Les jours passent et les plans de licenciements se succèdent : après Swissport, Brussels Airlines, Brantano et Camaïeu, c’est au tour notamment de GSK, Sodexo et Booking.com de se débarrasser d’une partie de leurs travailleurs. La larme à l’œil, ils invoquent tous les prétextes mais ces licenciements n’ont qu’une explication : la nécessité, pour les capitalistes, de conserver leurs profits intacts. Plusieurs ont même reçu des aides publiques, mais elles serviront bien plus à spéculer sur les marchés ou à arroser les actionnaires qu’à embaucher. Alors même que les fortunes de certaines familles ne cessent de croître, des milliers d’autres sont condamnées à la misère. Pour mettre fin aux licenciements et améliorer leurs conditions, les travailleurs doivent s’organiser et puiser dans les fortunes qu’ont accumulé les grands actionnaires en faisant suer les travailleurs. Cette crise, c’est ceux qui l’ont provoqué qui doivent la payer !
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Swissport : au tour des actionnaires de payer !
Swissport Belgium, l’une des deux entreprises qui assure la manutention à l’aéroport de Zaventem vient d’annoncer qu’elle déposait le bilan, jetant ainsi 1 500 travailleurs sur le pavé. C’est pourtant grâce à leur sueur et leur travail que l’entreprise a pu tourner pendant des années et verser de plantureux bénéfices à ses actionnaires. Et, quand la situation se dégrade et que la crise se profile, c’est encore à eux qu’on demande tous les sacrifices. Les actionnaires et les patrons ne prennent aucun risque : c’est en faisant la peau des travailleurs que ces rapaces capitalistes s’en sortent à chaque fois. Si les activités ont diminué, il y a toujours du travail ! Répartissons-le entre tous et prenons sur les profits passés pour maintenir les salaires, c’est au tour des capitalistes de payer !
Amazon : un patron sans scrupules…
En France, un tribunal a fini par entendre la colère des travailleurs d’Amazon, qui ont multiplié les manifestations et les débrayages ces dernières semaines pour dénoncer leurs conditions de travail. En effet, malgré les beaux discours du grand patron Jeff Bezos, les mesures prises pour protéger les salariés entassés dans les entrepôts ont été largement insuffisantes. Nombreux sont ceux qui ont d’ailleurs contracté le virus. Face à la décision du tribunal, qui demandait à Amazon de distribuer uniquement des produits essentiels le temps que les risques de contagion soient réévalués, l’entreprise a préféré tout simplement fermer ses entrepôts français. Voilà qui démontre bien toute la considération qu’ont les capitalistes pour leurs travailleurs. A leurs yeux, les mesurettes qu’ils ont prises sont déjà bien suffisantes et trop coûteuses pour des travailleurs qui ne sont, somme toute, que de la chair à profits.
…qui joue au philanthrope
C’est en faisant suer sang et eau à ses salariés et en les exposant à des risques mortels qu’Amazon a pu honorer la hausse du nombre de commandes et remplir les coffres de ses actionnaires. Jeff Bezos, l’actionnaire principal et PDG de l’entreprise, a vu sa fortune personnelle passer de 114 à 138 milliards de dollars de janvier à avril 2020 ! Lui, comme d’autres capitalistes en son genre, véritables profiteurs de guerre bâtissant leurs fortunes grâce aux sacrifices imposés à leurs employés, ont tenté dernièrement de faire oublier leurs méthodes abjectes. Pour se refaire une réputation, ils ont distribué quelques millions – des miettes pour ces milliardaires – à la recherche scientifique afin de stopper une épidémie qu’ils contribuent, en fait, à propager. Ces bienfaiteurs à bon marché ne trompent personne !
Négociations au compte-gouttes
Le 28 mars, les syndicats des travailleurs du secteur de la distribution ont abandonné les négociations avec l’organisation patronale Comeos. Les patrons n’ont aucune envie de payer des primes aux travailleurs et de s’engager à mettre en place des mesures de protection adéquate. Les syndicats ont accepté que les négociations ne soient plus menées au niveau sectoriel, mais au niveau de chaque entreprise.
C’est donc divisés que les travailleurs doivent aller à la bataille contre leur patron. Il faut obliger les patrons à céder et pour ça, il faut être le plus nombreux possible.
Les actionnaires et leurs mercenaires
Le nouveau patron de Brussels Airlines a affiché clairement ses objectifs : 160 millions d’euros d’économies récurrentes et 8% de marge bénéficiaire. C’est toujours la même recette : licenciements déguisés en départs « volontaires ». Mais qui voudrait quitter son travail alors que le chômage sévit et que l’âge de la pension a été reporté ? Ce licencieur de première classe, qui a déjà mis près de mille personnes à la porte de BNP Paribas Fortis, ne veut pas entendre parler de plan social, il préfère licencier en douce, par petits paquets.
Les actionnaires choisissent leur tactique et leurs hommes de mains, parfois des patrons cyniques et calculateurs comme celui-ci, parfois d’autres plus agressifs qui licencient brutalement en masse. L’un dans l’autre, ça ne change rien pour les travailleurs : il faut s’organiser pour défendre emplois et salaire, puis jeter dehors les capitalistes et leurs mercenaires.
GSK : en route vers le paradis patronal
Le mois passé, l’entreprise pharmaceutique GSK a annoncé un plan de restructuration qui vise à supprimer 720 emplois à Wavre. Lors des conseils d’entreprise qui ont suivi l’annonce, la direction de cette firme aux 500 millions de bénéfices, a dû livrer le fond de sa pensée : sous-traitance et encore sous-traitance. C’est le rêve des patrons : la sous-traitance leur permet de diviser les travailleurs et de les mettre encore plus en concurrence les uns avec les autres. Employés, ouvriers, même combat, c’est aux travailleurs de transformer ce rêve en cauchemar !
Les patrons échappent à la Justice
Après l’affaire du PDG Carlos Ghosn, qui a réussi à s’échapper des mains de la Justice japonaise grâce à une coûteuse évasion digne de James Bond, un autre patron, Pierre Salik, vient lui aussi d’acheter sa liberté. Ce dernier était soupçonné de corruption pour avoir soudoyé des fonctionnaires afin de bénéficier d’une carte de résident de Monaco, même s’il habitait en Belgique – et ainsi ne plus payer d’impôts. L’homme d’affaires carolo s’est tiré d’affaire de façon moins rocambolesque que Ghosn puisqu’il a usé d’une méthode tout à fait légale. En effet, la Justice a créé une procédure pour les riches, la « transaction pénale », leur permettant d’acheter un acquittement en échange du paiement d’une amende. Dans une société dominée par la bourgeoisie, les riches n’ont qu’à ouvrir leur portefeuille pour que tout soupçon à leur égard s’évapore comme par magie.
Non à la dictature patronale
A l’approche des élections sociales, de grandes entreprises cherchent à se débarrasser des gêneurs. Facq, Walibi ou TNT ont licencié des délégués pour les empêcher de se représenter aux élections sociales. Certes, les patrons ont dû payer le prix fort, mais apparemment, ils préfèrent payer que de garder des délégués plus combatifs que d’autres et ainsi avoir « la paix » pour exploiter sereinement les autres travailleurs. C’est aussi un signal sinistre qui est envoyé aux salariés : si vous rouspétez, si vous ne marchez pas droit, c’est la porte ! Et les patrons comptent bien sur la peur de ne pas retrouver un emploi pour décourager les candidats empêcheurs de tourner en rond…
La FEB a pris la défense de ces pratiques répressives avec son habituelle hypocrisie : « nous ne contestons pas le fondement de la loi… mais les contraintes sont disproportionnées ». En réalité, plus le temps passe, plus les patrons se sentent pousser des ailes et ne supportent plus la moindre entrave à leur dictature. Mais les travailleurs sont toujours là et leurs luttes collectives peuvent faire changer la peur de camp !
Profits et dividendes
Proximus vient de verser près de 500 millions d’euros à ses actionnaires alors même que ses profits ont diminué. Cela signifie que la société s’endette pour garder le dividende versé aux actionnaires au même niveau. Il est bien entendu que ce différentiel la direction essaiera de le faire payer aux travailleurs. Il ne dépend que d’eux qu’elle n’y arrive pas.