Voilà un an que la guerre en Ukraine a commencé. Nul ne peut en ignorer les ravages : 200 000 morts, des millions de déplacés, des familles démunies qui se demandent comment elles vont passer l’hiver. La destruction des infrastructures, routes, écoles, hôpitaux, centrales, est une catastrophe supplémentaire dont les conséquences vont se faire sentir pendant des années.
Les justifications de Poutine pour déclencher cette guerre sont tout aussi mensongères que les déclarations des pays de l’OTAN qui prétendent défendre la démocratie et le droit des peuples. Leur propagande présente la Russie comme un agresseur face à des pays « pacifistes ». Or l’histoire récente montre bien qu’ils n’ont pas hésité à se lancer eux-aussi dans des aventures guerrières. Ils ne sont pacifistes que quand ils peuvent imposer leur volonté au monde par leur simple poids économique.
Cette guerre est le fruit d’une concurrence féroce pour décider qui va contrôler les ressources minières, agricoles et humaines de l’Ukraine. Elle n’est qu’un épisode de plus dans l’histoire sanglante du capitalisme.
La folie de la concurrence entre capitalistes fait que seuls les plus gros survivent, elle leur impose une fuite en avant dans la surproduction et cela rend rapidement les frontières nationales trop étroites pour les mastodontes de l’industrie et de la finance. Cette bataille se mène depuis plus d’un siècle à l’échelle mondiale.
Dans cette course au profit, les gouvernements de chaque pays ont pour rôle défendre les intérêts de leur propre bourgeoisie en lui assurant les meilleurs accords, les meilleurs accès à des marchés captifs et aux matières premières. Historiquement, cela explique les politiques de colonisation à l’œuvre au 20ème siècle.
Aujourd’hui la colonisation est indirecte. USA, Europe, Japon, Chine, Russie se partagent des zones d’influence économique et politique sans cesse remises en cause en fonction de leurs rapports de force. C’est la loi du plus fort et si le plus faible la refuse, cela se tranche par les armes, par la guerre, qui n’est donc que la continuation sanglante du combat des capitalistes entre eux pour l’accaparement des richesses de la planète et l’exploitation des peuples. Et quand ceux-ci se révoltent, c’est la guerre aussi.
Cette logique mortelle a été à l’origine des deux premières guerres mondiales et de tous les conflits récents, en Syrie, en Afghanistan, au Yémen et maintenant en Ukraine.
La Russie à l’économie déclinante défend son influence sur l’Ukraine tandis que les pays alliés de l’OTAN veulent l’étendre.
Aujourd’hui, le conflit menace de se généraliser. Tous les pays sont sommés de choisir leur camp. Est-ce que la Russie réussira à impliquer d’autres pays de la région ? Est-ce que l’OTAN interviendra directement ? Est-ce que la Chine livrera des armes à la Russie ? Car dans le même temps, le ton ne cesse de monter entre la Chine et les Etats-Unis. Les économies de ces pays sont complètement liées, mais la Chine cherche à sortir de sa situation de dépendance et pour cela elle doit disposer, elle-aussi, de sa zone d’influence et cela ne peut se faire qu’au détriment d’une autre puissance…
L’affaire du ballon espion chinois abattu au-dessus des Etats-Unis, le survol de Taïwan par des drones militaires chinois, sont autant d’étincelles qui testent la volonté de ces géants économiques et militaires à en venir aux mains. Il y a là les germes d’un autre conflit, d’une autre guerre.
Surtout que la guerre, qui est une horreur pour les peuples, est aussi une aubaine pour les fabricants d’armes. Rien qu’à l’échelle européenne, ce sont des milliers de milliards d’euros d’argent public qui vont être consacrés à fabriquer des machines à tuer en masse.
Ce système économique produit la misère, la guerre et la mort. Il ne peut pas en être autrement sans que les travailleurs y mettent un terme. Ils le peuvent car sans eux rien ne fonctionne. Les capitalistes et leurs gouvernements ont besoin d’eux pour tout, y compris pour produire, transporter les armes… et pour se battre.
Le rouleau compresseur de la propagande prépare les esprits à une future guerre, à devoir défendre la démocratie contre la dictature, russe ou chinoise. Or le capitalisme, c’est la dictature, c’est la misère, et les travailleurs n’ont pas à se ranger derrière un exploiteur plutôt qu’un autre.
Préparons-nous au contraire à défendre notre propre camp, à nous unir entre exploités, par-delà les frontières, contre nos propres gouvernements et contre la classe capitaliste qui nous exploite.
Archives pour la catégorie Edito
Une catastrophe bien trop prévisible
Le lundi 6 février, deux tremblements de terre ont frappé à quelques heures d’intervalle la région de Ga-ziantep à la limite de la Turquie et de la Syrie. Leur ma-gnitude de 7,8 en fait des séismes extrêmement destruc-teurs, qui ont complètement ravagé les infrastructures de plusieurs villes de la région. La ville d’Antakya par exemple a été quasi totalement rayée de la carte. Les secousses ont été ressenties à des dizaines de kilo-mètres !
A la date d’aujourd’hui, plus de 19 000 morts en Turquie et plus de 3 000 en Syrie ont été recensés, s’y ajoutent près de cent mille blessés et au moins 300 000 déplacés. Ces derniers n’ont nulle part où aller et sont hébergés dans des conditions plus que précaires alors que l’hiver bat son plein. Certains rescapés du séisme sont morts de froid.
Le président Erdogan a déclaré que le tremblement de terre ressortait de la volonté divine et qu’il n’était pas prévisible. Il a condamné ceux qui critiquaient la lenteur et l’inefficacité des secours.
Cela fait des années que cette région est connue pour ses risques sismiques et étudiée en long et en large par les géologues. Donc, non, ce n’est pas une surprise et l’impréparation n’a d’autre explication que le manque de volonté des gouvernements successifs.
Malgré leur bonne volonté, les secouristes ont été dé-bordés par la situation, ils n’étaient pas assez nombreux pour la tâche : des dizaines de milliers de blessés, de sans-abris à protéger tout en recherchant des survivants dans les décombres. Le constat des habitants a été par-tout le même : trop peu et trop tard. Ils sont en colère mais la réponse d’Erdogan est de mettre en prison les contestataires.
Comment se fait-il en outre que des bâtiments, parfois récents, se soient effondrés comme des châteaux de cartes ? Les normes antisismiques n’ont de toute évi-dence pas été respectées. Il semble que la leçon du tremblement de terre précédent, qui a fait 17 000 morts ait été rapidement oubliée.
Disposer de secours suffisants et de bâtiments résis-tants aux séismes, est une question de choix politique ! C’est le choix de laisser les promoteurs immobiliers construire à bon marché des immeubles en carton-pâte. C’est le choix d’investir dans une armée qui est bien plus efficace dans la répression contre les Kurdes que pour secourir les populations civiles.
De l’autre côté de la frontière, la situation est encore pire. La Syrie est déjà en ruines, conséquence d’une guerre civile, qui fit particulièrement rage dans cette région, proche d’Alep. La ville et ses environs a été occupée par l’État Islamique puis bombardée sans re-lâche par les avions alliés et surtout russes. Les hôpi-taux de la région ne fonctionnaient déjà quasiment plus avant le séisme, faute de médecins, par manque de ma-tériel et tout simplement de fuel pour les groupes élec-trogènes qui ne fonctionnent qu’une heure par jour. Rien n’a été reconstruit depuis la guerre et la région souffre de telles pénuries d’eau que des maladies telles que le choléra ont fait leur apparition.
Cette situation est le résultat de l’embargo internatio-nal contre la Syrie qui pèse lourdement sur la popula-tion. Il est la continuation de cette guerre pour le con-trôle de la région. Assad, comme en son temps Saddam Hussein, était le gendarme régional au service des grandes puissances. Il est devenu gênant mais ne veut pas lâcher les rênes du pouvoir et de la richesse, même dans une Syrie dévastée.
Des deux côtés de la frontière on trouve le même mé-pris pour la vie humaine quand il s’agit de celle des couches populaires. On trouve la même logique du pouvoir et du profit, qui se traduit par des économies meurtrières sur la qualité des bâtiments ou sur l’efficacité des services de secours.
La presse tire à boulets rouges sur les manœuvres po-liticiennes d’Erdogan et d’Assad, mais il y a derrière eux les dirigeants principalement américains et euro-péens qui les utilisent pour jouer au Monopoly avec la peau des peuples.
Et s’il existe une corruption bien réelle qui permet de passer outre les normes de construction, ce n’est pas une spécificité locale. On a pu voir en Europe suffi-samment de crises sanitaires, d’inondations mal gérées et autres catastrophes similaires, pour se rendre compte que la même logique de profit est à l’œuvre et que nulle part sur la planète, le monde du travail ne peut compter sur les États pour les protéger.
En Turquie, comme en Syrie, la catastrophe naturelle aurait eu bien moins de conséquences si elle ne s’était pas doublée d’une catastrophe sociale dont la respon-sabilité n’est pas à chercher dans une quelconque vo-lonté divine mais dans l’appétit de profits inhérent à ce système capitaliste.
Une guerre sans issue
Voilà un an que la guerre fait rage en Ukraine à la suite de son invasion par la Russie.
Il est impossible de déterminer le nombre de morts et blessés mais il est certain que cela se comptera en centaines de milliers dans chaque camp. Le pays est ravagé par les bombardements qui ont détruit routes, hôpitaux et centrales électriques. Des millions de personnes ont dû fuir et vivent dans la précarité la plus totale en Ukraine ou en exil.
Poutine a présenté cette guerre comme une opération militaire visant à chasser les “néonazis” du pouvoir et à protéger les populations de l’est de l’Ukraine d’un prétendu génocide. De leur côté, le gouvernement ukrainien de Zelensky et ses alliés de l’OTAN se présentent comme les hérauts de la démocratie et les défenseurs de la paix.
Tout cela est mensonger d’un côté comme de l’autre. Toutes les guerres ont besoin de prétextes pour envoyer les soldats à la mort et derrière les discours ronflants se cachent mal la concurrence pour le contrôle de l’économie ukrainienne, ses ressources et son marché. Depuis la chute du mur de Berlin et la fin de l’Union Soviétique dans les années 1990, les pays occidentaux grignotent progressivement l’ancienne zone d’influence de la Russie. L’économie russe a été pillée par ses anciens dirigeants et hauts fonctionnaires reconvertis en capitalistes. Elle stagne et ne peut faire face au rouleau compresseur américain.
La Russie a mobilisé des centaines de milliers de soldats, essentiellement issus des milieux populaires, et les a envoyés sur le front sans préparation, parfois sans matériel adéquat, où ils ont été fauchés par l’artillerie alliée.
Le gouvernement ukrainien a dû « démissionner » des ministres et des hauts fonctionnaires coupables de corruption. Ils s’étaient arrangés avec les fournisseurs de l’armée pour surfacturer nourriture et équipements et empocher la différence. Il s’agirait d’une multiplication par deux ou trois du prix des aliments destinés aux soldats, ainsi que du détournement de l’argent destiné à reconstruire des centrales. Pendant ce temps, le reste de la population peine à se chauffer et à se nourrir.
Le gouvernement Zelensky était déjà sur la sellette avant la guerre à cause de sa politique anti-sociale, exigée par les investisseurs occidentaux pour mieux exploiter sa main d’œuvre bon marché. A l’époque, le plus proche conseiller de Zelensky avait déjà été pris la main dans le sac, sans que celui-ci juge nécessaire de s’en séparer.
Cela est particulièrement choquant aux yeux de la population laborieuse ukrainienne qui est la première victime, à la fois de la guerre et de la politique économique du gouvernement. Mais ce n’est pas une surprise pour les alliés de Zelensky. Ils savaient bien qu’ils faisaient affaire avec un gouvernement anti-ouvrier et corrompu. Cela ne les a pas dérangés, bien au contraire.
Il est évident qu’à part leur nationalité, les oligarques ukrainiens ne diffèrent pas des oligarques russes, pas plus que des grands patrons européens et américains : prêts à sauter sur n’importe quelle opportunité pour s’enrichir au détriment de la collectivité. Des liens économiques étroits existaient entre ces vautours avant la guerre, ils ont perduré malgré les sanctions et reprendront de plus belle après.
Quoi qu’il en soit, la corruption du régime n’empêche pas les occidentaux de livrer des armes en quantité astronomique, y compris depuis ce mois-ci, des chars lourds réclamés par le gouvernement ukrainien depuis des semaines.
Face à la surenchère à l’aide militaire, les pays occidentaux ont montré leurs hésitations. Chacun d’entre eux cherche à se positionner pour la reconstruction du pays, qui sera une poule aux œufs d’or pour les multinationales du béton, de l’acier, des équipements et de la logistique. Mais les gouvernements ne veulent pas forcément aller trop rapidement dans l’escalade guerrière car les risques d’élargissement du conflit sont réels. Poutine a été leur allié dans la guerre en Syrie, il a réprimé les manifestations ouvrières au Kazakhstan l’an dernier. Il a rendu des services à l’ordre capitaliste mondial et rien ne dit qu’il ne pourrait pas encore leur servir, ne serait-ce que pour garantir la continuité et l’ordre en Russie même.
Tous les belligérants sont des ennemis des travailleurs. La seule promesse que les pays de l’OTAN peuvent faire aux Ukrainiens : du sang aujourd’hui et des larmes demain. Et Poutine ne leur en fait pas d’autre.
Les guerres font partie du capitalisme qui en a fait des catastrophes mondiales. La Première et la Seconde Guerre Mondiale en témoignent. Seule la fin du capitalisme nous permettra d’éviter la troisième.
Pour une année de luttes
Une nouvelle année commence, mais elle ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices que la précédente.
La guerre continue à faire rage en Ukraine, où les morts s’accumulent. Les destructions touchent particulier les infrastructures de santé et d’énergie, ce qui met la population dans une situation de détresse. Cette tragédie, résultat de la lutte d’influence entre les pays de l’OTAN et la Russie, aura des répercussions pendant des dizaines d’années.
Il n’y a d’ailleurs pas qu’en Ukraine, le Yémen est aussi en proie à la guerre depuis 8 ans, sous les bombes de l’Arabie Saoudite, alliée des Etats-Unis et des pays européens.
Ces guerres ouvertes, comme tous les conflits latents dans le reste du monde, ne sont pas le résultat de l’aveuglement stupide et belliqueux de quelques dirigeants. Elles sont le fruit pourri des conflits économiques, de la concurrence exacerbée entre les grandes entreprises mondiales et les États qui les hébergent pour contrôler des ressources naturelles ou des marchés d’exportation.
Ce n’est pas un phénomène nouveau. C’est le même qui a engendré les première et seconde guerres mondiales. Depuis, les conflits étaient certes de moindre ampleur, mais la guerre était toujours quelque part, au Kosovo, en Irak ou en Syrie, pour ne citer que les plus récents.
La guerre est aussi l’occasion de profits énormes pour les marchands d’armes et la paix qui suivra fera le bonheur des marchands de béton.
Donc, oui, avant, pendant et après, la guerre est le produit de cet ordre social où les capitalistes et leurs États s’affrontent dans l’arène mondiale pour imposer leur domination économique. Les prolétaires, civils ou militaires, en sont les seules victimes.
La guerre en Ukraine a aussi été le détonateur d’une inflation qu’on n’avait pas connue depuis longtemps. Le chiffre global de l’année s’est stabilisé autour de 10% mais dans les rayons des supermarchés, la hausse des prix a atteint les 18%. L’électricité et le gaz ont augmenté respectivement de 35% et 75% sur un an. Les aides misérables du gouvernement pour essayer de calmer les travailleurs n’ont certainement pas compensé le trou énorme que cela a creusé dans les budgets.
Et pourtant, le patronat continue de demander la suppression de l’indexation automatique des salaires ! Ces parasites viennent de s’empiffrer comme jamais grâce à l’inflation mais ils voudraient que les travailleurs soient encore plus pauvres.
Le patronat et le gouvernement prétendent que l’inflation est causée par le conflit ukrainien et que les prix ne font que refléter le « marché » face auquel ils seraient impuissants. C’est faux, ils ont fait le choix de maintenir leurs sacro-saintes marges bénéficiaires au détriment des populations. Et puis, les attaques contre le pouvoir d’achat et les pensions n’ont pas attendu la guerre. Elles n’ont en réalité jamais cessé.
Comme la guerre, l’inflation est une conséquence de ce système capitaliste absurde et injuste dans lequel une couche infime d’ultra-riches profite de la misère des autres. Là aussi, les prolétaires en sont les seules victimes.
Les communistes disent depuis toujours que le patronat n’en aura jamais assez, qu’il ne peut pas supporter que les travailleurs puissent vivre décemment de leur travail et qu’ils ne cesseront jamais de s’en prendre aux salaires, aux pensions et aux services publics.
Cela ne laisse pas d’autre choix au monde du travail que de se battre, que d’organiser les luttes les plus larges et les plus déterminées possibles pour faire reculer le patronat.
Les communistes disent aussi depuis toujours que les travailleurs peuvent changer les règles du jeu, qu’ils peuvent changer le monde. N’oublions jamais que ce sont les travailleuses et les travailleurs qui produisent toutes les richesses. Les riches n’ont qu’un seul mérite, celui d’être bien nés et d’avoir su faire travailler les autres pour eux.
Quand les travailleurs sont mobilisés pour résoudre leurs problèmes communs, quand ils passent par-dessus le piège des divisions nationalistes ou religieuses que leur tendent les politiciens bourgeois, alors ils peuvent faire peur au patronat. Nos divisions et notre passivité sont sa seule force. Seule la peur de notre mobilisation peut le faire reculer.
Cela veut dire que pour l’année qui vient, il faut se préparer à entrer en lutte, il n’est pas possible d’en faire l’économie. Il faudra des grèves et des manifestations pour nous imposer. Ce sera peut-être difficile, mais c’est possible. L’histoire de notre classe l’a montré plus d’une fois et c’est la meilleure chose à souhaiter pour l’année qui vient.
Le capitalisme pourrit tout ce qu’il touche
La coupe du monde a commencé, c’est impossible de ne pas le savoir tant les médias la rendent omniprésente.
Il y a la fête, il y a le sport mais, comme à chaque fois, l’organisation de cette compétition a été l’occasion d’une débauche de milliards. Qu’on aime le foot ou pas, il est aberrant de construire des terrains de foot géants en plein désert, qui ne serviront que pendant deux semaines ! Les montants des contrats publicitaires et de sponsoring sont démesurés alors que partout dans le monde des femmes, des hommes, des enfants crèvent littéralement de faim ou de misère.
Cette année, l’organisation de la coupe a été confiée au Qatar, dont la famille régnante, la famille al-Thani dispose d’une fortune qui se compte en centaines de milliards d’euros, essentiellement issus des revenus du pétrole et de l’exploitation de millions de travailleurs précaires dans les champs pétrolifères.
L’odeur de pétrole et sang de cet argent n’a pas rebuté la FIFA qui savait, en choisissant le Qatar, qu’elle allait toucher le pactole.
Et il n’y a pas que la FIFA : le Qatar a fait construire sept stades géants, une nouvelle ville, avec ce que cela implique d’infrastructures routières et autres. Les multinationales de la construction et de l’équipement se seraient partagé un gâteau de 220 milliards de dollars, c’est le coût estimé de l’organisation de cette coupe du monde. La précédente édition, en Russie, avait coûté 12 milliards de dollars, ce qui est déjà une somme énorme, mais sans aucune comparaison. Cette somme est supérieure à toutes les richesses produites en un an par un pays comme la Grèce.
La presse s’est aussi faite l’écho des états d’âme de certains gouvernements ou de certaines fédérations footballistiques par rapport aux droits de l’homme et aux conditions de travail au Qatar.
Ce n’est pas un scoop et la FIFA, ainsi que tous les gouvernements qui y sont représentés, connaissaient très bien cette situation. Elle n’est un secret pour personne. Depuis que le Qatar a été créé, son clan dirigeant dirige le pays d’une main de fer. Le pays compte 350 000 citoyens qataris au service desquels travaillent plus de deux millions de travailleurs immigrés indiens, népalais, bengalis, syriens, irakiens, philippins et soudanais. Leur nationalité importe peu, ils n’ont de toute façon aucun droit. Les conditions de travail sont atroces avec des journées de douze heures, des semaines de sept jours et des températures de 40 degrés ou plus. Tout cela pour toucher moins de 300 euros par mois que ces travailleurs espèrent pouvoir envoyer à leur famille restée au pays car le regroupement familial n’existe pas.
Jusqu’à récemment, les salariés ne pouvaient même pas changer d’employeur sans leur accord. Ils n’avaient aucune garantie sur le versement de leur salaire. Aujourd’hui encore, ils risquent l’expulsion à la moindre revendication.
Le nombre de morts d’accidents du travail avoisine les 6 500 en dix ans – chiffre qui n’est évidemment pas reconnu par l’émirat.
Quant aux droits des femmes ou des homosexuels, ils sont réduits à néant par une application rigoriste de l’Islam.
Tout cela, la FIFA le savait, les gouvernements le savaient et toutes les entreprises qui font affaire depuis des dizaines d’années avec le Qatar le savaient aussi et d’autant plus qu’elles sont les premières à profiter des conditions misérables de ces travailleurs.
Les bourgeois ne peuvent pas résister à l’appât du gain. Les remords et dénonciations de dernière minute ne peuvent masquer la complicité hypocrite des pays riches avec la dictature qatarie. Le Qatar lui-même est une création récente dont les frontières ont été dessinées en 1930 en fonction des champs de pétrole, afin d’assurer leur contrôle par les pays impérialistes. L’émirat ne peut se maintenir politiquement que grâce au soutien des Etats-Unis et de l’Europe et il renvoie l’ascenseur par des investissements massifs dans l’immobilier et l’achat de matériel, en particulier militaire.
Le Qatar n’est donc qu’un des multiples avatars du capitalisme. Il en montre la face hideuse et brutale et il n’en a hélas pas le monopole.
De même, cette coupe du monde, sa débauche d’argent et d’énergie, montre une fois de plus que le capitalisme pourrit tout ce qu’il touche, et le sport n’y fait pas exception.
Un jour de grève ne suffira pas, continuons le combat
La journée de grève du 9 novembre a été très bien suivie : zonings bloqués, aéroports de Liège et Charleroi fermés, quasiment aucun train en régions et une seule ligne de métro en service à Bruxelles. Les hôpitaux étaient en service minimum et les écoles limitées à l’accueil des enfants. Il n’y a pas un secteur de l’économie qui ait échappé au mouvement.
Ce n’est pas surprenant car l’inflation touche l’ensemble des ménages populaires.
Les travailleurs de Belgique ne sont pas les seuls à exprimer leur colère face aux difficultés auxquelles ils sont confrontés tandis que leurs patrons profitent des prix élevés pour s’en mettre plein les poches.
En Angleterre, l’automne a été marqué par des grèves massives et très dures contre la hausse du coût de la vie. Le 1eroctobre, par exemple, il y a eu 170 000 grévistes. Cela fait des dizaines d’années qu’une grève aussi importante n’avait pas eu lieu, ni que des syndicats ne s’étaient unis dans un tel mouvement alors qu’ils sont d’habitude très corporatistes. Et ce n’est pas fini car les infirmières viennent de voter une journée nationale de grève, pour la première fois en un siècle. C’est bien la preuve que, partout dans le pays, la colère gronde.
En Allemagne, des grèves « d’avertissement » ont mobilisé plus de 200 000 travailleurs début novembre. Les syndicats allemands ne sont pas très combattifs mais l’inflation, à près de 12% dans ce pays, a mis le feu aux poudres.
En France, il y a eu des journées de grève nationale en septembre et en octobre ; les transports parisiens étaient en grève le 10 novembre. La grève des travailleurs des raffineries en octobre a été très médiatisée. On a vu les coups bas du patronat qui a essayé de diviser les travailleurs en publiant de fausses informations sur leurs salaires et on a aussi vu le gouvernement utiliser la réquisition forcée pour casser la grève. En tout cas, il en est ressorti dans l’esprit des travailleurs du pays que seuls des mouvements durs, avec des blocages, avaient une chance de forcer le patronat à céder.
La généralisation de cette colère est encourageante, même si ces mouvements sont encore épars et limités dans le temps.
En face, dans le camp patronal, les gouvernements ne proposent que des miettes : des chèques énergie et autres primes largement insuffisantes. Surtout, l’argent ainsi distribué est puisé dans les caisses publiques, ce qui va creuser la dette et annonce de futures attaques contre le niveau de vie des travailleurs, contre les pensions, contre les services publics, au nom de l’austérité. Le choix de distribuer des primes est une manière, pour la classe politique bourgeoise, de tenter d’éteindre l’incendie social dans l’immédiat, en limitant un tout petit peu la détresse des plus pauvres, mais surtout sans toucher aux profits patronaux. Ces gens-là ont choisi leur camp : celui des riches.
Le monde du travail ne peut pas compter sur les gouvernements – ceux-ci n’interviendront que pour empêcher que leur légitime colère n’aille trop loin, qu’ils menacent réellement le pouvoir absolu de la bourgeoisie sur la société. Les politiciens qui se présentent tous comme des protecteurs de la population contre les crises, contre les abus des groupes pétroliers, ne sont que des bonimenteurs qui, quand ils sont au pouvoir, s’agenouillent devant la puissance de l’argent.
Pour les faire plier, eux et le patronat qu’ils représentent, une journée de d’action ne suffira pas.
Cette fois-ci, seules la FGTB et la CSC appelaient à la grève. C’était la moindre des choses au vu de la colère qui monte contre l’inflation. Mais aucun des syndicats n’a réellement mobilisé pour faire venir du monde au piquet.
Néanmoins, le succès de la grève montre que le monde du travail est prêt à se mobiliser, ici comme partout en Europe. C’est un encouragement mais ce n’est pas suffisant. Pour que le mouvement ait une chance de réussir, il est important que les travailleurs prennent eux-mêmes le contrôle de leur lutte.
Il sera bien plus efficace et démocratique d’organiser des grèves reconductibles dont la durée sera décidée par les grévistes eux-mêmes en assemblée générale. Pour être plus nombreux aux piquets et aux manifestations, les travailleurs peuvent eux-mêmes mobiliser leurs collègues, voire élargir le mouvement en allant à la rencontre des salariés d’autres entreprises.
Armés des mêmes revendications de hausse des salaires et de blocage des prix, unis dans des mobilisations d’ensemble, les travailleurs peuvent faire la différence.
Contre l’inflation, il faut augmenter les salaires
Le fléau de l’inflation continue de frapper le monde du travail comme un poison lent. Le prix de l’essence a augmenté de 80 cents par litre, et celui de l’énergie de 63%. Les hausses ne touchent pas que l’énergie : nourriture, boissons, vêtements, loyers, tout a augmenté. L’inflation en Belgique a officiellement atteint 12,3% en octobre. Ce sont des centaines d’euros par mois qui alourdissent la note alors que les salaires sont déjà sous pression.
L’indexation ne compensera ces augmentations qu’avec retard et seulement en partie car l’index protège moins bien les ménages pauvres dont les principales dépenses sont le loyer, l’énergie et la nourriture.
Face à cette situation d’urgence, les mesures gouvernementales sont insuffisantes et tardives. Les chèques énergie et la baisse de la TVA et des accises sur l’essence, ne font pas le compte, même après la récente décision d’une aide supplémentaire pour les ménages les plus pauvres.
Et puis, le principe même de ces aides gouvernementales pose un problème : le gouvernement prend dans les caisses de l’État de l’argent qui va finir dans les poches des Total, Engie et autres profiteurs de crise. La même politique est appliquée ailleurs, en France avec le « bouclier tarifaire » ou en Allemagne, dont le gouvernement va débourser deux cents milliards pour payer l’augmentation des prix de l’énergie.
Ces gouvernements prennent dans les réserves de la collectivité au lieu de prendre dans la poche des patrons qui se sont enrichis par milliards grâce à la guerre et à la crise. Cet argent va manquer ailleurs. Tôt ou tard, De Croo va immanquablement tenter de présenter l’addition aux travailleurs. Que ce soit sous la forme de coupes dans les budgets des services publics, de nouvelles réductions des allocations ou des pensions ou d’un report supplémentaire de l’âge de la pension, les gouvernements, qui sont au service des riches, ne manquent pas d’idées pour faire payer les plus pauvres !
Par exemple, le budget 2023 prévoit déjà de raboter de 120 millions la dotation des services de santé alors que la pandémie vient justement de montrer à quel point ceux-ci manquent cruellement de moyens pour embaucher du personnel soignant !
Une fois de plus, les politiciens bourgeois n’offrent pas d’autre perspective que de prendre directement ou indirectement dans la poche des plus pauvres pour préserver les profits du patronat. Aux riches les milliards, les autres n’auront qu’à « mettre un pull et baisser le chauffage » et à se préparer à se serrer encore plus la ceinture demain.
Aucun gouvernement ne propose de toucher aux sacro-saints profits des grands capitalistes. Total, Shell et les autres compagnies pétrolières ne se sont pas gênées pour annoncer des dizaines de milliards d’euros de surprofits. Que cela enfonce encore plus la population dans la pauvreté ne va pas les empêcher de sabrer le champagne, pas plus que la faillite des milliers de petites entreprises et la destruction d’autant d’emplois.
Ces profits viennent uniquement de la spéculation liée à la guerre en Ukraine. Les prix n’augmentent pas parce qu’il y a moins de pétrole ou de gaz que l’an dernier mais grâce une situation politique instable qui permet de les faire flamber artificiellement.
Alors, au lieu de payer les profits du patronat avec de l’argent public, il faut exiger qu’il augmente les salaires. Et il faut aussi bloquer les prix pour qu’il ne reprenne pas d’une main ce qu’il a dut céder de l’autre.
Les augmentations de salaires ne seront obtenues que par des luttes sociales, à commencer par la grève générale du 9 novembre, même si elle ne suffira pas à elle seule à obtenir de quoi compenser les années de trucage de l’index et de dégradation du pouvoir d’achat.
Quant au blocage des prix, on ne peut évidemment pas faire confiance au patronat pour le respecter ni aux gouvernements pour l’imposer. Les travailleurs peuvent et doivent eux-mêmes contrôler les prix. Cela peut se faire en dénonçant les augmentations des produits de consommation courante au niveau de chaque supermarché. Cela peut aussi se faire en rendant publics les chiffres des coûts et des profits que cachent jalousement les patrons mais que les salariés de leurs entreprises connaissent bien.
Ouvriers, employés, consommateurs, en relation les uns avec les autres, devraient avoir les moyens de connaître tout de la production comme de la distribution des richesses. Les malversations et les traficotages en tous genres seraient ainsi rendus publics de même que la valse artificielle des étiquettes des prix.
C’est encore et toujours la crise. Alors, s’il y a une urgence face à l’inflation, c’est bien l’augmentation des salaires, la levée du secret des affaires et le blocage des prix sous le contrôle de la population !
Iran : la révolte vient des femmes
Le 16 septembre dernier, une étudiante de 22 ans, Mahsa Amini, est morte sous les coups de la police religieuse iranienne sous prétexte qu’elle ne portait pas correctement son voile. Cela a été la fois de trop pour la jeunesse iranienne. Des centaines de manifestations ont eu lieu dans le pays malgré une répression policière qui a déjà fait plus de 80 morts, des centaines de blessés et des milliers d’arrestations. Rien ne semble faire reculer ces jeunes qui ont soif de liberté. On a vu des jeunes femmes se couper publiquement les cheveux ou brûler leur tchador, en révolte contre cette société qui leur dicte jusqu’à la manière de s’habiller. Les slogans sont dirigés contre le régime militaro-religieux et son chef, l’ayatollah Ali Khamenei : « mort au tyran », « à bas l’oppresseur » ou encore « Femme, vie, liberté », un slogan d’origine kurde, comme la jeune fille, mais qui est repris par tous les manifestants sans distinction.
Un chanteur célèbre a été arrêté pour avoir écrit une chanson en soutien à la protestation ; elle est depuis reprise dans les manifestations et même par des lycéennes et lycéens qui postent des vidéos où ils la chantent et insultent les portraits des dirigeants.
On ne peut que se réjouir de voir l’énergie de ces jeunes filles et garçons ébranler l’ordre établi de ces vieux croulants engoncés dans une vision religieuse et archaïque du monde. Encore une fois, ce sont les femmes qui ont été le fer de lance du mouvement. Ce n’est pas un hasard : dans toutes les sociétés, et encore plus dans les sociétés dominées par la religion, ce sont elles qui sont les plus opprimées : elles n’ont pas le droit de faire les mêmes métiers que les hommes, elles gagnent moins, elles sont mises sous la tutelle de leur père, frère ou mari et elles doivent se cacher de la tête aux pieds dans un tchador noir. En cas d’adultère, elles sont condamnées à mort. Ceux qui parlent ici en Europe de la liberté de choix religieuse oublient vite que dans des pays comme l’Iran, la religion ne laisse aucun choix aux femmes ni aux hommes.
Alors oui, bravo à ces femmes et à tous ceux qui ont rejoint cette révolte.
Le président Khamenei a accusé les manifestants d’être manipulés par les Etats-Unis et Israël. Il est probable que les dirigeants occidentaux se réjouissent de tout ce qui peut nuire à un régime qui leur est hostile, mais les Iraniennes et les Iraniens qui se révoltent ne sont pas des marionnettes, ils savent très bien ce dont ils ne veulent plus et pourquoi ils sont prêts à mourir.
Et même si les Occidentaux voulaient un changement de régime, ils préfèrent la dictature au désordre et ils craignent les révoltes tout autant que Khamenei.
Le régime militaro-religieux de l’Iran est hérité de la révolte de 1979 qui a permis à l’ayatollah Khomeini de prendre le pouvoir en s’appuyant sur la haine des couches pauvres envers la dictature corrompue du Shah, inféodée aux intérêts américains. Des paysans, des ouvriers, des jeunes sont morts par milliers pour s’en libérer mais ont hérité d’une nouvelle dictature, qui n’a de démocratie que le nom. Le régime de Khomeini est resté anti-impérialiste mais il a réduit à néant les droits des femmes, tandis que les syndicats indépendants sont interdits, tout comme les grèves. La prison, la torture ou les exécutions ont été systématiquement utilisées pour empêcher toute forme d’opposition politique.
Les travailleurs ont malgré tout continué à lutter pour leurs salaires et leurs conditions de travail. Dans les transports publics de Téhéran, par exemple, un syndicat clandestin a perduré malgré les arrestations de délégués, parfois condamnés à des années de prison.
L’économie stagne, minée à la fois par l’embargo des Occidentaux et par la corruption du régime. Le chômage sévit et les gouvernements tiennent le tout artificiellement en subventionnant les denrées de base comme le blé, le sucre ou l’essence. Ces subventions permettent aussi de maintenir les campagnes dans la dépendance vis-à-vis du régime et d’opposer les travailleurs des villes à ceux des champs.
De grandes grèves ont eu lieu ces dernières années, dans les industries sucrière et pétrolière. Ce sont à chaque fois des milliers de grévistes qui ont exigé de meilleurs salaires, ou parfois simplement d’être payés !
Derrière le vernis religieux du régime, il y a l’armée pour maintenir l’ordre et, surtout, il y a comme ailleurs des entreprises privées qui exploitent des travailleurs pour le profit de leurs actionnaires, comme dans tous les pays capitalistes de la planète.Il existe au sein du régime des tendances favorables à l’Occident. Pour eux, la liberté, c’est celle du commerce et d’exploiter « librement » les travailleurs d’Iran. Ce n’est évidemment pas pour ça que se battent les jeunes aujourd’hui. On espère qu’ils seront rejoints par les travailleuses et travailleurs du pays. S’il parviennent à chasser les ayatollahs, ils devront mettre en avant leurs propres objectifs pour ne pas se faire confisquer leur révolution.
Ukraine : une fuite en avant meurtrière
Cela fait sept mois que les troupes russes sont entrées en Ukraine. De toute évidence, Poutine n’a pas réussi son pari de prendre le contrôle de Kiev, ni même de l’ensemble des régions russophones de l’Est. En re-vanche, avec l’aide des Etats-Unis et des pays euro-péens, l’Ukraine a mené une contre-offensive qui a obligé l’armée russe à reculer après avoir essuyé de lourdes pertes – on parle de 50 000 morts depuis le début de l’offensive. Son avantage numérique n’a pas suffi à compenser sa désorganisation et la fourniture par l’Occident d’armes extrêmement modernes à l’armée ukrainienne.
Face à ces revers, Poutine a décrété une mobilisation « partielle » de tous les réservistes, les anciens mili-taires, en âge de combattre.
Il est difficile de se faire une idée de l’adhésion de la population russe à cette guerre. Dès le début, de nom-breuses voix s’y sont opposées mais elles ont été ré-primées. En tout cas, la mobilisation est très mal perçue et, malgré la répression et la menace d’années de pri-son, des femmes et des hommes ont osé manifester leur opposition. Beaucoup de Russes en âge d’être mobili-sés cherchent à quitter le pays ; il y aurait eu jusqu’à dix kilomètres de file à certains postes frontière. Ces Russes qui fuient une guerre qui ne les concerne pas s’ajoutent aux 500 000 de leurs concitoyens qui ont déjà quitté le pays depuis de début de l’année, soit le double de l’année précédente.
Par ailleurs, Poutine a lancé des référendums dans les zones occupées afin de justifier « démocratiquement » leur annexion à la Russie. Il se moque bien de l’avis des populations et cherche avant tout à redorer son image de chef infaillible censé restaurer la grandeur impériale de la Russie. C’est en tout cas comme cela qu’il se présente lui-même, même s’il défend en réalité avant tout les intérêts de la couche dirigeante de l’appareil d’État, la bureaucratie héritée de l’ancien ré-gime soviétique et qui vit aux crochets de la population.
Beaucoup a été dit sur les responsabilités dans cette guerre. Poutine a déclenché les hostilités et les diri-geants européens et américains en ont profité pour se présenter comme les défenseurs de la liberté. Or, il ne s’agit évidemment pas d’une lutte entre le bien et le mal, entre la dictature et la démocratie.
Si l’on remonte @ dans l’histoire, l’Union Soviétique des années 80 n’avait depuis longtemps plus rien à voir avec le communisme. En lieu et place d’un vrai parti communiste et d’une vraie démocratie, il y avait une armée de bureaucrates qui vivaient aux dépens de la population. La vie y était-elle pire ou meilleure qu’ailleurs, là n’est pas la question : ce n’était pas le communisme pour lequel s’étaient battus des millions de paysans et d’ouvriers en 1917. Ce régime qui tenait par la terreur a fini par s’effondrer en 1989 quand une partie de ses dirigeants s’est sentie suffisamment forte que pour se débarrasser de cet État policier qui les fa-vorisait mais les bridait aussi dans leurs ambitions.
Il y eut dans les années 90 une phase de décentralisa-tion et de libéralisme à outrance qui servit les plus am-bitieux. Ce fut la curée, chaque dirigeant local ou régio-nal tentait de s’approprier la plus grosse part possible du gâteau. Mais dans cette jungle nouvellement capita-liste, il n’y en avait évidemment pas pour tout le monde et la masse des couches intermédiaires, composée de centaines de milliers de bureaucrates, se réfugia dès les années 2000 derrière le parti de Poutine qui recentralisa et permit dès lors à chacun de ces privilégiés de se su-crer à son niveau, tant que c’était en bon ordre.
Cela a créé une économie stagnante et incapable de ri-valiser avec les capitalistes occidentaux qui ont grignoté l’ancien empire soviétique en y étendant leur propre domination. Tous les pays balkaniques ont progressi-vement basculé dans leur sphère d’influence et l’Ukraine est depuis vingt ans le terrain d’une lutte d’influence qui s’est manifestée par une alternance de gouvernements pro-russes et pro-occidentaux.
Incapable de résister sur le plan économique à l’appétit des capitalistes occidentaux, Poutine a lancé l’offensive sur un plan militaire, comptant sur un ef-fondrement de l’armée ukrainienne et espérant sans doute que ses adversaires n’oseraient pas aller au-delà de protestations formelles comme ce fut le cas lors de l’annexion de la Crimée.
Poutine n’est pas un héros de la résistance aux Etats-Unis et les pays de l’OTAN ne sont pas les défenseurs de la liberté. Il n’y a pas de lutte idéologique, ce sont des pays concurrents en lutte pour le contrôle de res-sources et de marchés à l’échelle mondiale. Ils règlent leurs différents sur le champ de bataille au prix de di-zaines de milliers de morts, de millions de déplacés et de vies brisées. Le capitalisme a toujours considéré que la vie des femmes et des hommes ne valait rien face aux profits. C’est une raison de plus, s’il en fallait une, pour le renverser.
La crise du climat,
c’est celle du capitalisme
Cet été a été marqué par une série de catastrophes climatiques à travers le monde.
Au Pakistan, les inondations ont déjà fait plus de 1200 morts. Des incendies ont ravagé l’Espagne, la France et la côte Ouest des Etats-Unis. Des fleuves, et non des moindres, ont été quasiment asséchés, tels la Loire, le Rhin ou le Yangtsé en Chine – au point d’être devenus impropres à la navigation ou de réduire à néant la production hydroélectrique. Dans les Alpes, un glacier s’est effondré, un autre a disparu. La canicule qui a frappé toute la planète, de l’Europe à la Chine, a battu tous les records de température et de durée, avec son lot de morts, de sécheresse et de misère.
Dans le même temps, les experts du GIEC ont annoncé que la montée des eaux liée à la fonte des glaciers serait plus rapide que prévue et atteindrait 30 centimètres ce siècle-ci, même si le réchauffement était bloqué au niveau actuel.
Et tandis que des humains meurent de chaleur et de faim, des espèces animales disparaissent à un rythme accéléré.
Ce n’est pas le scénario d’un film catastrophe, c’est le monde dans lequel nous vivons. Ce n’est pas une surprise non plus, le dérèglement climatique est annoncé depuis des dizaines d’années par des scientifiques. Si rien n’a réellement été fait, ce n’est pas parce que les dirigeants politiques et financiers d’ici et d’ailleurs sont sourds, mais parce qu’ils ne veulent pas agir.
Il ne s’agit évidemment pas que de la Belgique, dont les dissensions communautaires ridicules continuent malgré l’urgence. La ministre fédérale du climat, Zakia Khattabi, a bien mis en place un «mécanisme de suivi ». Mais quelles actions vont être suivies ? Pour l’instant, mystère. Cet attentisme reflète ce qui se passe au niveau mondial, où les négociations entre les pays achoppent sur qui va payer quoi.
Pourtant, les moyens ne manquent pas. Nous vivons à une époque où les entreprises sont capables d’organiser la production à l’échelle planétaire : elles extraient les ressources naturelles sur un continent, usinent les pièces sur un autre, effectuent le montage final encore ailleurs, pour vendre ensuite sur les cinq continents. Tous les jours, des milliers d’avions et de navires parcourent la planète en tous sens. La terre est entourée d’une myriade de satellites extrêmement sophistiqués et la Nasa a été capable de placer un télescope ultra puissant à 1,5 million de kilomètres de nous. Technologie, organisation, tout est à notre portée mais, malgré tout, l’humanité est incapable de s’organiser pour cesser de détruire sa propre planète. Ces moyens ne sont même pas utilisés pour contrer les effets actuels du réchauffement. Qu’est-ce qui empêcherait dès aujourd’hui de transporter les gigantesques stocks de nourriture pour nourrir ceux qui meurent de faim ? S’il est possible de maintenir des golfs verts, pourquoi ne le fait-on pas pour les pâturages du bétail ?
Et puis, pourquoi doit-on continuer à transporter inutilement des marchandises d’un bout à l’autre de la planète ? Le bœuf brésilien en route vers l’Europe croise le bœuf européen exporté au Brésil…
Poser la question, c’est y répondre : c’est le profit, c’est le principe même du capitalisme qui veut que la loi du profit prime sur tout le reste, sur l’humanité, sur la planète elle-même.
Pour cesser de détruire la planète, il faudrait autre chose que les promesses des conférences internationales, il faudrait autre chose que les « petits gestes quotidiens » dont les politiciens moralisateurs nous rebattent les oreilles.
Car c’est là l’enjeu : qui va payer ?
La Commission européenne a bien parlé de taxer les billets d’avion pour le transport des voyageurs, mais les jets privés et le fret en seront exemptés ! On consomme trop d’eau ? Mais 20% de la consommation est due aux fuites qui perdurent faute d’investissements. On pourrait multiplier à l’infini les exemples qui démontrent que les gros pollueurs, ce sont les grandes entreprises et leurs actionnaires.
Alors, oui, pour cesser de détruire la planète, il faudra arrêter de produire des choses inutiles, même si elles rapportent de l’argent, et investir dans des moyens durables de nourrir, loger et soigner l’humanité. Cela exigera de faire passer le profit après le reste. Les capitalistes ont le pouvoir depuis plus ou moins trois siècles, cela leur a suffi pour démontrer amplement leur immense capacité de destruction et leur incapacité à enrayer la catastrophe qu’ils ont enclenchée. Leur reprendre ce pouvoir est une nécessité vitale. Ça s’appelle une révolution !