L’annonce d’une trêve de quatre jours pour l’échange d’une partie des otages retenus par le Hamas est un soulagement pour la population Gazaouie mais il sera de courte durée.
Depuis sept semaines maintenant, Israël a écrasé la bande de Gaza sous un tapis de bombes. Le bilan approximatif s’élève déjà à 14 000 morts. Après avoir bombardé le nord, Netanyahou fait maintenant pilonner le reste de l’enclave, ne laissant à la population plus aucun endroit pour se réfugier. L’armée tire sur les civils en fuite, sur les camps de réfugiés, sur les écoles et les hôpitaux. L’épisode de l’hôpital al-Shifa, pris d’assaut par l’armée israélienne après avoir été en partie détruit par l’aviation montre que l’État israélien ne recule devant aucune horreur. Les images de bébés prématurés en train de mourir sont insoutenables.
Les Gazaouis qui ont survécu doivent survivre sans eau, sans électricité et, bien sûr, sans soins.
Ça, ce sont les faits.
Ils démontrent que l’objectif du gouvernement israélien est de semer la terreur dans la population palestinienne. Les partis de droite et d’extrême droite au pouvoir en Israël soutiennent depuis des années la colonisation. Jour après jour, le territoire palestinien a été réduit à peau de chagrin, tandis que la population laborieuse doit subir les exactions de l’armée, les files d’attente à tous les checkpoints, quand ce ne sont pas les attaques physiques des colons. Il était évident que la région était une poudrière sur le point d’exploser.
Dans un tel contexte, qui dure depuis 70 ans, l’attentat du Hamas, aussi horrible soit-il, a pris une allure de revanche pour beaucoup. Mais quand on voit comment les politiciens israéliens ont mis de l’huile sur le feu depuis des années, il est évident qu’il a aussi servi de prétexte à déclencher cette opération de répression terroriste de la part d’Israël.
Alors, la trêve annoncée sera la bienvenue, mais rien n’est résolu. Comment cela serait-il possible tant que cette colonisation perdure ?
La situation des Palestiniens est le cadet des soucis pour les dirigeants occidentaux. Certes, ils se sont réjouis à l’annonce du futur cessez-le-feu, mais certains, comme Joe Biden, s’étaient refusés à exiger un cessez-le-feu, invoquant le droit d’Israël à se défendre et le fait que le Hamas est une organisation terroriste.
C’est un prétexte hypocrite. On voit mal contre qui Israël se défend en bombardant des hôpitaux. Est-ce que la présence, non prouvée, de combattants justifie de tuer la plupart des civils qui s’y trouvent ? Depuis des années, ce sont les Palestiniens qui subissent des attaques mais personne parmi les dirigeants des pays riches ne parle de leur droit à se défendre.
Ce n’est pas un hasard si l’ensemble des gouvernements s’aligne derrière Israël, ni s’ils ont fermé les yeux depuis des dizaines d’années sur les exactions dans les territoires occupés et toléré que l’État hébreu s’assoie sur les résolutions de l’ONU. Leur passivité devant la tuerie de masse qui se déroule depuis un mois et demi à Gaza montre une fois de plus leur complicité.
Car, oui, il s’agit bien de complicité. Israël a été un espoir pour des millions de juifs qui recherchaient un havre de paix après le génocide de la Seconde Guerre mondiale. Les pays impérialistes, l’Angleterre jusqu’en 1948, les Etats-Unis ensuite, se sont appuyés sur ce rêve pour créer un fossé entre les populations juive et arabe qui coexistaient jusque-là pacifiquement. L’isolement de la population juive, minoritaire dans la région, a rendu l’État hébreu dépendant du soutien économique et militaire américain et européen. En échange de ce soutien, il leur sert de gendarme dans la région. Israël est intervenu dans la guerre du Liban des années 1980, contre la Syrie à de multiples reprises et envoie ses missiles frapper en Irak et en Iran.
En montrant qu’il ne recule devant aucune horreur, Israël envoie un signal non seulement à la population palestinienne, mais à toutes celles de la région, leur montrant clairement ce qu’elles risquent si elles venaient à se révolter et à déstabiliser l’ordre voulue par les USA et l’Europe.
Car c’est bien ça qui leur fait peur. On peut s’arranger avec les gouvernements mais pas avec les peuples. Netanyahou négocie avec le Hamas, les Etats-Unis avec l’Iran. Toutes ces négociations se font sur le dos des populations qui sont maintenues dans la misère et dont les dirigeants craignent l’inévitable colère.
On ne peut qu’espérer qu’elle éclate et qu’elle balaie ces parasites que sont les capitalistes, grands et petits.