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Seules les luttes des travailleurs  pourront changer leur sort

Le premier tour des élections présidentielles françaises a donné son verdict : Emmanuel Macron, le président sortant, qui a recueilli 28% des voix, sera opposé au second tour à Marine Le Pen, la candidate de l’extrême droite, qui en a 23%. Les partis traditionnels ont été laminés : le PS s’écrase à 1,8% et le parti de la droite traditionnelle « Les Républicains » plafonne à 4,8% alors que ces deux partis recueillaient chacun 20 à 30% des voix depuis plus de 50 ans. 

A gauche, Jean-Luc Mélenchon rassemble 22% des suffrages et Roussel, du Parti communiste, en a 2,3%, tandis que l’extrême gauche ne dépasse pas 1,5%, en comptant ensemble Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) et Philippe Poutou (NPA).

Macron a déjà fait ses preuves comme le meilleur ami des privilégiés : il est haï, a juste titre, pour avoir baissé les impôts des grosses fortunes au détriment de la sécurité sociale et des services publics. En cela, il ne fait que continuer le travail de sape que les Hollande et Sarkozy avaient commencé avant lui. Sa réélection ne fera qu’aggraver la situation des classes populaires – il a déjà annoncé le report de l’âge de la retraite à 65 ans (contre 62 actuellement). 

En colère et sans boussole politique, de nombreux travailleurs risquent à nouveau de se tourner vers l’extrême droite. Or, si on additionne les voix de Zemmour, Le Pen et des petites listes du même acabit, le constat est glaçant : l’extrême droite, raciste et réactionnaire, totalise 32%. Le Pen s’est donné une allure sociale et se présente comme antisystème et anti-finance pour gagner les votes populaires mais elle, comme Zemmour, sont des ennemis jurés des travailleurs, qui n’ont d’autre programme que de la diviser par le racisme pour mieux réprimer ses revendications.

Le Pen se réclame du pouvoir d’achat, mais son programme ne propose que de diminuer les taxes et les charges sociales et donc de supprimer des moyens pour les retraites, l’école, les hôpitaux et tous les services publics utiles à la population. Ce n’est qu’un tour de passe-passe puisqu’au bout du compte ce sont les travailleurs qui vont payer ! Au contraire, il faudrait faire payer les grandes fortunes, mais de ça, il n’est évidemment question ni chez Le Pen, ni chez Macron.

Pour lutter contre la flambée des prix de l’électricité, Le Pen propose de sortir du système d’échange européen et fermer les frontières énergétiques. Mais tout le monde sait que l’appétit de profit de Total et Engie n’est pas inférieur à celui d’Esso ou BP. Cela ne changerait rien, mais avec un nouveau tour de passe-passe, elle escamote la responsabilité de ces entreprises « bien françaises » dans les spéculations et les hausses de prix.

Les discours de Zemmour suintent la haine des classes populaires et des travailleurs immigrés en particulier. Le Pen n’est pas en reste avec son programme de « préférence nationale » : une femme ou un homme vaudrait donc plus ou moins, aurait plus ou moins le droit à une vie décente selon le pays qui l’a vu naître. Voilà qui va plaire au patronat : la précarité des travailleurs d’origine étrangère les rendra plus facile à exploiter et cela fera baisser les salaires et augmenter l’exploitation de tous les travailleurs. 

Le Pen cherche à diviser, à monter les travailleurs les uns contre les autres. Or, l’expérience du monde du travail, c’est que l’unité fait la force. Tous sont exploités avec le même mépris par les patrons et nous savons très bien à quel point il est important d’être unis lorsqu’il s’agit de faire grève ou de manifester.

Le programme de Le Pen montre que, quoi qu’elle en dise, elle est avant tout une défenseuse du système capitaliste, avec ses injustices et ses inégalités. Le Pen n’est pas un antidote à Macron, c’est du Macron avec la haine et la répression en plus. Quant à Macron, ce n’est pas un rempart de la démocratie contre Le Pen, il est, comme elle, un défenseur du patronat contre le monde du travail. C’est sa politique en faveur des riches qui amène des travailleurs à voter pour Le Pen et compagnie. 

En tout cas, quel que soit le résultat du second tour, le président ou la présidente élue sera donc un(e) ennemi(e) des travailleurs.Les crises actuelles, la pandémie, la guerre en Ukraine, vont pousser des millions de travailleurs un peu plus vers la misère – en France, en Belgique et surtout dans les pays pauvres. La grande bourgeoisie, aidée de ses serviteurs politiques, mène une guerre féroce contre le monde du travail. Aucune élection ne va rien y changer car seules les luttes sociales, les manifestations, les grèves, la révolte pourront les faire reculer.

La guerre, fruit pourri du capitalisme

Il y a un mois, la population ukrainienne n’imaginait pas ce que sa vie allait devenir. Elle ne pensait pas que des bombes allaient détruire des villes entières, que des millions de gens allaient devoir fuir leur pays, ni que ceux en âge de se battre allaient se retrouver avec un fusil dans les bras. Pourtant, c’est ce qui est arrivé. Tout a basculé en quelques jours. 

Des villes de près d’un million d’habitants comme Kharkiv ou Marioupol sont bombardées massivement par l’armée russe. Des quartiers entiers ont été détruits et les victimes civiles se comptent désormais par milliers. La guerre a pris une nouvelle ampleur.

Si Poutine a probablement misé sur une intervention courte et un effondrement rapide du pouvoir ukrainien, c’est l’inverse qui s’est passé. Et maintenant l’engrenage fait que personne ne peut dire quand cette guerre finira, ni quelles vont être ses répercussions. Ce qui est certain, c’est qu’elles seront mondiales.

Cette tragédie qui se déroule à quelques milliers de kilomètres fait maintenant partie de notre quotidien, nous subissons déjà les spéculateurs et les profiteurs de guerre qui font monter tous les prix. Et un climat guerrier s’est installé, orchestré par le gouvernement et les médias. La guerre en Ukraine nous montre l’avenir que les dirigeants du monde nous préparent.

Dans les pays pauvres, l’impact risque d’être pire. La hausse vertigineuse des prix du blé annonce des désastres humanitaires. En Afrique, au Proche-Orient, en Inde, des famines vont toucher des millions de gens. Elles entraîneront sûrement des révoltes. Mais les dirigeants de ces pays pourraient chercher à détourner la colère des masses vers le nationalisme et la guerre, pour dresser les peuples les uns contre les autres, par exemple, entre l’Inde et le Pakistan, ou entre le Maroc et l’Algérie. 

La guerre en Ukraine a déstabilisé l’économie capitaliste mondiale et modifié les rapports de force. À cause de l’embargo sur le gaz russe qui se met en place, l’Allemagne, qui est la puissance industrielle européenne dominante, doit revoir complètement son approvisionnement énergétique. Et cela rebat les cartes dans les relations entre puissances européennes.

Les États-Unis se servent de la guerre en Ukraine pour obliger tous les gouvernements à se ranger derrière eux et font pression sur les pays de l’ex-URSS et sur la Chine pour qu’ils se détachent de la Russie.

Et puis, tous les États réarment ! S’il est  impossible de prévoir comment la situation internationale va évoluer, une chose est sûre, ceux qui nous gouvernent ont commencé à aiguiser leurs couteaux.

Il y a cent ans, toute une génération a connu la boucherie de la Première Guerre mondiale. Puis la génération suivante s’est retrouvée sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, il y a eu les guerres coloniales, au Viet Nam ou en Algérie. En réalité, les guerres ne se sont jamais arrêtées. Les désastres en Syrie, en Irak ou au Yémen sont là pour en témoigner.

Gouvernement et médias, à l’unisson, cherchent déjà à nous embrigader. Ils nous abreuvent de discours sur « le droit des nations » et la démocratie dont les pays de l’OTAN seraient les gardiens. Quelle hypocrisie ! Combien de dictateurs ont été soutenus par les États-Unis et l’Europe ? Et combien de guerres coloniales n’ont-ils pas menées ?  

Le système capitaliste mène inévitablement à la guerre, car de la guerre commerciale à la guerre tout court, il n’y a qu’un pas, surtout dans une économie mondiale complètement déstabilisée. Et si elle est une tragédie pour les populations, elle est un énorme business pour les trusts. Les profits des groupes pétroliers et de ceux de l’armement en sont l’illustration écœurante.

Le nationalisme sert la politique des gouvernements aux ordres des classes possédantes. Il sert à ranger les exploités derrière leurs exploiteurs et à les détourner de la lutte des classes. Dans cette guerre, les exploités n’ont pas de camp. Celui de Poutine n’est pas meilleur que celui de l’OTAN. La dictature contre le peuple russe est terrible et, il y a quelques mois, c’est l’armée russe qui est allée réprimer la population du Kazakhstan qui se révoltait contre la vie chère. Cette fois-là, Poutine a eu la bénédiction de l’OTAN.Les travailleurs et les pauvres de tous les pays sont dressés à être résignés devant tout cela. Et faute de véritables partis ouvriers, faute de traditions de lutte et d’organisation, pour l’instant ils ne sont pas capables de renverser ce système. Pourtant, ils sont les seuls à pouvoir le faire et, si on veut éviter de nouvelles guerres, ils devront renouer avec un passé où le mouvement ouvrier représentait une force et un espoir de changement pour toute l’humanité.

La catastrophe et ceux qui en profitent

La guerre en Ukraine est une catastrophe. Bombes, missiles et obus pleuvent sur les villes ; des  habitations, des gares et des hôpitaux sont détruits tandis que les habitants qui n’ont pas pu fuir doivent se terrer et vivre un cauchemar de feu et de destruction. Dans des villes comme Marioupol, les habitants sont assiégés, sans eau ni électricité et sans aucun moyen de s’enfuir, les routes étant sujettes à bombardements.

Pour les trois millions de personnes qui ont dû fuir, la situation n’est guère meilleure ; entassés dans des centres d’accueil improvisés, parfois refoulés malgré les promesses des politiciens, ils ne savent pas dans quel état ils retrouveront leur habitation, ni même s’ils pourront un jour rentrer chez eux.

L’armée russe se comporte en Ukraine comme elle l’a fait en Syrie, ou comme les USA l’ont fait en Afghanistan et en Irak.

Comme dans toutes les guerres, la population se retrouve ainsi sous le feu croisé des ambitions économiques et territoriales de puissances rivales. D’un côté l’OTAN,  bras armé des États-Unis et de l’Europe, grignote depuis des années du terrain au profit des grosses entreprises occidentales ; de l’autre, la Russie utilise sa puissance militaire pour résister au rouleau compresseur économique de l’occident et garder le contrôle sur la région. 

Les travailleurs ukrainiens n’ont rien à y gagner, pas plus d’ailleurs que les travailleurs russes ni ceux des autres pays, contrairement à ce que les dirigeants des deux camps voudraient faire croire. Chacun se donne le beau rôle comme à chaque fois, mais, non, la Russie ne vient pas sauver l’Ukraine de la nazification ou du génocide ; et non, l’OTAN et l’Europe ne sont pas en train de sauver la démocratie, eux qui ont toujours fait affaires avec tous les dictateurs de la planète.

Cette guerre est une continuation de la guerre économique que se livrent depuis des années les plus grosses entreprises mondiales. L’embargo sur le gaz et le pétrole va un peu gêner Poutine, mais il va surtout aggraver la pauvreté dans la population russe qui risque de revivre un effondrement économique comparable à celui des années 90. Par ailleurs, ce blocus cynique ouvre des opportunités pour des groupes comme Engie ou Total qui ne demandent qu’à récupérer les marchés dont leurs concurrents ont été exclus.

Pendant que les populations souffrent, les capitalistes se frottent les mains. Tous les pays européens ont annoncé une augmentation de leurs dépenses d’armement, ce qui a fait monter en flèche les actions en bourse des fabricants d’armes : plus 30% pour les français Thalès et Dassault en quelques jours.

Avant même que les sanctions annoncées aient pu prendre effet, alors que le gazoduc entre la Russie et l’Europe tourne à plein régime et que, malgré la guerre, le gaz continue à arriver de Russie, les producteurs d’énergie se sont déjà mis d’accord pour augmenter les prix. L’annonce des sanctions à déclencher de la spéculation organisée. L’Agence internationale de l’Énergie estime à 200 milliards d’euros les surprofits que la guerre va permettre aux producteurs privés européens de réaliser.

Les prix du blé sont eux aussi en train de grimper. Il n’y a là non plus aucune pénurie. L’Ukraine est certes un très gros producteur de blé à l’échelle mondiale mais la récolte 2021 est déjà engrangée depuis longtemps et la suivante n’a pas encore poussé ! Là non plus, il n’y a pas de pénurie réelle mais les grands producteurs se sont déjà mis d’accord pour augmenter les tarifs. Ils se moquent bien d’aggraver la misère sur la planète entière, en particulier dans les pays pauvres où les céréales sont à la base de l’alimentation.

Face à l’augmentation des prix, les gouvernements européens, et le gouvernement belge comme les autres, n’ont rien d’autre à proposer que d’accroître la dette publique. De Croo a annoncé une baisse de 17 centimes des taxes sur l’essence, des chèques énergie de 200 euros et une réduction de la TVA à 6% sur le gaz. C’est donc l’État qui va payer, pas les producteurs d’énergie. Alors que De Croo lui-même a reconnu qu’il n’y avait pas de pénurie et que l’augmentation des prix était artificielle, ce n’est pas aux profiteurs qu’il s’attaque mais au budget de l’État. 

La guerre en Ukraine va servir, comme la pandémie d’ailleurs, de justificatif  au prochains plans d’austérité. On entend déjà De Croo nous expliquer qu’il va falloir se serrer la ceinture au nom de la solidarité ! Oui, nous devons être solidaires avec les travailleurs ukrainiens ou russes, mais pas avec les profiteurs de guerre, avec ceux qui vendent les canons et se sucrent sur les besoins vitaux des peuples. Ceux-là, nous devrons nous en débarrasser en renversant ce système capitaliste pourri !

À bas les guerres de Poutine, de Biden et de l’OTAN contre les peuples !

Villes bombardées, familles réfugiées dans des abris et des stations de métro, ou sur les routes à fuir les combats… l’intervention militaire décidée par Poutine a plongé l’Ukraine dans l’horreur d’une guerre monstrueuse et fratricide.

Ce conflit dresse les uns contre les autres des femmes et des hommes qui partageaient de longue date une culture commune et ont vécu ensemble pendant des décennies au sein de l’Union soviétique. Des familles, où se mélangeaient Russes et Ukrainiens, vivaient de part et d’autre de frontières qui ne constituaient pas alors des obstacles à la circulation. Aujourd’hui, l’exacerbation des nationalismes est en train de creuser des fossés de sang et de haine entre ces peuples.

L’attaque de Poutine contre l’Ukraine est criminelle. Il faut affirmer sa totale solidarité avec les populations en Ukraine, et en Russie où des centaines de manifestants contre la guerre ont été arrêtés. 

Poutine est un dictateur aux méthodes brutales et meurtrières. Mais ce n’est pas cela qui est de nature à gêner les dirigeants du monde impérialiste. Au contraire ! Quand des milliers de soldats russes ont été envoyés en janvier au Kazakhstan pour aider à réprimer une révolte populaire contre des augmentations de prix, les prétendus démocrates occidentaux n’ont rien trouvé à y redire. D’autant que les parachutistes envoyés pour soutenir la dictature locale ont aussi protégé les intérêts des grandes sociétés occidentales présentes dans ce pays, comme Exxon, Total et ArcelorMittal. 

Biden et ses alliés se moquent bien de la souveraineté de l’Ukraine et de la démocratie qu’ils prétendent défendre pour justifier leur politique. Comme si les dirigeants américains avaient été gênés de violer la souveraineté de l’Afghanistan et de l’Irak, qu’ils ont envahis en inventant les mensonges les plus grossiers !

Depuis la disparition de l’URSS en 1991, les dirigeants américains n’ont pas cessé d’accroître leur pression militaire sur la Russie. Leur bras armé, l’OTAN, cette alliance conçue au temps de la guerre froide pour isoler et affaiblir l’Union soviétique, n’a jamais été dissoute. Au contraire, elle a continué de mener une politique d’encerclement, intégrant les États de l’ex-bloc soviétique limitrophes de la Russie. Les dirigeants occidentaux et ceux qui se font leurs porte-parole nous présentent Poutine comme le seul agresseur pour dissimuler leur responsabilité écrasante dans l’évolution qui a conduit à la guerre. Comment Biden aurait-il réagi si la Russie avait installé des bases militaires au Mexique ou au Canada, aux frontières des États-Unis ? C’est la politique des grandes puissances occidentales qui a fait de l’Ukraine le théâtre de leur bras de fer avec la Russie.

En face, Poutine fait appel au patriotisme de la population russe, mais il ne défend pas ses intérêts. Il est le représentant de la bureaucratie et de la mince couche de privilégiés qui s’est constituée en accaparant des pans entiers de l’économie étatisée lors la disparition de l’Union soviétique. Contrairement à ce que prétend Poutine, l’intervention militaire en Ukraine ne peut en aucune façon renforcer la sécurité du peuple russe. Le chauvinisme agressif du Kremlin alimente en Ukraine le nationalisme antirusse et ne peut que renforcer la position de l’impérialisme occidental dans cette région. 

L’ampleur de la répression en Russie contre tous ceux qui expriment leur opposition à la guerre, montre qu’une partie de la population, et en particulier la jeunesse, n’est pas dupe. Les soldats, des conscrits de moins de vingt ans pour la plupart, semblent avoir vraiment cru qu’ils venaient libérer l’Ukraine des nazis et sont surpris de ne pas être accueillis à bras ouverts. Les Ukrainiens qui les interpellent et leur demandent des comptes ont raison de le faire. Tant les dirigeants des pays de l’Otan que Poutine, se livrent une guerre avec la peau des peuples, pour lesquels les uns et les autres partagent le même mépris. Et ils savent parfaitement s’entendre quand il s’agit d’écraser des travailleurs mobilisés ! Il faut refuser de laisser notre sort entre les mains des impérialistes et de leurs gouvernements, avec leurs intrigues et leurs complots contre les peuples. Le capitalisme porte en lui la guerre. Pour sauver l’humanité de la catastrophe, il faudra le renverser. Il y a près de deux siècles, Marx écrivait dans le manifeste communiste « travailleurs de tous les pays, unissez-vous ». C’est toujours d’actualité.

Menace de guerre en Ukraine : ne nous laissons pas embrigader !

Y aura-t-il la guerre en plein cœur de l’Europe avant la fin de la semaine ? C’est ce qu’affirment les autorités américaines qui ont appelé leurs ressortissants à quitter l’Ukraine. De son côté, Poutine déclare que les dizaines de milliers de soldats russes mobilisés ne font que participer à un entrainement. 

Depuis des semaines, dans un vaste jeu de poker menteur, Biden, Macron et Scholz multiplient les rencontres médiatisées avec Poutine, tout en le présentant comme un dictateur, agresseur et va-t-en-guerre. Dictateur, Poutine l’est sans conteste, contre son opposition et contre les classes populaires de toute la Russie. En revanche, jusqu’à présent, il n’est pas l’agresseur. 

En 1991, les bureaucrates de Moscou, Kiev et Minsk ont fait éclater l’Union soviétique, sans consulter ses peuples. Mais les États-Unis n’ont pas pour autant dissous l’Otan, l’alliance militaire qu’ils avaient construite pour isoler celle-ci. Bien au contraire, profitant de l’affaiblissement de la Russie sous Eltsine, ils y ont intégré les trois États baltes, la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, etc. Ils ont pris pied en Géorgie et en Asie centrale. Les bases américaines ceinturent aujourd’hui la Russie, et Poutine veut empêcher l’Ukraine de rejoindre l’Otan. 

Si Biden et Macron fustigent Poutine parce qu’il déploie des troupes aux portes de l’Ukraine, ils ne trouvent rien à redire lorsque le même Poutine a envoyé début janvier 3 000 parachutistes russes pour aider le dictateur du Kazakhstan à mater la révolte ouvrière. Au Kazakhstan, il s’agissait de réprimer des ouvriers qui protestaient contre la vie chère. L’enjeu était de sauver les profits de Total, Chevron, ArcelorMittal et autres trusts occidentaux qui exploitent les ressources et les travailleurs de ce pays ex-soviétique. Pour réprimer les révoltes, Poutine, Biden et puissances européennes sont complices !

C’est pourquoi les travailleurs n’ont pas à partager l’hystérie guerrière des dirigeants américains plus ou moins suivis par les Européens. Les uns et les autres se moquent du sort des Ukrainiens comme de tous les peuples qu’ils oppriment eux-mêmes partout dans le monde.

Ils se prétendent les champions de la liberté, mais ils empêchent des femmes et des hommes de circuler librement pour fuir la guerre ou la misère. Ils ont reconstitué un rideau de fer en installant des barbelés qui provoquent la mort de nombreux migrants entre la Biélorussie et la Pologne.

Ils prônent la paix et la démocratie mais ils entretiennent une multitude de guerres régionales meurtrières et arment des dictateurs.

En Europe de l’Est, comme en Afrique ou en Asie, les grandes puissances interviennent pour défendre les intérêts de leurs capitalistes respectifs, en lutte pour se partager les marchés et accéder aux matières premières. Dans une économie en crise, cette concurrence est de plus en plus acharnée, et les dirigeants impérialistes se préparent à transformer la guerre économique en guerre tout court.

Leurs budgets militaires ne cessent d’augmenter. Quand ce n’est pas la Russie, c’est la Chine qu’ils présentent comme une menace. Ce sont pourtant des navires de guerre et des sous-marins américains, australiens et même français qui patrouillent en mer de Chine, pas des navires chinois au large de la Californie !

Face à la Russie, un dérapage n’est pas exclu et ce sera la population ukrainienne qui en payera le plus grand prix. Même si le statu quo perdure, le sursis ne durera pas tant le monde capitaliste est une poudrière. Les manœuvres des impérialistes concernant l’Ukraine ont servi à déployer leur propagande de guerre pour mettre au pas leur propre population et la conditionner à servir de chair à canon. 

Avant les deux guerres mondiales, une série de conflits avaient également été l’occasion pour les grandes puissances de préparer les peuples à la guerre. Tous ceux qui n’ont que « les intérêts de l’Europe » à la bouche participent à cette mise en condition.Il faut refuser de marcher car cette guerre n’est pas celle des travailleurs. C’est celle de leurs exploiteurs, qui rivalisent pour accaparer la plus grande part de profit. Seule la classe des travailleurs sera capable d’empêcher la guerre.

L’inflation profite aux patrons. C’est à eux de payer

Les prix du gaz et de l’électricité ont explosé en 2021, mettant les ménages dans l’impossibilité de payer la facture et menant à plus de 900 000 demandes de report de paiements. L’inflation en janvier 2022 est de 7,6%, le plus fort taux enregistré depuis près de quarante ans ! C’est principalement la hausse du prix de l’énergie qui est responsable. Pour les travailleurs, qui consacrent une plus grande part de leurs dépenses à l’énergie et moins aux loisirs, les conséquences sont dramatiques.  La facture pourrait grimper jusqu’à 4000 € en Wallonie !

Les patrons prétendent qu’ils ne font que répercuter la hausse du cout de l’énergie et donc des transports sur la production. C’est un mensonge ! Ce sont toujours les mêmes travailleurs sur les mêmes machines qui extraient le pétrole et le raffinent, ou produisent le gaz et l’électricité. La valeur intrinsèque de l’énergie et de toutes les marchandises n’a pas changé soudainement. La seule raison de l’augmentation des prix est que les producteurs profitent de la demande pour augmenter artificiellement les prix et encaisser un surprofit. Les intermédiaires reportent à leur tour les augmentations sur les suivants dans la chaîne de production, tout en augmentant leur marge au passage, et ainsi de suite jusqu’aux travailleurs. De cette manière, ce sont eux qui, à la source de toutes les richesses produites vont payer pour la soif de profits de capitalistes qui, eux, ne produisent rien et ne servent à rien. 

Toutes les aides de l’Etat aux consommateurs pour pallier la hausse des tarifs de l’énergie, sont financées par nos impôts, par de l’argent public qui finira dans la poche des producteurs d’électricité ! Cet argent ne sera plus disponible pour payer les soins de santé, alors que la pandémie a montré à quel point on avait besoin d’eux et à quel point le secteur hospitalier manquait de moyens. Ou encore, il manquera dans l’éducation, les infrastructures ou les services de secours, et là, ce sont les inondations de l’été dernier qui ont montré les conséquences du manque d’investissement.

Finalement, le gouvernement a décidé de réduire jusqu’en avril la TVA à 6% sur le prix de l’énergie. Cette mesure est profondément injuste. Elle va surtout profiter aux riches qui ont des plus grosses maisons et dépensent plus d’énergie.  Or, ce sont les couches populaires qui dépensent la plus grosse part de leur salaire dans le gaz et l’électricité. Ce sont eux qui risquent de vivre dans le froid ! La TVA est l’impôt le plus inégalitaire car il s’applique aux chômeurs comme aux PDG. 

 De plus, comme le fait remarquer un économiste, la baisse de la TVA va reporter la prochaine indexation des salaires de six mois. C’est un manque à gagner plus élevé que la hausse de l’électricité sur la même période ! Ce que le gouvernement donne d’une main aux travailleurs, il le reprend de l’autre. 

Le Premier ministre prétend qu’avec les aides, le pouvoir d’achat va augmenter de 1000 euros cette année. Cela semble un gros chiffre, mais cela ne fait jamais que plus ou moins quatre-vingts euros par mois ! Le calcul de De Croo est fallacieux car il additionne toute une série de choses, comme l’indexation par exemple, qui n’ont rien à voir avec des augmentations de pouvoir d’achat mais ne sont que de petites compensations face à l’augmentation des prix. Le budget des couches populaires ne sera pas moins ric-rac, au contraire ! 

Et dès la crise un peu passée, ce gouvernement ou le prochain, reparlera d’austérité, de report de l’âge de la pension pour faire encore une fois porter les coûts par le monde du travail. Le patronat reviendra à la charge pour exiger la suppression de l’indexation des salaires au nom de la compétitivité. Ce n’est donc pas du gouvernement qu’il faut attendre des solutions.Il est déjà difficile de vivre avec les salaires actuels ; ce sera impossible si les prix continuent d’augmenter. L’index ne reflète pas la réalité de la vie des couches populaires. Par exemple, le prix des carburants n’y est pas inclus. La seule solution est d’augmenter les salaires et de mettre dans le calcul de l’index tous les produits de la consommation, y compris les cigarette et l’essence. Mais ça ne se fera pas tout seul. Il faudra des luttes, des manifestations et des grèves, et pas qu’une seule, car il s’agira de faire plier le patronat sur ce qui lui tient le plus à cœur : ses profits. Pour que de telles luttes réussissent, elles devront unir les travailleurs de tous les secteurs, car par-delà les différences de statut ou de branches, les travailleurs sont unis par les mêmes intérêts et ils représentent collectivement la plus grande force qui soit.

Otan-Russie : Négociations entre brigands

Depuis le 10 janvier, les diplomates russes et américains se rencontrent pour discuter des relations entre l’OTAN et la Russie en général et du sort de l’Ukraine en particulier.

La Russie est présentée par les dirigeants occidentaux comme l’agresseur de l’Ukraine depuis l’annexion en 2014 de la Crimée, dont la population est majoritairement russe, et le soutien militaire apporté par Poutine aux séparatistes russophones du Donbass. Fin avril, sous prétexte de manœuvres militaires, Poutine a massé des troupes aux frontières de l’Ukraine dans une démonstration de force face aux dirigeants ukrainiens pro-occidentaux qui souhai­tent adhérer à l’OTAN, l’organisation militaire chapeautée par les États-Unis.

Ces grandes manœuvres amènent les dirigeants baltes, polonais et même scandinaves à réclamer une plus grande protection militaire de l’OTAN en évoquant la menace russe. Á raison, ils considèrent que l’Union européenne n’est pas fiable car elle n’a pas d’existence militaire et politique réelle. En l’occurrence, dans le conflit avec la Russie, la France et l’Allemagne ne sont pas sur la même longueur d’onde tant elles ont des intérêts contradictoires. Car chacune défend d’abord les intérêts de ses capitalistes. Les grandes industries allemandes sont plus dépendantes du gaz russe que les françaises et craignent qu’en représailles aux sanctions de l’OTAN, Poutine ne ferme le gazoduc qui les approvisionne. 

Ni Poutine ni les dirigeants occidentaux n’agissent évidemment pour défendre la volonté et les intérêts des peuples, qu’ils soient ukrainien, russe, polonais, balte ou… kazakh. L’OTAN a été bâtie au moment de la guerre froide pour enrôler les alliés des États-Unis dans leur combat pour isoler et affaiblir l’Union soviétique. À la chute du rideau de fer, suivie de l’éclatement de l’Union soviétique, il y a trente ans, les dirigeants américains n’ont pas dissous l’OTAN. Au contraire, ils ont profité de l’affaiblissement brutal de la Russie, dans la décennie 1990, pour faire adhérer à l’OTAN les trois pays Baltes, les pays de l’Est européen anciens membres du Pacte de Varsovie et pour prendre pied en Asie centrale en ouvrant des bases militaires au Tadjikistan ou au Kirghizistan. Aujourd’hui que Poutine a restauré en Russie un appareil d’État répressif et une armée opérationnelle, il tente de défendre les intérêts et la zone d’influence des oligarques qu’il représente. 

Dans toutes leurs grandes manœuvres, les dirigeants américains n’ont jamais été gênés par leur collaboration avec des dictateurs ou des politiciens d’extrême droite ultranationalistes. Il est significatif, alors même qu’ils sont en conflit ouvert avec Poutine en Ukraine, que les dirigeants occidentaux n’aient rien trouvé à redire à l’envoi de milliers de soldats russes au Kazakhstan pour aider la dictature à réprimer la révolte populaire contre l’augmentation des prix.

Ni l’alliance militaire que constitue l’OTAN, ni celle placée sous l’égide de la Russie ne sont là pour défendre la liberté des peuples. Aujourd’hui avec Poutine comme hier avec les bureaucrates staliniens du Kremlin, les dirigeants impérialistes et russes se partagent les rôles de gendarmes du monde et de gardiens d’un ordre social injuste. 

On ne peut pas prédire quelle étincelle mettra le feu aux poudres, mais la bourgeoisie impérialiste s’y attend et elle s’y prépare. 

Mardi 24, le chef de l’armée belge expliquait dans la presse que jusqu’ici l’armée se préparait à des interventions en Afrique ou en Afghanistan, mais qu’aujourd’hui l’objectif était devenu d’être prêt à des opérations de défense collective. En France, l’armée se prépare à un conflit de grande intensité, État contre État. Et si ce n’était pas contre la Russie, ce serait, sous l’influence des États-Unis, contre le Chine. La presse internationale s’en fait déjà le relais. Les budgets de la défense augmentent en conséquence : 1,54% du PIB belge en 2030, 50 milliards en France pour 2025.

Quelle que soit la teneur des tractations qui se mènent à Genève ou à Bruxelles entre l’OTAN et la Russie, les classes populaires de tous les pays n’ont que des menaces à en attendre.

Avant, pendant et après l’épidémie, la lutte des classes continue

Après bientôt deux années de Covid, beaucoup espèrent un « retour à la normale » et il est vrai que les confinements, le masque, le télétravail obligatoire et le Covid Safe Ticket ont été et sont encore un coup de plus porté à une vie déjà difficile. 

Depuis le début de l’épidémie, tout se passe comme si elle était devenue le centre de toute l’activité politique, comme si toutes les décisions étaient prises en fonction de cette situation exceptionnelle. En réalité, pour le patronat, les affaires continuent. Les riches sont toujours plus riches et les travailleurs toujours plus pauvres, « comme avant » pourrait-on dire. Les grandes entreprises ont engrangé des profits comme jamais, les places financières sabrent le champagne.

Et pour « après », la FEB, la Fédération des Entreprises de Belgique, a donné le ton : elle attend du gouvernement qu’il bloque les salaires, y compris l’indexation, alors même que l’inflation galope et que les prix de l’essence, du gaz et de l’électricité ont explosé ! Le patron de l’UWE, l’Union Wallonne des Entreprises, allait dans le même sens le mois dernier, en demandant qu’on durcisse les règles contre les chômeurs.  

Les paroles que le Premier ministre, De Croo, répète à chaque Codeco « prenez-soin les uns des autres » ne concernent évidemment pas les patrons…

La crise sanitaire a servi de prétexte à assouplir les règles qui gênent les patrons, à leur distribuer des aides publiques que le gouvernement compte bien faire payer plus tard aux travailleurs. La sortie de la crise va fournir de nouveaux prétextes à de nouvelles attaques. Les restrictions imposées pendant le Covid vont perdurer si on se laisse faire.

Cette agressivité patronale se traduit aussi politiquement : aux États-Unis, en Allemagne, en France, on voit la droite se durcir. Trump, Le Pen ou Zemmour font beaucoup de bruit autour de leur soi-disant opposition aux élites et leur prétendu intérêt pour le sort des « gens ». En réalité, leur discours de haine sert surtout à diviser les travailleurs, selon leur origine ou leur religion, afin de les affaiblir face à la bourgeoisie. Bien sûr, les partis d’extrême droite, leurs discours racistes, réactionnaires et démagogiques, existent depuis longtemps. Mais depuis les fascismes des années trente, ils n’avaient jamais été aussi forts. 

Leur succès n’est pas un simple effet de mode, c’est le reflet exact du fait que le patronat se sent de plus en plus fort, que le rapport de force est en sa faveur et qu’il ne voit aucun frein à sa politique anti-ouvrière de choc. 

La crise inhérente à cette société accroît inexorablement la concurrence entre capitalistes. En même temps, l’absence depuis des décennies d’un parti révolutionnaire, l’affaiblissement des organisations politiques de la classe ouvrière ouvrent un boulevard aux capitalistes. Ils se sentent pousser des ailes, ne se privent plus de financer et de soutenir ouvertement les partis d’extrême droite. Aujourd’hui, Bolloré, le patron de Vivendi et 10ème fortune de France, ne cache pas son soutien à Zemmour. 

 En Belgique, l’extrême droite reste marginale en Wallonie mais elle a déjà pris de l’avance en Flandre. Mais les attaques contre les travailleurs ne manquent pas : il s’en est fallu de peu que la non-vaccination devienne un motif de licenciement. La direction de Brussels Airlines a menacé d’exiger des astreintes contre la grève du personnel. La condamnation des syndicalistes de la FGTB pour le blocage de l’E40 est aussi un signal d’alarme.

En 2021, les grèves dans des entreprises n’ont pas manqué, mais il n’y a malgré tout pas eu de mouvement d’ensemble. Les syndicats continuent à faire des grèves d’un jour et des manifestations sans suite, en espérant être invités à une table des négociations où il n’y a plus de place depuis bien longtemps. 

La force du monde du travail réside dans son nombre et dans sa capacité à bloquer l’économie, puisque rien ne peut fonctionner dans cette société sans travailleuses et travailleurs. Le patronat a ses partis – il a même tous les partis de son côté. Ce qu’il manque aux travailleurs, c’est un parti qui leur appartienne, qui ne se contente pas de demander des ajustements à la marge, mais qui organise notre force collective pour changer réellement le fonctionnement de la société. C’est le parti que nous cherchons à construire.

L’hôpital malade du capitalisme

Le Comité de concertation « Codeco » du 26 novembre a pris de nouvelles mesures restrictives dans le contexte de la lutte contre le Covid-19. Il y a eu, comme à chaque fois, des débats sur le fait que ces mesures seraient trop ou pas assez strictes, sur le fait qu’il est bizarre de fermer les écoles dans deux semaines alors que c’est maintenant que la 4ème vague est au plus haut.

Mais, Codeco après Codeco, on voit bien que les raisons qui déterminent l’action du gouvernement sont très basiques. En tout cas, ce n’est pas l’espoir de sauver des vies car on voit bien que la classe politique dans son ensemble s’accommode assez bien du fait qu’il y ait 50 morts par jour. En revanche, ils ont l’air très préoccupés par le nombre de lits occupés en soins intensifs, et ça veut dire beaucoup de choses.

Certes, De Croo et Vandenbroucke parlent du taux de contamination, du nombre de cas positifs, et prennent un air paternel pour dire de prendre soin les uns des autres. Il y a un an, le gouvernement avait mandaté des experts pour définir des critères objectifs liés à des niveaux d’alerte et des plans d’action. Rien n’en est sorti. Et c’est logique, car le seul chiffre qui les pousse à agir, c’est le nombre de lits occupés en soins intensifs.

Évidemment, aucun ministre n’a envie de se retrouver sur la sellette si on voyait en Belgique des patients mourant dans les couloirs des hôpitaux faute de lits, comme ce fut le cas dans certains pays lors de la première vague. Cela démontrerait leur incapacité à gouverner et pourrait provoquer une saine colère de la part de la population. Aux yeux des dirigeants politiques, les malades peuvent mourir, tant qu’ils le font en bon ordre et en silence.

Mais il n’y a pas que les morts. Il y a toutes les opérations « non urgentes » qui sont reportées. Le responsable d’un hôpital dit qu’ils ne font plus de colonoscopies. Combien de cas de cancer du côlon vont apparaître dans les années qui viennent, parce que les dépistages n’auront pas été effectués à temps ? Combien de gens vont mourir d’autres maladies que l’on peut prévenir et guérir parce qu’il faut absolument empêcher le spectacle de malades du Covid entassés dans les couloirs ? Car cela pourrait remettre en question le pouvoir politique ; pas seulement le pouvoir de tel ou tel politicien, mais tout ce système politique qui ne fonctionne que dans l’intérêt des plus riches. 

Car la question qui n’est jamais soulevée, c’est comment se fait-il que dans un pays riche comme la Belgique, il n’y ait que 2000 lits disponibles aux urgences pour 11 millions d’habitants ? Qu’est-ce qui fait qu’après bientôt deux ans de pandémie, les hôpitaux en soient toujours réduits à une telle misère ? On entend qu’il y a une pénurie de personnel. Oui, les soignants se plaignent depuis des années d’être en sous-effectifs. Il y a eu des manifestations pour faire entendre leur voix. Mais s’il y a si peu de candidats et si tant de personnes quittent le métier, c’est qu’il y a un problème, un problème de salaire, un problème de conditions de travail, et ce problème vient de dizaines années d’austérité et de restrictions budgétaires durant lesquelles les directions hospitalières ont augmenté la productivité et réduit les effectifs sous la pression de budgets en constante diminution.

Ah oui, il y a eu le « Fonds Blouses Blanches », censé apporter 400 millions au budget des soins de santé. Vandenbroucke se vante d’y avoir fait ajouter encore 500 millions. Cela ne fait jamais que 3% du budget des soins de santé et, surtout, cet argent ne sert que très peu à créer de vrais nouveaux emplois. Contrairement à ce qui a été annoncé, il n’y a pas eu 1500 nouveaux emplois temps plein créés, mais surtout la transformation de CDD et d’intérims en CDI. En Belgique, il y a 360 000 infirmiers et aides-soignants et on voit que c’est insuffisant. Même 1500 de plus ne vont pas y changer grand-chose.

Ce milliard d’euros dont le gouvernement est si fier, ne compense pas le manque à gagner des années précédentes, les économies faites par Maggie de Block, OpenVLD comme De Croo. Rien qu’en 2017, c’étaient 900 millions !

Les soins de santé, comme tous les services publics, comme les écoles, les pompiers, les transports, ont été pillés pour faire des économies et réduire les impôts du patronat. Ceux qui meurent aujourd’hui, ceux qui vont mourir demain, faute d’avoir reçu les soins adéquats à temps, le doivent avant tout à ces politiques criminelles d’austérité.Le capitalisme est mortel pour l’humanité. Il ne mérite que d’être détruit et remplacé par une société dirigée par les travailleurs et dans l’intérêt de la collectivité. Ça s’appelle le communisme.

A bas l’Europe forteresse, travailleurs unissons-nous !

Ce qui se passe à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie est révoltant. Près de 3 000 migrants sont massés à cette frontière, errent et dorment dans la forêt, dans l’espoir d’entrer en Pologne sans être refoulés. Exténuées par les jours et les nuits passés dans le froid, sans nourriture, une dizaine de personnes sont déjà mortes. Chaque jour qui passe menace de faire de nouvelles victimes.

Les dirigeants européens accusent le dictateur biélorusse d’avoir favorisé l’arrivée de migrants à la frontière pour déstabiliser l’Europe. Et ils s’indignent de ce qu’il aurait « instrumentalisé et manipulé les migrants ». C’est vrai ! Mais que font-ils d’autre, eux, si ce n’est les laisser souffrir et mourir ?

Quand ils ne laissent pas les migrants mourir aux portes de l’Union européenne, ils s’arrangent pour qu’ils restent enfermés dans les mouroirs que sont les camps au Liban, en Libye ou en Turquie, ou qu’ils restent prisonniers de leur pays d’origine, comme l’Afghanistan, ravagé par la guerre, où la famine pousse des familles à vendre leurs enfants.
Oui, la palme du cynisme revient aux dirigeants européens, car les candidats à l’immigration ne demandent qu’à arriver par des voies sécurisées et légales pour demander l’asile. Au lieu de cela, ils se retrouvent sous la dépendance de passeurs sans scrupules et traqués comme des criminels. 

Et nul besoin d’aller en Pologne pour constater que les dirigeants européens se moquent du sort des migrants.  Sammy Mahdi n’a-t-il pas dit, après la mort de 27 migrants qui se sont noyés en tentant de traverser la Manche, que si la carte d’identité existait au Royaume-Uni, le problème serait résolu ! 

Ces femmes et ces hommes sont ouvriers, secrétaires, techniciens, ingénieurs ou médecins. Et demain, certains parmi eux travailleront dans l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment, ils seront routiers, intérimaires dans l’agroalimentaire ou l’industrie. D’autres aideront à faire tourner les hôpitaux ou les écoles. Parmi leurs enfants, il y a peut-être de futurs footballeurs ou des champions d’échecs. À côté de ceux qui deviendront ainsi très connus, il y aura tous ceux qui travailleront avec nous. Ces femmes et ces hommes sont des nôtres. Il faut qu’ils sachent qu’ils sont bienvenus dans le camp des travailleurs.

Il y a déjà eu trop de morts, trop de naufrages et de drames. Il faut la liberté de circulation et d’installation pour les migrants. Il faut l’ouverture des frontières. Pour les riches étrangers, fussent-ils des requins de la finance, les portes sont grand ouvertes ; pour des travailleurs qui ne demandent qu’à être utiles à la société, elles sont fermées.

Certains parmi les travailleurs sont inquiets parce qu’il y a déjà beaucoup de chômeurs. Mais le chômage, la précarité et les bas salaires ne dépendent pas des migrants. Ils dépendent du rapport de force avec le patronat et des luttes que le monde du travail est capable de mener contre les licencieurs et tous ces groupes capitalistes rapaces.

La bourgeoisie et ses politiciens opposent les salariés aux chômeurs, les intérimaires aux CDI et les Belges aux immigrés, pour dominer et s’enrichir sur le dos de tous. Face à eux, les travailleurs doivent faire bloc pour se défendre.

L’Europe est devenue une forteresse. La crise et les politiques antiouvrières menées par tous les gouvernements, de gauche ou de droite, y ont fait prospérer les partis nationalistes et les idées racistes.  Il n’est même pas nécessaire qu’il existe un parti d’extrême droite. En Belgique, il y a bien un Sammy Madhi, ministre d’un parti catholique, pour refuser des papiers à des grévistes de la faim.  

Si nous n’y prenons garde, la barbarie du monde, la xénophobie et les guerres nous emporteront. Le nationalisme, la méfiance généralisée nous ont déjà rattrapés. Les travailleurs conscients doivent prendre le contrepied de cette évolution délétère.Le capitalisme brasse les travailleurs du monde entier. Nous pouvons en faire une force à condition d’être conscients d’appartenir à un même camp, le camp des travailleurs, dont l’intérêt est de révolutionner la société de fond en comble