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USA : Après la victoire de Trump

Le 5 novembre, Trump a remporté nettement l’élection présidentielle et les Républicains semblent également en mesure de l’emporter dans les deux Chambres du Congrès. L’administration Biden-Harris et les démocrates sont sanctionnés.
Trump a élargi sa base, en gagnant non seulement la bataille du collège électoral, c’est-à-dire les grands électeurs, mais aussi celle du « vote populaire », avec peut-être 80 millions de suffrages. Il a sans doute bénéficié du bilan désastreux de l’administration Biden.
De nombreux Américains, en particulier dans les classes populaires, ont vu leur niveau de vie se dégrader, avec une inflation de 25 % en quatre ans et des salaires qui n’ont pas suivi. Des millions de personnes ont perdu leur travail et ont dû prendre deux, voire trois emplois précaires et mal payés. Dans les classes populaires, certains, faute de pouvoir payer un vrai logement, vivent dans une caravane, voire dans leur voiture. Des personnes âgées en sont réduites à distribuer des catalogues ou à dépendre de l’aide alimentaire. C’est ça le bilan des Démocrates et la défense du droit à l’avortement par Harris n’a pas suffi à le faire oublier aux travailleurs appauvris et précarisés.
Certains travailleurs, désorientés, se sont donc rabattus sur Trump, pourtant leur ennemi patenté. Il est le digne représentant des milliardaires : arrogant, sans scrupules et surtout déterminé à enrichir la classe capitaliste. Du coup, il prend pour cible les plus pauvres, les migrants qui franchissent la frontière en quête d’une vie meilleure, qu’il traite de « vermine ». À l’inverse, il promet aux plus riches d’alléger encore les impôts.
Kamala Harris n’était pas en reste. Elle n’a cessé de clamer « je suis capitaliste » aux milieux patronaux pendant la campagne. Sous l’administration de Biden, dont elle est la vice-présidente, l’indice boursier a doublé et les milliardaires se sont enrichis comme jamais.
Les milieux d’affaires ont l’habitude de l’alternance et certains capitalistes financent même les deux candidats. Eux, ils ont deux partis à leur service, alors que les travailleurs américains, n’en ont aucun, et c’est bien là le problème.
Alors, que va-t-il se passer maintenant ? La presse européenne présente la victoire de Trump comme une catastrophe. Mais Trump sera dans la continuité de Biden pour défendre les intérêts de la bourgeoisie américaine, aussi bien dans le pays, face aux travailleurs américains, que dans le reste du monde, face aux concurrents capitalistes.
Dans la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine, les dirigeants européens craignent que Trump impose à Zelenski un règlement négocié. Mais, malgré les discours isolationnistes de Trump, les États-Unis ne cesseront évidemment pas de soutenir militairement leurs alliés et leurs pions. L’impérialisme américain ne peut renoncer à défendre ses intérêts, notamment face à la Chine dans le Pacifique et en Asie du Sud-Est. En outre, le militarisme fait tourner l’industrie de défense américaine, que Trump et les Républicains soutiennent ardemment.
Au Moyen-Orient, Trump est un soutien inconditionnel d’Israël, mais Kamala Harris l’a été à sa manière avec Biden, et pendant la campagne elle a réaffirmé son soutien à la guerre d’Israël contre les Palestiniens, les Libanais et peut-être demain l’Iran.
Aux États-Unis mêmes, il est probable que le succès de Trump se traduise par un racisme plus décomplexé, divisant les travailleurs encore plus qu’ils ne l’étaient, en fonction de la couleur de leur peau, de leur nationalité, ou encore de leur date d’arrivée. Une victoire de Harris n’y aurait pas forcément changé grand-chose, mais le fait qu’un homme qui compare les migrants à des animaux obtienne 80 millions de voix est un problème pour la classe ouvrière. Ces dernières années, elle n’a guère été présente politiquement. Les grèves dans l’automobile ou plus récemment chez Boeing, certes dispersées et menées par des directions syndicales bureaucratiques, ont néanmoins montré que les travailleurs américains peuvent se battre pour leurs intérêts, au moins sur le terrain économique. C’est là que réside le seul espoir, pour l’ensemble des classes populaires, de voir s’ouvrir d’autres perspectives politiques que cette éternelle alternance entre deux représentants de leurs exploiteurs.
Les révoltes des années 1960 eurent une portée mondiale. Un renouveau des luttes aux États-Unis, la première puissance mondiale, aurait un impact dans le monde entier. Alors, espérons que les travailleurs américains ne se laissent pas appauvrir et diviser, et qu’ils retrouvent le chemin de la lutte de classe.

GAZA : un an de massacres et de dévastations

Après un an de bombardements et le lancement d’une invasion terrestre ayant mobilisé plusieurs centaines de milliers de soldats, l’armée israélienne a rasé la plus grande partie du territoire de Gaza, tuant plus de 42 000 Palestiniens, selon la dernière estimation du ministère gazaoui de la Santé.
Depuis un an, le gouvernement israélien met en œuvre tous les moyens dont un État moderne peut disposer pour détruire et tuer massivement. D’après un organisme des Nations unies, plus de 60 % des bâtiments, du réseau de distribution électrique et des routes ont été partiellement ou totalement détruits. Fuyant les bombes et les combats, plus de 90 % des 2,3 millions d’habitants ont été contraints de vivre au milieu de ruines, sous des bâches en plastique ou dans des camps de toile, sans accès à l’eau ni à l’électricité, menacés de mourir de faim et de maladies du fait de l’effondrement du système de santé.
Cette guerre se poursuit sans qu’on en voie la fin, car aucun de ses objectifs officiellement proclamés, la libération des otages et « l’éradication » du Hamas, n’a été atteint. Le Premier ministre israélien Netanyahou a beau avoir affirmé, le 27 septembre à la tribune de l’ONU, que la quasi-totalité des bataillons du Hamas avaient été détruits, la poursuite des opérations militaires montre qu’il n’en est rien. Ainsi, dimanche 6 octobre, l’armée israélienne a encerclé le camp palestinien de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, déclarant que le Hamas y avait reconstitué ses capacités militaires, et a ordonné à tous les Gazaouis présents d’évacuer « immédiatement » vers le sud.
Loin d’avoir été détruit, le Hamas semble même être parvenu, d’après de nombreux témoignages, à maintenir dans le nord de Gaza un semblant d’appareil d’État, capable de contrôler la distribution d’une bonne partie de l’aide humanitaire, malgré des mois de combats et de bombardements.
En réalité, les autorités israéliennes savent parfaitement qu’il leur est impossible de faire disparaître le Hamas. Le porte-parole de l’armée lui-même avait reconnu publiquement, en juin, que faire une telle promesse était de la « poudre aux yeux ». Ce n’est d’ailleurs pas le véritable objectif des dirigeants israéliens qui seraient parfaitement capables de composer avec le Hamas afin de lui faire jouer le rôle de gendarme pour mettre au pas sa population, comme ils l’ont déjà fait lorsque l’organisation islamiste a pris le pouvoir à Gaza en 2007.
De son côté, le Hamas est tout à fait disposé à un tel accord. En lançant les attaques du 7 octobre, il a cherché à s’imposer comme un interlocuteur incontournable vis-à-vis des dirigeants d’Israël, et, au-delà, des grandes puissances impérialistes, sans se préoccuper le moins du monde du prix que la population palestinienne aurait à payer. Il était en effet prévisible que les massacres commis le 7 octobre allaient entraîner un déchaînement de violence à l’encontre des habitants de Gaza.
Pour le moment, un tel accord n’est pas du tout d’actualité. Afin de conserver le soutien de l’extrême droite, dont il a besoin pour se maintenir au pouvoir, Netanyahou s’est engagé au contraire dans une politique de guerre à outrance à Gaza, a ouvert un nouveau front au Liban et menace d’un conflit avec l’Iran.
Mais, en jouant les va-t’en guerre, Netanyahou ne défend pas seulement son avenir politique. Il se comporte en gendarme de l’ordre impérialiste contre les peuples de la région, mais aussi contre les intérêts de la population israélienne condamnée à vivre en état de guerre et dans l’insécurité permanente. Terroriser les peuples et les massacrer en masse, ce sont les méthodes auxquelles les États impérialistes ont recours pour maintenir leur domination.

Après la destruction de Gaza, celle du Liban

Depuis le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre, il y a un an, les dirigeants israéliens se sentent tout permis. Des tapis de bombes ont réduit la bande de Gaza en champ de ruines, tuant plus de 40 000 personnes et infligeant des souffrances infinies aux survivants. En Cisjordanie, les descentes de l’armée israélienne et des milices d’extrême droite ont fait près de 600 morts.
L’armée israélienne s’est permis de frapper et de tuer en Syrie, au Yémen et en Iran. Et depuis vendredi, elle s’est lancée dans la guerre totale contre le Hezbollah, pilonnant le Liban sans relâche transformant des quartiers, des villages et des régions entières en montagnes de gravats.
Les dirigeants israéliens s’octroient tous les droits. Pourquoi se gêneraient-ils ? Les États-Unis et, derrière eux, les grandes puissances européennes le soutiennent inconditionnellement. Ils l’ont certes appelé à la retenue et parlent régulièrement d’un cessez-le-feu. Mais ils n’ont jamais cessé leurs livraisons d’armes.
Biden comme Kamala Harris ont félicité Netanyahou pour l’assassinat de Hassan Nasrallah, déclarant que c’était « une mesure de justice ». Comment parler de « justice » quand une bombe d’une tonne explose au milieu d’un quartier d’habitations, faisant des centaines de victimes, hommes, femmes, enfants ?
Il y a une expression et une seule pour désigner les agissements d’Israël au Liban et à Gaza : le terrorisme d’État. Et ce terrorisme ne diffère de celui du Hamas ou du Hezbollah que par les moyens plus importants dont il dispose, ceux d’un État surarmé qui a la bénédiction ouverte ou tacite des grandes puissances.
Quand les dirigeants sionistes ont décidé de construire un État confessionnel juif sur une terre habitée par les Palestiniens, ils ont condamné les Israéliens à une guerre sans fin. D’opprimé, le peuple d’Israël s’est transformé en une force d’oppression. Et au fil du temps, l’État d’Israël est devenu le bras armé le plus fiable et le plus aguerri de l’impérialisme, chargé de tenir en respect les régimes jugés trop indépendants par les États-Unis, comme l’Iran.
Aujourd’hui, l’ordre impérialiste au Moyen-Orient se confond avec le terrorisme d’État israélien et sa politique d’expansion, de colonisation, d’annexions. Mais c’est ce même ordre impérialiste qui a détruit l’Irak et décomposé la Syrie. C’est cet ordre impérialiste qui a plongé les peuples de toute la région dans des crises sociales et politiques infinies.
Les Libanais en savent quelque chose ! Les frontières de leur pays ont été tracées par la France coloniale qui l’a artificiellement séparé de la Syrie. Son système politique basé sur les divisions communautaires a été, lui aussi, conçu par les puissances coloniales pour affaiblir le futur État et le maintenir sous leur dépendance.
La population libanaise, dont une fraction est constituée de réfugiés palestiniens, a payé ces calculs de quinze années de guerre civile de 1975 à 1990. Car le Liban est devenu une arène dans laquelle toutes les puissances de la région s’affrontent, soutenant chacune telle ou telle milice confessionnelle. Des Libanais disent leur désarroi d’être les éternels otages d’une guerre qui n’est pas la leur. En fait, c’est le cas de tous les peuples de la région.
Car ce qui se joue dans ces affrontements, et ce qui oppose Israël aux Palestiniens, n’est pas une guerre entre Juifs et Musulmans. C’est de savoir qui continuera de dominer cette région. Qui profitera du pétrole et à quelle condition, et qui contrôlera le commerce maritime qui passe par le détroit d’Ormuz et le canal de Suez.
C’est la préoccupation des puissances impérialistes, et c’est aussi celle de l’Iran et des partis nationalistes comme le Hamas et le Hezbollah. Car, ils l’ont montré au pouvoir, leur problème n’est pas de sortir leurs peuples de la pauvreté. En participant, eux aussi, à l’engrenage guerrier, ils ne visent qu’à récupérer une plus grosse part du butin et à profiter de ce même système d’exploitation et de pillage.
Il faut sortir de l’impasse sanglante qu’est le nationalisme et chercher à se construire un avenir commun. Cela ne se fera qu’au travers de la volonté des travailleurs et des opprimés de tous les pays de s’unir par-delà les frontières et les nationalités pour renverser l’impérialisme et la classe capitaliste qui en est à la tête. Ce combat commence, bien sûr, dans notre propre pays.

Audi : non au diktat patronal

Après s’être débarrassé il y a quelques mois de plus de 400 intérimaires, dont certains travaillaient depuis plus de deux ans dans l’usine, le groupe VW a annoncé, de nuit et à la veille des vacances, qu’il n’y aurait plus de nouveau modèle assemblé à l’usine d’Audi Forest. C’est ce que les travailleurs redoutaient depuis quelques temps déjà : la direction veut fermer l’usine, comme elle se prépare à le faire également à plusieurs endroits en Allemagne.
Audi, filiale du groupe VW, qui a réalisé un bénéfice net de 18 milliards l’année dernière, s’apprête à priver de leur seul moyen de subsistance ceux-là mêmes qui ont produit ces montagnes de profits.
Au retour de congés, rien n’avait bougé et devant la colère des travailleurs, la direction a d’abord refusé de rouvrir l’usine, en refusant de payer les travailleurs. Les syndicats ont trouvé un accord la semaine dernière pour lever le lock-out et reprendre le travail en échange du paiement des salaires non versés, mais cet accord ne règle en rien le fond du problème.
Comme d’habitude, c’est le manque de commandes et les salaires trop élevés qui sont invoqués pour justifier la restructuration. Mais si les voitures ne trouvent pas d’acheteurs, c’est uniquement à cause des patrons du groupe. Ils sont les seuls à décider de la manière dont ils investissent leurs capitaux. S’ils ont pris du retard sur la concurrence dans l’électrique, si leurs voitures coûtent trop cher et s’ils sont incapables de prédire si elles seront vendues, c’est uniquement leur faute.
Quant à leurs arguments sur les prétendus « coûts » trop élevés du travail, ils ont de quoi choquer. Les actionnaires encaissent des dividendes fabuleux sans lever le petit doigt tandis que les salaires des ouvriers qui ont produit ces richesses sont misérables.
Les seuls à aller pointer au chômage seront les travailleurs, dans l’espoir de trouver un nouvel emploi qui leur permette de continuer à payer les factures et à faire vivre les leurs. Pour les actionnaires, au contraire, la fermeture de l’usine ne fera que consolider les bénéfices qui continueront de pleuvoir. Les difficultés que la direction invoque n’en sont pas. Les travailleurs rencontrés sur le piquet le savent bien. L’un d’eux déclarait : « C’est toujours pareil, s’ils ferment c’est pour préserver les bénéfices ».
Mais devant ce constat, certains nourrissent l’espoir que l’État règle la situation. Les travailleurs n’ont rien en à en attendre. Jusqu’à présent, il s’est borné à organiser un « kern », faisant croire qu’il pourrait trouver une solution pour les travailleurs. C’est un leurre. Qu’a-t-il fait pour ceux de Van Hool, Delhaize, Match ou Avery Dennison ? Qu’ont fait les gouvernements précédents pour ceux de Caterpillar, NLMK Clabecq ou Renault Vilvoorde ? Rien. Le gouvernement fédéral, la Région et la commune ont déjà versé plus de 158 millions d’euros à Audi ces six dernières années. Audi les a empochés et veut quand même mettre la clé sous la porte pour se relocaliser là où les perspectives de profits seront les plus grandes. Les gouvernements ne peuvent et ne veulent rien faire face à la dictature qu’exercent les grands groupes capitalistes sur l’économie, car ils sont à leur service.
Les patrons considèrent les travailleurs comme de la chair à profit, tout juste bons à trimer pour en fabriquer un maximum. Et s’ils ne rapportent pas assez, ils s’en débarrassent. Il en va ainsi dans le secteur automobile comme dans toutes les autres entreprises. En période de crise, la bourgeoisie cherche à maintenir ses profits. L’aggravation des conditions de travail et des salaires ou les licenciements sont autant de moyen pour elle d’y parvenir. Ces attaques se suivent en rafale et aucun travailleur n’y échappe.
Mais les coups que portent la bourgeoisie au monde du travail ne sont pas une fatalité. Les travailleurs ont les moyens de s’y opposer : ce sont eux qui font fonctionner toute l’économie.
La manifestation organisée le 16 septembre a rassemblé plus de 10 000 travailleurs, c’est un chiffre encourageant mais, pour affronter les problèmes qui s’imposent à nous, il en faudra plus. Comme le disait un ouvrier d’Audi : « C’est toute la Belgique qu’il faudrait mettre à l’arrêt ! ».
Aujourd’hui, les travailleurs sont divisés, chacun dans son entreprise, mais s’ils retrouvent la conscience qu’ils appartiennent tous à un même camp, alors ils pourront rendre les coups et bien plus encore.
En attendant, les travailleurs d’Audi ne pourront compter que sur leur détermination pour défendre leurs emplois ou, à défaut, les faire payer le plus cher possible à leur patron.

L’extrême-droite au service du patronat

Les dernières élections législatives n’ont pas permis au Vlaams Belang de prendre la première place en Flandre, contrairement à ce qu’il espérait et à ce qu’annonçaient les sondages. Il n’accèdera donc pas au pouvoir, du moins pas encore cette fois-ci.

La Belgique n’est pas la seule en Europe à voir l’extrême-droite progresser. En Italie, en Hongrie, en Autriche, elle est en tête ; en Allemagne, elle double son score. En France, cela a pris une tournure plus dramatique puisque, à la suite du succès du Rassemblement National de Le Pen, Macron a dissout l’Assemblée nationale, provoquant ainsi de nouvelles élections les 30 juin et 7 juillet prochains.

La manœuvre de Macron, comme les grandes déclarations des partis belges sur le cordon sanitaire, sont des calculs politiciens. Les hésitations de Bart de Wever concernant une alliance possible avec le Belang, qu’il a refusée à la dernière minute montrent bien que, malgré tout, il la considère comme possible. Dans les faits, les idées des partis d’extrême-droite ont franchi il y a bien longtemps le cordon sanitaire et tous les partis de l’échiquier politique n’hésitent pas à parler ouvertement du soi-disant « problème » de l’immigration, tandis que tous les gouvernements européens s’alignent comme un seul homme derrière une politique répressive et meurtrière envers les réfugiés qui fuient les guerres et la misère.

L’extrême-droite pose un problème à ses concurrents politiques, mais leur progression est aussi un problème pour les travailleurs car ils spéculent sur le racisme et la xénophobie pour diviser les travailleurs. Tous ces partis ont en commun de mettre en avant les « traditions » familiales, le repli sur les frontières nationales et le rejet des étrangers. Ils spéculent sur la peur de l’avenir d’une partie des classes populaires et leur désignent d’autres travailleurs comme boucs émissaires, sous prétexte qu’ils viennent d’ailleurs.

Ils réécrivent un passé ou « c’était mieux avant », où on n’avait pas peur du chômage, où on était mieux entre soi. Ce passé n’a jamais existé. Le capitalisme a toujours été synonyme d’oppression, de bas salaires et de misère. Les grèves de nos ancêtres sont là pour en attester, ainsi que leur répression violente par les forces de l’ordre des bourgeois de l’époque. Les journées de douze heures, le travail des enfants, l’absence de congés payés, de sécurité sociale ou de retraite. Du sang et des larmes, voilà le vrai passé de la classe ouvrière. Le chômage existait déjà à grande échelle, et il n’y avait pas d’allocations ! Et quand les travailleurs se mettaient en grève, les patrons allaient chercher des jaunes dans les pays voisins. Il n’est pas si loin le temps où l’on se détestait entre Belges, Français et Italiens !

C’est cela le passé que veulent faire revivre ces partis nationalistes qui prétendent nous enfermer dans nos frontières ? Nous n’en voulons pas !

Les travailleurs ont réussi, en partie, à résister à l’exploitation capitaliste, quand ils ont compris que, quel que soit leur pays d’origine, quelles que soient leur langue ou leur religion, ils faisaient tous partie d’une même classe ouvrière, qu’ils étaient exploités par le patronat de leur propre pays et que leurs divisions ne profitaient qu’à leurs exploiteurs. C’est quand ils se sont unis et organisés à une échelle internationale, qu’ils ont commencé à faire reculer le patronat.

Les frontières que le Belang et les partis similaires veulent remettre en place n’ont jamais protégé les travailleurs car notre ennemi, le patronat, est dans notre propre pays. Les seuls alliés des travailleurs, ce sont justement les travailleurs des autres pays !

Si le score des partis d’extrême-droite augmente, c’est parce que les partis au pouvoir depuis des dizaines d’années n’ont pas protégé les travailleurs des ravages du capitalisme, de la baisse du pouvoir d’achat ni des licenciements. Au contraire, ils ont toujours pris le parti du patronat en vidant les caisses publiques pour qu’il puisse encore plus augmenter ses profits. Les partis d’extrême-droite ont donc beau jeu de se présenter comme des défenseurs du peuple contre les élites politiciennes. En fait, ils détournent leur colère des vrais responsables des crises, du chômage et des bas-salaires : le patronat et la grande bourgeoisie. Et s’ils arrivent au pouvoir, les Bardella, Van Grieken et consorts feront exactement la même chose. Ils se coucheront devant le grand patronat et réprimeront les travailleurs, en commençant par ceux d’origine étrangère.

Le monde du travail n’a rien à attendre de bon de cette vieille recette éculée du « diviser pour régner ». Au contraire, il a besoin de se réorganiser autour de son propre programme de lutte et de fraternité, contre le capitalisme qui nous emmène de crise en crise et pour une société juste, sans guerres ni exploitation.

Après les élections, les luttes

Les élections sont terminées et les dés sont jetés. Après avoir promis tout et son contraire, les dirigeants des partis politiques comptent maintenant les points pour décider entre eux comment ils vont se répartir les places à la mangeoire.
Le MR a pris la première place au PS à la fois à Bruxelles et en Wallonie. Ecolo a bu la tasse à tous les niveaux, ainsi que l’Open VLD d’Alexander de Croo. Le PS n’a pas le choix et a déclaré vouloir rester dans l’opposition. Bien sûr, il espère revenir à la mangeoire aux prochaines élections. Le PTB, qui a beaucoup gagné à Bruxelles recule un peu en Wallonie, a déclaré être ouvert à toutes les propositions ! Le PTB prétendait espérer une rupture politique chez les socialistes et le voilà qui propose ses services « à tous les niveaux ». Tout le monde aura compris que les grands vainqueurs, le MR et les Engagés, n’ont besoin de personne pour prendre la direction des affaires de la bourgeoisie !
A l’heure qu’il est, il n’y a en effet plus de réel suspense concernant le côté francophone : Bouchez et Prévot ont annoncé leurs fiançailles politiques à tous les niveaux de pouvoir. Côté flamand, la N-VA de Bart de Wever et le CD&V de Sammy Mahdi ont fait de même. Il est probable qu’ils se retrouvent tous ensemble au gouvernement fédéral.
Qu’est-ce que cela va changer pour les travailleurs ? La nouvelle coalition va essayer de mettre rapidement en œuvre son programme : suppression de l’index, réduction de la durée des indemnités de chômage dans le temps, réduction des budgets des services publics, dont en particulier les soins de santé. Sans aucun doute, ils s’attaqueront aux plus faibles parmi les travailleurs : les sans-papiers et les immigrés. Ce sera une politique antisociale de combat, au service des appétits patronaux pour plus de profits, tout de suite.
Avec les coalitions PS-Ecolo, le patronat avait un allié qui faisait passer la pilule auprès des classes populaires, mais le PS n’a pas protégé les travailleurs contre le report de l’âge de la retraite à 67 ans, contre l’inflation, ni contre les restructurations à Van Hool, Delhaize et Audi. Il n’a en fait tenu aucune de ses promesses et c’est en partie la raison pour laquelle il a été sanctionné électoralement. Avec la nouvelle coalition, le patronat dispose d’un allié plus agressif dont il attend qu’il réalise son programme, tel qu’il a été exprimé par la FEB : la fin de l’index, des investissements de l’État dans les entreprises privées, une réduction de l’impôt sur les sociétés et 30 milliards d’économies dans les services publics.
Les travailleuses et les travailleurs sont aujourd’hui mécontents, et ils ont toutes les raisons de l’être. Le niveau social a baissé, les salaires et les pensions ne sont plus suffisants pour vivre décemment. Ils ont de quoi s’inquiéter pour l’avenir, avec les menaces de guerre qui se font de plus en plus précises et la crise climatique dont les effets se font déjà sentir.
Alors que leur sort s’aggrave et que la pauvreté les guette quand elle n’est pas déjà là, alors que les guerres déciment des familles entières et que la population de Gaza meurt de faim, ils voient les plus riches s’enrichir de façon indécente. Les Bezos, Musk et consorts se vautrent dans le luxe et encaissent pour certains des centaines de milliers d’euros par jour ! Les patrons belges sont moins connus, mais les salariés de Colruyt, AB Inbev, Solvay ou Lotus savent bien qu’ils ne sont pas en reste quand il s’agit de les exploiter jusqu’à la corde.
C’est ça le monde des capitalistes, c’est pour ces gens-là que les De Wever, Bouchez et Prévot travaillent.
L’avidité du patronat et de ses fidèles serviteurs va encore aggraver la situation du monde du travail.
Mais ce ne sera pas une fatalité à condition que le monde du travail retrouve le chemin des luttes, s’il s’organise, prépare des grèves et des manifestations. Ce sont des millions de femmes et d’hommes, anonymes, qui font fonctionner toute l’économie, qui construisent les routes, produisent l’électricité, transportent les marchandises. Ils peuvent bloquer la machine à profits. C’est la seule chose qui fera peur au patronat et c’est le seul langage qu’il comprendra.
Et puis, si nous voulons en finir une fois pour toutes avec ces attaques à répétition, avec la peur du lendemain, avec la misère et les guerres, il faudra attaquer le mal à la racine en renversant le capitalisme, en chassant ces parasites du pouvoir et en organisant nous-mêmes, travailleuses et travailleurs, toute la société pour le bien de tous.

Ne comptons que sur nous-mêmes

Les élections du 9 juin approchent à grands pas et les politiciens devenus nerveux s’écharpent à la télé. Les programmes des partis regorgent de promesses mirobolantes : salaires, emplois, pensions, écologie… il y en a pour tout le monde. A les écouter, tout serait possible et il n’y aurait ni guerres, ni crises économiques à l’horizon.
Ce qu’ils omettent de dire, c’est surtout que ce ne sont pas eux, les politiciens, qui décident mais les patrons des grands groupes capitalistes, qui possèdent les entreprises partout en Europe et dans le monde. Le groupe VW possède 121 usines dans le monde, c’est lui qui décide de l’avenir de celle d’Audi à Forest, tout comme Total et Engie décident le prix de l’énergie et comme Colruyt ou Carrefour décident les prix dans les supermarchés.
Ce sont eux qui bloquent les salaires et qui licencient.
Ce sont eux qui investissent par milliards dans les énergies fossiles et détruisent la planète.
Les travailleuses et les travailleurs n’ont pas leur mot à dire dans ces décisions.
Quant aux politiciens, même s’ils protestent parfois pour la forme, il y a longtemps qu’ils ont choisi le camp du patronat. Que ce soit au Parlement fédéral ou au Parlement européen, ils servent les puissants à coups de subventions, avec des lois pour bloquer les salaires et imposer l’austérité et en protégeant les patrons européens de leurs concurrents américains ou asiatiques. Pire, ils essaient de nous diviser en utilisant les travailleurs des autres pays comme boucs émissaires.
Comment, alors qu’ils participent à aggraver notre exploitation, les dirigeants des partis politiques belges, les Magnette et les Bouchez, peuvent-ils imaginer que les classes populaires vont leur faire confiance pour les protéger de la guerre économique qui fait rage au niveau international, voire de la guerre tout court qui est en train de gagner l’Europe ?
Ils ont fait le choix de reporter l’âge de la retraite, ils n’ont que la compétitivité à la bouche, ils coupent les budgets des soins de santé. Par ces choix, ils montrent leur mépris des classes populaires. Demain, ils enverront leurs enfants se faire massacrer sur les champs de batailles au nom de la patrie, de la liberté ou de la démocratie. En réalité, ce sera encore et toujours pour défendre le contrôle économique des capitalistes occidentaux sur le reste du monde.
Ne nous faisons aucune illusion, les Parlements ne sont que des lieux où, sous des apparences de démocratie, les partis bourgeois discutent entre eux, ouvertement ou en coulisse, des intérêts des possédants.
Alors, le vote utile, ce n’est pas de choisir quel parti va piétiner ses promesses au Parlement. Le PS est très fort à ce jeu en prétendant qu’en votant pour eux, on éviterait une victoire de la « droite ». Dans les faits, cela ne change rien. Le PTB prend exactement le même chemin, il a abandonné toute référence au communisme et se présente comme un parti de gouvernement. Une fois élu, il gèrera, comme les autres, les affaires de l’État et se cachera derrière ses partenaires de coalition pour justifier son impuissance.
Tous les partis présentent le fait de voter comme un moyen d’agir mais croire qu’un parlement, même bien élu, pourrait arrêter la marche vers la misère ou la marche vers la guerre est une illusion mortelle. Ces illusions désarment le monde du travail, elles le poussent à attendre de dirigeants providentiels, meilleurs ou plus honnêtes que les autres, qu’ils améliorent leur vie. Or, les seuls qui peuvent changer le sort des travailleurs, ce sont les travailleurs eux-mêmes.
Nous n’avons plus de temps à perdre avec ces illusions, nous devons prendre notre sort entre nos mains. Avec les guerres à nos portes, avec les crises qui menacent, c’est devenu une urgence.
Le vote utile, c’est donc de voter pour des candidats qui disent clairement qu’il faut abattre cette société pourrie, gangrenée par le profit et ravagée par la concurrence économique entre les capitalistes. Cette fois-ci, il est possible de le faire en votant pour Lutte Ouvrière, qui présente à Bruxelles (liste 24) et dans le Hainaut (liste 21) des candidats qui défendent ces idées.
Ouvriers, employés, intérimaires, pensionnés, chômeurs et étudiants, le monde du travail constitue l’immense majorité de la population. C’est lui qui fait fonctionner toute la société, construit routes et bâtiments, transporte gens et marchandises, soigne, éduque et produit la nourriture. Uni, il peut renverser l’ordre bourgeois et prendre la direction de toute la société.
Les élections ne sont qu’une péripétie sur le chemin de la reconstruction d’une organisation révolutionnaire, qui affiche l’ambition d’abattre le capitalisme et de le remplacer par une nouvelle société, juste, humaine, où chacun aura sa place et un avenir. Le communisme.

Les impérialistes mettent le feu au monde

Le premier avril dernier, Israël a bombardé le consulat iranien à Damas, tuant un des hauts dirigeants de l’armée iranienne. Cette provocation obligeait l’Iran à réagir militairement, ce qui a eu lieu le 13 avril avec l’envoi par l’Iran de 300 missiles à destination d’Israël, sans faire de victimes.

L’Iran a déclaré que l’incident était clos et Israël ne donne pas l’impression de vouloir répliquer pour l’instant. Néanmoins, pendant trois semaines, le spectre d’une généralisation du conflit à toute la région a plané. Pour les peuples de la région, qui vivent dans un état de guerre quasi permanent depuis plus de trente ans, c’était une perspective bien concrète et angoissante.

Pour l’instant, il semble que les Etats-Unis et leur alliés européens, ne souhaitent pas l’extension du conflit. Ils l’ont dit et répété. Mais quand l’Iran a mené sa contre-attaque, ils ont clairement confirmé qu’ils étaient dans le camp d’Israël en condamnant la riposte iranienne et en menaçant de mettre en œuvre de nouvelles sanctions Biden. Macron et les autres y sont allés de leur couplet sur le droit à Israël de se défendre alors que le gouvernement Netanyahou est le seul responsable de cette escalade. Leur indignation était d’autant plus hypocrite que l’Iran a pris bien soin de les informer à l’avance des détails de l’attaque.

Ces manœuvres sont un jeu de dupes dans lequel les populations laborieuses de tous les pays perdent à tous les coups. Les conflits et les alliances se font et se défont sans logique apparente : Israël mène des attaques contre l’avis de leur allié américain, tandis que l’Iran envoie des missiles inoffensifs pour venger l’affront.

La défense de la nation et la religion servent de prétexte pour embrigader les peuples derrière leurs dirigeants dans des guerres meurtrières, alors qu’il ne s’agit en réalité que de luttes entre capitalistes pour leur domination sur les populations qu’ils exploitent et les sources de matières premières. Dans chaque pays, les États défendent les intérêts des capitalistes qui leur sont liés, directement ou indirectement. Tous se moquent bien de la nationalité ou de la religion des travailleurs, tant qu’ils peuvent extraire des profits de leur travail. Les capitalistes luttent avant tout pour maintenir cet état de fait, maintenir leur pouvoir et leur richesse, et leur premier adversaire, c’est le monde du travail, les prolétaires qui peuvent eux aussi s’unir, s’organiser pour défendre leur droits et leurs salaires.

Mais tout en étant unis face au monde du travail, les capitalistes sont concurrents entre eux pour se partager le monde. Les plus puissants, essentiellement américains, dictent leur loi et leur état, les États-Unis se charge de maintenir leur domination sur le reste du monde. Les autres capitalistes suivent tout en tirant chacun la couverture à soi.

Dans les luttes d’influence pour le contrôle des ressources et des populations du Moyen-Orient, Israël a joué le rôle de gendarme des États-Unis depuis sa création en 1948, en intervenant militairement à la demande des USA. Mais en même temps, la bourgeoisie israélienne compte sur son gouvernement pour défendre son propre pouvoir, en particulier en étendant le territoire et en soumettant encore plus les travailleurs palestiniens, par la force s’il le faut.

C’est ça l’impérialisme, avec ses gros et petits requins.

Les États-Unis ont demandé à Israël de ne pas prendre de risques avec la stabilité régionale. En assassinant un général iranien, sachant qu’il y aurait une riposte, Netanyahou rappelle aux dirigeants américains qu’ils ont besoin de lui pour faire le sale boulot, en particulier face à l’Iran. Et il les oblige à réaffirmer leur solidarité, même s’ils ne sont pas d’accord avec ses méthodes.

L’Iran, de son côté, souhaite entrer dans le jeu capitaliste mondial et sa bourgeoisie ne demande qu’à y faire des affaires, y compris avec les bourgeoisies américaine, israélienne et toutes les autres.  L’Iran est un adversaire des USA parce que ses dirigeants n’ont pas voulu se soumettre totalement au pillage des trusts pétroliers américains. Dans ce monde impérialiste, c’est la loi du plus fort qui règne et les États-Unis rappellent à l’Iran qu’il doit plier ou subir les sanctions. Cette opposition n’empêche pas que ce soit une dictature réactionnaire qui écrase son propre peuple, les femmes en premier lieu.

Les populations de Palestine, d’Israël, d’Iran et de tout le Moyen-Orient sont ainsi ballotées au fil des conflits d’intérêts entre des bourgeoisies concurrentes, vassales des grands trusts occidentaux.

Ce qui se passe là-bas arrive aussi en Europe avec la guerre en Ukraine et la concurrence pour le pillage des matières premières et l’exploitation des populations menace d’amener toute la planète vers la guerre.

Le changement viendra de la rue, pas des urnes

A deux mois des élections législatives et européennes du 9 juin, les partis ont lancé le grand cirque électoral. Chacun a sa tactique. Le MR courtise la classe moyenne et veut se distancier du gouvernement actuel pour ne pas être associé à ses échecs.
Le PS et le PTB font de la surenchère à gauche. Côté PS, Magnette se lance sur le terrain de la taxe des millionnaires, alors même que le PTB a reculé en portant le seuil imposable à cinq millions au lieu d’un, pour ne pas effaroucher d’éventuels électeurs de la classe moyenne. Le PTB essaye de ratisser plus large en incluant des thèmes écologistes à son programme, espérant peut-être récupérer ainsi l’électorat déçu d’écolo.
Les « Engagés », eux, profitent d’une cure d’opposition pour gagner quelques points dans les sondages. Avec le PS, ils ont fait machine arrière sur le décret paysage qui risquait de priver des milliers d’étudiants de financement. Ils étaient d’accord pour leur couper les vivres, mais pas à la veille des élections !
En Flandre, le parti d’extrême droite Vlaams Belang caracole en tête des sondages, avec 27% des intentions de vote. Il est suivi de près par la N-VA de Bart de Wever qui louvoie entre deux eaux : en Flandre, il refuse de s’allier au Vlaams Belang, mais en Wallonie il se lance avec un candidat qui soutient ouvertement Le Pen et Orban. L’extrême droite progresse en se présentant comme antisystème, alors qu’en réalité, derrière leurs discours nationalistes et racistes, ils défendent la bourgeoisie contre tous les travailleurs.
Ces jeux politiciens ne changeront pas l’avenir des travailleurs, des chômeurs, des jeunes ou des pensionnés. Car des promesses, il y en a tellement eu ! La question n’est pas tant de promettre que d’être capable de tenir ses engagements. Tous les partis font semblant d’ignorer que dans notre société capitaliste, ce sont les grands capitalistes qui en tirent les ficelles. C’est la FEB, la Fédération des Entreprises de Belgique, qui décide de l’agenda des gouvernements. Les bonnes intentions, sincères ou non, des politiciens ne font pas le poids face au pouvoir du patronat car c’est lui qui contrôle l’ensemble de l’économie.
Aucune loi ne peut toucher à ce pouvoir. Certes, le PS, le PTB et même parfois le MR, s’insurgent contre les « abus » des grands groupes comme Amazon, Apple ou autres géants incontrôlables. En se focalisant sur les excès, ils entérinent le capitalisme « normal » : tous les jours, les travailleurs produisent pour un salaire insuffisant tandis que leurs patrons s’enrichissent sans rien avoir à faire.
Dans la démocratie de façade dans laquelle nous vivons, la population travailleuse est invitée à choisir des représentants qui, une fois élus, se garderont bien de remettre en cause le droit des patrons à posséder leurs entreprises et à s’enrichir du travail des autres.
C’est pourtant là que se situe le nœud du problème, car c’est de cet appétit de profit que viennent la pauvreté, le sous-financement des services publics, les dettes, les guerres, la pollution et l’immense majorité des problèmes de la planète.
Remettre en cause le pouvoir des capitalistes exigerait en premier lieu de mettre notre nez dans leurs comptes et de lever le secret des affaires afin de voir où vont les richesses produites par notre travail. Cela exigerait ensuite d’imposer au patronat de payer des salaires corrects et de payer des impôts afin qu’ils contribuent eux-aussi aux coûts liés à la santé publique, à l’enseignement ou aux transports. Cela signifierait donc de décider à leur place où va l’argent. Et ça, le patronat ne l’acceptera que s’il y est contraint et forcé.
Voilà pourquoi, la vraie question, ce n’est pas tant le programme des partis qui se disent « de gauche » et qui disent vouloir le bien des travailleurs, mais les moyens dont on forcera les patrons à ouvrir leurs comptes et à payer leur dû.
Voter des lois ne suffira pas, car qui va les appliquer ? Certainement pas cette police qui réprime les manifestations !
Il est illusoire d’imaginer que les capitalistes vont céder un gramme de leur pouvoir sans se battre, d’imaginer que l’État, sa police, sa justice, vont défendre le monde du travail contre l’appétit de profits de ces vautours. Voilà des dizaines et des dizaines d’années que, élection après élection, les mêmes promesses sont faites sans que rien ne change, car rien ne peut changer avec un bulletin de vote.
Les travailleurs n’ont jamais rien reçu, tout ce qu’ils ont arraché a été le fruit de leurs luttes. C’est avec ces luttes que nous devons renouer.

La drogue, fléau du capitalisme

Bruxelles a été le théâtre d’une série de fusillades au cours des derniers mois. Il y en a eu à Forest, Saint-Gilles, Molenbeek, Laeken, Anderlecht et Saint-Josse. A chaque fois, il y a eu des blessés, parfois des morts.
La plupart d’entre elles ont été attribuées au trafic de drogues et, depuis, les habitants des quartiers où cela s’est produit vivent dans un climat de peur. Ils craignent à juste titre que cela se reproduise et qu’eux ou leurs proches se retrouvent victimes d’une balle perdue. Beaucoup d’entre eux dénoncent les points de deal qui sont autant de lieux où la violence règne, sous une forme ou une autre.
Le Conseil National de Sécurité s’est réuni le 27 mars, mais les mesures annoncées par le gouvernement ne sont évidemment pas à la hauteur des problèmes : renforcer la coordination des services de police et expulser les dealers étrangers ne suffira pas. Quand bien même de nouveaux policiers seraient recrutés, ces mesures sont inefficaces car axées exclusivement sur la répression.
Cette politique ne fonctionne pas ; ni en Belgique – cette dernière a déjà augmenté les effectifs policiers et douaniers –, ni ailleurs. La France, par exemple, qui est le pays le plus répressif d’Europe est aussi celui où la consommation est la plus forte ! L’augmentation actuelle de la violence est elle-même la conséquence des attaques récentes contre les milieux de la drogue, qui ont eu pour effet de l’éclater en une myriade de petits réseaux qui luttent chacun pour leurs territoires. La répression ne règle rien, elle ne fait que déplacer le problème. Si elle fonctionnait, il y aurait moins de drogues en circulation ; or, de toute évidence, ce n’est pas le cas.
Dans de nombreux pays, y compris aux USA où la répression a longtemps été la seule approche, c’est la légalisation qui a fait diminuer la violence dans les États où elle est mise en œuvre.
D’ailleurs, cette vision répressive n’est pas neutre : elle fait porter le chapeau aux consommateurs au lieu de chercher à les soigner. Pour quelques usagers « récréatifs », combien y a-t-il de personnes devenues dépendantes, qui auraient bien plus besoin d’être aidées que jetées en prison ?
Bien sûr, une approche basée sur la prévention exigerait de dégager des budgets pour traiter les victimes d’addiction. Il est bien plus facile et moins onéreux de les accuser de tous les maux !
Et surtout, la prévention exigerait de reconnaître que les addictions sont un problème social et pas le simple résultat de choix individuels. L’alcoolisme, la toxicomanie et l’addiction aux médicaments se nourrissent de l’angoisse du lendemain, des rythmes de travail et de vie insoutenables, de la mise en concurrence au travail et des pressions répétées qui minent une grande partie de la population laborieuse, parmi laquelle de très nombreux jeunes.
Le sentiment d’impuissance et de désespoir devant l’inhumanité de cette société pousse à la recherche de paradis artificiels, qui ne sont paradisiaques que le temps d’un plaisir fugitif, suivis de l’enfer du manque.
Lutter à la racine contre les addictions, c’est donc aussi lutter contre l’exploitation de la population par les capitalistes.
Or, pour eux, la drogue est aussi un juteux business, en commençant par les drogues légales que sont le tabac et l’alcool. Les fabricants de cigarettes et les producteurs d’alcool sont déjà sur les rangs pour prendre des parts dans le marché du cannabis. Et que dire de ces firmes pharmaceutiques dont les opioïdes comme le fentanyl ont fait des centaines de milliers de victimes. Ces marchands de mort ont pignon sur rue et ont leurs entrées dans tous les gouvernements pour maintenir leur droit à empoisonner. Cela n’est pas nouveau et on pourrait remonter au XIXe siècle, quand les entreprises anglaises ont introduit l’opium en Chine, transformant la consommation récréative d’une minorité en catastrophe faisant des millions de victimes. Tout ça avec l’appui de l’armée anglaise, qui est intervenue quand le gouvernement chinois a tenté d’interdire la vente de l’opium.
Si les capitalistes avaient le moindre souci de la santé des travailleurs, cela se saurait !
Dans sa quête de profits, le capitalisme se nourrit de tout, même du plus nuisible, des engins de mort aux produits toxiques, pourvu que ça rapporte ! C’est bien le signe de son pourrissement. C’est pourquoi la prévention ne peut être que radicale, par un changement profond de la société, qu’il faut remettre sur ses pieds et faire fonctionner d’abord au service de l’humanité.