Archives pour la catégorie Edito

Ukraine : une fuite en avant meurtrière

Cela fait sept mois que les troupes russes sont entrées en Ukraine. De toute évidence, Poutine n’a pas réussi son pari de prendre le contrôle de Kiev, ni même de l’ensemble des régions russophones de l’Est. En re-vanche, avec l’aide des Etats-Unis et des pays euro-péens, l’Ukraine a mené une contre-offensive qui a obligé l’armée russe à reculer après avoir essuyé de lourdes pertes – on parle de 50 000 morts depuis le début de l’offensive. Son avantage numérique n’a pas suffi à compenser sa désorganisation et la fourniture par l’Occident d’armes extrêmement modernes à l’armée ukrainienne.
Face à ces revers, Poutine a décrété une mobilisation « partielle » de tous les réservistes, les anciens mili-taires, en âge de combattre.
Il est difficile de se faire une idée de l’adhésion de la population russe à cette guerre. Dès le début, de nom-breuses voix s’y sont opposées mais elles ont été ré-primées. En tout cas, la mobilisation est très mal perçue et, malgré la répression et la menace d’années de pri-son, des femmes et des hommes ont osé manifester leur opposition. Beaucoup de Russes en âge d’être mobili-sés cherchent à quitter le pays ; il y aurait eu jusqu’à dix kilomètres de file à certains postes frontière. Ces Russes qui fuient une guerre qui ne les concerne pas s’ajoutent aux 500 000 de leurs concitoyens qui ont déjà quitté le pays depuis de début de l’année, soit le double de l’année précédente.
Par ailleurs, Poutine a lancé des référendums dans les zones occupées afin de justifier « démocratiquement » leur annexion à la Russie. Il se moque bien de l’avis des populations et cherche avant tout à redorer son image de chef infaillible censé restaurer la grandeur impériale de la Russie. C’est en tout cas comme cela qu’il se présente lui-même, même s’il défend en réalité avant tout les intérêts de la couche dirigeante de l’appareil d’État, la bureaucratie héritée de l’ancien ré-gime soviétique et qui vit aux crochets de la population.
Beaucoup a été dit sur les responsabilités dans cette guerre. Poutine a déclenché les hostilités et les diri-geants européens et américains en ont profité pour se présenter comme les défenseurs de la liberté. Or, il ne s’agit évidemment pas d’une lutte entre le bien et le mal, entre la dictature et la démocratie.
Si l’on remonte @ dans l’histoire, l’Union Soviétique des années 80 n’avait depuis longtemps plus rien à voir avec le communisme. En lieu et place d’un vrai parti communiste et d’une vraie démocratie, il y avait une armée de bureaucrates qui vivaient aux dépens de la population. La vie y était-elle pire ou meilleure qu’ailleurs, là n’est pas la question : ce n’était pas le communisme pour lequel s’étaient battus des millions de paysans et d’ouvriers en 1917. Ce régime qui tenait par la terreur a fini par s’effondrer en 1989 quand une partie de ses dirigeants s’est sentie suffisamment forte que pour se débarrasser de cet État policier qui les fa-vorisait mais les bridait aussi dans leurs ambitions.
Il y eut dans les années 90 une phase de décentralisa-tion et de libéralisme à outrance qui servit les plus am-bitieux. Ce fut la curée, chaque dirigeant local ou régio-nal tentait de s’approprier la plus grosse part possible du gâteau. Mais dans cette jungle nouvellement capita-liste, il n’y en avait évidemment pas pour tout le monde et la masse des couches intermédiaires, composée de centaines de milliers de bureaucrates, se réfugia dès les années 2000 derrière le parti de Poutine qui recentralisa et permit dès lors à chacun de ces privilégiés de se su-crer à son niveau, tant que c’était en bon ordre.
Cela a créé une économie stagnante et incapable de ri-valiser avec les capitalistes occidentaux qui ont grignoté l’ancien empire soviétique en y étendant leur propre domination. Tous les pays balkaniques ont progressi-vement basculé dans leur sphère d’influence et l’Ukraine est depuis vingt ans le terrain d’une lutte d’influence qui s’est manifestée par une alternance de gouvernements pro-russes et pro-occidentaux.
Incapable de résister sur le plan économique à l’appétit des capitalistes occidentaux, Poutine a lancé l’offensive sur un plan militaire, comptant sur un ef-fondrement de l’armée ukrainienne et espérant sans doute que ses adversaires n’oseraient pas aller au-delà de protestations formelles comme ce fut le cas lors de l’annexion de la Crimée.
Poutine n’est pas un héros de la résistance aux Etats-Unis et les pays de l’OTAN ne sont pas les défenseurs de la liberté. Il n’y a pas de lutte idéologique, ce sont des pays concurrents en lutte pour le contrôle de res-sources et de marchés à l’échelle mondiale. Ils règlent leurs différents sur le champ de bataille au prix de di-zaines de milliers de morts, de millions de déplacés et de vies brisées. Le capitalisme a toujours considéré que la vie des femmes et des hommes ne valait rien face aux profits. C’est une raison de plus, s’il en fallait une, pour le renverser.

La crise du climat,
c’est celle du capitalisme

Cet été a été marqué par une série de catastrophes climatiques à travers le monde.

Au Pakistan, les inondations ont déjà fait plus de 1200 morts. Des incendies ont ravagé l’Espagne, la France et la côte Ouest des Etats-Unis. Des fleuves, et non des moindres, ont été quasiment asséchés, tels la Loire, le Rhin ou le Yangtsé en Chine – au point d’être devenus impropres à la navigation ou de réduire à néant la production hydroélectrique. Dans les Alpes, un glacier s’est effondré, un autre a disparu. La canicule qui a frappé toute la planète, de l’Europe à la Chine, a battu tous les records de température et de durée, avec son lot de morts, de sécheresse et de misère.

Dans le même temps, les experts du GIEC ont annoncé que la montée des eaux liée à la fonte des glaciers serait plus rapide que prévue et atteindrait 30 centimètres ce siècle-ci, même si le réchauffement était bloqué au niveau actuel.

Et tandis que des humains meurent de chaleur et de faim, des espèces animales disparaissent à un rythme accéléré.

Ce n’est pas le scénario d’un film catastrophe, c’est le monde dans lequel nous vivons. Ce n’est pas une surprise non plus, le dérèglement climatique est annoncé depuis des dizaines d’années par des scientifiques. Si rien n’a réellement été fait, ce n’est pas parce que les dirigeants politiques et financiers d’ici et d’ailleurs sont sourds, mais parce qu’ils ne veulent pas agir.

Il ne s’agit évidemment pas que de la Belgique, dont les dissensions communautaires ridicules continuent malgré l’urgence. La ministre fédérale du climat, Zakia Khattabi, a bien mis en place un «mécanisme de suivi ». Mais quelles actions vont être suivies ? Pour l’instant, mystère. Cet attentisme reflète ce qui se passe au niveau mondial, où les négociations entre les pays achoppent sur qui va payer quoi.

Pourtant, les moyens ne manquent pas. Nous vivons à une époque où les entreprises sont capables d’organiser la production à l’échelle planétaire : elles extraient les ressources naturelles sur un continent, usinent les pièces sur un autre, effectuent le montage final encore ailleurs, pour vendre ensuite sur les cinq continents. Tous les jours, des milliers d’avions et de navires parcourent la planète en tous sens. La terre est entourée d’une myriade de satellites extrêmement sophistiqués et la Nasa a été capable de placer un télescope ultra puissant à 1,5 million de kilomètres de nous. Technologie, organisation, tout est à notre portée mais, malgré tout, l’humanité est incapable de s’organiser pour cesser de détruire sa propre planète. Ces moyens ne sont même pas utilisés pour contrer les effets actuels du réchauffement. Qu’est-ce qui empêcherait dès aujourd’hui de transporter les gigantesques stocks de nourriture pour nourrir ceux qui meurent de faim ? S’il est possible de maintenir des golfs verts, pourquoi ne le fait-on pas pour les pâturages du bétail ? 

Et puis, pourquoi doit-on continuer à transporter inutilement des marchandises d’un bout à l’autre de la planète ? Le bœuf brésilien en route vers l’Europe croise le bœuf européen exporté au Brésil…

Poser la question, c’est y répondre : c’est le profit, c’est le principe même du capitalisme qui veut que la loi du profit prime sur tout le reste, sur l’humanité, sur la planète elle-même.

Pour cesser de détruire la planète, il faudrait autre chose que les promesses des conférences internationales, il faudrait autre chose que les « petits gestes quotidiens » dont les politiciens moralisateurs nous rebattent les oreilles.

Car c’est là l’enjeu : qui va payer ?  

La Commission européenne a bien parlé de taxer les billets d’avion pour le transport des voyageurs, mais les jets privés et le fret en seront exemptés ! On consomme trop d’eau ? Mais 20% de la consommation est due aux fuites qui perdurent faute d’investissements. On pourrait multiplier à l’infini les exemples qui démontrent que les gros pollueurs, ce sont les grandes entreprises et leurs actionnaires.

Alors, oui, pour cesser de détruire la planète, il faudra arrêter de produire des choses inutiles, même si elles rapportent de l’argent, et investir dans des moyens durables de nourrir, loger et soigner l’humanité. Cela exigera de faire passer le profit après le reste. Les capitalistes ont le pouvoir depuis plus ou moins trois siècles, cela leur a suffi pour démontrer amplement leur immense capacité de destruction et leur incapacité à enrayer la catastrophe qu’ils ont enclenchée. Leur reprendre ce pouvoir est une nécessité vitale. Ça s’appelle une révolution !

Grande-Bretagne : les travailleurs ne se laissent pas faire

La classe ouvrière anglaise subit de plein fouet les effets de l’inflation. Les spéculations liées à la guerre en Ukraine s’ajoutent aux effets catastrophiques du Brexit pour les travailleurs. Des études estiment qu’un million de personnes de plus seraient poussées dans la pauvreté cet hiver, incapables d’assumer l’augmentation de 80% des factures d’électricité et une inflation générale de plus de 13%.

Que ce soit le Labour (socialiste) ou les Tories (libéral), les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de démanteler les services publics depuis 30 ans : privatisation des transports ferroviaires, sous-financement des hôpitaux, etc. Cela fait que les services de base, comme simplement se rendre à son travail, sont inefficaces et chers ; il faut des mois pour avoir rendez-vous chez un médecin, ou alors passer chez un privé qui coûte plusieurs fois le prix. Cela fait aussi que les filets de sécurité n’existent pas et que les travailleurs qui ont un bas salaire ou qui n’ont droit qu’au chômage se retrouvent dans des situations de misère noire, contraints de vendre leurs meubles pour payer leurs factures.

Face à ça, les travailleurs anglais ont réagi.

Les 2000 dockers du port de Felixstowe, le plus important port marchand du Royaume Uni, ont fait une semaine de grève, du jamais vu depuis plus de 30 ans. Alors que leur entreprise a distribué 45 millions d’euros aux actionnaires, les dockers n’ont pas accepté l’indexation de 7% de leurs salaires : c’est moins que l’inflation, qui a déjà dépassé 10% en juillet ! La grève est suspendue mais les syndicats ont annoncé qu’elle allait reprendre. Pareil pour les plus de 100 000 postiers qui ont fait grève pour rejeter les misérables 2% proposés par la direction, comparés aux 450 millions d’euros empochés par les actionnaires.

A Édimbourg, en Ecosse, ce sont les éboueurs qui ont mené une grève qui leur a déjà permis d’obtenir une augmentation de 2300€ par an, soit 11% de leurs salaires.

Ces premiers mouvements, qu’ils soient couronnés de succès ou pas, ont encouragé l’ensemble des travailleurs anglais et, à la suite de votes massifs en faveur de la grève, les syndicats ont annoncé des mouvements chez les infirmières, les enseignants, les employés territoriaux et dans le secteur privé.

Liz Truss, la nouvelle première ministre, qui est une admiratrice de Boris Johnson, a dit que les travailleurs anglais devraient travailler plus dur. Elle a déjà leur réponse. Ils vont se battre plus durement contre sa politique.

Le Labour Party, qui est l’équivalent du parti socialiste en Angleterre, a une longue tradition de trahison des luttes. Sa direction refuse de soutenir les grèves – son dirigeant, Keith Starmer, a déclaré que c’était une question entre salariés et employeurs et que son parti n’avait pas à prendre position ; il a même interdit aux élus du parti de se montrer sur les piquets. Un certain nombre d’entre eux l’ont fait quand même et plus de 600 ont signé une lettre en faveur des grèves. Mais même s’il y a au sein du Labour une aile gauche, proche des syndicats, qui se montre plus proche des travailleurs, ce ne sont que des postures qui visent à ne pas se couper de leur base électorale dans les régions ouvrières. Ce ne sont pas eux qui vont faire sérieusement obstacle aux attaques de Liz Truss, en qui le patronat a trouvé une représentante offensive, que l’on compare déjà à la « dame de fer » Margaret Thatcher de triste mémoire.

Quant aux syndicats anglais, ils sont traditionnellement mous et corporatistes. Si aujourd’hui ils parlent d’unir les luttes et de synchroniser les mouvements, c’est sous la pression de la base. En pratique, ils continuent à ne pas le faire et les journées d’actions sont disséminées selon les secteurs. La raison en est que, comme les syndicats du continent, ils cherchent avant tout à se positionner comme interlocuteurs crédibles auprès du gouvernement et pas comme réels représentants des besoins des travailleurs.C’est pour cela qu’en Grande Bretagne, comme ici, il est d’une urgence vitale que les travailleurs recréent leurs propres organisations, leurs propres partis, qui soient sous leur contrôle direct et qui se préoccupent en premier lieu d’organiser des luttes d’ensemble pour des revendications communes à tous : des emplois, des salaires, des services publics. Nous savons que ces revendications exigeront des luttes dures et que le patronat utilisera tous les moyens pour les contrer. Alors, il faudra aussi contester le pouvoir du patronat sur la société et à terme balayer le système capitaliste lui-même.

Le capitalisme est le fléau à abattre

Crise sanitaire, crise climatique, crise économique, guerre. Voilà ce qu’a de mieux à nous offrir cette société capitaliste qui pourtant se vante d’être un modèle.

La crise sanitaire a mis à nu les tares du système. On a vu comment des années d’austérité avaient détruit tout le système hospitalier, comment les profits sont passés avant la protection des gens durant toute la crise, comment les salariés de la santé et de la grande distribution ont été jetés en première ligne et comment les États ont ouvert tout grand le tiroir-caisse pour renflouer les entreprises, sachant très bien qu’ils présenteraient ensuite l’addition à l’ensemble de la population, sous la forme de nouveaux plans d’austérité qui ne feraient qu’aggraver la situation.

Sur le plan de la crise climatique, il est aujourd’hui devenu évident pour tout le monde qu’une catastrophe s’annonce. Cela n’empêche pas les gouvernements de ne rien faire et les entreprises de continuer à polluer. Des centaines de millions de femmes et d’hommes vont devenir des réfugiés climatiques pour fuir des régions devenues inhabitables. Tout cela, uniquement parce que les grandes entreprises refusent de lâcher le moindre centime de leurs profits, parce qu’elles trouvent plus rentable de délocaliser leur production pour profiter d’une main d’œuvre moins chère et de réglementations plus laxistes, quitte à transporter les marchandises par avion sur des dizaines de milliers de kilomètres sans se soucier une seconde des conséquences écologiques. A ceci s’ajoutent les profits faramineux du secteur pétrolier dont profitent directement ou indirectement tous les groupes financiers. On a encore vu récemment que le parlement européen avait reporté certaines mesures au nom de la « préservation de la compétitivité » des entreprises. Les bourgeois feront des profits mais on en crèvera tous.

La guerre fait à nouveau rage aux portes de l’Europe. Il y a déjà eu deux guerres mondiales au siècle précédent, qui ont fait des dizaines de millions de morts, sans compter toutes les guerres régionales, du Vietnam à l’Afghanistan, et de l’Irak au à l’ex-Yougoslavie. Aujourd’hui, la guerre est en Ukraine, au Yémen et personne ne sait où la prochaine va démarrer. Tout cela, uniquement parce que des puissances telles que les Etats-Unis, l’Europe, la Chine ou la Russie sont en concurrence pour se départager les marchés et les ressources mondiales. Les prétextes nationalistes ne trompent personne : les puissants sont rivaux entre eux mais unis dans l’exploitation des travailleurs.

Cette guerre absurde a relancé une inflation comme on n’en n’avait pas connu depuis des années. Pas parce que des ressources auraient été détruites, pas parce qu’on manquerait de pétrole ou de blé, mais uniquement parce que de grandes fortunes capitalistes spéculent sur les futures pénuries de pétrole ou de céréales. Le résultat en est qu’aujourd’hui, alors qu’aucune de ces denrées ne manque, les prix se sont envolés, des ménages sombrent dans la précarité et la famine et les émeutes de la faim s’annoncent dans les pays pauvres.

La crise économique n’a en réalité jamais cessé. De la « crise pétrolière » des années 1970 à celle des « subprimes » en 2008, les crises se sont succédé sans jamais laisser le moindre répit aux travailleurs. Tandis que des milliards de travailleurs sont plongés dans la misère, ici en Europe mais encore plus en Chine, en Inde, en Afrique, le nombre de milliardaires et leur fortune n’ont cessé d’augmenter. Ces milliards produits par le travail de la majorité laborieuse de la population devraient servirent à payer des salaires décents, à investir dans la santé et l’éducation. L’argent est là, mais il sert uniquement à alimenter la machine folle des profits et de la spéculation, préparant ainsi de nouvelles crises, encore plus graves et probablement de nouvelles guerres.

Le système capitaliste ne fonctionne pas. Il sème partout et en tout temps les guerres et la misère. Les États et les gouvernements ne font même plus illusion : ils ne sont là que pour empêcher tout le système de s’effondrer, pour protéger les capitalistes des conséquences de leur propres crises, pour faire payer les classes pauvres et pour les maintenir à leur place en leur faisant miroiter promesses et faux espoirs. Et quand la population en colère n’y croit plus, la police et l’armée sont là pour réprimer.Les seuls à pouvoir protéger l’humanité de cette maladie mortelle qu’est le capitalisme, ce sont les travailleuses et les travailleurs, ceux que l’on appelle la classe ouvrière par opposition à la classe bourgeoise, ceux qui sont les exploités de cette société, qui en produisent les richesses et qui en forment l’écrasante majorité. Pour imposer la fin de la folie capitaliste, ils devront lutter, s’unir et s’organiser.

L’inflation enrichit le patronat et pousse les travailleurs vers la misère

L’inflation a disparu des titres de journaux mais elle continue de faire des ravages dans les couches populaires de la société, tandis que les patrons s’enrichissent à une vitesse indécente.

Il y a un chiffre qui fait froid dans le dos : au niveau mondial, toutes les 30 heures, un riche devient milliardaire tandis qu’un million de personnes basculent dans la pauvreté.

En Belgique, le patrimoine des millionnaires a augmenté de 6% l’an dernier alors que la production de richesses a chuté de 1%. Si les profits augmentent alors que la production baisse, cela signifie que pour chaque marchandise produite, pour chaque service fourni par des travailleurs, la part des actionnaires a augmenté.

Cette accélération de l’enrichissement des puissants a commencé pendant la crise du Covid grâce à la précarité qu’elle a imposé au monde du travail et grâce aux généreuses aides de l’État. La guerre en Ukraine aggrave à son tour la situation en y ajoutant une inflation galopante. 

L’augmentation des prix touche beaucoup plus les ménages pauvres : le loyer, la nourriture et le transport constituent la part principale des dépenses. Quand ces postes augmentent de 8,5%, cela fait vite 200€ de charges en plus par mois. C’est peut-être marginal dans les milieux aisés mais c’est insupportable pour des salaires d’ouvrier ou d’employé. Le résultat est de faire basculer un budget ric-rac dans le rouge, et donc de se priver de loisirs, de chauffage, de soins de santé.

Le nombre de travailleurs pauvres a doublé avec la pandémie et, même si on n’a pas de chiffres pour 2022, il est évident que la situation n’a pu qu’empirer depuis le retour de l’inflation.

La manière dont l’index est calculé fait que l’indexation automatique des salaires ne couvre pas, loin de là, ces pertes financières. Quant aux mesures d’urgence prises par le gouvernement, ce sont des emplâtres sur une jambe de bois ! La baisse temporaire de la TVA sur le gaz et l’électricité, ou les 100€ de prime par ménage sont largement insuffisants. Ce ne sont que des mesurettes qui visent à rendre l’appauvrissement moins insupportable mais elles n’empêchent en rien le monde du travail de s’appauvrir chaque jour un peu plus.

De Croo et ses ministres ne s’inquiètent pas réellement du sort des couches populaires, ils veulent juste contenir un minimum la crise actuelle car ils craignent qu’elle n’entraîne aussi les classes moyennes quand les travailleurs n’auront plus de salaire à dépenser. Surtout, ils veulent éviter que la colère du monde du travail ne débouche sur des grèves, des manifestations, voire pire encore…

De Croo et consorts prennent dans l’argent public, dans celui de nos impôts, pour financer leurs mesures. C’est donc chacun de nous qui payons, pas les riches, pas le patronat !

Pourtant, ce sont eux qui se sont enrichis par milliards grâce à la crise du Covid et à la guerre en Ukraine ; ce sont les groupes pétroliers, les producteurs d’électricité, les grossistes du secteur alimentaire, les Total, Engie, Colruyt, Delhaize et compagnie. C’est dans leur trésor de guerre qu’il faudrait puiser et pas dans la poche des travailleurs. Leur richesse s’est construite sur la précarité, sur la pauvreté et sur la spéculation. Ce sont eux qui doivent payer et pas seulement des primes, mais une réelle augmentation des salaires.

On ne peut pas attendre d’un gouvernement comme celui de De Croo de faire payer les riches. Les politiciens ont montré cent fois qu’ils étaient à leur service. En ce sens, De Croo ou un autre, c’est pareil : les capitalistes possèdent le monde, ils ont le pouvoir économique tandis que les gouvernements ne sont là que pour s’assurer de la stabilité du système : que les travailleurs restent à leur place d’exploités et que les riches continuent à s’enrichir.

C’est pour cela que les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Sans luttes, nous n’aurons que des larmes pour pleurer sur notre sort.

Voilà deux siècles que Marx a démontré les mécanismes de l’exploitation capitaliste. Depuis, les choses n’ont changé qu’en surface et, au fond, perdure la même exploitation de la misère et de la précarité de la majorité pour enrichir une infime minorité de parasites.

C’est ce système auquel il faut mettre fin en chassant les parasites qui s’enrichissent de notre travail et qui spéculent sur notre misère. Le monde du travail pourrait alors mettre en commun les ressources et les moyens de production afin que chacun et chacune puisse vivre décemment sans avoir à s’inquiéter de l’avenir.

Patronat, gouvernement, même combat contre les travailleurs

La crise du Covid s’achève à peine, la guerre en Ukraine fait rage mais la guerre du gouvernement et du patronat contre le monde du travail n’a jamais cessé.

La ministre du Budget, Eva De Bleeker, a été claire là-dessus : le gouvernement a gardé en permanence l’objectif de limiter les dépenses, alors même que les soins de santé montraient la gravité de leur sous-financement et que les ménages sont écrasés par la hausse vertigineuse des prix.

Sous prétexte de mettre « plus de gens au travail », la ministre propose de faire la chasse aux malades de longue durée, d’augmenter la flexibilité, d’augmenter le travail de nuit, etc. Des mesures inefficaces mais qui feront plaisir au patronat.

Là où il serait urgent d’agir, comme, par exemple, le blocage des prix, la ministre renvoie au niveau européen, ce qui est une manière de reporter toute décision à un futur indéterminé, quand les travailleurs seront encore plus au bout du rouleau. 

Bien sûr, pour elle, il n’est pas question d’augmenter les impôts sur les grandes fortunes. C’est une promesse du gouvernement ! Ils ont fait des dizaines de promesses électorales, mais les seules qu’ils tiennent, ce sont celles qu’ils ont faites aux riches.

Le Conseil Supérieur des Finances va dans le même sens que la ministre dans une note d’orientation sur la fiscalité : baisse des impôts sur les salaires d’un côté, mais suppression des chèques repas de l’autre, et surtout une augmentation de la TVA de 1%. Experts et politiciens parlent d’une fiscalité plus juste mais la TVA est l’impôt le plus injuste de tous puisqu’il ne dépend pas des revenus. Et toujours pas question d’un impôt sur la fortune ou le patrimoine !

Or, la question des impôts est directement liée à celle des services publics : en réduisant la part des grandes fortunes ou des entreprises, le coût de l’école, de la santé ou des transports pèse encore plus sur les épaules des travailleurs.

L’injustice est donc double. La fortune des plus riches vient avant tout du travail des salariés qu’ils exploitent dans leurs entreprises. Non seulement les patrons s’approprient le fruit de notre travail, mais en plus, ils refusent de payer pour les services publics.

Le patronat veut aller encore plus loin. Comme par coïncidence, il vient de publier sa propre liste de mesures pour les années qui viennent. Les gros morceaux, ce sont la fin de l’indexation automatique des salaires, la réduction des cotisations sociales et la régionalisation des politiques de chômage. Pas besoin de faire un dessin, l’index, même truqué comme il l’est aujourd’hui permet que les salaires suivent plus ou moins les prix. Supprimer l’index, c’est revenir à des négociations, branche par branche, voire entreprise par entreprise. Isolés, forcés à se battre pour chaque cent, les travailleurs seront toujours perdants. Cela va dans le même sens que la régionalisation du droit du travail : en divisant les travailleurs, en les mettant en concurrence au sein même du pays, le patronat renforcera sa capacité à leur imposer ses chantages.

Les politiciens répètent inlassablement que la compétitivité et la croissance seront bénéfiques à tout le monde car ils créeront de l’emploi. Chaque année qui passe prouve le contraire. Le patronat a empoché les réductions de charges sociales, il a profité de la déréglementation, mais ni les emplois, ni les salaires n’ont suivi. Alors qu’une inflation galopante ronge le pouvoir d’achat des travailleurs, les patrons ne parlent que de supprimer l’indexation.

Le patronat en veut toujours plus. Quoiqu’on leur cède, cela ne suffit jamais. Il se moque bien des conséquences pour la population. Pendant que les pauvres font la file dans des hôpitaux débordés, pendant que leurs enfants s’entassent à plus de vingt pas classe, les riches vont dans des cliniques privées et envoient leurs enfants dans des écoles d’élite.

La ministre De Bleeker dit dans sa conclusion : « l’État ne peut pas aider tout le monde à n’importe quel prix ». C’est évident, l’État est au service du patronat ! Les travailleurs devront s’aider eux-mêmes. Exigeons pour commencer le blocage des prix, l’augmentation des salaires et que les plus riches paient des impôts à la hauteur de leur fortune. C’est le monde du travail qui fait tourner l’économie, qui crée toutes les richesses. Ce rôle central lui donne une force énorme.Et puis, on verra, peut-être que les travailleurs aussi, se mettront à en vouloir toujours plus… et ils auraient bien raison !

Le troisième tour, ce ne seront pas les législatives mais les luttes sociales

Sans grande surprise, Macron a finalement remporté le second tour des élections présidentielles françaises avec un score confortable de 58,5%, tandis que Le Pen en a attiré 41,5%.

Macron a une fois de plus bénéficié du rejet de Le Pen et de son programme d’extrême droite anti-ouvrier et raciste. La plupart des partis politiques et des syndicats avaient en effet appelé à voter contre elle. Des manifestations syndicales ou lycéennes contre Le Pen et son Rassemblement National ont eu lieu, au cours desquelles, d’ailleurs, bien des manifestants exprimaient leur frustration par des pancartes « Ni Macron, ni Le Pen ».

Malgré tout, le score du Rassemblement National a progressé depuis les dernières élections présidentielles, pas seulement en pourcentage mais aussi en nombre de voix : Le Pen est passée de 10,7 millions à 13,3 millions de voix. Elle a aussi bénéficié d’un vote de rejet anti-Macron, comme le montrent les résultats dans certains quartiers populaires où Mélenchon était arrivé en tête au premier tour et qui ont voté Le Pen au second. Mais ceux qui ont voté pour elle par haine vis-à-vis du « président des riches » ont néanmoins voté pour une ennemie tout aussi acharnée des travailleurs.

Voter Le Pen ne sert qu’à faire pencher de plus en plus le balancier politique vers la droite et à justifier des mesures plus antisociales, plus répressives et plus racistes.

Un grand nombre d’électeurs, dégoûtés du non-choix qu’ils devaient faire, ont préféré s’abstenir. C’est ainsi que le taux d’abstention a culminé à 28%. Si l’on calculait les pourcentages sur tous les électeurs et pas seulement sur les votants, Macron n’aurait que 38,5% et Le Pen 27,3% – il y a donc plus d’électeurs qui se sont abstenu que de voix pour Le Pen !

Macron, par sa politique anti-sociale et ouvertement pro-patronale a certainement alimenté le vote Le Pen et il va continuer à le faire dans les années qui viennent. Mais les partis qui se disent de gauche, le Parti Socialiste et le Parti Communiste Français, portent eux aussi leur part de responsabilité dans cette situation. En 1981, François Mitterrand a amené la gauche au pouvoir et cela a créé un immense espoir parmi les couches populaires. Après quelques mesures sociales, il fallut rapidement déchanter : fermeture des mines, blocage des salaires, flexibilisation du travail et l’ensemble de la politique d’austérité ont repris d’une main ce qui avait été donné de l’autre. La présidence de François Hollande a été du même acabit, au point qu’il n’a même pas osé se représenter… Pour le monde du travail, ce fut une immense trahison : qui allait le défendre alors que ceux-là même qui étaient censés le représenter faisaient une politique de droite ?

Depuis des dizaines d’années, du PS au PCF, puis à la France Insoumise, tous les partis qui prétendent s’opposer à la droite et défendre les couches populaires ne proposent rien de plus que de voter pour eux. Ils ont tous abandonné le terrain des luttes sociales. On voit où ça les a menés aujourd’hui : appeler à voter Macron !

Or, c’est justement dans les entreprises et dans la rue que les travailleurs peuvent mener leur combat. Pas dans les urnes ! La grande bourgeoisie, les Bouygues et les Bolloré, les actionnaires discrets d’Engie et de Total, ne craignent pas les politiciens, même de gauche. En revanche, ils savent que leurs profits viennent du travail de leurs salariés, que ce sont les travailleurs qui font marcher toute l’économie, qui produisent dans leurs entreprises, qui transportent leurs marchandises, qui construisent les routes, etc. etc. 

Tout repose sur les épaules du monde du travail, le prolétariat. C’est pour cela que c’est lui seul qui est en mesure de mettre à bas ce système capitaliste injuste et absurde, chasser le patronat, prendre les entreprises et les faire fonctionner dans l’intérêt général de tous de façon démocratique et en prenant en compte les impératifs écologiques à long terme.

Cela peut paraître lointain au vu de la faiblesse actuelle des luttes des travailleurs, c’est pourtant la seule perspective car on ne peut pas continuer à attendre que tel ou tel politicien change la société à notre place, ils en le feront pas.De tous temps, les luttes des travailleurs ont connu des hauts et des bas. Il est urgent et nécessaire aujourd’hui que les travailleurs reconstruisent leur parti, pas pour gagner des élections, mais pour commencer à se préparer aux luttes sociales, pour défendre le programme d’une révolution sociale, le seul qui représente un avenir pour la société

Seules les luttes des travailleurs  pourront changer leur sort

Le premier tour des élections présidentielles françaises a donné son verdict : Emmanuel Macron, le président sortant, qui a recueilli 28% des voix, sera opposé au second tour à Marine Le Pen, la candidate de l’extrême droite, qui en a 23%. Les partis traditionnels ont été laminés : le PS s’écrase à 1,8% et le parti de la droite traditionnelle « Les Républicains » plafonne à 4,8% alors que ces deux partis recueillaient chacun 20 à 30% des voix depuis plus de 50 ans. 

A gauche, Jean-Luc Mélenchon rassemble 22% des suffrages et Roussel, du Parti communiste, en a 2,3%, tandis que l’extrême gauche ne dépasse pas 1,5%, en comptant ensemble Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) et Philippe Poutou (NPA).

Macron a déjà fait ses preuves comme le meilleur ami des privilégiés : il est haï, a juste titre, pour avoir baissé les impôts des grosses fortunes au détriment de la sécurité sociale et des services publics. En cela, il ne fait que continuer le travail de sape que les Hollande et Sarkozy avaient commencé avant lui. Sa réélection ne fera qu’aggraver la situation des classes populaires – il a déjà annoncé le report de l’âge de la retraite à 65 ans (contre 62 actuellement). 

En colère et sans boussole politique, de nombreux travailleurs risquent à nouveau de se tourner vers l’extrême droite. Or, si on additionne les voix de Zemmour, Le Pen et des petites listes du même acabit, le constat est glaçant : l’extrême droite, raciste et réactionnaire, totalise 32%. Le Pen s’est donné une allure sociale et se présente comme antisystème et anti-finance pour gagner les votes populaires mais elle, comme Zemmour, sont des ennemis jurés des travailleurs, qui n’ont d’autre programme que de la diviser par le racisme pour mieux réprimer ses revendications.

Le Pen se réclame du pouvoir d’achat, mais son programme ne propose que de diminuer les taxes et les charges sociales et donc de supprimer des moyens pour les retraites, l’école, les hôpitaux et tous les services publics utiles à la population. Ce n’est qu’un tour de passe-passe puisqu’au bout du compte ce sont les travailleurs qui vont payer ! Au contraire, il faudrait faire payer les grandes fortunes, mais de ça, il n’est évidemment question ni chez Le Pen, ni chez Macron.

Pour lutter contre la flambée des prix de l’électricité, Le Pen propose de sortir du système d’échange européen et fermer les frontières énergétiques. Mais tout le monde sait que l’appétit de profit de Total et Engie n’est pas inférieur à celui d’Esso ou BP. Cela ne changerait rien, mais avec un nouveau tour de passe-passe, elle escamote la responsabilité de ces entreprises « bien françaises » dans les spéculations et les hausses de prix.

Les discours de Zemmour suintent la haine des classes populaires et des travailleurs immigrés en particulier. Le Pen n’est pas en reste avec son programme de « préférence nationale » : une femme ou un homme vaudrait donc plus ou moins, aurait plus ou moins le droit à une vie décente selon le pays qui l’a vu naître. Voilà qui va plaire au patronat : la précarité des travailleurs d’origine étrangère les rendra plus facile à exploiter et cela fera baisser les salaires et augmenter l’exploitation de tous les travailleurs. 

Le Pen cherche à diviser, à monter les travailleurs les uns contre les autres. Or, l’expérience du monde du travail, c’est que l’unité fait la force. Tous sont exploités avec le même mépris par les patrons et nous savons très bien à quel point il est important d’être unis lorsqu’il s’agit de faire grève ou de manifester.

Le programme de Le Pen montre que, quoi qu’elle en dise, elle est avant tout une défenseuse du système capitaliste, avec ses injustices et ses inégalités. Le Pen n’est pas un antidote à Macron, c’est du Macron avec la haine et la répression en plus. Quant à Macron, ce n’est pas un rempart de la démocratie contre Le Pen, il est, comme elle, un défenseur du patronat contre le monde du travail. C’est sa politique en faveur des riches qui amène des travailleurs à voter pour Le Pen et compagnie. 

En tout cas, quel que soit le résultat du second tour, le président ou la présidente élue sera donc un(e) ennemi(e) des travailleurs.Les crises actuelles, la pandémie, la guerre en Ukraine, vont pousser des millions de travailleurs un peu plus vers la misère – en France, en Belgique et surtout dans les pays pauvres. La grande bourgeoisie, aidée de ses serviteurs politiques, mène une guerre féroce contre le monde du travail. Aucune élection ne va rien y changer car seules les luttes sociales, les manifestations, les grèves, la révolte pourront les faire reculer.

La guerre, fruit pourri du capitalisme

Il y a un mois, la population ukrainienne n’imaginait pas ce que sa vie allait devenir. Elle ne pensait pas que des bombes allaient détruire des villes entières, que des millions de gens allaient devoir fuir leur pays, ni que ceux en âge de se battre allaient se retrouver avec un fusil dans les bras. Pourtant, c’est ce qui est arrivé. Tout a basculé en quelques jours. 

Des villes de près d’un million d’habitants comme Kharkiv ou Marioupol sont bombardées massivement par l’armée russe. Des quartiers entiers ont été détruits et les victimes civiles se comptent désormais par milliers. La guerre a pris une nouvelle ampleur.

Si Poutine a probablement misé sur une intervention courte et un effondrement rapide du pouvoir ukrainien, c’est l’inverse qui s’est passé. Et maintenant l’engrenage fait que personne ne peut dire quand cette guerre finira, ni quelles vont être ses répercussions. Ce qui est certain, c’est qu’elles seront mondiales.

Cette tragédie qui se déroule à quelques milliers de kilomètres fait maintenant partie de notre quotidien, nous subissons déjà les spéculateurs et les profiteurs de guerre qui font monter tous les prix. Et un climat guerrier s’est installé, orchestré par le gouvernement et les médias. La guerre en Ukraine nous montre l’avenir que les dirigeants du monde nous préparent.

Dans les pays pauvres, l’impact risque d’être pire. La hausse vertigineuse des prix du blé annonce des désastres humanitaires. En Afrique, au Proche-Orient, en Inde, des famines vont toucher des millions de gens. Elles entraîneront sûrement des révoltes. Mais les dirigeants de ces pays pourraient chercher à détourner la colère des masses vers le nationalisme et la guerre, pour dresser les peuples les uns contre les autres, par exemple, entre l’Inde et le Pakistan, ou entre le Maroc et l’Algérie. 

La guerre en Ukraine a déstabilisé l’économie capitaliste mondiale et modifié les rapports de force. À cause de l’embargo sur le gaz russe qui se met en place, l’Allemagne, qui est la puissance industrielle européenne dominante, doit revoir complètement son approvisionnement énergétique. Et cela rebat les cartes dans les relations entre puissances européennes.

Les États-Unis se servent de la guerre en Ukraine pour obliger tous les gouvernements à se ranger derrière eux et font pression sur les pays de l’ex-URSS et sur la Chine pour qu’ils se détachent de la Russie.

Et puis, tous les États réarment ! S’il est  impossible de prévoir comment la situation internationale va évoluer, une chose est sûre, ceux qui nous gouvernent ont commencé à aiguiser leurs couteaux.

Il y a cent ans, toute une génération a connu la boucherie de la Première Guerre mondiale. Puis la génération suivante s’est retrouvée sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, il y a eu les guerres coloniales, au Viet Nam ou en Algérie. En réalité, les guerres ne se sont jamais arrêtées. Les désastres en Syrie, en Irak ou au Yémen sont là pour en témoigner.

Gouvernement et médias, à l’unisson, cherchent déjà à nous embrigader. Ils nous abreuvent de discours sur « le droit des nations » et la démocratie dont les pays de l’OTAN seraient les gardiens. Quelle hypocrisie ! Combien de dictateurs ont été soutenus par les États-Unis et l’Europe ? Et combien de guerres coloniales n’ont-ils pas menées ?  

Le système capitaliste mène inévitablement à la guerre, car de la guerre commerciale à la guerre tout court, il n’y a qu’un pas, surtout dans une économie mondiale complètement déstabilisée. Et si elle est une tragédie pour les populations, elle est un énorme business pour les trusts. Les profits des groupes pétroliers et de ceux de l’armement en sont l’illustration écœurante.

Le nationalisme sert la politique des gouvernements aux ordres des classes possédantes. Il sert à ranger les exploités derrière leurs exploiteurs et à les détourner de la lutte des classes. Dans cette guerre, les exploités n’ont pas de camp. Celui de Poutine n’est pas meilleur que celui de l’OTAN. La dictature contre le peuple russe est terrible et, il y a quelques mois, c’est l’armée russe qui est allée réprimer la population du Kazakhstan qui se révoltait contre la vie chère. Cette fois-là, Poutine a eu la bénédiction de l’OTAN.Les travailleurs et les pauvres de tous les pays sont dressés à être résignés devant tout cela. Et faute de véritables partis ouvriers, faute de traditions de lutte et d’organisation, pour l’instant ils ne sont pas capables de renverser ce système. Pourtant, ils sont les seuls à pouvoir le faire et, si on veut éviter de nouvelles guerres, ils devront renouer avec un passé où le mouvement ouvrier représentait une force et un espoir de changement pour toute l’humanité.

La catastrophe et ceux qui en profitent

La guerre en Ukraine est une catastrophe. Bombes, missiles et obus pleuvent sur les villes ; des  habitations, des gares et des hôpitaux sont détruits tandis que les habitants qui n’ont pas pu fuir doivent se terrer et vivre un cauchemar de feu et de destruction. Dans des villes comme Marioupol, les habitants sont assiégés, sans eau ni électricité et sans aucun moyen de s’enfuir, les routes étant sujettes à bombardements.

Pour les trois millions de personnes qui ont dû fuir, la situation n’est guère meilleure ; entassés dans des centres d’accueil improvisés, parfois refoulés malgré les promesses des politiciens, ils ne savent pas dans quel état ils retrouveront leur habitation, ni même s’ils pourront un jour rentrer chez eux.

L’armée russe se comporte en Ukraine comme elle l’a fait en Syrie, ou comme les USA l’ont fait en Afghanistan et en Irak.

Comme dans toutes les guerres, la population se retrouve ainsi sous le feu croisé des ambitions économiques et territoriales de puissances rivales. D’un côté l’OTAN,  bras armé des États-Unis et de l’Europe, grignote depuis des années du terrain au profit des grosses entreprises occidentales ; de l’autre, la Russie utilise sa puissance militaire pour résister au rouleau compresseur économique de l’occident et garder le contrôle sur la région. 

Les travailleurs ukrainiens n’ont rien à y gagner, pas plus d’ailleurs que les travailleurs russes ni ceux des autres pays, contrairement à ce que les dirigeants des deux camps voudraient faire croire. Chacun se donne le beau rôle comme à chaque fois, mais, non, la Russie ne vient pas sauver l’Ukraine de la nazification ou du génocide ; et non, l’OTAN et l’Europe ne sont pas en train de sauver la démocratie, eux qui ont toujours fait affaires avec tous les dictateurs de la planète.

Cette guerre est une continuation de la guerre économique que se livrent depuis des années les plus grosses entreprises mondiales. L’embargo sur le gaz et le pétrole va un peu gêner Poutine, mais il va surtout aggraver la pauvreté dans la population russe qui risque de revivre un effondrement économique comparable à celui des années 90. Par ailleurs, ce blocus cynique ouvre des opportunités pour des groupes comme Engie ou Total qui ne demandent qu’à récupérer les marchés dont leurs concurrents ont été exclus.

Pendant que les populations souffrent, les capitalistes se frottent les mains. Tous les pays européens ont annoncé une augmentation de leurs dépenses d’armement, ce qui a fait monter en flèche les actions en bourse des fabricants d’armes : plus 30% pour les français Thalès et Dassault en quelques jours.

Avant même que les sanctions annoncées aient pu prendre effet, alors que le gazoduc entre la Russie et l’Europe tourne à plein régime et que, malgré la guerre, le gaz continue à arriver de Russie, les producteurs d’énergie se sont déjà mis d’accord pour augmenter les prix. L’annonce des sanctions à déclencher de la spéculation organisée. L’Agence internationale de l’Énergie estime à 200 milliards d’euros les surprofits que la guerre va permettre aux producteurs privés européens de réaliser.

Les prix du blé sont eux aussi en train de grimper. Il n’y a là non plus aucune pénurie. L’Ukraine est certes un très gros producteur de blé à l’échelle mondiale mais la récolte 2021 est déjà engrangée depuis longtemps et la suivante n’a pas encore poussé ! Là non plus, il n’y a pas de pénurie réelle mais les grands producteurs se sont déjà mis d’accord pour augmenter les tarifs. Ils se moquent bien d’aggraver la misère sur la planète entière, en particulier dans les pays pauvres où les céréales sont à la base de l’alimentation.

Face à l’augmentation des prix, les gouvernements européens, et le gouvernement belge comme les autres, n’ont rien d’autre à proposer que d’accroître la dette publique. De Croo a annoncé une baisse de 17 centimes des taxes sur l’essence, des chèques énergie de 200 euros et une réduction de la TVA à 6% sur le gaz. C’est donc l’État qui va payer, pas les producteurs d’énergie. Alors que De Croo lui-même a reconnu qu’il n’y avait pas de pénurie et que l’augmentation des prix était artificielle, ce n’est pas aux profiteurs qu’il s’attaque mais au budget de l’État. 

La guerre en Ukraine va servir, comme la pandémie d’ailleurs, de justificatif  au prochains plans d’austérité. On entend déjà De Croo nous expliquer qu’il va falloir se serrer la ceinture au nom de la solidarité ! Oui, nous devons être solidaires avec les travailleurs ukrainiens ou russes, mais pas avec les profiteurs de guerre, avec ceux qui vendent les canons et se sucrent sur les besoins vitaux des peuples. Ceux-là, nous devrons nous en débarrasser en renversant ce système capitaliste pourri !