En Belgique comme en France, les violences policières font l’actualité.
En Belgique, la justice a mis le feu aux poudres à Anderlecht en demandant un non-lieu dans l’affaire d’Adil, ce jeune homme qui a trouvé la mort dans une course poursuite avec la police suite à un contrôle Covid. Il y a l’affaire Chovanec, du nom de ce voyageur qui a été étouffé en cellule, tandis qu’une policière faisait le salut nazi devant la caméra. Dans l’affaire Mawda, le policier qui a tiré et tué la petite fille s’en tirerait avec tout au plus un an de prison – contre 7 à 10 pour le chauffeur de la camionnette de migrants. En septembre dernier, un commissaire a été mis de côté suite à la répression violente d’une manifestation pacifique pour la défense des soins de santé.
En France, il y a, entre autres, le cas de Zineb, une dame de 80 ans tuée à sa fenêtre par une grenade lacrymogène pendant une manifestation des gilets jaunes. Il y a Michel Zecler, tabassé chez lui par la police pour n’avoir pas porté de masque.
En France comme en Belgique, ces affaires n’auraient pas eu un tel retentissement si des familles, des amis ou des militants ne s’étaient pas mobilisés. Michel Zecler serait peut-être encore en prison si son passage à tabac n’avait pas été filmé, car la police l’avait mensongèrement accusé de rébellion. Cela illustre bien à quoi va servir la loi dite de « Sécurité globale » de Macron, qui veut justement interdire de filmer la police ! Dans l’affaire Mawda, la police belge a d’abord tenté de cacher que la petite fille avait été tuée par balle. Dans tous les cas, les gouvernements ont été solidaires de la police, tentant de minimiser la gravité des faits ou d’en limiter la portée en parlant de « cas individuels », voire en discréditant les victimes.
Cette solidarité sans faille a une cause profonde : la police est un outil essentiel pour la défense de l’ordre établi, avec tout ce qu’il comporte d’inégalités et d’injustices. Pourchasser les bandits et les voleurs est certes un travail utile mais le premier rôle de la police reste la répression.
Comment un système oppressif et injuste comme le capitalisme pourrait-il survivre, avec sa minorité de super-riches et une immense majorité de travailleurs, chômeurs et pensionnés qui vivent dans l’insécurité financière permanente, à la limite de la pauvreté ? Il est évident qu’un tel système ne peut qu’engendrer des révoltes. La police est justement là pour les réprimer.
Pour atteindre leurs objectifs sécuritaires, la hiérarchie policière et les ministères de l’Intérieur, ne sont pas très regardants sur qui ils embauchent. N’importe quel candidat fait l’affaire tant qu’il est prêt à manier la matraque avec vigueur sur les têtes ouvrières. Qu’ils soient d’extrême-droite, racistes ou anti-pauvres ne gêne personne, bien au contraire ! Il ne faut pas s’étonner alors de voir ce genre de policiers tabasser des quidams sur base de leur couleur de peau, gazer des manifestants ou tirer des grenades à tout-va. Et quand les bavures ont lieu, il est toujours temps pour les ministres de tirer sur un lampiste et discourir hypocritement sur la moralisation de la police et la nécessité d’y donner des formations contre le racisme.
Dans une période de crise économique et sociale comme celle que nous traversons, le risque d’une explosion sociale est d’autant plus grand que les injustices s’accroissent et que le poids de la crise pèse plus lourdement sur les épaules des classes populaires. Les gouvernements le savent bien et, non seulement ils ne vont rien faire contre, mais ils se préparent à faire payer la dette liée à la crise du Covid au monde du travail, par plus d’austérité, plus de flexibilité, plus de chômage. Alors, ils se dotent de tous les moyens pour faire face aux mouvements sociaux qui pourraient les faire vaciller du pouvoir. Ils fourbissent leurs armes, autopompes et caméras de surveillance, et votent des lois qui leur laissent les coudées franches. En Belgique, le MR voudrait une loi qui interdise les grèves « disproportionnées ». En France, la nouvelle loi de sécurité permettrait d’enrôler les agents de sécurité dans des missions de police, ce qui donnerait virtuellement au gouvernement une armée de 500 000 hommes en cas de besoin. Et c’est sans compter les nombreuses législations anti-terroristes, qui sont prêtes à servir contre les travailleurs en lutte et toutes les organisations de la classe ouvrière.
Le gouvernement Macron n’est ni le premier ni le dernier à établir une politique autoritariste et policière. Une partie de la bourgeoise belge et les libéraux rêvent déjà de l’imiter. Les travailleurs devront se défendre pied à pied par la grève et les manifestations.