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Petits larcins et gros voleurs

Avec la flambée des prix, les travailleurs ont de plus en plus de mal à boucler les fins de mois. En Belgique, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 19 % en un an, bien plus que dans les pays voisins. Partout en Europe, les vols de nourriture se multiplient dans les supermarchés sans qu’on en connaisse l’ampleur exacte. Les grands groupes de la distribution se gardent bien d’en faire la publicité ! Car avec l’envolée des prix et les juteux bénéfices qu’ils se font en ce moment, tout le monde se rend bien compte qui sont les véritables voleurs.

Gaz-électricité, encore des factures à payer

Les prix de l’énergie ont beau avoir baissé, ils restent toujours trois fois plus élevés qu’il y a deux ans. En 2021 déjà, un ménage sur cinq n’avait plus la capacité de payer ses factures. Si on ne dispose pas encore des chiffres pour 2022, le service fédéral de médiation des dettes a déjà, à lui seul, enregistré trois fois plus de cas. Pour beaucoup de travailleurs et de pensionnés, les miettes du gouvernement ne suffiront pas à payer des arriérés de factures qu’ils devront encore rembourser durant plusieurs années. Les actionnaires, en revanche, continueront à bien se gaver.

Delhaize, une longue lutte !

Le 7 mars, la direction de Delhaize annonçait la vente des 128 magasins intégrés à des franchisés. Elle affirmait la main sur le cœur depuis des décennies la défense de la grande famille Delhaize…
Les actionnaires du groupe Ahold Delhaize, dont dépend la filiale belge Delhaize, ont engrangé 2 milliards d’euros en 2022 ! Ces derniers sont le produit du vol légal des milliers de travailleurs du groupe. Mais ce n’est pas assez pour eux ! Ces parasites aimeraient encore augmenter leurs marges bénéficiaires de plusieurs centaines de millions d’euros.
La vente sous franchise a pour but d’aggraver l’exploitation des 9200 travailleurs de l’entreprise en diminuant les avantages salariaux et en augmentant la charge de travail de tous. Là où il y avait une cinquantaine de travailleurs dans un Delhaize intégré, il n’y en aura plus que 20 ou 30 dans un magasin franchisé. Cela signifie la mise à la retraite des plus âgés, l’engagement de plus jeunes dans des conditions de travail dégradées. Le changement de commission paritaire n’est que la manifestation de cette aggravation de l’exploitation !
Quant aux petits patrons qui veulent acheter, ils n’ont fait que manifester leur contentement de participer à leur faible mesure à la curée proposée par Ahold Delhaize.
Les travailleurs ne sont pas restés passifs face à la nouvelle. Ils ont rapidement débrayé début mars, amenant la majorité des magasins à fermer. Plusieurs sont alors entrés en contact les uns avec les autres et se sont entraidés pour développer la grève. Certains se sont d’ailleurs rendus au dépôt central de Zellik pour convaincre leurs collègues de faire grève. Là où dans certains magasins, c’était plus difficile, ils se sont venus en aide. Nombreux sont ceux pour lesquels c’était la première grève et ils voulaient aller jusqu’au bout de la mobilisation.
Certains ont été discuté avec des travailleurs des magasins déjà franchisés, d’autres ont des anciens collègues dans les autres enseignes, dans les Aldi, les Lidl, les Colruyt, les Carrefour, etc. et ils les ont entendu exprimer les mêmes craintes et entendre sourdre la même colère.

La classe ouvrière a dans ses mains une force, celle du nombre et bien des ressources d’initiative. Or, la politique des directions syndicales est insuffisante. Depuis le début de la crise, elles ont proposé de négocier, se sont plaintes dans la presse, dénonçant mollement l’arbitraire patronal… Les seules actions qu’elles ont menées correspondait à leur volonté d’avoir un rapport de force pour négocier sans se soucier que les travailleurs produisent et contrôlent leur propre mouvement. Leurs actions se sont soldées par des échecs. Leur politique, au lieu de mener les travailleurs vers le développement de leur lutte, a seulement pour but de négocier avec un patron qui se moque bien de discuter avec des représentants syndicaux qui ne sont rien pour eux, tant que les travailleurs n’ont pas montré leur force.
Le patron a bien sûr utilisé tous les moyens légaux et il compte évidemment sur l’usure des travailleurs. Il a envoyé la police et les huissiers. Le 8 avril, il réussissait à rouvrir 19 magasins avec leur aide. Il restait 43 magasins fermés.
Si les travailleurs veulent faire faire machine arrière aux patrons, ils ne peuvent compter que sur leurs propres forces. Les politiciens du PS eux ont fait des discours moraux à la direction, promis l’intervention d’un conciliateur social et proposé le vote d’une loi censé garantir les emplois malgré la franchise. Ces discours politiciens ne sont que des promesses qui n’ont pas pour but de s’opposer réellement à la direction de Delhaize. Ils proposent seulement de se substituer aux luttes des travailleurs pour mieux enterrer le mouvement de grève.
Pour faire reculer l’arbitraire des patrons, pour les obliger à déchirer leur acte de vente qui n’est qu’un chiffon de papier, il n’y a qu’une seule solution, étendre la grève, se baser sur l’énergie toujours renouvelée des milliers de travailleurs, que ces derniers se donne leur propre politique, leur faire confiance pour changer leur sort. Leur confiance en eux, c’est une confiance dans le monde du travail.
C’est seulement ainsi que la phrase de Marx prendra tout son sens : « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »

Incurie mortelle

Le 8 mars, une grève générale a mis la Grèce à l’arrêt. 65 000 personnes ont manifesté pour protester contre l’état pitoyable dans lequel se trouvent tous les services publics à la suite des coupes successives dans leur budget. Le déclencheur a été l’accident de train du mois précédent qui a fait 57 morts et des dizaines de blessés. De façon bien commode, le premier ministre a d’abord rejeté la faute sur « une erreur humaine », et quatre employés ont été arrêtés. Mais la population ne s’y est pas trompée : cet accident mortel est dû au manque de personnel et à son manque de formation, au manque d’entretien du réseau et au manque d’investissements dans les systèmes de sécurité. A de nombreuses reprises, les cheminots avaient tiré la sonnette d’alarme sur l’état du réseau. Cette catastrophe n’était que trop prévisible. Alors quand la population descend dans la rue et crie sa colère contre le gouvernement aux cris de : « Assassins ! », on ne peut que lui donner raison.

Baisse des prix et des profits !

Elia, le gestionnaire du réseau électrique, veut investir dans les années à venir, notamment dans les éoliennes et dans le réseau à haute tension. Elias a fait 150 millions de bénéfices en 2022, une hausse de 25% en un an ! Mais l’entreprise à l’intention de financer l’opération par une hausse de 80% du prix de l’électricité d’ici 2027. Tout ça avec la bénédiction du gouvernement. La guerre en Ukraine a bon dos.

Bain de sang en Palestine

Pendant que la guerre en Ukraine monopolise l’attention, les morts que cause l’armée israélienne ne cessent de s’accumuler en Palestine. L’année dernière, 150 personnes ont perdu la vie, ce qui en fait l’année la plus meurtrière depuis 20 ans. Et la situation ne cesse de s’aggraver. En trois mois, 80 morts ont déjà été recensés ! Cette escalade de haine et de violence sans fin est la conséquence directe de la politique de colonisation et de spoliation menée par les gouvernements israéliens avec le soutien des grandes puissances. On n’a jamais vu l’OTAN réclamer des missiles pour la Palestine !

Stop au gavage des patrons

Depuis le 8 mars, les travailleurs de Delhaize bloquent une centaine de magasins que la firme veut franchiser. Ils savent bien ce que ça veut dire : horaires flexibles, précarité, travail du dimanche, pas de délégation syndicale et l’arbitraire des petits patrons avec leur chantage permanent à l’emploi. Bref, ils n’en veulent pas, ils ont bien raison et ils le font savoir en organisant des piquets et en manifestant devant le siège de la direction. Et depuis ce lundi, c’est le dépôt central qui s’est mis à l’arrêt et qui bloque toutes les livraisons au réseau de magasins. Les actionnaires espéraient s’engraisser encore plus en franchisant, eh bien c’est plus compliqué que prévu et tant mieux !

Et si la rue dictait enfin sa loi ?

Voilà deux mois que le monde du travail se mobilise en France contre la réforme des retraites de Macron, qui vise à faire passer l’âge de la retraite à 64 ans au lieu de 62 actuellement.
Macron comptait peut-être que le mouvement allait s’essouffler rapidement. Eh bien, c’est raté. Il espérait qu’en forçant l’adoption de la loi sans vote au parlement, il mettrait les travailleuses et les travailleurs devant le fait accompli et que ça les découragerait. Eh bien, ça aussi, c’est raté.
Bien au contraire, ce mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur. Des salariés qui n’avaient jamais fait grève, qui n’avaient jamais manifesté s’y sont mis pour la première fois. Des jeunes qui sont pourtant bien loin de l’âge de la retraite ont rejoint en nombre les manifestations dans toutes les villes du pays. Depuis le début du mouvement sur les retraites, des millions de travailleurs ont participé au moins à une manifestation, à un débrayage voire à une journée de grève.
Ils viennent du public comme du privé, des grandes entreprises comme des plus petites, de Paris comme de la province. Certains sont en CDI mais d’autres en CDD, en intérim ou en stage. Pour beaucoup, c’est leur premier combat. Partout dans les ateliers et les bureaux, les discussions se multiplient et partout les consciences sont en train de changer. Pour tous, les retraites sont la goutte d’eau de trop, après la flambée des prix et le gel des salaires.
Car au-delà de la question des pensions elles-mêmes, la population rejette toute l’arrogance de cette caste de politiciens grassement payés et dotés de pensions généreuses et qui cirent les pompes du patronat. Elle n’en peut plus des coupes budgétaires dans les services de santé, de l’inflation, de la misère tandis qu’un Bernard Arnault s’affiche au palmarès des capitalistes les plus riches de la planète avec une fortune personnelle de 200 milliards de dollars. Lui et ses comparses ont profité de l’inflation pour accroitre encore plus leurs marges bénéficiaires alors que des millions de ménages n’arrivent plus à joindre les deux bouts.
Face à cette minorité de parasites, les travailleurs représentent une force colossale. Qu’ils soient de la métallurgie, du commerce, de la pétrochimie, du nettoyage, des banques, des hôpitaux, des transports, qu’ils soient ouvriers, employés, techniciens, ingénieurs, conducteurs, informaticiens, caissières, secrétaires, aides-soignants, etc., ils sont à la base du fonctionnement du moindre rouage de la société.
Grâce à ce mouvement, beaucoup d’entre eux réapprennent à s’exprimer et à agir collectivement. Des liens de solidarité et de confiance se construisent et nombre de travailleurs se sentent plus légitimes que jamais pour revendiquer. Rien que prendre l’habitude de discuter de tous les problèmes qui se posent, salaires, horaires, conditions de travail, transport… est une avancée précieuse pour notre camp et un danger pour le patronat.
Face au coup de force de Macron, un sujet est sur toutes les lèvres : les manifestations ne suffiront pas, les grèves d’un jour non plus, alors que faire ? Plusieurs secteurs ont déjà répondu en entamant des grèves : transports, écoles, centrales électriques, raffineries ainsi que les éboueurs dans plusieurs grandes villes.
La grève, c’est ce que craint le plus le grand patronat, au point que des capitalistes, notamment à Stellantis et Continental, ont mis en chômage technique un grand nombre de leurs usines les jours qui ont suivi les journées de grève.
La force de la grève générale c’est avant tout qu’elle bloque la machine à faire du profit et qu’elle touche directement le grand patronat au portefeuille. De plus, la grève libère les travailleurs de leur poste de travail auxquels ils sont enchaînés pendant toute la semaine. Elle leur donne le temps de s’organiser, de discuter entre eux et de remettre en cause tout ce qui ne va pas. Avec elle, tout devient possible ! Cela coûte, certes, mais l’inaction coûte encore plus cher.
Si la force du patronat est de posséder les entreprises, la force des travailleurs est de les faire tourner et ils deviennent 10 000 fois plus puissants que l’infime minorité des capitalistes, quand ils se lancent tous ensemble dans le combat et dans la grève.
Nul ne sait ce que le mouvement va donner. Une chose est certaine c’est que le gouvernement belge a lui aussi des plans pour réduire le montant des pensions, et que l’inflation frappe tout aussi durement de ce côté-ci de la frontière. Alors oui, nous aurions bien besoin d’un tel mouvement !
Toutes les lois anti-sociales que les gouvernements passés ont imposé, la grève peut les défaire.

Accueil des réfugiés, une crise organisée

Le gouvernement fédéral s’est accordé sur une série de mesures en matière d’asile. Seulement 2000 nouvelles places d’accueil seront créées alors que 2400 demandeurs attendent encore un hébergement. Et les plus chanceux seront au mieux logés dans un conteneur ou sur un ponton ! Pour faire de la place dans les centres existants, les candidats déboutés en seront expulsés dans les 30 jours et rapatriés de manière forcée. Cette politique inhumaine démontre une fois encore comment cette crise de l’accueil est délibérément organisée pour pourchasser les réfugiés.