Ce n’est pas de l’Europe qu’il faut sortir, c’est du capitalisme !

La Première ministre conservatrice Theresa May a finalement obtenu l’aval du parlement anglais pour déclencher le Brexit, avec le soutien des travaillistes. Cela a été fait le 31 mars dernier.
Ce processus est la conséquence du référendum organisé par Cameron, le prédécesseur de May, en juin 2016. Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Cameron n’avait cessé de mettre la détérioration de la situation économique sur le compte des difficultés de la zone euro, tout en mettant la dégradation des services publics et la crise du logement sur le compte de la l’immigration, en particulier européenne.
La Grande-Bretagne connaît en effet un déficit commercial croissant depuis de nombreuses années. La raison en est que l’addiction des capitalistes britanniques à la spéculation financière et à ses profits faramineux a détourné l’argent qui aurait pu s’investir dans la production et l’économie réelle. Alors que la Grande-Bretagne détient le record du nombre de milliardaires dans l’UE, elle détient aussi le record des plus forts taux d’inégalité et de pauvreté parmi les pays européens riches. Les infrastructures publiques britanniques sont dans un état catastrophique, le réseau ferroviaire est vétuste et trop cher, le logement est en crise, inaccessible aux simples travailleurs. Le système de santé est dans un état déplorable, les délais d’attente sont de plusieurs mois et la Grande-Bretagne a moins de médecins et de lits d’hôpital par habitant que les autres pays de l’UE.
Pendant des décennies, les gouvernements ont réduit les dépenses sociales et l’investissement public, afin de nourrir le parasitisme du capital britannique. Comme May elle-même l’a fait, en réduisant les dépenses publiques de 4 milliards d’euros tout en octroyant aux entreprises 7,8 milliards d’euros en réductions d’impôt ! Oui, c’est le parasitisme capitaliste qui a conduit à la dégradation des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière anglaise. Contrairement à ce que les politiciens prétendent, cette dégradation n’est pas due à l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’UE et encore moins à l’immigration. Elle est due à la cupidité d’une classe capitaliste qui possède tout et tire de plus en plus de profits de l’exploitation du travail et du détournement des fonds publics, avec l’aide des politiciens à sa solde.
Bien sûr, la démagogie anti-UE et anti-immigrés ne vise qu’à faire oublier le fait que les coupes claires dans les dépenses sociales et d’infrastructures étaient dues aux détournements des fonds publics au profit des capitalistes.
Dans ce référendum, il n’y avait aucun moyen pour la classe ouvrière de faire valoir ses intérêts.
Voter pour le Brexit, c’était cautionner la répugnante démagogie anti-immigrés développée par la droite eurosceptique du Parti conservateur. Mais le vote pour le maintien dans l’UE revenait à cautionner des institutions européennes taillées sur mesure pour les besoins des bourgeoisies européennes les plus riches. Voter pour un camp ou pour l’autre, c’était apporter son soutien à des politiciens, travaillistes ou conservateurs, pareillement responsables des mesures d’austérité imposées à la classe ouvrière depuis des années. En somme, quelle que soit la façon dont les travailleurs votaient dans ce référendum, leur bulletin de vote ne pouvait qu’être utilisé contre eux par leurs ennemis de classe.
Le battage en faveur du Brexit à coups de mensonges, de xénophobie, de promesses illusoires, lui a permis de remporter d’une courte tête.
Loin d’apporter une amélioration pour les travailleurs, le Brexit promet de n’être rien de plus qu’une nouvelle occasion pour les profiteurs d’exiger, au nom de la « souveraineté nationale » retrouvée, de nouveaux sacrifices de la part des prolétaires.
Le programme de sortie de l’UE publié par May annonce des perspectives plus inquiétantes encore, en soulignant que « les règles de l’emploi doivent changer afin d’accompagner la fin de l’emploi à vie, la multiplication des contrats courts et l’émergence de nouveaux modèles d’entreprise ». Autrement dit, les emplois sous-payés et précaires doivent devenir la nouvelle norme, pour la bonne santé des affaires.
Non, la classe ouvrière n’a rien à attendre du Brexit, ni de ce système d’exploitation féroce basé sur une course de plus en plus folle au profit. Elle n’a aucun intérêt à se laisser enfermer dans de nouvelles frontières mais tout à gagner au renversement du système capitaliste.

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