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Les élections ne changent rien, notre parti est celui de la révolution

Avec les élections fédérales, régionales et européennes qui approchent, la saison des promesses et des grandes manœuvres politiciennes a commencé.
Voici Charles Michel qui quitte la présidence du conseil européen pour mener la liste MR aux élections. Didier Reynders s’y serait bien vu, mais on l’a recalé, alors il va candidater ailleurs. Chacun se repositionne pour l’intérêt supérieur… de sa carrière.
A la télé, les présidents de partis ont joué le jeu du débat public devant les caméras de RTL. En réalité, quels que soient leurs programmes respectifs, quelles que soient les promesses qu’ils ont faites à leurs électeurs, tout se jouera après les élections, quand ils négocieront entre eux, dans le plus grand secret, leurs accords de gouvernement.
Le programme des partis de droite comme le MR, on le connaît : réduction des impôts pour que les riches soient plus riches. A gauche, le PS relance l’idée de taxer les grandes fortunes, mais il sait très bien qu’il n’aura aucun moyen pour le faire. Car, au-delà de ce simulacre de démocratie, les partis politiques sont surtout au service de la bourgeoisie.
Les bénéfices des entreprises ont explosé ces dernières années. Les actionnaires et les grands patrons sont de plus en plus riches, tandis que le reste de la population subit de plein fouet les conséquences d’une inflation qu’on n’avait plus vue depuis longtemps. Même dans des pays comme la Belgique où l’indexation diminue avec retard les effets de la hausse des prix, la situation s’est aggravée pour les couches populaires.
Depuis deux siècles que le capitalisme règne sans partage sur la planète, que nous a-t-il apporté ? Des guerres mondiales et des conflits militaires permanents, qui sont la conséquence des luttes des grandes puissances pour contrôler le monde. La colonisation et le pillage des pays dits du tiers monde. La pollution de l’eau, de l’air et le dérèglement climatique par des industriels qui se soucient de leur portefeuille plus que de la santé des populations.
Et pendant tout ce temps, toutes les combinaisons de partis se sont succédé au pouvoir dans tous les pays sans que cela change quoi que ce soit. Si le capitalisme était un progrès, ses défenseurs auraient largement eu l’occasion de le prouver, puisqu’ils ont été au pouvoir tout ce temps-là.
Aujourd’hui, il faut le vouloir pour ne pas voir que la société va dans le mur.
Pourtant, aucun des grands partis en lice ne met en avant l’idée qu’il faudrait en finir avec le capitalisme. Les débats portent sur les taxes, les voitures de sociétés et autres fadaises alors que l’ensemble de la planète s’enfonce dans la guerre, la misère et la pollution.
Sans changement radical, les conditions de vie et de travail de la majorité continueront d’être attaquées par un capitalisme offensif, qui réclame entre autres la fin de l’indexation. Les politiciens continueront à nous opposer les uns aux autres par une concurrence fratricide, voire par de nouvelles guerres où nous serons sacrifiés.
Un monde où une minorité d’ultra riches prospère sur la misère de l’immense majorité de la population n’a pas d’avenir.
Cette majorité silencieuse n’a pas de porte-parole, ni dans ces élections, ni dans la société en général. Elle aurait besoin d’un parti à elle, un parti qui serait dirigé par des femmes et des hommes issus du monde du travail, des travailleurs, des chômeurs, des pensionnés et pas par des politiciens professionnels.
Ce parti dénoncerait l’emprise des capitalistes sur la société et toutes ses conséquences catastrophiques pour nous et les générations qui viennent. Et il organiserait les luttes contre les attaques du patronat tout en préparant le monde du travail à prendre la société en main à la place des capitalistes.
N’oublions pas que si cette société fonctionne, c’est justement grâce au travail inlassable des milliards de sans grade qui, sur les cinq continents, produisent la richesse qui finit dans les coffres en banque des exploiteurs. Sans la bourgeoisie et ses politiciens, les travailleurs produiraient pour eux-mêmes, n’auraient aucune raison de se faire la guerre et pourraient choisir des moyens de produire qui soient respectueux de l’environnement.
Pour y parvenir, il faudra chasser les capitalistes du pouvoir. Aujourd’hui plus que jamais c’est urgent. Et c’est pour cela que nous avons besoin de retrousser nos manches et de reconstruire ce parti révolutionnaire qui nous manque.

Guerre au capitalisme !

L’année achevée aura été celle des deux guerres.
Dans le conflit palestinien, l’assassinat d’un dirigeant du Hamas au Liban montre que le gouvernement de Netanyahou est prêt à prendre le risque d’étendre le conflit à l’échelle de toute la région, d’autant plus que l’objectif de plus en plus déclaré d’Israël est la recolonisation de Gaza et l’expulsion de ses deux millions d’habitants arabes vers les pays voisins.
En Ukraine, le conflit s’enlise dans une guerre de tranchées tandis que les missiles continuent à pleuvoir sur les zones résidentielles, faisant leur lot de morts civiles à chaque fois.
A ces deux conflits militaires majeurs s’ajoutent tous les conflits régionaux, au Yemen depuis des années, en Arménie ou ailleurs, qui éclatent sans cesse depuis des dizaines et des dizaines d’années.
Et le ton monte entre le Venezuela et le Guyana, soutenu par les États-Unis qui défendent les visées du groupe pétrolier Exxon Mobil sur le pétrole vénézuélien.
Ces guerres, grandes ou petites, prennent chacune des prétextes différents, frontières, nationalités, religion, mais ils ne peuvent cacher l’omniprésence des luttes d’influence des grandes puissances, les États-Unis en tête, pour dominer économiquement le monde. Ce sont ces puissances qui arment les milices, les gouvernements ou les mouvements de résistance qui leur sont favorables. Les « démocrates » de l’ouest s’insurgent contre les dictateurs de l’est, mais soutiennent les dictatures qui les arrangent en Arabie Saoudite ou ailleurs.
Dans les pays en guerre, l’appétit de puissance des dirigeants impérialistes se traduit en blessés, morts et déplacés parmi les populations laborieuses. Ce sont elles qui paient le prix le plus élevé, mais ce sont des riches capitalistes qui ramassent les dividendes, bien à l’abri à des milliers de kilomètres de là. L’inflation des prix de l’énergie, de l’alimentation et des transports s’est transformée en jackpot pour les plus riches, qui sont devenus encore plus riche cette année. Leur argent a le goût du sang.
Les bourses font la fête pendant que de simples travailleuses et travailleurs meurent. Les chiffres donnent le tournis, deux à trois cent mille morts en Ukraine dans les deux camps, plus de vingt mille à Gaza, plus de cent cinquante mille au Yemen. Voilà le vrai prix des actions en bourses. Voilà les conséquences de cette société dont la folie de profits est devenue une folie meurtrière à grande échelle. Une fois de plus, peut-on dire, puisque la Première et la Seconde guerre mondiale ont déjà montré jusqu’où les capitalistes peuvent aller quand leurs conflits économiques les amènent à des conflits militaires, par travailleurs interposés.
Au-delà de la guerre, il y a la destruction systématique de la planète qui menace de transformer des populations entières en migrants climatiques. A nouveau, ce seront les plus pauvres qui prendront la route, tandis que les riches iront se mettre à l’abri dans l’un ou l’autre paradis artificiel. Les 1% les plus riches ont produit plus de CO2 que les cinq milliards les plus pauvres. Il faudrait un million d’éoliennes pour compenser leur bilan carbone ! Mais c’est aux couches laborieuses de la société que les gouvernements veulent imposer l’austérité et les privations.
Les bourgeois déclenchent des guerres, mais ce sont des travailleurs qui meurent sous les bombes. Les bourgeois détruisent la planète mais c’est aux travailleurs d’en assumer les conséquences. Les bourgeois s’enrichissent, mais ce ne sont pas eux qui travaillent.
En Europe, aux Etats-Unis, les bourgeois mènent aussi une guerre économique et politique contre les travailleurs, par des attaques sur les salaires, les pensions et le détricotage des services publics à la population. Une extrême droite arrogante se développe en Europe, du Vlaams Belang au Rassemblement National, en passant par les Frères d’Italie de Meloni ou le Fidesz de Victor Orban. Trump aux USA et Milei en Argentine sont du même acabit. Leur programme commun se résume à diviser les travailleurs, à attiser la haine entre européens et « étrangers », pour se préparer à attaquer ce qu’il reste d’acquis sociaux.
Les capitalistes et leurs politiciens sont en ordre de marche pour mener une guerre sociale, politique et bientôt policière au monde du travail. Travailleuses, travailleurs, notre sort est entre nos mains et elles seules. Notre espoir, c’est d’abattre le capitalisme. Notre force, c’est notre nombre. Notre arme, c’est notre organisation. Nous devons nous préparer à mener notre propre guerre, une guerre de classe contre le système capitaliste, pour le remplacer par une société communiste, juste et égale, sans guerres ni conquêtes.

Ici ou ailleurs, le capitalisme c’est la guerre

La guerre qui fait rage en Ukraine depuis deux ans a causé la mort de centaines de milliers de personnes, auxquelles s’ajoutent les blessés, les déplacés, les destructions sans fin. En Palestine, Israël a repris son opération meurtrière contre la population de Gaza.
Dans ces deux conflits, il est évident que les prétextes invoqués par les gouvernements russes, européens, américains ou israéliens, n’ont rien à voir avec les causes réelles de ces catastrophes. La Russie et les pays occidentaux sont en conflit pour la domination d’une zone économique et, plus généralement, pour défendre leur place dans l’économie mondiale. Des soldats russes et ukrainiens meurent tous les jours pour leur pays ou pour la démocratie, mais ils défendent en réalité les intérêts des grands groupes industriels, financiers ou pétroliers, dont Poutine et Zelenski ne sont que les sinistres serviteurs.
Le gouvernement de Netanyahou prétend assurer la sécurité des juifs israéliens et brandit le droit de se défendre. Si l’État israélien voulait la sécurité de ses citoyens, il ferait la paix. Au contraire, il entretient la guerre, dans le pays, en Palestine et contre ses voisins, afin de mobiliser sa population pour la défense du parrain américain. En face, le Hamas se présente comme le défenseur de la cause palestinienne, mais il brigue en réalité une place à la table des dirigeants reconnus.
Le rouleau compresseur médiatique présente ces guerres comme la lutte du bien contre le mal, de la civilisation contre la barbarie. Nos gouvernements soi-disant civilisés ont soutenu depuis toujours les pires dictatures, les Pinochet, les Mobutu, y compris les Poutine quand ça les arrange. Fabriquer des millions de tonnes de munitions destinées à être déversées sur des populations civiles, des écoles et des hôpitaux, détruire la planète, réduire des populations à la misère et à la famine, c’est ça la civilisation pour laquelle nous devrions nous battre ?
Cette « civilisation », c’est le capitalisme, et c’est la pire des barbaries que l’histoire ait produite.
Les guerres qui se mènent aujourd’hui ont pour premières victimes les classes populaires. Ce ne sont pas les riches sultans ou les oligarques qui se retrouvent sur les champs de bataille ou sous les bombes, mais de simples travailleurs qui n’ont aucune raison de se battre les uns contre les autres.
Derrière les politiciens qui commandent les armées, il y a des fabricants d’armes, des financiers, des industriels de l’acier, du béton et du pétrole. Chaque mort, chaque immeuble détruit, leur rapportent de l’argent.
Oui, les capitalistes mènent une guerre atroce aux peuples. Ils la mènent à l’échelle de la planète, par les armes, mais aussi par toutes les destructions que leur économie cause sur l’environnement.
Et ici, même si ce n’est pas la guerre, ils mènent une guerre sans pitié aux couches populaires. Certes, cela prend une forme en apparence plus « soft », mais combien de familles vivent dans des conditions inacceptables, en ayant du mal à se chauffer, à remplir le caddie au supermarché, à nourrir et soigner les enfants. C’est une mort à petit feu.
L’année dernière et cette année ont été marquées par une inflation ravageuse – ce qui n’empêche pas les patrons belges de réclamer la fin de l’indexation afin de précariser encore plus les travailleurs et les rendre encore plus corvéables. Des patrons qui se sont enrichis par milliards justement grâce à cette inflation, en particulier les groupes agro-alimentaires et pétroliers, dont les profits ont augmenté de façon faramineuse.
Ce sont ces mêmes groupes pétroliers qui continuent obstinément à polluer parce que cela leur rapporte, et ces mêmes groupes agro-alimentaires qui répandent des produits chimiques dans les champs et empoisonnent leurs travailleurs et les réserves d’eau.
Ces mêmes patrons, grands et petits, réclament la fin de l’indexation des salaires afin de précariser encore plus les travailleurs et de les mettre encore plus à leur merci. Et ils trouvent des politiciens complaisants pour les aider à coups d’austérité et de politiques antisociales.
Il y a des guerres et des luttes locales mais une seule lutte de classes et elle est mondiale. Les milliards des travailleuses et travailleurs de la planète y sont confrontés à quelques grands capitalistes qui les exploitent, les oppriment et parfois les tuent. Nos dirigeants voudraient qu’on se haïsse pour des raisons de frontières, d’origines ou de religion. Cette division ne sert qu’à mieux nous exploiter. Elle est un piège et si le monde du travail parvient à l’éviter et à s’unir par-delà les différences pour chasser les capitalistes du pouvoir, alors il sera possible de mettre en place une société juste dans laquelle chacun aura sa place et personne ne devra s’inquiéter pour sa survie ou son avenir

En Palestine, un peuple assassiné par un État terroriste au service de l’impérialisme

L’annonce d’une trêve de quatre jours pour l’échange d’une partie des otages retenus par le Hamas est un soulagement pour la population Gazaouie mais il sera de courte durée.
Depuis sept semaines maintenant, Israël a écrasé la bande de Gaza sous un tapis de bombes. Le bilan approximatif s’élève déjà à 14 000 morts. Après avoir bombardé le nord, Netanyahou fait maintenant pilonner le reste de l’enclave, ne laissant à la population plus aucun endroit pour se réfugier. L’armée tire sur les civils en fuite, sur les camps de réfugiés, sur les écoles et les hôpitaux. L’épisode de l’hôpital al-Shifa, pris d’assaut par l’armée israélienne après avoir été en partie détruit par l’aviation montre que l’État israélien ne recule devant aucune horreur. Les images de bébés prématurés en train de mourir sont insoutenables.
Les Gazaouis qui ont survécu doivent survivre sans eau, sans électricité et, bien sûr, sans soins.
Ça, ce sont les faits.
Ils démontrent que l’objectif du gouvernement israélien est de semer la terreur dans la population palestinienne. Les partis de droite et d’extrême droite au pouvoir en Israël soutiennent depuis des années la colonisation. Jour après jour, le territoire palestinien a été réduit à peau de chagrin, tandis que la population laborieuse doit subir les exactions de l’armée, les files d’attente à tous les checkpoints, quand ce ne sont pas les attaques physiques des colons. Il était évident que la région était une poudrière sur le point d’exploser.
Dans un tel contexte, qui dure depuis 70 ans, l’attentat du Hamas, aussi horrible soit-il, a pris une allure de revanche pour beaucoup. Mais quand on voit comment les politiciens israéliens ont mis de l’huile sur le feu depuis des années, il est évident qu’il a aussi servi de prétexte à déclencher cette opération de répression terroriste de la part d’Israël.
Alors, la trêve annoncée sera la bienvenue, mais rien n’est résolu. Comment cela serait-il possible tant que cette colonisation perdure ?
La situation des Palestiniens est le cadet des soucis pour les dirigeants occidentaux. Certes, ils se sont réjouis à l’annonce du futur cessez-le-feu, mais certains, comme Joe Biden, s’étaient refusés à exiger un cessez-le-feu, invoquant le droit d’Israël à se défendre et le fait que le Hamas est une organisation terroriste.
C’est un prétexte hypocrite. On voit mal contre qui Israël se défend en bombardant des hôpitaux. Est-ce que la présence, non prouvée, de combattants justifie de tuer la plupart des civils qui s’y trouvent ? Depuis des années, ce sont les Palestiniens qui subissent des attaques mais personne parmi les dirigeants des pays riches ne parle de leur droit à se défendre.
Ce n’est pas un hasard si l’ensemble des gouvernements s’aligne derrière Israël, ni s’ils ont fermé les yeux depuis des dizaines d’années sur les exactions dans les territoires occupés et toléré que l’État hébreu s’assoie sur les résolutions de l’ONU. Leur passivité devant la tuerie de masse qui se déroule depuis un mois et demi à Gaza montre une fois de plus leur complicité.
Car, oui, il s’agit bien de complicité. Israël a été un espoir pour des millions de juifs qui recherchaient un havre de paix après le génocide de la Seconde Guerre mondiale. Les pays impérialistes, l’Angleterre jusqu’en 1948, les Etats-Unis ensuite, se sont appuyés sur ce rêve pour créer un fossé entre les populations juive et arabe qui coexistaient jusque-là pacifiquement. L’isolement de la population juive, minoritaire dans la région, a rendu l’État hébreu dépendant du soutien économique et militaire américain et européen. En échange de ce soutien, il leur sert de gendarme dans la région. Israël est intervenu dans la guerre du Liban des années 1980, contre la Syrie à de multiples reprises et envoie ses missiles frapper en Irak et en Iran.
En montrant qu’il ne recule devant aucune horreur, Israël envoie un signal non seulement à la population palestinienne, mais à toutes celles de la région, leur montrant clairement ce qu’elles risquent si elles venaient à se révolter et à déstabiliser l’ordre voulue par les USA et l’Europe.
Car c’est bien ça qui leur fait peur. On peut s’arranger avec les gouvernements mais pas avec les peuples. Netanyahou négocie avec le Hamas, les Etats-Unis avec l’Iran. Toutes ces négociations se font sur le dos des populations qui sont maintenues dans la misère et dont les dirigeants craignent l’inévitable colère.
On ne peut qu’espérer qu’elle éclate et qu’elle balaie ces parasites que sont les capitalistes, grands et petits.

En Palestine, une impasse sanglante

Depuis les attentats du Hamas du 7 octobre, Israël a déclenché une tempête de feu sur la bande de Gaza. Les dernières estimations portent à près de 9000 le nombre de morts parmi la population civile, mais il y en aura probablement bien plus. Cette vengeance aveugle prend pour cible une population déjà éprouvée par des années de survie dans ce que l’on peut appeler une prison à ciel ouvert. Comment appeler cela autrement que du terrorisme ? Mais il s’agit d’un terrorisme d’État et surtout d’un État allié aux grands pays impérialistes qui règnent en sous-main dans la région, en premier lieu les États-Unis. Ceux-ci et leurs alliés européens se contentent de demander hypocritement et avec une fausse fermeté à l’État israélien de faire preuve de mesure et d’accepter un cessez-le-feu.
En réalité, ce sont eux qui ont semé les graines de la situation actuelle en soutenant les gouvernements israéliens successifs dans leur politique de colonisation et de ségrégation vis-à-vis des Palestiniens. Le désespoir dans lequel les Palestiniens ont été maintenus par cette politique a nourri l’influence du Hamas qui se présentait comme la seule organisation qui combattait effectivement l’oppression, à l’opposé du Fatah qui avait troqué la kalashnikov contre le costume cravate lorsque l’Autorité Palestinienne a été créée par les accords d’Oslo en 1993.
Comment y voir clair quand le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, que ce soient les juifs ou les arabes(,) sert de prétexte à priver d’autres peuples de ce même droit ?
Le piège dans lequel les peuples du Moyen-Orient sont enfermés est celui du nationalisme, cette idéologie qui voudrait que nous nous sentions liés par les liens d’une nation issue d’ancêtres communs, d’une culture commune ou d’une religion commune. Le nationalisme est ce qui permet aux capitalistes de jeter des peuples les uns contre les autres dans des guerres fratricides où des travailleurs tuent d’autres travailleurs, tandis qu’eux, les capitalistes, en retirent les bénéfices en vendant des armes et en étendant leurs zones d’influence. Dans ces guerres, la nation ou la religion ne servent que de prétexte. Cette union contre nature des travailleurs et des patrons derrière le drapeau national, permet à ces derniers de cacher la lutte des classes.
L’État hébreu s’est posé en défenseur des juifs à la suite de la Seconde Guerre mondiale. En réalité, il n’a défendu que les intérêts des impérialistes américains qui avaient besoin d’une tête de pont dans la région. Et Israël a fidèlement servit de gendarme dans tous les conflits régionaux, face à l’Iran ou la Syrie. Mais il ne défend pas les Israéliens, il les maintient dans une impasse sanglante.
Réciproquement, l’OLP – l’Organisation de Libération de la Palestine, dont le Fatah fait partie – a prétendu défendre la population palestinienne contre la colonisation. En réalité, cette organisation n’a défendu que le droit des bourgeois palestiniens à disposer de leur propre État. Il n’est donc pas surprenant que sa combattivité ait disparu avec la création de l’Autorité palestinienne. Or, les besoins de la population travailleuse, des ouvriers et des paysans, n’ont pas été satisfaits dans les accords d’Oslo. Ils n’ont pas ouvert les frontières à ceux qui cherchaient du travail, ils n’ont pas supprimé les check-points et autres vexations permanentes de l’armée israélienne. Ils ont juste transformé toute la région en immense camp de réfugiés.
Il est logique dès lors que chaque jour la colère et la frustration de la jeunesse grandissent, ainsi que la haine vis-à-vis de l’oppresseur, y incluant indistinctement l’État hébreu et la population israélienne qu’il prétend représenter. C’est sur cette colère que le Hamas a prospéré. Dans le fond, il ne cherche rien de bien différent du Fatah : le pouvoir sur la population palestinienne. Pour avoir son soutien, il a besoin de maintenir son image de résistance, quitte à mener l’ensemble de la population dans une guerre.
Plus le sang coulera, plus les tendances ultranationalistes, intégristes, racistes accroîtront leur emprise de part et d’autre. Il n’y aura pas de paix tant que les peuples palestiniens et israéliens n’auront que les perspectives nationalistes que leurs proposent leurs États respectifs, avec la bénédiction des impérialistes qui ont intérêt à faire perdurer le conflit et les divisions entre les peuples.
La paix ne pourra venir que lorsque les populations de la région s’uniront contre leurs dirigeants respectifs qui non seulement ne les protègent pas mais les exploitent et les maintiennent dans la guerre. Pour cela elles auront comme adversaires les pays impérialistes et comme alliés les travailleuses et travailleurs de ces pays qui, comme eux, subissent le capitalisme et comme eux aspirent à vivre en paix.
Nationalisme et guerre sont les fruits pourris du capitalisme, c’est à lui qu’il faut faire la guerre.

En Palestine comme ailleurs, le capitalisme engendre la guerre

L’attaque du Hamas, lancée dans la nuit du 7 octobre dernier est un épisode sanglant de plus qui a relancé la guerre en Palestine – une guerre qui n’a jamais vraiment cessé depuis 70 ans.
La réponse d’Israël a été du même ordre : des milliers de civils palestiniens ont déjà péri sous les bombardements aveugles de l’armée. Or, le massacre de Palestiniens innocents n’est pas plus acceptable que le meurtre d’Israéliens innocents. Le terrorisme d’État d’Israël n’est pas plus légitime que le terrorisme du Hamas. Ce sont les deux faces d’un même monstre, dont les deux populations sont les victimes.
C’est un cycle infernal mais ni l’État israélien, ni le Hamas ne veulent en sortir. Les faucons des deux bords se maintiennent depuis des années au pouvoir grâce à cette guerre larvée permanente. La montée en puissance du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a été la conséquence de la politique agressive d’Israël où les tendances jusqu’au-boutistes n’ont cessé de se renforcer depuis vingt ans. Le mouvement islamiste représentait la résistance contre l’occupant et il était auréolé du sacrifice de ses militants. Dès le début, dès même les années septante, les dirigeants israéliens voyaient d’un bon œil ce concurrent à l’OLP, qui était à l’époque leur ennemi principal. Et depuis, ils utilisent l’extrémisme du Hamas comme prétexte pour durcir leur politique et refuser toute concession pour la création d’un état palestinien.
Le gouvernement israélien et le Hamas sont tous deux opposés à la paix. C’est une des raisons pour laquelle nous disons qu’ils sont avant tout les ennemis de leurs propres peuples.
Mais ils ne sont eux-mêmes que les marionnettes consentantes des intérêts des grands pays impérialistes. La guerre en Palestine n’est pas une guerre de religions, ni une guerre pour des « valeurs » comme voudraient le faire croire les dirigeants européens et américains. Comme en Ukraine, où la question de la religion n’est évidemment pas posée, la guerre de Palestine est avant tout la conséquence des rivalités des grandes puissances capitalistes pour dominer le monde.
La concurrence capitaliste n’est pas limitée aux prix de production, c’est avant tout une lutte implacable pour contrôler des marchés sur lesquels écouler la production, et pour disposer de la main d’œuvre et des matières premières pour les produire.
Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis sont devenus la première puissance mondiale. Il y avait d’une part la « guerre froide » contre l’Union Soviétique, mais aussi la concurrence entre les alliés occidentaux pour contrôler le Moyen-Orient et ses ressources infinies en pétrole. Pour obtenir les faveurs des pays arabes, l’Angleterre freinait la création de l’État d’Israël, qu’elle avait pourtant soutenue avant-guerre. De leur côté, les États-Unis voyaient bien l’avantage qu’ils pouvaient tirer de la création d’un nouveau pays qui dépendrait d’eux pour sa survie, tant il serait isolé au milieu de nations hostiles.
Ils ont dès lors donné leur feu vert à la création d’Israël et fermé les yeux sur les déplacements massifs de la population palestinienne, chassée par la guerre, enfermée et massacrée dans des camps, utilisée comme main d’œuvre à bon marché. La création de l’autorité palestinienne en 1993 a transformé l’ensemble des territoires de Cisjordanie et de Gaza en prisons à ciel ouvert. Le reste des pays riches a fini par s’aligner sur la politique américaine et si certains pays européens se faisaient les porte-paroles du droit des Palestiniens à un État, c’était plus pour courtiser les pays arabes que par un quelconque sentiment de justice.
Le soutien indéfectible des USA et de l’Europe à Israël n’a rien d’un combat contre l’antisémitisme, comme ils le prétendent. Il s’agit pour eux de protéger leur allié et défenseur dans la région. La politique de vengeance aveugle de l’État israélien n’a pas fini de faire son lot de victimes. Elle ne fera qu’accroître encore plus la haine entre les peuples pour des dizaines d’années encore. C’est une politique injuste et catastrophique, pour les deux populations.
La guerre fait déjà rage en Ukraine, elle se ravive en Palestine. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle se propage ailleurs tant les tensions internationales sont aigues.
La seule chose qui puisse mettre un terme à cette folie, ce serait que les peuples s’unissent contre leurs oppresseurs et mettent un terme définitif au capitalisme, à la misère et aux guerres

Israéliens et Palestiniens dans le piège sanglant de l’impérialisme

Le Moyen-Orient est à l’image d’un monde soumis à la domination impérialiste de la bourgeoisie : un immense brasier. Après l’Irak et la Syrie, la guerre embrase de nouveau Israël et Gaza, menaçant toute la région d’une nouvelle conflagration.
Cette situation a été créée par les manœuvres des puissances impérialistes, au siècle dernier, où elles découpaient le monde en traçant les frontières garantissant leur hégémonie. Et le Moyen-Orient, riche en pétrole, était l’objet de toutes leurs convoitises.
C’est ainsi que les Palestiniens et les immigrants juifs se sont retrouvés au milieu d’un champ de bataille. Les premiers vivaient sous la domination britannique, déjà contestée par la puissance américaine. Quant aux seconds, ils arrivaient dans la région, fuyant les pogroms antisémites ou rescapés des camps d’extermination.
Il y avait de la place pour les deux peuples. Mais les prétendus protecteurs de la région n’ont rien fait pour favoriser cette coexistence. Ils ont, au contraire, joué un peuple contre l’autre, pour assurer leur influence.
En 1948, les États-Unis soutinrent la création d’Israël en tant qu’État juif. Les Palestiniens en furent chassés en masse, transformés en réfugiés à vie dans des camps surpeuplés ou en citoyens de seconde zone en Israël. Les Israéliens devinrent les gardiens de cette prison.
Les Palestiniens ont été spoliés de leurs terres, expulsés de leurs maisons et enfermés, notamment dans cette prison à ciel ouvert qu’est Gaza. Les deux millions de Gazaouis sont collectivement punis par un blocus qui leur impose des conditions de vie innommables, quand leurs immeubles ne sont pas bombardés par l’armée d’Israël. Cette politique a un nom : le terrorisme d’État.
Dans les deux camps, les politiques nationalistes ont contribué à porter au pouvoir les plus extrémistes. En Israël, Netanyahou gouverne désormais avec les ultranationalistes religieux et racistes. Son gouvernement a intensifié la colonisation de la Cisjordanie, aggravé les mesures d’apartheid et encouragé les milices d’extrême droite à terroriser les Palestiniens.
À cette terreur d’État, le Hamas a opposé une politique qui mène les Palestiniens dans l’impasse. Celle-ci ne témoigne pas seulement d’un mépris pour la vie des civils israéliens, mais aussi pour la vie de son propre peuple, les Palestiniens de Gaza, de nouveau soumis à l’enfer des bombardements. Ceux-ci n’ont d’ailleurs pas le choix car le pouvoir du Hamas s’exerce comme une dictature.
Si le Hamas a soudé nombre de Palestiniens derrière lui, c’est qu’il est le seul à offrir une issue à la révolte qui bouillonne dans la jeunesse palestinienne. Mais la politique du Hamas, comme celle de Netanyahou, ne fait que creuser un fossé de sang entre les deux peuples.
Ces 75 années de politiques nationalistes de part et d’autre, des plus modérées aux plus extrémistes, ont conduit à la situation terrifiante actuelle. Elles démontrent qu’un peuple qui en domine un autre ne peut vivre en sécurité, ni être un peuple libre.
Le drame, c’est que les pires nationalistes sont encouragés par le climat guerrier créé par la guerre en Ukraine et les discours belliqueux des dirigeants des grandes puissances. C’est vrai en Azerbaïdjan, au Haut-Karabakh ou au Kosovo, où s’affrontent Albanais et Serbes.
Contre cette évolution catastrophique, affirmons que des peuples différents, parlant des langues différentes et ayant des coutumes ou des religions différentes, peuvent parfaitement vivre côte à côte. Ils l’ont souvent fait au cours des siècles passés.
Pour y réussir, il faut combattre les dirigeants actuels de la société, et d’abord la bourgeoisie impérialiste qui dresse les peuples les uns contre les autres. Diviser pour régner est la base de sa politique de domination. Ne marchons pas !
Ni les peuples ni les travailleurs n’ont d’intérêt à ces divisions. Ils partagent tous la même aspiration à vivre en paix. Ils peuvent trouver un terrain d’entente dans le fait qu’ils partagent tous une vie de labeur, une vie d’exploitation. Nos dirigeants nous rassemblent dans l’exploitation, ne les laissons pas nous diviser !
Partout il y a, comme ici, des travailleurs en butte à leurs gouvernants. Assimiler le peuple palestinien à la politique du Hamas, ou identifier les Israéliens à la politique de Netanyahou et des colons est aussi stupide que ranger les Belges derrière De Croo ou Bouchez.
En Israël, des travailleurs palestiniens et israéliens travaillent souvent ensemble. Il faut qu’ils retrouvent la conscience de leurs intérêts communs. Seule cette fraternité de classe pourra créer l’élan susceptible de dépasser les haines accumulées au cours de décennies d’affrontements

Les casseurs sont au gouvernement

Ce jeudi 5 octobre, les syndicats ont appelé à manifester contre la loi du ministre de la Justice, Van Quickenborne, qui permettrait d’interdire à toute personne ainsi condamnée de participer à toute manifestation, pendant 3 à 5 ans. La loi parle d’atteinte grave aux personnes ou aux biens. La notion de gravité est toute relative et ceux qui vont en juger sont des magistrats qui ne sont en général pas du côté des manifestants.
La police se permet déjà, lors de manifestations, de matraquer qui elle veut ou d’arrêter qui bon lui semble.
Mais on se doute bien qu’il ne s’agit évidemment pas de réprimer cette violence-là !
La Belgique n’est d’ailleurs pas la seule à s’être lancée dans cette voie. Macron a pris prétexte, dès 2019, du mouvement des gilets jaunes pour faire passer une loi dite « anti-casseurs » bien plus répressive encore, et qui sert à chaque manifestation avec tous les abus que la presse a rapporté depuis quatre ans.
L’objectif d’une telle loi est d’abord de décourager les manifestations. Les travailleurs ont mille raisons de se révolter contre ce système social injuste, contre les licenciements comme chez Delhaize ou Colruyt, contre l’inflation qui nous éreinte. Il y a de quoi être en colère contre la casse sociale dont le patronat est le premier responsable et dont le gouvernement est complice. Les partis qui se succèdent dans les gouvernements préfèrent empêcher les classes populaires d’exprimer cette colère plutôt que de s’attaquer à sa cause : l’appétit de profit des riches. Pas question pour ces ministres de prendre le moindre centime dans la poche des nantis pour compenser les effets des crises économiques dont ils sont pourtant les premiers responsables.
Cette loi sert aussi au gouvernement à envoyer un signal au patronat pour lui dire qu’ici aussi en Belgique, les partis au pouvoir sont prêts à réprimer les futures tentatives du monde du travail de résister. Ils le font avec d’autant plus d’empressement qu’ils se sentent menacés sur leur droite par la N-VA ou le Vlaams Belang. Ils veulent montrer à la grande bourgeoisie belge qu’elle n’a pas besoin de recourir à l’extrême droite, comme en Italie, pour avoir à son service un gouvernement capable de manier le bâton contre les classes populaires.
Quand les syndicats demandent au PS ou à Écolo de ne pas voter la loi, ils entraînent les travailleurs dans l’illusion que ces partis qui ne remettent pas en question le capitalisme pourraient faire autre chose que jouer la même musique que les autres. En général, ils ne s’opposent à la bourgeoisie que poussés dans le dos par la mobilisation des travailleurs et, en général, pour récupérer le mouvement et le trahir.
Or, c’est justement ce que cette loi leur permettra : ne plus permettre au monde du travail de leur imposer sa volonté.
Certes, ce n’est pas une loi qui va empêcher les mobilisations. N’oublions pas que le droit de grève et celui de manifester sont bien récents. Pendant des dizaines d’années, tout cela était illégal. Eh bien, les travailleuses et les travailleurs l’ont quand même fait.
L’immense majorité des lois, et les forces de répression chargées de les faire appliquer, servent en fait à maintenir l’ordre établi. La première chose que l’État et la loi bourgeoise protègent, c’est la propriété privée. Oh, pas la maison qu’un salarié a pu se payer après des années de patience, mais bien les immenses fortunes amassées par les riches grâce au travail des autres, ainsi que leurs usines et leurs entreprises. La seule chose que craignent les bourgeois, c’est justement la révolte de toutes celles et ceux qui ont sué pour produire leurs richesses, qu’ils ont licenciés, dont ils ont volé le droit à la retraite pour les exploiter encore plus longtemps et dont ils font encore une fois les poches grâce à l’inflation. Toutes les lois sont là pour les protéger et celle-ci en fait partie. Comment pourrait-il en être autrement dans un monde où les plus riches disposent de fortunes parfois supérieures à celles d’un pays ? L’État n’est pas un arbitre au-dessus de la société, il n’est là que pour gérer les affaires de la bourgeoisie afin qu’elle puisse perpétuer sa domination et la police est là pour maintenir l’ordre, mais pas n’importe lequel : l’ordre injuste des riches sur les pauvres.
C’est pour cela que nous disons que l’on ne peut rien en attendre et que les travailleurs n’ont pas d’autre perspective que de lutter eux-mêmes contre chaque injustice économique ou sociale, contre les lois qui les aggravent. Cette lutte ne cessera que lorsque le monde du travail prendra définitivement le contrôle de la société afin de la faire fonctionner pour le bien commun et plus pour l’intérêt d’une minorité.

Maroc : les pauvres paient le prix fort

En dix secondes, le tremblement de terre qui a secoué le Haut Atlas a plongé des dizaines de milliers de Marocains dans le drame. Avec plus de 3 000 morts, des milliers de maisons écroulées et des dizaines de villages entièrement détruits, beaucoup ont tout perdu et se retrouvent littéralement sans rien.
Le bilan de la catastrophe, c’est aussi celui de la misère et de l’abandon par les pouvoirs publics des populations vivant dans cette zone.
La plupart des victimes comptent parmi les pauvres, parce que ce ne sont pas les palais de la monarchie ni les paradis pour touristes qui se sont effondrés. Ce sont les maisons et les villages construits en pisé, parfois accrochés à flanc de montagne. Et eux n’avaient aucune chance de résister au séisme !
Même à Marrakech, ce ne sont pas les quartiers riches qui ont connu les destructions importantes. Les riads prisés des touristes fortunés n’ont pas été touchés, ce sont les immeubles les plus vétustes de la Médina qui se sont écroulés. Le quartier populaire du Mellah a été particulièrement touché. Il avait pourtant fait l’objet de travaux de réhabilitation, pour un coût de 20 millions d’euros d’argent public, il y a huit ans. Mais les habitations « réhabilitées » se sont fissurées et effritées comme les autres lors du tremblement de terre. Résultat de la corruption et de la gabegie, la prétendue réhabilitation n’a consisté pour l’essentiel qu’en un coup de badigeon destiné à créer un joli décor pour les touristes.
Et comme toujours, les plus pauvres, surtout dans les régions les plus reculées, se sont retrouvés abandonnés avec leurs morts et leurs parents ensevelis. Deux jours durant, ils étaient bien souvent seuls à déblayer les gravats à mains nues pour retrouver des survivants. Encore aujourd’hui, beaucoup restent dans une détresse absolue, à dormir à même le sol avec une couverture pour seule protection, sans eau, sans nourriture.
Et le destin, invoqué par certains, a bon dos ! Le risque sismique et la fragilité des maisons étaient connus. Le tremblement de terre d’Al Hoceïma en 2004 avait déjà fait 600 morts dans la région du Rif. Il y a 60 ans, celui d’Agadir en avait fait 12 000…
Mais le roi, qui possède un splendide hôtel particulier de 1 600 mètres carrés sur le Champ-de-Mars, au pied de la tour Eiffel, est sans doute plus intéressé par l’évolution de l’immobilier parisien que par un plan de prévention et de sécurisation des villages, des maisons et des infrastructures…
Exactement comme lors du séisme qui a frappé la Turquie, en février 2023, causant plus de 50 000 morts et celui de janvier 2010 en Haïti – 250 000 morts –, la population est non seulement victime d’une catastrophe naturelle, mais aussi et surtout de la misère et du sous-développement. Et que dire de l’effondrement annoncé des barrages de Derna en Lybie qui a causé 12 000 morts en quelques instants.
Tous les chefs de gouvernement ont fait assaut de bons sentiments pour venir en aide aux Marocains : la France, les États-Unis, le Qatar, le Royaume-Uni, l’Espagne, Israël… et bien sût la Belgique. Cet œcuménisme humanitaire est d’une hypocrisie sans nom ! L’Algérie a de son côté proposé son aide au « peuple frère marocain » alors qu’hier le président algérien et Mohamed VI s’invectivaient et brandissaient un nationalisme agressif visant à creuser un sentiment de haine entre Algériens et Marocains. Mais pas plus aujourd’hui qu’hier, le président algérien Tebboune ne s’intéresse au sort des paysans marocains !
L’hypocrisie des dirigeants européens est sans limite. Aucun ne veut pas rater l’occasion de se montrer généreux, mais ils refusent d’accorder des visas pour les Marocains qui veulent venir ici et ils contribuent à maintenir les travailleurs marocains dans la misère.
Alors, il faut prendre tout le tapage fait autour de l’aide internationale pour ce qu’il est : du cinéma !
L’exemple d’Haïti ou de la Turquie montre d’ailleurs qu’il y a un fossé entre les promesses d’aide et ce qui parvient réellement sur le terrain. La seule aide qui n’échappera pas aux victimes et qui répondra réellement à leurs besoins viendra de la solidarité entre travailleurs.
Celle-ci s’est mise spontanément en place, au Maroc, au travers des réseaux familiaux ou associatifs, où elle a souvent devancé la présence gouvernementale. Elle s’organise aussi, ici, à l’initiative des travailleurs d’origine marocaine, et c’est tant mieux, parce qu’elle donnera du courage aux sinistrés pour surmonter cette catastrophe et reconstruire.
Mais pour reconstruire sur du solide, il faudra bâtir une société dans laquelle les exploités puissent jouir des richesses qu’ils créent. Dans ce but, il faudra s’unir pour renverser tous les régimes au service exclusif de la grande bourgeoisie, les monarchies répressives comme les soi-disant démocraties occidentales !

Guerre économique ou militaire, la lutte des classes ne cesse jamais

C’est la rentrée mais il n’y a pas eu de trêve estivale pour les travailleurs. Pendant tout l’été, les prix ont continué de grimper. Ceux de l’alimentation ont connu une inflation de 14%, alors que les prix des matières premières ont baissé. Les patrons de la distribution en ont profité pour s’en mettre plein les poches.
Ce ne sont pas le seuls, l’industrie pétrolière a fait couler le pétrole et les profits à flots.
Pour ceux qui ont des enfants, la rentrée va aussi coûter plus cher, tant au niveau des fournitures que des vêtements.
Non, il n’y a pas eu de vacances pour les soucis, en tout cas pour le monde du travail.
Les capitalistes ne se contentent pas de nous faire les poches et de pousser les couches populaires dans la misère et la précarité. Pour eux, chaque catastrophe est une nouvelle opportunité de faire des profits supplémentaires. L’incendie à Hawaï est le dernier exemple d’une longue série. Cette catastrophe prévisible n’a rien de naturelle : pylônes électriques vétustes, terrains laissés à l’abandon, tout était réuni pour qu’un incendie se transforme en drame. Et le réchauffement climatique ne cesse de multiplier incendies, canicules et inondations.
Ce qui nous guette, c’est aussi la guerre. Elle non plus n’a pas connu de répit. Les morts ukrainiens et russes se comptent par centaines de milliers, auxquels s’ajoutent les blessés, les déplacements de population et les destructions massives. Tout ça pour une lutte d’intérêts économiques entre l’OTAN et la Russie. La liberté et les droits des peuples ne servent que de prétextes de part et d’autre. Les récentes affaires de corruption en Ukraine ont d’ailleurs montré que le sentiment patriotique était réservé aux prolétaires qui vont se faire tuer sur le front, tandis que les oligarques s’enrichissent en surfacturant les fournitures militaires à l’armée sous l’œil bienveillant du ministre de la Défense.
Quant à l’aide militaire européenne, elle permet de faire couler l’argent public directement dans les poches des marchands de morts. Le budget de la défense belge vient d’être augmenté de 10% à 5 milliards par an, mais les militaires demandent déjà plus du double pour acheter des munitions supplémentaires.
Qu’on ne s’y trompe pas, le gouvernement belge, comme ceux de tous les alliés de l’OTAN, ne font pas cela « pour l’Ukraine », ils le font parce que cela rapporte immédiatement aux marchands d’armes et que cela permet de se positionner sur le futur marché de la reconstruction, dont bénéficieront d’autres capitalistes occidentaux.
Cet argent dépensé en destruction et en morts pourrait servir pour les écoles, les hôpitaux ou à des multitudes d’autres choses réellement utiles à la population. Les caisses sont vides pour la sécurité sociale, mais il y a toujours de l’argent pour engraisser le patronat.
Il serait bien naïf de croire que les budgets militaires ne serviront qu’à défendre le pays. Comment croire que ces ministres et ces patrons, qui attaquent sans cesse et sans pitié les familles pauvres, pourraient avoir tout d’un coup le souci de les défendre ? Bien au contraire, ils n’auront aucune hésitation à envoyer les enfants de ces mêmes familles se faire tuer sur de nouveaux champs de bataille. Ils inventeront de nouveaux prétextes pour justifier de nouveaux carnages.
La guerre est à nos portes, mais elle n’a jamais cessé et la liste des conflits de ces vingt dernières années remplirait des pages entières, de la Palestine au Yémen, en passant par la Yougoslavie, la Syrie, la Libye, etc. Et aujourd’hui, les discours belliqueux vis-à-vis de la Russie et de la Chine préparent les esprits à de futurs conflits mondiaux au nom des valeurs de l’Occident. Mais les valeurs des bourgeois, c’est l’égoïsme, c’est de s’enrichir de la misère et du malheur des autres, c’est de laisser les migrants se noyer dans la Méditerranée. Leurs valeurs ne sont pas les nôtres !
Crise économique, dérèglement climatique, guerres à répétition, voilà tout ce que le capitalisme nous apporte. Aujourd’hui, les travailleuses et travailleurs du monde entier ont plus que jamais intérêt à s’unir pour y mettre un terme, pour mettre en place une société où les ressources seraient gérées de façon durable, où ni nourriture, ni logements, ni médicaments, ni aucun bien essentiel ne seraient plus des marchandises. Les capitalistes nous mènent à une catastrophe générale, le monde du travail est le seul à pouvoir l’éviter.