. Dans les faits, les idées des partis d’extrême-droite ont franchi il y a bien longtemps le cordon sanitaire et tous les partis de l’échiquier politique n’hésitent pas à parler ouvertement du soi-disant « problème » de l’immigration, tandis que tous les gouvernements européens s’alignent comme un seul homme derrière une politique répressive et meurtrière envers les réfugiés qui fuient les guerres et la misère.

L’extrême-droite pose un problème à ses concurrents politiques, mais leur progression est aussi un problème pour les travailleurs car ils spéculent sur le racisme et la xénophobie pour diviser les travailleurs. Tous ces partis ont en commun de mettre en avant les « traditions » familiales, le repli sur les frontières nationales et le rejet des étrangers. Ils spéculent sur la peur de l’avenir d’une partie des classes populaires et leur désignent d’autres travailleurs comme boucs émissaires, sous prétexte qu’ils viennent d’ailleurs.

Ils réécrivent un passé ou « c’était mieux avant », où on n’avait pas peur du chômage, où on était mieux entre soi. Ce passé n’a jamais existé. Le capitalisme a toujours été synonyme d’oppression, de bas salaires et de misère. Les grèves de nos ancêtres sont là pour en attester, ainsi que leur répression violente par les forces de l’ordre des bourgeois de l’époque. Les journées de douze heures, le travail des enfants, l’absence de congés payés, de sécurité sociale ou de retraite. Du sang et des larmes, voilà le vrai passé de la classe ouvrière. Le chômage existait déjà à grande échelle, et il n’y avait pas d’allocations ! Et quand les travailleurs se mettaient en grève, les patrons allaient chercher des jaunes dans les pays voisins. Il n’est pas si loin le temps où l’on se détestait entre Belges, Français et Italiens !

C’est cela le passé que veulent faire revivre ces partis nationalistes qui prétendent nous enfermer dans nos frontières ? Nous n’en voulons pas !

Les travailleurs ont réussi, en partie, à résister à l’exploitation capitaliste, quand ils ont compris que, quel que soit leur pays d’origine, quelles que soient leur langue ou leur religion, ils faisaient tous partie d’une même classe ouvrière, qu’ils étaient exploités par le patronat de leur propre pays et que leurs divisions ne profitaient qu’à leurs exploiteurs. C’est quand ils se sont unis et organisés à une échelle internationale, qu’ils ont commencé à faire reculer le patronat.

Les frontières que le Belang et les partis similaires veulent remettre en place n’ont jamais protégé les travailleurs car notre ennemi, le patronat, est dans notre propre pays. Les seuls alliés des travailleurs, ce sont justement les travailleurs des autres pays !

Si le score des partis d’extrême-droite augmente, c’est parce que les partis au pouvoir depuis des dizaines d’années n’ont pas protégé les travailleurs des ravages du capitalisme, de la baisse du pouvoir d’achat ni des licenciements. Au contraire, ils ont toujours pris le parti du patronat en vidant les caisses publiques pour qu’il puisse encore plus augmenter ses profits. Les partis d’extrême-droite ont donc beau jeu de se présenter comme des défenseurs du peuple contre les élites politiciennes. En fait, ils détournent leur colère des vrais responsables des crises, du chômage et des bas-salaires : le patronat et la grande bourgeoisie. Et s’ils arrivent au pouvoir, les Bardella, Van Grieken et consorts feront exactement la même chose. Ils se coucheront devant le grand patronat et réprimeront les travailleurs, en commençant par ceux d’origine étrangère.

Le monde du travail n’a rien à attendre de bon de cette vieille recette éculée du « diviser pour régner ». Au contraire, il a besoin de se réorganiser autour de son propre programme de lutte et de fraternité, contre le capitalisme qui nous emmène de crise en crise et pour une société juste, sans guerres ni exploitation.

Après les élections, les luttes

Les élections sont terminées et les dés sont jetés. Après avoir promis tout et son contraire, les dirigeants des partis politiques comptent maintenant les points pour décider entre eux comment ils vont se répartir les places à la mangeoire.
Le MR a pris la première place au PS à la fois à Bruxelles et en Wallonie. Ecolo a bu la tasse à tous les niveaux, ainsi que l’Open VLD d’Alexander de Croo. Le PS n’a pas le choix et a déclaré vouloir rester dans l’opposition. Bien sûr, il espère revenir à la mangeoire aux prochaines élections. Le PTB, qui a beaucoup gagné à Bruxelles recule un peu en Wallonie, a déclaré être ouvert à toutes les propositions ! Le PTB prétendait espérer une rupture politique chez les socialistes et le voilà qui propose ses services « à tous les niveaux ». Tout le monde aura compris que les grands vainqueurs, le MR et les Engagés, n’ont besoin de personne pour prendre la direction des affaires de la bourgeoisie !
A l’heure qu’il est, il n’y a en effet plus de réel suspense concernant le côté francophone : Bouchez et Prévot ont annoncé leurs fiançailles politiques à tous les niveaux de pouvoir. Côté flamand, la N-VA de Bart de Wever et le CD&V de Sammy Mahdi ont fait de même. Il est probable qu’ils se retrouvent tous ensemble au gouvernement fédéral.
Qu’est-ce que cela va changer pour les travailleurs ? La nouvelle coalition va essayer de mettre rapidement en œuvre son programme : suppression de l’index, réduction de la durée des indemnités de chômage dans le temps, réduction des budgets des services publics, dont en particulier les soins de santé. Sans aucun doute, ils s’attaqueront aux plus faibles parmi les travailleurs : les sans-papiers et les immigrés. Ce sera une politique antisociale de combat, au service des appétits patronaux pour plus de profits, tout de suite.
Avec les coalitions PS-Ecolo, le patronat avait un allié qui faisait passer la pilule auprès des classes populaires, mais le PS n’a pas protégé les travailleurs contre le report de l’âge de la retraite à 67 ans, contre l’inflation, ni contre les restructurations à Van Hool, Delhaize et Audi. Il n’a en fait tenu aucune de ses promesses et c’est en partie la raison pour laquelle il a été sanctionné électoralement. Avec la nouvelle coalition, le patronat dispose d’un allié plus agressif dont il attend qu’il réalise son programme, tel qu’il a été exprimé par la FEB : la fin de l’index, des investissements de l’État dans les entreprises privées, une réduction de l’impôt sur les sociétés et 30 milliards d’économies dans les services publics.
Les travailleuses et les travailleurs sont aujourd’hui mécontents, et ils ont toutes les raisons de l’être. Le niveau social a baissé, les salaires et les pensions ne sont plus suffisants pour vivre décemment. Ils ont de quoi s’inquiéter pour l’avenir, avec les menaces de guerre qui se font de plus en plus précises et la crise climatique dont les effets se font déjà sentir.
Alors que leur sort s’aggrave et que la pauvreté les guette quand elle n’est pas déjà là, alors que les guerres déciment des familles entières et que la population de Gaza meurt de faim, ils voient les plus riches s’enrichir de façon indécente. Les Bezos, Musk et consorts se vautrent dans le luxe et encaissent pour certains des centaines de milliers d’euros par jour ! Les patrons belges sont moins connus, mais les salariés de Colruyt, AB Inbev, Solvay ou Lotus savent bien qu’ils ne sont pas en reste quand il s’agit de les exploiter jusqu’à la corde.
C’est ça le monde des capitalistes, c’est pour ces gens-là que les De Wever, Bouchez et Prévot travaillent.
L’avidité du patronat et de ses fidèles serviteurs va encore aggraver la situation du monde du travail.
Mais ce ne sera pas une fatalité à condition que le monde du travail retrouve le chemin des luttes, s’il s’organise, prépare des grèves et des manifestations. Ce sont des millions de femmes et d’hommes, anonymes, qui font fonctionner toute l’économie, qui construisent les routes, produisent l’électricité, transportent les marchandises. Ils peuvent bloquer la machine à profits. C’est la seule chose qui fera peur au patronat et c’est le seul langage qu’il comprendra.
Et puis, si nous voulons en finir une fois pour toutes avec ces attaques à répétition, avec la peur du lendemain, avec la misère et les guerres, il faudra attaquer le mal à la racine en renversant le capitalisme, en chassant ces parasites du pouvoir et en organisant nous-mêmes, travailleuses et travailleurs, toute la société pour le bien de tous.

Ne comptons que sur nous-mêmes

Les élections du 9 juin approchent à grands pas et les politiciens devenus nerveux s’écharpent à la télé. Les programmes des partis regorgent de promesses mirobolantes : salaires, emplois, pensions, écologie… il y en a pour tout le monde. A les écouter, tout serait possible et il n’y aurait ni guerres, ni crises économiques à l’horizon.
Ce qu’ils omettent de dire, c’est surtout que ce ne sont pas eux, les politiciens, qui décident mais les patrons des grands groupes capitalistes, qui possèdent les entreprises partout en Europe et dans le monde. Le groupe VW possède 121 usines dans le monde, c’est lui qui décide de l’avenir de celle d’Audi à Forest, tout comme Total et Engie décident le prix de l’énergie et comme Colruyt ou Carrefour décident les prix dans les supermarchés.
Ce sont eux qui bloquent les salaires et qui licencient.
Ce sont eux qui investissent par milliards dans les énergies fossiles et détruisent la planète.
Les travailleuses et les travailleurs n’ont pas leur mot à dire dans ces décisions.
Quant aux politiciens, même s’ils protestent parfois pour la forme, il y a longtemps qu’ils ont choisi le camp du patronat. Que ce soit au Parlement fédéral ou au Parlement européen, ils servent les puissants à coups de subventions, avec des lois pour bloquer les salaires et imposer l’austérité et en protégeant les patrons européens de leurs concurrents américains ou asiatiques. Pire, ils essaient de nous diviser en utilisant les travailleurs des autres pays comme boucs émissaires.
Comment, alors qu’ils participent à aggraver notre exploitation, les dirigeants des partis politiques belges, les Magnette et les Bouchez, peuvent-ils imaginer que les classes populaires vont leur faire confiance pour les protéger de la guerre économique qui fait rage au niveau international, voire de la guerre tout court qui est en train de gagner l’Europe ?
Ils ont fait le choix de reporter l’âge de la retraite, ils n’ont que la compétitivité à la bouche, ils coupent les budgets des soins de santé. Par ces choix, ils montrent leur mépris des classes populaires. Demain, ils enverront leurs enfants se faire massacrer sur les champs de batailles au nom de la patrie, de la liberté ou de la démocratie. En réalité, ce sera encore et toujours pour défendre le contrôle économique des capitalistes occidentaux sur le reste du monde.
Ne nous faisons aucune illusion, les Parlements ne sont que des lieux où, sous des apparences de démocratie, les partis bourgeois discutent entre eux, ouvertement ou en coulisse, des intérêts des possédants.
Alors, le vote utile, ce n’est pas de choisir quel parti va piétiner ses promesses au Parlement. Le PS est très fort à ce jeu en prétendant qu’en votant pour eux, on éviterait une victoire de la « droite ». Dans les faits, cela ne change rien. Le PTB prend exactement le même chemin, il a abandonné toute référence au communisme et se présente comme un parti de gouvernement. Une fois élu, il gèrera, comme les autres, les affaires de l’État et se cachera derrière ses partenaires de coalition pour justifier son impuissance.
Tous les partis présentent le fait de voter comme un moyen d’agir mais croire qu’un parlement, même bien élu, pourrait arrêter la marche vers la misère ou la marche vers la guerre est une illusion mortelle. Ces illusions désarment le monde du travail, elles le poussent à attendre de dirigeants providentiels, meilleurs ou plus honnêtes que les autres, qu’ils améliorent leur vie. Or, les seuls qui peuvent changer le sort des travailleurs, ce sont les travailleurs eux-mêmes.
Nous n’avons plus de temps à perdre avec ces illusions, nous devons prendre notre sort entre nos mains. Avec les guerres à nos portes, avec les crises qui menacent, c’est devenu une urgence.
Le vote utile, c’est donc de voter pour des candidats qui disent clairement qu’il faut abattre cette société pourrie, gangrenée par le profit et ravagée par la concurrence économique entre les capitalistes. Cette fois-ci, il est possible de le faire en votant pour Lutte Ouvrière, qui présente à Bruxelles (liste 24) et dans le Hainaut (liste 21) des candidats qui défendent ces idées.
Ouvriers, employés, intérimaires, pensionnés, chômeurs et étudiants, le monde du travail constitue l’immense majorité de la population. C’est lui qui fait fonctionner toute la société, construit routes et bâtiments, transporte gens et marchandises, soigne, éduque et produit la nourriture. Uni, il peut renverser l’ordre bourgeois et prendre la direction de toute la société.
Les élections ne sont qu’une péripétie sur le chemin de la reconstruction d’une organisation révolutionnaire, qui affiche l’ambition d’abattre le capitalisme et de le remplacer par une nouvelle société, juste, humaine, où chacun aura sa place et un avenir. Le communisme.

Les impérialistes mettent le feu au monde

Le premier avril dernier, Israël a bombardé le consulat iranien à Damas, tuant un des hauts dirigeants de l’armée iranienne. Cette provocation obligeait l’Iran à réagir militairement, ce qui a eu lieu le 13 avril avec l’envoi par l’Iran de 300 missiles à destination d’Israël, sans faire de victimes.

L’Iran a déclaré que l’incident était clos et Israël ne donne pas l’impression de vouloir répliquer pour l’instant. Néanmoins, pendant trois semaines, le spectre d’une généralisation du conflit à toute la région a plané. Pour les peuples de la région, qui vivent dans un état de guerre quasi permanent depuis plus de trente ans, c’était une perspective bien concrète et angoissante.

Pour l’instant, il semble que les Etats-Unis et leur alliés européens, ne souhaitent pas l’extension du conflit. Ils l’ont dit et répété. Mais quand l’Iran a mené sa contre-attaque, ils ont clairement confirmé qu’ils étaient dans le camp d’Israël en condamnant la riposte iranienne et en menaçant de mettre en œuvre de nouvelles sanctions Biden. Macron et les autres y sont allés de leur couplet sur le droit à Israël de se défendre alors que le gouvernement Netanyahou est le seul responsable de cette escalade. Leur indignation était d’autant plus hypocrite que l’Iran a pris bien soin de les informer à l’avance des détails de l’attaque.

Ces manœuvres sont un jeu de dupes dans lequel les populations laborieuses de tous les pays perdent à tous les coups. Les conflits et les alliances se font et se défont sans logique apparente : Israël mène des attaques contre l’avis de leur allié américain, tandis que l’Iran envoie des missiles inoffensifs pour venger l’affront.

La défense de la nation et la religion servent de prétexte pour embrigader les peuples derrière leurs dirigeants dans des guerres meurtrières, alors qu’il ne s’agit en réalité que de luttes entre capitalistes pour leur domination sur les populations qu’ils exploitent et les sources de matières premières. Dans chaque pays, les États défendent les intérêts des capitalistes qui leur sont liés, directement ou indirectement. Tous se moquent bien de la nationalité ou de la religion des travailleurs, tant qu’ils peuvent extraire des profits de leur travail. Les capitalistes luttent avant tout pour maintenir cet état de fait, maintenir leur pouvoir et leur richesse, et leur premier adversaire, c’est le monde du travail, les prolétaires qui peuvent eux aussi s’unir, s’organiser pour défendre leur droits et leurs salaires.

Mais tout en étant unis face au monde du travail, les capitalistes sont concurrents entre eux pour se partager le monde. Les plus puissants, essentiellement américains, dictent leur loi et leur état, les États-Unis se charge de maintenir leur domination sur le reste du monde. Les autres capitalistes suivent tout en tirant chacun la couverture à soi.

Dans les luttes d’influence pour le contrôle des ressources et des populations du Moyen-Orient, Israël a joué le rôle de gendarme des États-Unis depuis sa création en 1948, en intervenant militairement à la demande des USA. Mais en même temps, la bourgeoisie israélienne compte sur son gouvernement pour défendre son propre pouvoir, en particulier en étendant le territoire et en soumettant encore plus les travailleurs palestiniens, par la force s’il le faut.

C’est ça l’impérialisme, avec ses gros et petits requins.

Les États-Unis ont demandé à Israël de ne pas prendre de risques avec la stabilité régionale. En assassinant un général iranien, sachant qu’il y aurait une riposte, Netanyahou rappelle aux dirigeants américains qu’ils ont besoin de lui pour faire le sale boulot, en particulier face à l’Iran. Et il les oblige à réaffirmer leur solidarité, même s’ils ne sont pas d’accord avec ses méthodes.

L’Iran, de son côté, souhaite entrer dans le jeu capitaliste mondial et sa bourgeoisie ne demande qu’à y faire des affaires, y compris avec les bourgeoisies américaine, israélienne et toutes les autres.  L’Iran est un adversaire des USA parce que ses dirigeants n’ont pas voulu se soumettre totalement au pillage des trusts pétroliers américains. Dans ce monde impérialiste, c’est la loi du plus fort qui règne et les États-Unis rappellent à l’Iran qu’il doit plier ou subir les sanctions. Cette opposition n’empêche pas que ce soit une dictature réactionnaire qui écrase son propre peuple, les femmes en premier lieu.

Les populations de Palestine, d’Israël, d’Iran et de tout le Moyen-Orient sont ainsi ballotées au fil des conflits d’intérêts entre des bourgeoisies concurrentes, vassales des grands trusts occidentaux.

Ce qui se passe là-bas arrive aussi en Europe avec la guerre en Ukraine et la concurrence pour le pillage des matières premières et l’exploitation des populations menace d’amener toute la planète vers la guerre.

Le changement viendra de la rue, pas des urnes

A deux mois des élections législatives et européennes du 9 juin, les partis ont lancé le grand cirque électoral. Chacun a sa tactique. Le MR courtise la classe moyenne et veut se distancier du gouvernement actuel pour ne pas être associé à ses échecs.
Le PS et le PTB font de la surenchère à gauche. Côté PS, Magnette se lance sur le terrain de la taxe des millionnaires, alors même que le PTB a reculé en portant le seuil imposable à cinq millions au lieu d’un, pour ne pas effaroucher d’éventuels électeurs de la classe moyenne. Le PTB essaye de ratisser plus large en incluant des thèmes écologistes à son programme, espérant peut-être récupérer ainsi l’électorat déçu d’écolo.
Les « Engagés », eux, profitent d’une cure d’opposition pour gagner quelques points dans les sondages. Avec le PS, ils ont fait machine arrière sur le décret paysage qui risquait de priver des milliers d’étudiants de financement. Ils étaient d’accord pour leur couper les vivres, mais pas à la veille des élections !
En Flandre, le parti d’extrême droite Vlaams Belang caracole en tête des sondages, avec 27% des intentions de vote. Il est suivi de près par la N-VA de Bart de Wever qui louvoie entre deux eaux : en Flandre, il refuse de s’allier au Vlaams Belang, mais en Wallonie il se lance avec un candidat qui soutient ouvertement Le Pen et Orban. L’extrême droite progresse en se présentant comme antisystème, alors qu’en réalité, derrière leurs discours nationalistes et racistes, ils défendent la bourgeoisie contre tous les travailleurs.
Ces jeux politiciens ne changeront pas l’avenir des travailleurs, des chômeurs, des jeunes ou des pensionnés. Car des promesses, il y en a tellement eu ! La question n’est pas tant de promettre que d’être capable de tenir ses engagements. Tous les partis font semblant d’ignorer que dans notre société capitaliste, ce sont les grands capitalistes qui en tirent les ficelles. C’est la FEB, la Fédération des Entreprises de Belgique, qui décide de l’agenda des gouvernements. Les bonnes intentions, sincères ou non, des politiciens ne font pas le poids face au pouvoir du patronat car c’est lui qui contrôle l’ensemble de l’économie.
Aucune loi ne peut toucher à ce pouvoir. Certes, le PS, le PTB et même parfois le MR, s’insurgent contre les « abus » des grands groupes comme Amazon, Apple ou autres géants incontrôlables. En se focalisant sur les excès, ils entérinent le capitalisme « normal » : tous les jours, les travailleurs produisent pour un salaire insuffisant tandis que leurs patrons s’enrichissent sans rien avoir à faire.
Dans la démocratie de façade dans laquelle nous vivons, la population travailleuse est invitée à choisir des représentants qui, une fois élus, se garderont bien de remettre en cause le droit des patrons à posséder leurs entreprises et à s’enrichir du travail des autres.
C’est pourtant là que se situe le nœud du problème, car c’est de cet appétit de profit que viennent la pauvreté, le sous-financement des services publics, les dettes, les guerres, la pollution et l’immense majorité des problèmes de la planète.
Remettre en cause le pouvoir des capitalistes exigerait en premier lieu de mettre notre nez dans leurs comptes et de lever le secret des affaires afin de voir où vont les richesses produites par notre travail. Cela exigerait ensuite d’imposer au patronat de payer des salaires corrects et de payer des impôts afin qu’ils contribuent eux-aussi aux coûts liés à la santé publique, à l’enseignement ou aux transports. Cela signifierait donc de décider à leur place où va l’argent. Et ça, le patronat ne l’acceptera que s’il y est contraint et forcé.
Voilà pourquoi, la vraie question, ce n’est pas tant le programme des partis qui se disent « de gauche » et qui disent vouloir le bien des travailleurs, mais les moyens dont on forcera les patrons à ouvrir leurs comptes et à payer leur dû.
Voter des lois ne suffira pas, car qui va les appliquer ? Certainement pas cette police qui réprime les manifestations !
Il est illusoire d’imaginer que les capitalistes vont céder un gramme de leur pouvoir sans se battre, d’imaginer que l’État, sa police, sa justice, vont défendre le monde du travail contre l’appétit de profits de ces vautours. Voilà des dizaines et des dizaines d’années que, élection après élection, les mêmes promesses sont faites sans que rien ne change, car rien ne peut changer avec un bulletin de vote.
Les travailleurs n’ont jamais rien reçu, tout ce qu’ils ont arraché a été le fruit de leurs luttes. C’est avec ces luttes que nous devons renouer.

La drogue, fléau du capitalisme

Bruxelles a été le théâtre d’une série de fusillades au cours des derniers mois. Il y en a eu à Forest, Saint-Gilles, Molenbeek, Laeken, Anderlecht et Saint-Josse. A chaque fois, il y a eu des blessés, parfois des morts.
La plupart d’entre elles ont été attribuées au trafic de drogues et, depuis, les habitants des quartiers où cela s’est produit vivent dans un climat de peur. Ils craignent à juste titre que cela se reproduise et qu’eux ou leurs proches se retrouvent victimes d’une balle perdue. Beaucoup d’entre eux dénoncent les points de deal qui sont autant de lieux où la violence règne, sous une forme ou une autre.
Le Conseil National de Sécurité s’est réuni le 27 mars, mais les mesures annoncées par le gouvernement ne sont évidemment pas à la hauteur des problèmes : renforcer la coordination des services de police et expulser les dealers étrangers ne suffira pas. Quand bien même de nouveaux policiers seraient recrutés, ces mesures sont inefficaces car axées exclusivement sur la répression.
Cette politique ne fonctionne pas ; ni en Belgique – cette dernière a déjà augmenté les effectifs policiers et douaniers –, ni ailleurs. La France, par exemple, qui est le pays le plus répressif d’Europe est aussi celui où la consommation est la plus forte ! L’augmentation actuelle de la violence est elle-même la conséquence des attaques récentes contre les milieux de la drogue, qui ont eu pour effet de l’éclater en une myriade de petits réseaux qui luttent chacun pour leurs territoires. La répression ne règle rien, elle ne fait que déplacer le problème. Si elle fonctionnait, il y aurait moins de drogues en circulation ; or, de toute évidence, ce n’est pas le cas.
Dans de nombreux pays, y compris aux USA où la répression a longtemps été la seule approche, c’est la légalisation qui a fait diminuer la violence dans les États où elle est mise en œuvre.
D’ailleurs, cette vision répressive n’est pas neutre : elle fait porter le chapeau aux consommateurs au lieu de chercher à les soigner. Pour quelques usagers « récréatifs », combien y a-t-il de personnes devenues dépendantes, qui auraient bien plus besoin d’être aidées que jetées en prison ?
Bien sûr, une approche basée sur la prévention exigerait de dégager des budgets pour traiter les victimes d’addiction. Il est bien plus facile et moins onéreux de les accuser de tous les maux !
Et surtout, la prévention exigerait de reconnaître que les addictions sont un problème social et pas le simple résultat de choix individuels. L’alcoolisme, la toxicomanie et l’addiction aux médicaments se nourrissent de l’angoisse du lendemain, des rythmes de travail et de vie insoutenables, de la mise en concurrence au travail et des pressions répétées qui minent une grande partie de la population laborieuse, parmi laquelle de très nombreux jeunes.
Le sentiment d’impuissance et de désespoir devant l’inhumanité de cette société pousse à la recherche de paradis artificiels, qui ne sont paradisiaques que le temps d’un plaisir fugitif, suivis de l’enfer du manque.
Lutter à la racine contre les addictions, c’est donc aussi lutter contre l’exploitation de la population par les capitalistes.
Or, pour eux, la drogue est aussi un juteux business, en commençant par les drogues légales que sont le tabac et l’alcool. Les fabricants de cigarettes et les producteurs d’alcool sont déjà sur les rangs pour prendre des parts dans le marché du cannabis. Et que dire de ces firmes pharmaceutiques dont les opioïdes comme le fentanyl ont fait des centaines de milliers de victimes. Ces marchands de mort ont pignon sur rue et ont leurs entrées dans tous les gouvernements pour maintenir leur droit à empoisonner. Cela n’est pas nouveau et on pourrait remonter au XIXe siècle, quand les entreprises anglaises ont introduit l’opium en Chine, transformant la consommation récréative d’une minorité en catastrophe faisant des millions de victimes. Tout ça avec l’appui de l’armée anglaise, qui est intervenue quand le gouvernement chinois a tenté d’interdire la vente de l’opium.
Si les capitalistes avaient le moindre souci de la santé des travailleurs, cela se saurait !
Dans sa quête de profits, le capitalisme se nourrit de tout, même du plus nuisible, des engins de mort aux produits toxiques, pourvu que ça rapporte ! C’est bien le signe de son pourrissement. C’est pourquoi la prévention ne peut être que radicale, par un changement profond de la société, qu’il faut remettre sur ses pieds et faire fonctionner d’abord au service de l’humanité.

Il faut prendre sur les profits du patronat

Après l’inflation qui a marqué les deux dernières années et qui a déjà durement frappé les classes populaires, le prochain coup va venir des gouvernements européens qui se sont mis d’accord pour imposer une nouvelle cure d’austérité. Ou peut-être devrait-on dire une nouvelle saignée ?
Le parlement européen est en train de finaliser nouvelles règles d’austérité. Selon les estimations du Bureau du Plan, cela impliquerait une réduction budgétaire de 4 à 5 milliards d’euros par pour la Belgique. A titre de comparaison, c’est quasiment le budget de l’enseignement en Wallonie.
Les « critères de convergence » de Maastricht qui imposaient l’austérité au nom de la réduction de la dette ont été mis en suspens durant la période du Covid. Le plus urgent pour les gouvernements était de compenser les effets du virus sur l’économie. Beaucoup d’entreprises ne pouvaient plus fonctionner à cause de la distanciation sociale qui était nécessaire pour limiter la propagation de l’épidémie. Afin de leur éviter la faillite, l’État belge, comme la plupart des autres États, a payé un salaire minimum aux salariés à la place de leur employeur, et a vidé ses caisses pour aider directement des dizaines de milliers d’entreprises. A ce moment-là, plus question de réduire la dette ou de diminuer le déficit. Il a explosé.
Il aurait été possible d’imposer aux entreprises qui ont fait des profits plantureux pendant les années précédentes, de prendre sur leurs réserves pour payer les salaires, quitte à exiger que les actionnaires remettent dans le pot une partie de leurs dividendes. Au contraire, l’État a choisi, comme toujours, d’ouvrir les caisses publiques pour préserver les profits des entreprises. Il était évident que ça impliquait de réclamer aux travailleurs de combler le trou ultérieurement. Il semble que dans l’esprit du gouvernement, ce moment soit arrivé.
A la crise du Covid, s’ajoutent les coûts liés à la guerre en Ukraine. Ce que les dirigeants européens appellent le soutien à l’indépendance de l’Ukraine est en fait une guerre à la Russie, par Ukrainiens interposés. Cette guerre militaire est la suite logique de la guerre économique que les États-Unis et l’Europe mènent au reste du monde, en imposant leurs capitaux, leurs produits, leurs règles et en pillant les ressources des pays moins développés. La guerre a été déclenchée par la Russie mais elle est la conséquence de l’expansionnisme des pays occidentaux vers l’Est. Le gouvernement ukrainien de Zelenski mène la guerre de nos capitalistes contre les capitalistes russes. Il le fait avec le sang des Ukrainiens et les gouvernements européens participent au carnage en finançant l’opération. Cela aussi a vidé les caisses publiques, pour le plus grand bonheur des marchands d’armes et certainement pas pour le bien commun. Là aussi l’État belge, en dignes représentants des intérêts de la grande bourgeoisie, veulent faire payer l’addition aux classes populaires.
À la suite de cette guerre, les ménages populaires ont déjà subi une inflation comme on n’en avait plus connu depuis longtemps, et qui a laissé une marque durable puisque la consommation des ménages est restée basse alors que le prix du gaz, par exemple, est revenu à la normale. Un retour de l’austérité signifierait un recul social supplémentaire. Des services publics nécessaires comme la santé, les transports ou l’éducation deviendraient encore plus squelettiques et les soins de qualité réservés à une élite qui peut se les payer. Le montant des pensions et des allocations sociales sera à nouveau dans la ligne de mire. C’est insupportable.
Les accords de Maastricht ont servi pendant des années comme une arme au service des gouvernements de chaque pays européen contre leur propre population. Pendant des années, ils ont justifié les coupes dans les budgets publics et le blocage des salaires. Cette nouvelle mouture de l’austérité ne vaut pas mieux. Elle est d’autant plus inacceptable que les profits des entreprises n’ont jamais été aussi énormes. L’inflation a directement profité aux actionnaires de la grande distribution, mais ce sont tous les secteurs de l’économie qui ont engrangé des profits. C’est cet argent là qu’il faut prendre ! Il n’y a aucune raison que la dette créée pour le patronat doive être payée par les travailleurs.
Comme toujours, la seule chose qui peut empêcher le gouvernement belge, celui-ci ou le suivant, de passer à l’acte, c’est une mobilisation de l’ensemble du monde du travail. Ensemble, il est possible de bloquer l’économie et de couper la pompe à profits à la source. Le patronat ne comprend que le langage de la force. Notre force, c’est notre nombre, notre unité et notre détermination

Une course aveugle vers la catastrophe

La propagande guerrière bat son plein. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a demandé aux pays membres d’accélérer leur production d’armes jusqu’à obtenir un rythme « de période de conflit ». Le chancelier Allemand, Scholtz, souhaite que l’Europe se lance dans la production de masse de matériel militaire. La ministre belge de la Défense, a appelé toute la population à devenir réserviste. On pourrait ainsi multiplier les exemples de cris d’alarme face à l’intention supposée de la Russie d’attaquer les pays européens.
Dans le même temps, ces politiciens temporisent en assurant que la guerre n’est quand même pas pour demain et que leur premier choix reste la paix. Il n’y a aucune raison de leur faire confiance et, en tout cas, ils préparent les esprits à une prochaine guerre.
L’OTAN n’est pas une alliance de défense mutuelle comme ses dirigeants le prétendent, c’est une coalition militaire qui représente les intérêts des pays les plus puissants qui la composent, en premier lieu les Etats-Unis, mais aussi bien sûr la France, l’Allemagne et la Grande Bretagne. Ces pays, ensemble ou séparément, ont participé à la plupart des conflits militaires récents, en Afghanistan, en Irak, en Syrie. Ils défendent tous le droit d’Israël à massacrer la population palestinienne à Gaza. Ils soutenaient même Poutine quand celui-ci envoyait son armée contre les travailleurs révoltés du Kazakhstan.
Les dirigeants des pays de l’OTAN, comme les autres d’ailleurs, sont prêts à envoyer des bombes sur les peuples de toute la terre si cela peut servir leurs intérêts. En réalité, ils ne défendent pas la liberté ou la démocratie, comme ils le prétendent. Ils défendent uniquement les intérêts financiers des grands groupes capitalistes qui dominent l’économie mondiale et qui ont colonisé économiquement l’ensemble de la planète.
Les conflits actuels ne sont pas le résultat de la volonté de quelques dirigeants fous mais la conséquence de la concurrence généralisée entre grands groupes capitalistes pour le contrôle des marchés des ressources de la planète.
Depuis plus d’un siècle, le capitalisme s’est mondialisé, de grands groupes industriels ont monopolisé la production et contrôlent l’immense majorité des capitaux. La concurrence entre entreprises a fait place à un combat de géants internationaux qui contrôlent toute la chaîne de production, de la mine à l’usine et de l’usine au magasin. Tout a pris des proportions gigantesques, ces groupes disposent de moyens supérieurs à la majorité des pays européens. Ce sont eux qui dictent la politique des États, pas le contraire.
Cependant, les marchés et les ressources ne sont pas infinis. Alors, quand, par exemple, des géants de l’électronique veulent mettre la main sur des mines de Coltan nécessaire à la production des semi-conducteurs, ils entrent en conflit par milices interposées et cela provoque une guerre au Congo. Quand les capitalistes américains et européens veulent agrandir leur marché à l’Est, au détriment des oligarques russes, cela engendre la guerre en Ukraine. Pour maintenir leur contrôle sur le Moyen-Orient, zone pétrolière stratégique, les USA et leurs alliés n’hésitent pas à soutenir les dictatures des pays du golfe et un régime d’apartheid en Palestine.
Tout cela n’est pas nouveau, mais les discours alarmistes des chefs militaires et la propagande antirusse et antichinoise montrent que la concurrence illimitée est en train de prendre une tournure militaire qui rappelle les moments qui ont précédé la Première et la Seconde Guerre mondiale.
Les guerres se font avec le sang des travailleurs et de leurs enfants ; ceux qui les déclenchent ne se retrouvent pas sur le champ de bataille, mais ils ont besoin de faire croire aux populations laborieuses qu’elles vont se faire tuer pour un noble idéal. C’est le rôle des discours nationalistes. Les ouvriers russes et ukrainiens qui se tirent dessus croient chacun défendre leur patrie. En réalité, ils ne défendent que les appétits de profits des richards des deux bords.
A un moment donné, les dirigeants européens tenteront à leur tour d’envoyer les travailleurs sur de nouveaux champs de bataille. Ils font leur beurre sur notre travail, et ils voudraient qu’on s’entretue pour leurs profits !
Il est urgent que les travailleuses et les travailleurs se préparent à ces guerres, pas pour les faire mais pour les empêcher, pour enrayer cette machinerie aveugle, pour changer du tout au tout l’organisation de la société et remplacer l’égoïsme et la folie du profit par l’entraide et le bon sens. Toute l’économie repose sur le monde du travail, il a le poids, la force et le nombre pour y arriver.

Ouvriers et paysans, une même misère, un même combat

Après la France, l’Allemagne et l’Italie, le mouvement de colère des agriculteurs a gagné la Belgique. Des files de tracteurs ont bloqué les routes ou l’accès des entrepôts de firmes de la grande distribution.
Ils se plaignent avant tout d’avoir des revenus insuffisants, mais aussi de la complexité des procédures administratives et des dernières réglementations de la commission européenne en matière d’environnement. Autre sujet d’inquiétude : les accords de libre-échange avec les pays d’Amérique du Sud, qui vont aggraver la concurrence sur certains produits agricoles.
Il est vrai qu’un grand nombre de petits exploitants peinent à joindre les deux bouts. Ils sont coincés entre les banques, auxquelles ils ont dû emprunter pour acheter leur matériel, et les intermédiaires de la grande distribution, qui leur imposent les prix les plus bas possibles.
Devant l’ampleur du mouvement, les politiciens se sont empressés de faire des concessions. La commission européenne a accepté de postposer les limitations sur l’utilisation de pesticides. Cela ne lui coûte rien, mais les ouvriers agricoles et les familles populaires qui ne peuvent pas se payer du bio, vont pouvoir continuer à s’empoisonner.
La seule concession qui aura un impact financier est le report de l’obligation de mise en jachère de 4% des surfaces agricoles qui a été repoussée. Or, en pratique, elle ne touche quasiment pas les petits producteurs, et seules les grandes exploitations d’agriculture intensive vont en profiter.
Car dans le monde agricole, il y a les petits, qui doivent travailler beaucoup pour gagner peu ; et il y a les gros, qui dirigent des entreprises de production, de transformation ou de distribution. Ceux-là exportent à l’international, participent à la fixation des prix et ce sont eux qui encaissent la majeure partie des subventions de la politique agricole européenne. La sympathie dont le mouvement paysan peut jouir dans la population leur sert de paravent pour avancer leurs propres revendications : réduire les taxes, augmenter les aides d’État et assouplir les réglementations sociales ou écologiques.
Les petits paysans, ceux qui travaillent eux-mêmes leurs champs ou élèvent eux-mêmes leur bétail, ont le sentiment d’avoir un rôle particulier dans la société : « sans agriculture, pas de nourriture » clament-ils à juste titre. Mais sans les routiers qui transportent leurs produits, il n’y en aurait pas non plus. Et que dire des ouvriers qui fabriquent les tracteurs, des maçons qui construisent les entrepôts ou des employés des centres de distribution ? Du champ à l’assiette, il y a une chaîne infinie de travailleuses et de travailleurs qui sont tous tout autant nécessaires au fonctionnement de l’ensemble de la société.
Les uns comme les autres ont en commun d’être, d’une manière ou d’une autre, des victimes de l’appétit de profits des grands capitalistes. Pour les uns, ce sera un patron qui rogne sur les salaires et met la pression sur les cadences. Pour les agriculteurs, c’est un distributeur qui casse les prix. La difficulté de joindre les deux bouts à la fin du mois est leur lot commun.
Les gouvernements, eux, se moquent bien de toute spécificité du monde agricole : ils œuvrent à maintenir la pyramide capitaliste dont le sommet, les patrons et les actionnaires, s’engraisse aux dépens de la base, les millions de familles populaires qui n’ont que leur travail pour vivre.
Tant que cette pyramide ne sera pas ébranlée, l’exploitation pèsera de tout son poids sur les ouvriers, les employés comme sur les paysans. Des luttes, comme celles des paysans aujourd’hui, redonnent parfois un peu d’oxygène, mais tout ce que les patrons ou les gouvernements doivent céder un jour, ils chercheront à le reprendre dès le lendemain.
Aussi sympathique que nous semble la mobilisation des agriculteurs, elle ne remet pas en cause la logique capitaliste. Même les revendications qui sont portées par les plus petits d’entre eux ne visent qu’à en assouplir quelque peu les règles. Dans l’ensemble, ils continuent à s’inscrire dans la loi du marché, alors même que c’est elle qui les pousse dans la misère.
En revanche, une lutte d’ensemble, ouvriers et paysans, pourrait briser cette loi inique, qui permet à une minorité d’oisifs de vivre du travail des autres. Elle permettrait de mettre en place une société juste, collective, sans crises économiques et sans guerres, et dans laquelle plus personne n’aurait à craindre pour son avenir. Le combat des agriculteurs sera peut-être une étincelle pour initier cette lutte d’ensemble dont nous avons tant besoin

Les élections ne changent rien, notre parti est celui de la révolution

Avec les élections fédérales, régionales et européennes qui approchent, la saison des promesses et des grandes manœuvres politiciennes a commencé.
Voici Charles Michel qui quitte la présidence du conseil européen pour mener la liste MR aux élections. Didier Reynders s’y serait bien vu, mais on l’a recalé, alors il va candidater ailleurs. Chacun se repositionne pour l’intérêt supérieur… de sa carrière.
A la télé, les présidents de partis ont joué le jeu du débat public devant les caméras de RTL. En réalité, quels que soient leurs programmes respectifs, quelles que soient les promesses qu’ils ont faites à leurs électeurs, tout se jouera après les élections, quand ils négocieront entre eux, dans le plus grand secret, leurs accords de gouvernement.
Le programme des partis de droite comme le MR, on le connaît : réduction des impôts pour que les riches soient plus riches. A gauche, le PS relance l’idée de taxer les grandes fortunes, mais il sait très bien qu’il n’aura aucun moyen pour le faire. Car, au-delà de ce simulacre de démocratie, les partis politiques sont surtout au service de la bourgeoisie.
Les bénéfices des entreprises ont explosé ces dernières années. Les actionnaires et les grands patrons sont de plus en plus riches, tandis que le reste de la population subit de plein fouet les conséquences d’une inflation qu’on n’avait plus vue depuis longtemps. Même dans des pays comme la Belgique où l’indexation diminue avec retard les effets de la hausse des prix, la situation s’est aggravée pour les couches populaires.
Depuis deux siècles que le capitalisme règne sans partage sur la planète, que nous a-t-il apporté ? Des guerres mondiales et des conflits militaires permanents, qui sont la conséquence des luttes des grandes puissances pour contrôler le monde. La colonisation et le pillage des pays dits du tiers monde. La pollution de l’eau, de l’air et le dérèglement climatique par des industriels qui se soucient de leur portefeuille plus que de la santé des populations.
Et pendant tout ce temps, toutes les combinaisons de partis se sont succédé au pouvoir dans tous les pays sans que cela change quoi que ce soit. Si le capitalisme était un progrès, ses défenseurs auraient largement eu l’occasion de le prouver, puisqu’ils ont été au pouvoir tout ce temps-là.
Aujourd’hui, il faut le vouloir pour ne pas voir que la société va dans le mur.
Pourtant, aucun des grands partis en lice ne met en avant l’idée qu’il faudrait en finir avec le capitalisme. Les débats portent sur les taxes, les voitures de sociétés et autres fadaises alors que l’ensemble de la planète s’enfonce dans la guerre, la misère et la pollution.
Sans changement radical, les conditions de vie et de travail de la majorité continueront d’être attaquées par un capitalisme offensif, qui réclame entre autres la fin de l’indexation. Les politiciens continueront à nous opposer les uns aux autres par une concurrence fratricide, voire par de nouvelles guerres où nous serons sacrifiés.
Un monde où une minorité d’ultra riches prospère sur la misère de l’immense majorité de la population n’a pas d’avenir.
Cette majorité silencieuse n’a pas de porte-parole, ni dans ces élections, ni dans la société en général. Elle aurait besoin d’un parti à elle, un parti qui serait dirigé par des femmes et des hommes issus du monde du travail, des travailleurs, des chômeurs, des pensionnés et pas par des politiciens professionnels.
Ce parti dénoncerait l’emprise des capitalistes sur la société et toutes ses conséquences catastrophiques pour nous et les générations qui viennent. Et il organiserait les luttes contre les attaques du patronat tout en préparant le monde du travail à prendre la société en main à la place des capitalistes.
N’oublions pas que si cette société fonctionne, c’est justement grâce au travail inlassable des milliards de sans grade qui, sur les cinq continents, produisent la richesse qui finit dans les coffres en banque des exploiteurs. Sans la bourgeoisie et ses politiciens, les travailleurs produiraient pour eux-mêmes, n’auraient aucune raison de se faire la guerre et pourraient choisir des moyens de produire qui soient respectueux de l’environnement.
Pour y parvenir, il faudra chasser les capitalistes du pouvoir. Aujourd’hui plus que jamais c’est urgent. Et c’est pour cela que nous avons besoin de retrousser nos manches et de reconstruire ce parti révolutionnaire qui nous manque.