Le monde du travail en a marre !

Les trois journées de grève tournante du 23 no-vembre, du premier et du huit décembre ont été un franc succès. La SNCB, les TEC, De Lijn et la Stib ont été totalement en grève, idem dans les grandes en-treprises et dans la distribution où Delhaize, Carre-four, Colruyt ou Inno ont été fermés. Et la grève a aussi touché beaucoup de plus petites entreprises dont les salariés faisaient parfois grève pour la première fois. Des délégations de travailleurs ont bloqué des axes routiers ou l’accès à des zonings. Chaque journée a ainsi eu des conséquences dans le pays entier.
Il est vrai que les piquets devant les entreprises ne rassemblaient pas forcément beaucoup de travailleurs, mais si l’on compare cela par rapport à la faiblesse des mouvements de ces dernières années, il y a quand même un net progrès.
Ces résultats et aussi l’ambiance sur les piquets montrent que l’ensemble des travailleurs en a assez. Nombreux sont ceux qui ont exprimé qu’il était grand temps que les syndicats organisent une réaction face aux attaques pro-patronales du gouvernement. Et ces attaques ne datent pas d’hier : bien des mesures anti-sociales ont été mises en place par Di Rupo : réduc-tion des budgets, non-remplacement des départs à la pension dans les services publics, blocage salarial, ré-duction des allocations de chômage, etc. Les mesures du gouvernement Michel, si elles étaient appliquées, ne vont qu’aggraver encore plus la situation des classes populaires, aggraver la pauvreté et la précarité et certainement pas réduire le chômage. La politique d’austérité au service du patronat était hypocritement cachée derrière des discours sociaux sous Di Rupo, elle est maintenant arrogante et agressive sous Michel.
Alors, oui, beaucoup de travailleurs disent à juste titre qu’il était temps d’agir.
Les discours des médias et de certains politiciens, présentaient une Flandre « travailleuse » et nationa-liste opposée à une Wallonie « grévicultrice » et fai-néante, mais la grève a montré à quel point cela est faux : flamands, wallons et bruxellois ont tous été mobilisés de la même manière. Une fois de plus cela confirme ce que les communistes disent depuis tou-jours : la vraie division n’est pas entre les nationalités mais entre les patrons et les travailleurs – et au-jourd’hui, les travailleurs du Nord et du Sud sont unis contre les patrons de toutes sortes et contre les politi-ciens à leur service.
Pour l’instant le gouvernement n’a pas franchement réagi au mouvement de grève. Le CD&V, qui a des liens avec le mouvement mutualiste et syndical fla-mand a fait mine d’être prêt à envisager une taxation sur le capital, mais ses compères MR, VLD et NVA ont clairement fermé la porte. Il est probable que le gouvernement table sur un essoufflement du mouve-ment et qu’il espère ainsi humilier et démoraliser un peu plus les travailleurs en leur faisant subir un nou-vel échec. C’est à nous de montrer qu’il se trompe.
C’est pourquoi il est important que la mobilisation continue et que la journée du 15 décembre soit un nouveau succès. On peut espérer que l’ampleur de la manifestation du 6 décembre et la réussite des trois premières journées de grève vont encourager de plus en plus de travailleurs à se joindre au mouvement.
Le fait que les directions syndicales ont montré qu’elles étaient capables de mobiliser largement peut aussi donner confiance en eux aux travailleurs. Par ailleurs, le mécontentement de la base, qui remonte à travers les délégations de base peut faire pression sur les directions syndicales pour qu’elles continuent dans le même sens.
Notre détermination seule peut obliger le gouverne-ment à reculer : s’il voit que le mouvement continue au delà du 15 décembre et qu’il implique une partie de plus en plus importante de la population laborieuse, alors il devra céder. L’économie, ce n’est pas la fi-nance ou les capitalistes qui la font, ce sont les mil-lions de travailleurs qui fabriquent les produits, les distribuent ou les transportent. Les patrons ne font que récolter les bénéfices. Sans les travailleurs ils ne sont rien et ils le savent. Voilà d’où vient la force poten-tielle du monde du travail. Mais cette force exige notre mobilisation.
L’enjeu des semaines qui viennent sera de renforcer et d’élargir le mouvement. Cela signifie que chaque travailleur doit chercher à convaincre ses collègues à participer aux piquets. Et ce serait aussi un signe fort si les travailleurs en grève se rejoignaient pour des manifestations collectives.

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