Ne laissons pas nos ennemis de classe dresser les travailleurs les uns contre les autres!

La manifestation du 11 janvier à Paris a été le point culminant d’une série de manifestations spontanées de soutien à la liberté d’expression et en réaction à l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo. Et il est clair qu’on peut partager l’indignation de ces millions de personnes que des dessinateurs soient tués pour avoir exprimé leur opinion, qu’un ouvrier et des policiers le soient pour s’être trouvés là au mauvais moment, ou que les clients d’un magasin soient tués simplement parce qu’ils sont juifs.
Ceux qui ont commis ces assassinats se sont attaqués à un symbole de la liberté d’expression pour faire savoir qu’être en désaccord avec eux est un délit puni de mort. Et s’ils se sont attaqués à des journalistes désarmés, mais aussi à tous ceux qui se trouvaient sur leur passage, ce n’est pas seulement par lâcheté. C’est parce que leur message s’adresse d’abord au monde du travail : après la liberté d’expression, ils s’attaqueront à celle de contester, de manifester, de revendiquer et ils tueront des militants politiques ou syndicaux.
Pour ces gens-là, l’Islam n’est qu’un prétexte, un moyen pour asseoir leur pouvoir, en commençant par leur communauté : par la terreur, ils veulent imposer que les travailleurs issus de pays musulmans soient sous leur contrôle. Et pour cela ils ont besoin d’opposer les travailleurs d’origine musulmane aux autres, alors que les travailleurs doivent avant tout être unis, quelle que soit leur nationalité, religion, origine ou langue.
En divisant les travailleurs, mais aussi en détournant les jeunes des vrais combats à mener, ils font finalement le jeu du grand patronat qui, lui, se moque bien, des religions et des frontières quand il s’agit d’exploiter les pauvres. En ce sens, ils sont avant tout des ennemis du monde du travail.
Mais, évidemment, ce n’est pas pour cette raison que Hollande et toute une clique de chefs d’Etat ont manifesté en tête du cortège. Et pas n’importe lesquels : Netanyahou qui massacre des palestiniens par milliers, Porochenko qui fait assassiner des syndicalistes en Ukraine, Bongo qui emprisonne journalistes et opposants au Gabon, ou Choukry, le premier ministre Egyptien, pays où une personne vient d’être condamnée à trois ans de prison pour athéisme. Tous ces dirigeants détestent la liberté d’expression et ils détestent encore plus Charlie Hebdo ! Ce sont eux les responsables de ce qui arrive.
Aujourd’hui des régions entières d’Afrique sont dans une misère sans espoir, le Moyen-Orient est retourné 50 ans en arrière à cause des guerres de Bush et consorts et de leurs destructions. Comment imaginer que les peuples de ces pays ne nourrissent pas de la haine contre ceux qui sont responsables de cela ? C’est sur base de cette colère que des petits chefs djihadistes et des apprentis dictateurs arrivent à recruter.
En Europe même, toute une génération de jeunes se retrouve aujourd’hui sans avenir : il n’y a pas de travail, avec ou sans diplôme. Mais pendant qu’ils végètent au chômage, quand ils y ont droit, d’autres vivent dans le luxe et gaspillent des milliards dans la spéculation tout en refusant d’investir pour créer des emplois. Les politiciens ne leur proposent rien d’autre que de l’austérité, le durcissement des contrôles et, comme en Belgique, l’exclusion du chômage. Et pour ces jeunes qui sont en plus d’origine étrangère, ils sont en butte au racisme, harcelés par la police et accusés d’être responsables du chômage. Comment imaginer que parmi ces jeunes il n’y en ait pas qui finissent par nourrir de la haine contre ce système ?
Le système capitaliste profondément injuste sème la barbarie dans le monde, ici comme ailleurs. Ce qui est barbare, c’est ce système qui permet que les uns s’enrichissent de la misère des autres.
Aujourd’hui les dirigeants politiques et religieux veulent unir tout le monde derrière eux dans la « guerre contre le terrorisme ». Cela servira à justifier le durcissement des contrôles en Europe et leurs interventions militaires en Syrie, en Irak ou d’autres à venir. Mais ce n’est pas avec plus de prisons et plus de guerres que les choses vont aller mieux, au contraire !
Ce n’est d’ailleurs pas pour cela que des millions de personnes ont manifesté. Mais au delà de l’émotion, il faut se rendre compte qu’une machine à diviser est en marche et que, loin de s’opposer les uns aux autres, les travailleurs auraient tout intérêt à unir leurs forces contre leurs exploiteurs, contre le capitalisme, pour mettre enfin un terme à la cause réelle de toute cette barbarie.

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