Notre santé, otage des profits capitalistes

A peine lancée, la campagne de vaccination se heurte à un problème bien concret : les laboratoires ne suivent pas la cadence de livraison annoncée. Pour le vaccin AstraZeneca, il semblerait que la Belgique ne va recevoir que 650 000 doses en février au lieu des 1,5 millions promis. Pfizer et Moderna annoncent aussi des chiffres en baisse par rapport à leurs engagements.

Les annonces gouvernementales se veulent rassurantes mais il est visible que tout le calendrier est suspendu au bon vouloir des firmes pharmaceutiques. Au début, il était prévu de réserver des doses pour assurer les secondes injections, puis il a été question de prendre sur ces réserves pour avancer quand même selon le calendrier prévu ; finalement ce sera quelque chose entre les deux et il se pourrait que le délai entre les injections soit allongé, sans que personne ne semble vouloir s’engager sur les conséquences de ce retard sur la fiabilité du vaccin. Tout cela ressemble fortement aux cafouillages de l’an dernier quand les politiciens et les experts expliquaient que les masques n’étaient pas nécessaires, alors qu’il n’y en avait simplement pas…

Les laboratoires pharmaceutiques, eux, n’ont pas autant traîné pour empocher l’agent des commandes. Mais pour construire des lignes de production et embaucher, ils sont nettement moins rapides et efficaces !

L’obstacle auquel se heurte désormais la campagne de vaccination est celui de la concurrence et de la propriété privée. Pfizer et Moderna, les seuls à avoir un vaccin homologué en Europe, n’ont pas les capacités de production suffisantes. De leur côté, Sanofi, Merck ou GSK possèdent des usines, mais ils n’ont pas encore leur propre vaccin. Cela n’a malgré tout pas empêché les pays européens de signer les bons de commande pour des millions de doses de vaccins qui n’existent pas… Alors, pourquoi les labos s’en feraient-ils ?

Le bon sens et l’intérêt collectif voudraient que ces laboratoires travaillent ensemble et qu’ils mettent en commun brevets et moyens de production pour produire au plus vite et massivement les vaccins susceptibles de sauver des vies. Mais, concurrence et profit obligent, Pfizer et Moderna veulent garder le contrôle de la poule aux œufs d’or ; quant à Sanofi, il ne fera que ce que lui dictent ses profits et, pour l’heure, il continue de chercher à mettre au point son propre vaccin.

Les scientifiques ont mené une véritable course contre la montre et ils ont réalisé, en dix mois, ce qui prend habituellement plusieurs années. Maintenant, un temps précieux va être perdu à cause des calculs de rentabilité des uns et des autres. La propriété privée, la loi du profit et la concurrence sont les causes de ce gâchis.

Les États ont leurs plans de vaccination, mais les multinationales pharmaceutiques ont le dernier mot en fixant leurs prix, leurs délais et leurs volumes. Les gouvernements leur demanderont poliment d’accélérer les cadences, mais en bons défenseurs de la propriété privée, ils s’inclineront devant les choix des labos.

Les labos pharmaceutiques imposent leur diktat en vertu de la sacro-sainte propriété privée. Mais d’où viennent ces capitaux privés sinon de l’exploitation des travailleurs ! Et combien de ces capitaux proviennent du pillage de l’argent public ?

Le domaine de la santé est un de ceux que les États subventionnent le plus. Combien les gouvernements ont-ils dépensé pour aider la recherche sur les vaccins ? Combien ont-ils avancé pour qu’ils soient développés ? Combien de subventions les usines de production encaisseront-elles ? On n’arrive même pas à le savoir parce que toutes ces informations sont tenues secrètes.

Ce qui est exclusivement privé, ce sont les profits et les dividendes. Et cette crise sanitaire est le jackpot pour les labos. On le voit aussi avec les tests PCR : ils sont facturés 46 € en Belgique, 50 € en Allemagne, 30 à 40 € en Espagne… et 73,59 € en France. Pourquoi ces différences ?

En décembre, suite à une bourde, les prix des vaccins avaient été temporairement rendus publics et il a été possible de voir que le coût pour la sécurité sociale serait de 280 millions d’euros. C’est ce que vont empocher les labos, rien que pour la Belgique et rien que pour cette année.

A un moment ou à un autre, c’est à nous que la facture sera présentée, au plus grand bonheur des labos.

L’opacité des contrats et des prix, la rapacité des trusts pharmaceutiques, les difficultés de production et de livraison illustrent les tares du capitalisme. Il n’y aura rien de collectif et de constructif dans cette société tant que domineront la propriété privée des grands moyens de production, les lois du marché et la concurrence. Il faut les combattre parce qu’elles représentent un incroyable gâchis. Imposer la suppression des brevets et du secret commercial, imposer le contrôle ouvrier sur la production, et l’expropriation des grands groupes capitalistes, c’est une nécessité pour tous !

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