La guerre en Ukraine est une catastrophe. Bombes, missiles et obus pleuvent sur les villes ; des habitations, des gares et des hôpitaux sont détruits tandis que les habitants qui n’ont pas pu fuir doivent se terrer et vivre un cauchemar de feu et de destruction. Dans des villes comme Marioupol, les habitants sont assiégés, sans eau ni électricité et sans aucun moyen de s’enfuir, les routes étant sujettes à bombardements.
Pour les trois millions de personnes qui ont dû fuir, la situation n’est guère meilleure ; entassés dans des centres d’accueil improvisés, parfois refoulés malgré les promesses des politiciens, ils ne savent pas dans quel état ils retrouveront leur habitation, ni même s’ils pourront un jour rentrer chez eux.
L’armée russe se comporte en Ukraine comme elle l’a fait en Syrie, ou comme les USA l’ont fait en Afghanistan et en Irak.
Comme dans toutes les guerres, la population se retrouve ainsi sous le feu croisé des ambitions économiques et territoriales de puissances rivales. D’un côté l’OTAN, bras armé des États-Unis et de l’Europe, grignote depuis des années du terrain au profit des grosses entreprises occidentales ; de l’autre, la Russie utilise sa puissance militaire pour résister au rouleau compresseur économique de l’occident et garder le contrôle sur la région.
Les travailleurs ukrainiens n’ont rien à y gagner, pas plus d’ailleurs que les travailleurs russes ni ceux des autres pays, contrairement à ce que les dirigeants des deux camps voudraient faire croire. Chacun se donne le beau rôle comme à chaque fois, mais, non, la Russie ne vient pas sauver l’Ukraine de la nazification ou du génocide ; et non, l’OTAN et l’Europe ne sont pas en train de sauver la démocratie, eux qui ont toujours fait affaires avec tous les dictateurs de la planète.
Cette guerre est une continuation de la guerre économique que se livrent depuis des années les plus grosses entreprises mondiales. L’embargo sur le gaz et le pétrole va un peu gêner Poutine, mais il va surtout aggraver la pauvreté dans la population russe qui risque de revivre un effondrement économique comparable à celui des années 90. Par ailleurs, ce blocus cynique ouvre des opportunités pour des groupes comme Engie ou Total qui ne demandent qu’à récupérer les marchés dont leurs concurrents ont été exclus.
Pendant que les populations souffrent, les capitalistes se frottent les mains. Tous les pays européens ont annoncé une augmentation de leurs dépenses d’armement, ce qui a fait monter en flèche les actions en bourse des fabricants d’armes : plus 30% pour les français Thalès et Dassault en quelques jours.
Avant même que les sanctions annoncées aient pu prendre effet, alors que le gazoduc entre la Russie et l’Europe tourne à plein régime et que, malgré la guerre, le gaz continue à arriver de Russie, les producteurs d’énergie se sont déjà mis d’accord pour augmenter les prix. L’annonce des sanctions à déclencher de la spéculation organisée. L’Agence internationale de l’Énergie estime à 200 milliards d’euros les surprofits que la guerre va permettre aux producteurs privés européens de réaliser.
Les prix du blé sont eux aussi en train de grimper. Il n’y a là non plus aucune pénurie. L’Ukraine est certes un très gros producteur de blé à l’échelle mondiale mais la récolte 2021 est déjà engrangée depuis longtemps et la suivante n’a pas encore poussé ! Là non plus, il n’y a pas de pénurie réelle mais les grands producteurs se sont déjà mis d’accord pour augmenter les tarifs. Ils se moquent bien d’aggraver la misère sur la planète entière, en particulier dans les pays pauvres où les céréales sont à la base de l’alimentation.
Face à l’augmentation des prix, les gouvernements européens, et le gouvernement belge comme les autres, n’ont rien d’autre à proposer que d’accroître la dette publique. De Croo a annoncé une baisse de 17 centimes des taxes sur l’essence, des chèques énergie de 200 euros et une réduction de la TVA à 6% sur le gaz. C’est donc l’État qui va payer, pas les producteurs d’énergie. Alors que De Croo lui-même a reconnu qu’il n’y avait pas de pénurie et que l’augmentation des prix était artificielle, ce n’est pas aux profiteurs qu’il s’attaque mais au budget de l’État.
La guerre en Ukraine va servir, comme la pandémie d’ailleurs, de justificatif au prochains plans d’austérité. On entend déjà De Croo nous expliquer qu’il va falloir se serrer la ceinture au nom de la solidarité ! Oui, nous devons être solidaires avec les travailleurs ukrainiens ou russes, mais pas avec les profiteurs de guerre, avec ceux qui vendent les canons et se sucrent sur les besoins vitaux des peuples. Ceux-là, nous devrons nous en débarrasser en renversant ce système capitaliste pourri !