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Trump-Kim : 
un sommet « historique » ?

Soixante-cinq ans après la fin de la guerre de Corée qui a partagé le pays, Donald Trump et Kim Jong-un se sont rencontrés à Singapour. Ce sommet marque-t-il un tournant durable dans la politique américaine en Corée ou sera-t-il effacé par un tweet rageur de Trump, comme à son habitude ? Ce qui est sûr, c’est que la partition de la Corée, l’isolement de la Corée du Nord, l’embargo qui pèse sur sa population et les menaces militaires qui alimentent le nationalisme exacerbé du régime nord-coréen, ont été voulus et entretenus par les dirigeants des États-Unis depuis les années 1950. Si ces derniers devaient changer leur politique, ce ne serait pas par volonté pacifiste, mais pour défendre les intérêts de la bourgeoisie américaine dans un nouveau contexte, en particulier face à la Chine.
Quoi qu’en disent les médias occidentaux, la Corée du Nord n’a jamais été ni un régime communiste ni un « pays de fous ». Ce régime nationaliste fut mis en place au nord du pays, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, après que l’impérialisme américain, dont les troupes occupaient le Sud, y eut installé une dictature fantoche. En 1950, Washington usa de toutes ses ressources militaires pour s’opposer à une tentative de réunification du pays par les troupes nord-coréennes. Ce fut la guerre de Corée, qui se termina en 1953, après avoir fait trois millions de morts. Depuis cette date, la Corée du Nord n’a cessé de subir un embargo imposé par l’impérialisme américain, qui a étouffé son développement.
Tous les dictateurs nord-coréens qui se sont succédé ont cherché à rompre cet isolement économique forcé. Par des échanges avec l’ex bloc de l’Est puis avec la Chine. La population de Corée du Nord a payé très cher ce blocus de plus d’un demi-siècle. En 2006, tandis que la Corée du Sud mettait un terme aux relations économiques avec le Nord, celui-ci commença ses essais balistiques et nucléaires, se dotant ainsi d’un atout pour une future négociation avec l’impérialisme, la « dénucléarisation » du pays.
C’est cette stratégie que Kim Jong-un aura menée à son terme, au travers de sa surenchère avec Trump. Ce dernier a pu ainsi se poser en leader du monde dit démocratique, tout en sachant fort bien que le seul but du dictateur nord-coréen était de négocier. De son côté, le gouvernement sud-coréen joue la désescalade, au moins depuis des mois. La Corée du Sud serait la première cible d’un conflit militaire avec le Nord. Et après neuf ans de pouvoir du parti de droite héritier politique de la dictature militaire, l’élection au printemps 2017 de Moon Jae-in, démocrate ex-oppositionnel à cette dictature, a opportunément offert à la bourgeoisie sud-coréenne la possibilité de mener une politique d’ouverture en direction de la Corée du Nord.
La bourgeoisie sud-coréenne a toujours été soumise à la politique des États-Unis, car elle leur doit tout. Ce sont les financements américains associés à la guerre froide qui ont permis au pays de s’industrialiser. Cela a été fait dans le cadre d’un étatisme et d’une dictature militaire féroce qui n’avaient rien à envier au régime du Nord mais qui avaient le soutien politique, militaire et financier des États-Unis. Et c’est en mettant la main sur des pans entiers de cette économie étatisée qu’une bourgeoisie rachitique liée à l’appareil de la dictature a pu se retrouver à la tête de véritables empires industriels, les chaebols, que sont Samsung, LG, Hyundai, Lotte ou Daewoo. Et même si la Corée du Sud est toujours l’alliée indéfectible des États-Unis, ces chaebols ont aussi leurs intérêts spécifiques.
Les aspirations à une réconciliation existent dans la population des deux Corées. Comme bien des frontières dans le monde, celle qui déchire la péninsule coréenne est une absurdité sanglante. Elle a séparé des familles, créé une tension militaire permanente et, aujourd’hui, elle illustre toute l’aberration d’un pays coupé en deux avec d’un côté un manque de moyens et d’infrastructures, et de l’autre une industrialisation moderne et une économie puissante. Trump peut faire le choix temporairement d’atténuer les tensions avec la Corée du Nord, rien ne garantit qu’il ne changera pas d’avis aussi vite dans un sens qu’il l’a fait dans l’autre, pour les besoins de l’ordre impérialiste régional.

Gaza : halte au massacre 
des Palestiniens !

En tirant à balles réelles sur des habitants désarmés de la bande de Gaza qui protestaient le 14 mai contre le transfert à Jérusalem de l’ambassade américaine, l’armée israélienne a causé la mort d’au moins 59 Palestiniens, dont huit enfants de moins de 16 ans, et fait plus de 2 400 blessés.
Au moins 40 000 Palestiniens s’étaient massés en différents points le long de la clôture israélienne, pour la septième semaine de la Marche du retour organisée pour commémorer la Nakba (« catastrophe » en arabe). Celle-ci désigne l’exode de plus de 700 000 Palestiniens chassés de leurs maisons et de leurs terres au moment de la création d’Israël. Les manifestants entendaient aussi dénoncer le blocus imposé depuis plus de dix ans à la bande de Gaza, condamnant plus des deux tiers de ses habitants à vivre de l’aide humanitaire. En décidant le 12 mai de fermer l’unique point de passage des marchandises vers Gaza, aggravant ainsi la situation déjà dramatique des Gazaouis, le gouvernement israélien s’est livré à une nouvelle provocation.
L’inauguration de la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem donnait une autre raison aux Palestiniens d’exprimer leur colère. Conquise en 1967 à l’issue de la guerre des Six-Jours, la partie orientale de Jérusalem, peuplée très majoritairement de Palestiniens, avait été officiellement annexée en 1980 par Israël. Depuis, les autorités israéliennes n’ont jamais cessé de mener une politique de colonisation visant à en chasser les Palestiniens. Un récent rapport de l’Union européenne a estimé qu’entre 1967 et 2016 Israël avait conduit à Jérusalem une « politique de déportation silencieuse », notamment en révoquant les permis de milliers de résidents palestiniens, dans le but de préserver une « majorité juive substantielle ». En décidant, en décembre dernier, le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, Trump apportait son soutien ouvert à cette politique des dirigeants israéliens.
Depuis la création d’Israël, les dirigeants américains ont apporté un soutien indéfectible à l’État israélien, qui est pour eux un allié privilégié, gendarme de l’ordre impérialiste dans la région. Mais, soucieux de ne pas trop mettre les États arabes alliés des États-Unis en difficulté vis-à-vis de leur population, ils avaient aussi cherché à se donner une image de médiateurs entre Israéliens et Palestiniens.
Depuis son accession au pouvoir, par ses déclarations et ses prises de position, Trump ne se donne même plus cette peine et il encourage ainsi le gouvernement d’Israël, l’un des plus à droite de l’histoire du pays, à poursuivre sa politique de colonisation d’une façon encore plus brutale et arrogante vis-à-vis des Palestiniens.
Depuis les premiers rassemblements à la frontière entre Gaza et Israël le 30 mars, les forces israéliennes auraient tué au moins 107 Palestiniens dans l’enclave et blessé environ 12 000 personnes. Cette répression s’inscrit dans la continuité de la politique des gouvernements israéliens, une politique criminelle et sanglante qui alimente depuis 70 ans la révolte légitime des Palestiniens. Elle condamne aussi la population israélienne à vivre en permanence sur le pied de guerre, la transformant en gardiens de prison ou en bourreaux, comme cela a encore été le cas dans les massacres à la frontière de Gaza.

Etats-Unis-Iran : 
derrière l’atome, le pétrole

Le 30 avril, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou apparaissait à la télévision pour affirmer que l’Iran travaille à fabriquer des armes atomiques malgré le traité signé en 2015. La diplomatie iranienne a immédiatement démenti et observé que les révélations israéliennes tombent fort à propos : le président Trump doit en effet dire d’ici le 12 mai s’il proroge on non le traité en question et, partant, s’il autorise les relations commerciales avec l’Iran.
Netanyahou tente de peser pour une rupture du traité. Nul ne sait, peut-être même pas lui, ce que va décider le président des États-Unis, si même il décide quelque chose puisqu’il se contente depuis des mois de différer sa réponse.
Les questions du nucléaire sont là pour vendre à l’opinion publique les variations et les difficultés de la politique américaine vis-à-vis de l’Iran. Le problème est d’importance, les intérêts multiples et les pressions contradictoires, y compris sans doute aux sommets de l’État. L’Iran a été depuis 1945 le fidèle allié des États-Unis au Moyen-Orient, jusqu’à ce qu’une puissante révolution populaire chasse la dictature inféodée à l’impérialisme en 1979. Devant la poussée révolutionnaire, tous les tenants de l’ordre, à Téhéran comme à New York ou à Paris, se mirent d’accord pour favoriser une reprise en main par l’ayatollah Khomeini et ses mollahs. La révolution n’alla pas plus loin, une nouvelle dictature s’abattit sur l’Iran. C’était le résultat souhaité. Mais, depuis lors, l’impérialisme doit composer avec la théocratie iranienne.
L’Iran est en même temps un pays aux immenses ressources pétrolières et gazières, un marché intéressant pour les capitalistes du monde entier et un pays jugé stable où « les ouvriers sont bien formés et coûtent moins cher qu’en Europe de l’Est », selon un patron français. Mais, surtout, la dictature des mollahs apparaît désormais comme un pôle de stabilité dans une région ravagée par les guerres civiles.
Sur cette base, Obama avait pesé dans le sens d’une réintégration de l’Iran dans le camp impérialiste, aboutissant à l’accord de 2015. L’Iran avait accepté le contrôle de ses installations nucléaires, garantissait ne pas chercher à fabriquer de bombes et promettait de faire régner la paix, éventuellement celle des cimetières, le long des gazoducs reliant le Golfe à l’Occident. Les États-Unis en échange devaient lever l’embargo sur le commerce et les investissements en Iran. La diplomatie française s’est alignée d’autant plus facilement que l’accord a permis à PSA de vendre à nouveau 500 000 véhicules en Iran l’an passé, à Total de signer quelques contrats, etc.
Mais les États-Unis ont d’autres alliés dans la région, d’autres prétendants au titre et aux avantages de gendarme. Israël et l’Arabie saoudite, pour des raisons différentes, sont tous deux décidés à empêcher l’Iran de revenir sur la scène. Obama avait tenté de ménager la chèvre et le chou. Trump, en revanche, avait assuré épouser complètement la cause de la droite israélienne. Pour l’instant, il laisse perdurer la politique de son prédécesseur : tenter de s’entendre avec l’Iran tout en soutenant indéfectiblement ses adversaires.
Si la situation diplomatique paraît inextricable, les relations commerciales sont d’une clarté limpide. Il n’existe de commerce à grande échelle avec l’Iran que tant et si les États-Unis le veulent bien. En effet, ils interdisent toujours de commercer en dollars avec ce pays, réduisant ainsi les échanges à leur convenance. De plus, l’impérialisme le plus puissant se donne le droit d’infliger des amendes aux capitalistes au petit pied qui auraient le front d’enfreindre ses consignes. Cela a coûté, par exemple, huit milliards de dollars à la BNP.
Derrière les déclarations de roman d’espionnage de Netanyahou, les courbettes diplomatiques de Macron ou les tweets orduriers de Trump, se cachent les intérêts des puissants et la volonté de l’impérialisme américain de perpétuer sa domination sur cette région du monde.

Syrie : le jeu cynique de l’impérialisme

Dans la nuit du vendredi au samedi 14 avril, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont bombardé trois sites présentés comme liés au programme d’armement chimique. Au total, une centaine de missiles se sont abattus sur des bâtiments vidés de leur personnel depuis plusieurs jours.
Pour justifier leur action militaire, Washington et Paris avaient assuré avoir la preuve de l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad dans l’enclave de la Ghouta. En tout cas, ils se sont bien gardés d’attendre la moindre enquête internationale, puisque les inspecteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) sont arrivés en Syrie après les frappes occidentales.
Il faut tout le cynisme dont sont capables les dirigeants impérialistes pour utiliser une telle justification car, depuis sept ans que dure la guerre en Syrie, ils ont laissé la population se faire massacrer, aussi bien par les troupes du régime que par les milices djihadistes soutenues par leurs alliés.
Depuis le début des affrontements en Syrie en 2011, les dirigeants américains ont cherché à tirer parti des affrontements, appuyant des groupes djihadistes contre le régime d’Assad, laissant leurs alliés saoudiens et turcs appuyer et armer des groupes djihadistes à l’idéologie et aux méthodes qui n’avaient rien à envier à celles de Daech, quand ce n’était pas Daech lui-même.
Quand le chaos syrien a gagné l’Irak après les succès militaires de Daech, les États-Unis se sont alors résolus à laisser la Russie intervenir militairement, permettant ainsi au régime d’Assad de prendre le dessus sur ses opposants.
Que visent les dirigeants américains en bombardant aujourd’hui la Syrie ? Pour reprendre la formulation de tous les commentateurs, les frappes militaires américaines vont permettre à Trump de relancer la « dynamique diplomatique ». Autrement dit, les dirigeants américains veulent contraindre Assad à tenir compte de leurs exigences, au moment où il se prépare à reprendre les dernières zones échappant encore à son contrôle, dans la province d’Idlib au nord-ouest de la Syrie et dans la région de Deraa, au sud.
Au-delà d’Assad, les États-Unis ont envoyé un message à tous les États qui, directement ou indirectement par milices interposées, cherchent à jouer un rôle dans le conflit syrien, en particulier aux trois États, la Russie, l’Iran et la Turquie, engagés ces derniers temps dans des initiatives diplomatiques communes. Tout en prenant bien garde de ne pas risquer de faire de victimes parmi les troupes russes qui sont déployées sur de nombreux sites militaires syriens, les dirigeants américains ont mené une démonstration de force, mesurée mais réelle, vis-à-vis de ces États. La Turquie, qui fait partie de l’OTAN, s’est retrouvée à devoir apporter son soutien à l’action militaire ordonnée par Trump.
Loin d’une intervention destinée à protéger les populations, c’est de la part des dirigeants impérialistes une action cynique calculée pour imposer coûte que coûte leur droit de participer à l’ignoble partie d’échecs qui se joue avec le sang des populations.
Leur indignation de commande, sous prétexte d’usage d’armes chimiques, ne vise nullement à défendre la population syrienne, ni à mettre fin à ses souffrances et à la guerre qui dure depuis sept ans. Avec ou sans armes chimiques, le régime a déjà fait la preuve depuis longtemps qu’il était prêt à massacrer des populations civiles dans cette guerre qui a fait à ce jour plus de 350 000 morts. Depuis le début des affrontements en Syrie, les États-Unis ont certes critiqué la dictature d’Assad, mais ils ont montré qu’ils étaient tout à fait prêts à s’accommoder de son maintien au pouvoir, en particulier quand ils ont fait de la guerre contre Daech leur priorité.
Quelle valeur peuvent avoir les discours moraux de ceux qui présentent Assad comme le mal absolu, comme un dictateur sanguinaire, alors qu’ils vendent par ailleurs des armes à d’autres dictatures tout aussi sanglantes, telle que l’Arabie Saoudite ?
Non, certainement, le sort des populations civiles, pas plus en Syrie qu’ailleurs, n’entre jamais dans les calculs des puissances impérialistes, sinon comme prétexte.

Le business de la démocratie

Le mois dernier, à la suite des révélations d’un lanceur d’alerte, est apparu au grand jour ce dont tout le monde se doutait déjà : le géant américain des réseaux sociaux, Facebook, vend les données de ses utilisateurs aux plus offrants.
Tant que cela se limitait à des firmes publicitaires, cela ne choquait apparemment pas grand monde. Mais là, il s’avère que les données ont été utilisées pour tenter de manipuler les élections de 2016 aux États-Unis ainsi que le référendum du Brexit. On parle là des données privées de plus de 50 millions de personnes, qui été ont utilisées pour établir des profils psychologiques d’électeurs potentiels et ensuite les inonder de messages électoraux ciblés.
Des soi-disant « études sociologiques » ont servi de couverture à ces activités, financées à la fois par un milliardaire américain et par le gouvernement russe. Les données ont atterri dans les ordinateurs de la société Cambridge Analytica, dont le vice-président n’était autre que le sulfureux politicien d’extrême droite, Steve Bannon, par ailleurs conseiller de Trump.
Du coup, une partie de la presse et des politiciens de l’autre bord ont crié au scandale. Les élections étaient truquées, les électeurs manipulés et tant Trump que le Brexit devenaient illégitimes.
Il n’y a pourtant rien là de bien nouveau. L’ensemble des partis politiques dépensent des montants faramineux pour payer des sondages d’opinion. Depuis que la démocratie moderne existe, les partis de droite comme de gauche rivalisent de discours faciles et de promesses illusoires pour convaincre les « électeurs » de voter pour eux, tout en sachant très bien que les seules promesses qu’ils tiendront sont celles qu’ils ont faites aux riches et aux puissants. La seule différence est que Cambridge Analytica a été un pas plus loin que les techniques artisanales du marketing politique, en réutilisant pour la politique les méthodes modernes du marketing commercial.
On peut trouver cela choquant et inapproprié. Mais ceux qui s’indignent ont une indignation sélective. Ils ne trouvent en général pas choquant que les travailleurs soient soumis en permanence à du matraquage commercial, que les données de toutes sortes soient utilisées pour profiter de leurs faiblesses, de leurs besoins afin de les faire consommer plus.
Et puis, les politiciens et les journalistes qui s’indignent de la manipulation électorale prennent les électeurs pour des idiots, des têtes vides qui vont voter en fonction de ce que le plus malin arrivera à leur fourrer dans le crâne. Mais si Trump a été élu, si le Brexit l’a emporté, c’est pour des raisons plus profondes : les couches populaires sont de plus en plus écrasées, le niveau de vie de la majorité baisse tandis que la richesse de la minorité augmente de façon hallucinante. Partout, les travailleurs ont vu se succéder au pouvoir des politiciens qui promettent des lendemains qui chantent mais mènent des politiques d’austérité qui ne font qu’aggraver le désespoir et la colère. On ne peut dès lors pas s’étonner qu’ils désertent les élections et laissent le champ libre aux « populistes » tels que Trump aux États-Unis, Johnson en Angleterre, Le Pen en France, etc.
Ces populistes cultivent la colère et la haine des uns contre les autres, des blancs contre les noirs, des européens contre les musulmans ; ils prétendent être contre le « système » mais ils servent le capitalisme comme les autres politiciens. Leur base électorale, c’est la petite bourgeoisie, les « classes moyennes » qui sont elles-mêmes tirées vers le bas par les crises économiques et qui enragent de se retrouver au niveau des travailleurs qu’elles méprisent.
Les politiciens qui se drapent dans les principes démocratiques pour blâmer les manipulations électorales voudraient en réalité le beurre et l’argent du beurre : que les travailleurs subissent les ravages de l’économie capitaliste tout en continuant à voter pour eux qui représentent les profiteurs !
Ce ne ne sont donc ni un complot, ni une manipulation qui ont donné la victoire à Trump et autres Brexiters. C’est l’incapacité totale du capitalisme à offrir quoi que ce soit aux travailleurs, car il a un besoin vital de les maintenir dans la pauvreté et la précarité pour pouvoir les exploiter.
C’est pourquoi il est plus que jamais nécessaire que les travailleurs mènent leur propre politique, avec leurs propres organisations, pour renverser le capitalisme et le remplacer par une société dirigée par la majorité pour le bien général et de façon réellement démocratique : le communisme.

Verbist fraude et l’État regarde ailleurs

L’abattoir Vevibas, propriété du groupe Verbist, trafique les étiquettes et vend de la viande avariée. Les faits sont connus depuis 18 mois, lorsque que le Kosovo a porté plainte. L’Afsca, elle, n’a fermé l’abattoir qu’il n’y a quelques jours. La perquisition a révélé que des travailleurs roumains y travaillaient sans contrat. Le parquet et l’Afsca se rejettent la faute. Et sans doute que les découvertes ne sont pas terminées. L’affaire Vevibas fait suite à une longue série de scandales dans l’industrie alimentaire. Dans les années nonante, le trafic des hormones battait son plein. Il était aux mains d’une véritable mafia qui n’hésita pas, le 20 février 1995,  à assassiner un vétérinaire trop bavard à leur goût, Karel Van Noppen. En 1997 éclata le scandale de la vache folle. Les vaches s’avèrent être nourries avec les cadavres d’autres vaches ! En 1999, ce sont les poulets qui s’avèrent être nourris par des graisses contaminées par de l’huile de moteur, ce qui provoque la grave crise de la dioxine. On ne sait toujours pas aujourd’hui le nombre de cancers qui en résultent.

Dans la foulée, l’Afsca a été créée afin d’assurer la traçabilité de la chaîne alimentaire. Le moins qu’on puisse dire est qu’elle a complètement failli à ses objectifs. Depuis l’époque, il y a eu la crise de la grippe aviaire, le cheval dans les lasagnes, les œufs au fipronil, etc. La liste n’est pas exhaustive et est certainement loin d’être finie.

A chaque fois, le principe de précaution n’a pas été respecté par l’État, les industriels ont fraudé, l’organisation des contrôles a été défaillante et les autorités ont souvent tenté de cacher les faits tant elles portent de responsabilités dans ces catastrophes. Ces scandales qui touchent l’alimentation choquent particulièrement la population occidentale. La nourriture a toujours été considérée comme sacrée dans les sociétés humaines. Essentielle à la survie de l’homme elle méritait d’être traitée avec respect. Même dans cette société capitaliste, il reste quelque chose de cette culture comme si l’exploitation et la course aux profits s’arrêtaient à la porte de l’étable. Bien évidemment, ce n’est pas le cas !

En occident, là où les gouvernements sont élus par des élections plus ou moins démocratiques, il y a aussi, bien tenace, l’illusion que l’État est au service de la population, qu’il est garant des intérêts communs, au-delà des oppositions entre capitalistes et travailleurs. Bien évidemment, ce n’est pas non plus le cas. L’État bourgeois n’est pas là pour réfréner l’exploitation capitaliste, pour la maintenir dans des limites raisonnables qui ne mettraient pas en danger la vie des populations. Il n’est pas là pour chasser les fraudes des capitalistes, ni même pour garantir la sécurité sanitaire. L’État n’a pas pour fonction de garantir la justice entre les hommes, de contrer les contournements de la loi par les capitalistes, alors même que ces lois sont faites pour eux et eux seuls.

Si rien ne semble fonctionner, surtout en Belgique diront certains, si les institutions publiques fonctionnent à l’envers et ne parviennent pas à remplir les tâches auxquelles elles sont pourtant destinées, c’est qu’en réalité elles ne sont pas ce qu’elles prétendent être. Dans une société capitaliste, l’État et toutes ses institutions forment un organisme qui assure le pouvoir de la bourgeoisie sur le prolétariat. L’État, c’est l’État de la bourgeoisie. Alors évidemment, que les budgets des services publics soient toujours insuffisants est dans l’ordre des choses. Le patronat ne veut pas payer pour les services publics à moins qu’ils ne soient indispensables à la réalisation des profits. Il n’est donc pas étonnant que l’État soit gangréné par la corruption, petite et grande, que ses institutions se fichent comme de l’an quarante de remplir leurs objectifs. Il n’y a pas d’erreur sur la marchandise.

Prenons l’exemple de la police, institution fondamentale s’il en est. Elle n’est pas là pour défendre la veuve et l’orphelin. Jusqu’au bas de l’échelle, chaque fonctionnaire en a l’intuition. L’illusion d’être au service du bien commun n’est jamais totale. Alors celui qui se sert au passage ou fait mal son travail n’a pas l’impression de dépareiller dans le paysage.

Bien sur, Verbist s’est enrichi au passage. Mais que l’État se fiche des conséquences est bien plus parlant sur ce qu’est cette société. Ce qu’il nous faut, c’est un État au service des travailleurs. C’est seulement alors que nous pourrons chasser les fraudes et les malversations. Seul l’État des travailleurs aura à cœur que les choses se passent au mieux pour la collectivité et pourra y consacrer toute son énergie. Et ça camarade, ça ne va pas sortir des urnes !

La lutte se mène dans la rue, pas dans les salons

Le 27 février dernier, les travailleurs ont largement suivi l’appel à la grève lancé par la CGSP. La SNCB, les TEC, la STIB étaient fortement perturbés voire à l’arrêt. Les profs aussi ont suivi le mouvement.
Le motif de la grève était clair : défendre les pensions contre les attaques répétées du gouvernement Michel et en particulier contre le dernier projet de Bacquelaine, le ministre des pensions, qui veut réduire les droits à une pension anticipée pour ceux qui ont des métiers dits « pénibles ».
Cependant, malgré la réussite apparente du mouvement, il est peu probable qu’il ait réellement fait peur au gouvernement. D’abord parce que les syndicats sont apparus divisés bien que le problème touche tous les travailleurs. Mais surtout parce qu’aucune mobilisation n’a été organisée, ni manifestation, ni rassemblement, ni même de piquets ! Le mot d’ordre du syndicat était de faire grève et de rester chez soi !
Les syndicats considèrent la grève comme un moyen de pression pour obliger le gouvernement à « retourner à la table de négociation ». Pour eux, la négociation entre directions syndicales, patronales et gouvernement est la manière normale et souhaitable de régler les conflits sociaux. Mais en réalité, ça ne fonctionne pas comme ça. Patronat et travailleurs forment deux classes sociales distinctes aux intérêts inconciliables. Entre elles c’est la guerre à mort, toutes les armes, tous les coups sont permis. Celles des capitalistes sont la répression, la menace, la négociation. Celle des travailleurs est la grève.
Les patrons d’une entreprise commencent à discuter lorsqu’ils estiment que ce sera la meilleure méthode pour aboutir à leurs fins. Ils discutent pour temporiser, affaiblir les travailleurs en les divisant. Ils discutent pour essouffler la mobilisation en agitant des solutions qui n’en sont pas, en tirant en longueur les négociations jusqu’à ce que la combativité faiblisse. Discuter ce n’est pas encore céder. Les patrons ne cèdent jamais rien s’ils ne sont pas dans les cordes. Ils lâchent du lest lorsque la mobilisation des travailleurs devient un risque pour les profits présents ou futurs. Le gouvernement et les organisations patronales défendent les intérêts généraux de la classe bourgeoise.
Ce ne sont pas les pertes de profits qui leur font peur, mais la perte de pouvoir. Ils craignent que la classe ouvrière ne se sente forte, qu’elle ne craigne plus ni la police, ni l’État. Or, cette force elle l’acquiert dans les mouvements de grève, lorsqu’ils durent, qu’ils s’étendent à des secteurs de plus en plus nombreux de la classe ouvrière. Ce que la bourgeoisie craint par-dessus tout c’est une grève qui se renforce au lieu de s’affaiblir alors même qu’elle sort toutes ses armes pour en venir à bout. La bourgeoisie redoute la possibilité d’une perte de pouvoir, c’est-à-dire d’une perte de contrôle de la situation.
Inutile de dire que le 27, on en était bien loin.
Pourtant dans l’histoire, ce sont des moments comme ceux-là, de perte de contrôle par la bourgeoisie, qui ont abouti aux grands acquis de la classe ouvrière : pensions, allocations de chômage, de maladie, etc.
La pension, puisque c’est ce qui est en jeu aujourd’hui, forme une partie du salaire indirect. Les entreprises la versent dans une caisse au lieu de la donner directement aux salariés. Attaquer les pensions est plus facile pour la bourgeoisie car cela n’a pas d’impact directement perceptible à la fin du mois. L’effet des mesures sera visible dans dix, vingt ou quarante ans selon l’âge des travailleurs. En revanche, cette baisse du salaire indirect, c’est aujourd’hui qu’elle profite au patronat.
Alors, pour s’y opposer il faudra autre chose qu’une journée de grève « à la maison ». Le manque à gagner qu’une telle grève peut causer aux entreprises, ce n’est que de l’argent et ce n’est rien par rapport au gain potentiel que représente la réduction des pensions de millions de travailleurs.
Pour que les choses changent, il faudra que les travailleurs se mobilisent, qu’ils montrent leur colère, leur refus d’être poussés vers la misère, leur refus de travailler jusqu’à la porte de la tombe. Ce n’est que cette saine colère-là qui peut faire peur au patronat car il sait qu’elle est incontrôlable et qu’elle peut remettre en question leur domination sur l’économie et la société.
La lutte se mène dans la rue, pas dans les salons !

S’élever contre le harcèlement et l’oppression des femmes!

Le scandale Weinstein, du nom de ce producteur américain qui imposait un droit de cuissage aux actrices d’Hollywood, a été un électrochoc dans les milieux bourgeois.
Au travers des mouvements #metoo et #balancetonporc, des milliers de femmes, essentiellement des journalistes, des écrivaines et des cadres, fréquentant ce qui est censé être la fine fleur de la société, ont témoigné des comportements les plus glauques et avilissants.
Certaines trouvent désormais le courage de porter plainte pour viol ou harcèlement sexuel. Que ce soit aux États-Unis ou dans les autres pays, la liste des personnalités mises en cause s’allonge donc de semaine en semaine.
En Belgique, aucun homme n’a encore été accusé, mais Louise a été tué par son voisin qui avait été condamné plusieurs fois pour viol. En mars, Karima a été assassinée de plusieurs coups de couteaux par son compagnon. En juillet, Mailys a été poignardée par son ancien petit ami.
Certains dénoncent un climat de suspicion généralisée et voient dans les réseaux sociaux un ” tribunal révolutionnaire ” intolérable. Mais l’année passée, 38 femmes sont mortes, tuées pour des raisons machistes. Plus de 40000 plaintes pour violence conjugale sont déposées chaque année et 85% des victimes sont des femmes. Ces chiffres sont hallucinants. Or, ils ne sont qu’une petite partie de la réalité. Alors, si la diffamation peut nuire à la carrière publique de quelques-uns, c’est d’abord le silence et l’omerta qui peuvent tuer.
La société recèle une telle épaisseur de crasse misogyne et de préjugés vis-à-vis des femmes, que cela ressort par tous ses pores, que ce soit sous les paillettes et les poses glamour des stars ou dans les hautes sphères politiques et même religieuses.
Aucun milieu n’y échappe parce qu’il ne s’agit pas seulement d’éducation et de culture. C’est une question de préjugés et de pouvoir.
Que des actrices mondialement connues, des députées et des journalistes renommées expliquent ne pas avoir osé dénoncer leur agresseur de peur d’être mises au ban de leur profession et de voir leur carrière compromise, en dit long sur la force du pouvoir et de l’argent dans notre société. Et le gouvernement fait toujours mine de croire à l’existence de rapports égalitaires dans l’entreprise !
Les rapports de domination et de pouvoir structurent la société capitaliste. Et le plus déterminant est le rapport de classe, le rapport entre exploités et exploiteurs, celui qui met les salariés à la merci d’un chef, d’un responsable ou d’un patron. Et les femmes qui subissent de plein fouet les bas salaires, la précarité et le chômage en sont les premières victimes.
Et quand on est ouvrière ou simple employée, il faut se débrouiller, sans beneficier de relations dans les médias, la police ou la justice. Il faut se battre sans argent, avec le risque de perdre son gagne-pain.
Alors oui, le combat contre les violences sexuelles s’ajoute à ceux que les travailleurs ont à mener dans les entreprises. Il passe par la lutte contre les réflexions et les attitudes sexistes.
Le pire pour les femmes qui se battent contre leurs harceleurs est d’être en butte aux préjugés machistes de leurs camarades de travail. Il faut qu’elles puissent compter sur les hommes pour conquérir leur dignité au travail. De même, les travailleurs doivent pouvoir compter sur les femmes qui composent la moitié de la classe ouvrière pour mener le combat contre l’exploitation.
Il y a deux siècles, le socialiste Fourier expliquait déjà que, dans une société donnée, le degré d’émancipation des femmes est la mesure de l’émancipation générale. Depuis, bien des luttes se sont déroulées.
Alors que la bourgeoisie réservait l’action politique aux seuls mâles, les femmes se sont battues individuellement ou collectivement pour le droit de faire des études, de travailler, de voter et pour le droit à l’avortement. Ces combats ont contribué à faire évoluer les mentalités et il faut les poursuivre.
Mais ils ne suffisent pas à éradiquer les habitudes sexistes et à déraciner les préjugés séculaires parce que ceux-ci sont entretenus par les rapports d’exploitation inscrits dans l’organisation capitaliste.
C’est pourquoi le combat pour l’émancipation des femmes est indissociable de celui pour libérer la société du capitalisme.

Carrefour amasse les profits et licencie les travailleurs

Carrefour a annoncé la suppression de 1200 emplois en Belgique, dont 1052 dans les hypermarchés et 180 au siège, soit 11 % des effectifs totaux.
Les employés ont répondu le 26 janvier par la grève dans 24 des 25 hypermarchés du pays. Depuis, le travail a partiellement repris mais des grèves d’un jour sont organisées par les travailleurs dans différents magasins.
La direction a évoqué une ” année difficile ” et prétend que la restructuration est nécessaire pour des raisons de ” digitalisation “. Il y a 10 ans, le groupe avait déjà fermé des magasins et licencié 1700 personnes pour de soi-disant problèmes de ” rentabilité “. En réalité, quel que soit le prétexte invoqué, la vraie raison est évidemment l’augmentation des profits : Carrefour a fait un bénéfice de plus d’un milliard d’euros sur l’année écoulée, avec un chiffre d’affaires mondial de plus de 88 milliards. En Belgique, l’entreprise a fait 65 millions d’euros de bénéfices. C’est ce qu’ils appellent une année difficile !
Les actionnaires prélèvent chaque année 45 à 50 % du résultat sous forme de dividendes et ils comptent bien continuer à le faire. Alors, de quoi se plaignent-ils ? De rien, ils en veulent simplement toujours plus. Et ils ont marqué leur satisfaction devant le bain de sang social puisque l’action du groupe a immédiatement gagné 3%. Chaque salarié licencié signifie des bénéfices en plus pour eux.
Et il ne s’agit pas de petits poissons : parmi les gros actionnaires, on trouve au premier rang la famille Moulin, propriétaire entre autres des Galeries Lafayette à Paris, suivie de la famille Arnault, propriétaire de LVMH, première fortune de France, détenteurs respectivement de 11,5 et 9 % du capital de Carrefour. C’est pour garantir leur immense richesse que les actionnaires de Carrefour décident de sabrer dans les effectifs partout dans le monde.
Face au choc que subissent les travailleurs, les politiciens belges se sont une fois de plus ridiculisés et aplatis devant le patronat. Ils sont gluants d’hypocrisie : ” Je suis aux côtés des travailleurs ” a déclaré Pierre-Yves Jeholet (MR), le ministre wallon de l’Emploi, pour le fédéral, c’est Kris Peeters (CD&V) dont le ” soutien va vers les travailleurs et leurs familles “. Rassurant, le ministre Bruxellois de l’Emploi, Didier Gosuin (Defi), explique qu’il ne s’agit pas d’une restructuration mais d’une ” transformation “. Les travailleurs transformés en chômeurs apprécieront la différence !
Tout le soutien que ces politiciens ont donné, c’est aux patrons. La politique ” jobs jobs jobs ” de Charles Michel permet aux patrons de profiter de la détresse des chômeurs pour recruter des salariés de plus en plus précaires et de plus en plus mal payés. Toutes les mesures qui ont été prises pour réduire le ” coût ” des travailleurs. Carrefour en a profité et a reçu des aides dont le ministre Gosuin ne va évidemment pas réclamer le remboursement.
Tous ces messieurs prônent maintenant la concertation. Ils prétendent vouloir limiter les pertes d’emplois mais dans la pratique ils ont tous les mêmes mots à la bouche : nous sommes impuissants. Quand il s’agit d’attaquer les droits de millions de familles, de baisser les salaires ou de couper dans les budgets de services publics, de l’éducation ou des hôpitaux, il n’y a pas de problème ! L’impuissance de la classe politique est évidemment feinte. Son rôle est de garantir au patronat la possibilité d’exploiter les travailleurs en réprimant toute résistance, en limitant le droit de grève, en aggravant la précarité et en faisant régner la peur du chômage et de la pauvreté.
Par principe, on ne peut rien attendre du gouvernement.
Les travailleurs de Carrefour l’ont bien compris. Beaucoup sont partis en grève dès le premier jour. Sur les piquets, personne n’a d’illusion sur les intentions de la direction, ni sur le soutien des politiciens. Certains travailleurs ne comprennent pas pourquoi les syndicats attendent. Il disent attendre d’en savoir plus, d’avoir des chiffres, de connaître les intentions de Carrefour etc. En réalité, il n’y a rien à attendre. Ce qu’il faut, ce n’est pas des discussions de salon entre directions syndicales et patronale, mais que les travailleurs montrent leur force collective et leur colère. Cela seul pourra faire reculer le patronat. Carrefour compte 375 000 travailleurs dans plus de 30 pays. Leur force, c’est leur nombre. Leur arme, la mobilisation et la grève.

En 2018 comme en 1917, Travailleurs de tous les pays, unissez-vous !

Symbole de l’année qui vient de s’achever, le ” jour des riches ” est tombé le 8 janvier 2018 : c’est le jour où les patrons ont gagné autant d’argent que l’ensemble des travailleurs pendant toute l’année ! L’envolée des bourses en 2017 a fait gagner à elle seule la bagatelle de 850 milliards d’euros aux 500 plus grandes fortunes mondiales. Une telle somme permettrait de créer 20 millions d’emplois, mettre fin à l’austérité ; de quoi soigner, nourrir et loger ceux qui en ont besoin. Mais ceux qui disposent de ces richesses inouïes n’ont aucune intention d’en partager la moindre miette avec la majorité de la population, celle qui doit travailler pour vivre.
Ce sont ces mêmes grandes fortunes qui ont provoqué les crises financières qui ont mis l’économie à genoux. Celles-ci ont servi de prétexte pour attaquer les acquis des travailleurs dans tous les pays où ils en avaient : salaires, pensions, protection sociale, soins de santé, tout a été bon à prendre.
Pour 2018, la presse se fait l’écho d’une possible reprise économique. Mais il ne faut pas s’attendre à ce que les patrons reviennent sur les concessions qu’ils ont imposées aux travailleurs sous prétexte de crise et d’austérité. Les nouveaux emplois resteront précaires, soumis au moindre retournement de situation. Les jeunes qui arrivent sur le marché du travail devront travailler plus dur et plus longtemps pour des salaires rabotés.
En Belgique, le gouvernement de Charles Michel a un bilan qui parle de lui-même : pour les travailleurs, allongement de la durée du travail, limitation des droits sociaux, la chasse aux réfugiés et la limitation du droit de grève ; pour les patrons, diminution de l’impôt des sociétés et des charges et flexibilité de l’emploi. Un seul chiffre résume ce déséquilibre : les entreprises paient environ 13 milliards d’euros d’impôts mais elles reçoivent le même montant en aides diverses et variées ! Les patrons ne paient donc rien, les travailleurs paient tout. Crise ou reprise, cela ne changera rien à leur politique.
La N-VA a été plus loin en proposant récemment de supprimer les prépensions et de limiter la durée des allocations de chômage.
La montée de la N-VA en Belgique reflète une tendance au repli sur soi face à la crise. C’est un phénomène mondial qui a donné lieu au Brexit en Angleterre, au mouvement indépendantiste en Catalogne et au vote pour Trump aux Etats-Unis. Ce dernier a été élu en faisant croire aux travailleurs américains que leurs problèmes venaient de la concurrence chinoise ou des immigrants mexicains. Il a promis de les protéger mais tout ce qu’il a fait, c’est s’attaquer à l’assurance maladie et réduire les impôts payés par les plus riches. En Angleterre, la propagande pour le Brexit s’appuyait sur la peur des travailleurs anglais face à la concurrence européenne ; mais ce sont le système scolaire et les hôpitaux publics qui font les frais d’une cure d’austérité sans précédent.
Partout, les bourgeois tentent, au travers des partis dits ” populistes “, de monter les travailleurs les uns contre les autres, d’utiliser les travailleurs étrangers comme boucs émissaires et ainsi détourner l’attention des vrais responsables : le patronat qui licencie, les riches qui ne paient pas d’impôts, les financiers qui provoquent des crises économiques à répétition. En réalité, le sort des travailleurs est le même partout et ils ont plus de raisons d’être unis que divisés.
Les capitalistes se paient des experts en exploitation, restructuration et communication. Dans chaque pays, ils subventionnent les partis qui font la politique qui correspond le plus à leurs intérêts. Les travailleurs, eux, ne peuvent compter que sur eux-mêmes. En revanche, ils forment 90% de la population et c’est sur eux que repose toute l’économie. Cela constitue une force potentielle énorme, qui s’exprime par la mobilisation et les grèves. Pour organiser cette force, le monde du travail a besoin de son propre parti, communiste et révolutionnaire.
2017 a marqué le centenaire de la révolution russe. En 1917, les plus misérables de tous les travailleurs européens ont réussi à chasser un régime dictatorial et ont entrepris de mettre en place une société qui n’était plus basée sur le profit, et qui était gérée par la population elle-même. Ils ont soulevé un enthousiasme incroyable chez tous les travailleurs de la planète. Même si l’expérience n’a pas été jusqu’au bout, ils nous ont montré qu’un tel changement était possible.