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Trump et les grandes puissances, complices d’Israël contre les Palestiniens

En déclarant qu’il comptait reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, Trump a montré l’arrogance et le mépris du dirigeant impérialiste qu’il est. Que ce bouffon provocateur ait fait cette annonce pour des raisons de politique intérieure, par démagogie vis-à-vis de son électorat antiarabe et antimusulman, n’y change rien.
Alors que les Palestiniens considèrent depuis toujours cette ville comme la capitale d’un futur État indépendant, Trump leur a signifié que, pour les États-Unis, il n’en sera pas question. Il a ainsi entériné officiellement l’annexion de Jérusalem-Est par les troupes israéliennes à l’issue de la guerre des Six-Jours de 1967. Tout « démocratiques » que les États-Unis prétendent être, ils soutiennent les spoliations auxquelles l’État d’Israël se livre depuis des décennies aux dépens des Palestiniens.
Quand, après la Seconde Guerre mondiale, l’État d’Israël a été fondé contre la puissance coloniale britannique, cela répondait à l’aspiration légitime de nombreux Juifs qui avaient survécu aux persécutions et au génocide nazi d’avoir leur propre État. Mais il n’était pas écrit qu’il se construise contre le peuple palestinien, dont le droit à un État était tout aussi légitime : les deux peuples auraient pu cohabiter sur une même terre, comme c’est le cas dans tant d’endroits du monde. Or, depuis l’origine, l’État d’Israël s’est construit sur l’oppression des Palestiniens, en les pourchassant, en les parquant dans des camps et en en faisant des réfugiés sur leur propre terre.
Aujourd’hui, les Palestiniens n’ont pas d’État, mais deux territoires séparés, grignotés par la colonisation, morcelés par des murs infranchissables et des frontières étroitement contrôlées ; deux vastes prisons à ciel ouvert, sans possibilité de développement économique, sans liberté de mouvement, sous la botte permanente de l’armée et de la police israéliennes.
La décision de Trump a été suivie d’un concert de désapprobations, du secrétaire de l’ONU à Macron, en passant par tous les dirigeants européens. Quelle hypocrisie ! Si le petit État d’Israël a pu maintenir sous son joug le peuple palestinien, c’est qu’il bénéficie depuis des décennies de la bienveillance des grandes puissances. Les résolutions de l’ONU ont condamné les annexions, la colonisation des territoires occupés et le sort réservé aux Palestiniens. Israël s’en est soucié comme d’une guigne, parce que ses dirigeants se savent soutenus par les grandes puissances.
Pour celles-ci, le Proche-Orient est un ancien domaine colonial, un vaste champ de pétrole où elles ont leurs intérêts. C’est ainsi qu’avec d’autres États, comme l’Arabie saoudite, Israël joue dans la région le rôle de gardien des intérêts impérialistes. Alors, les États occidentaux peuvent verser périodiquement quelques larmes de crocodile sur le sort des Palestiniens et faire les gros yeux au gendarme israélien, les affaires continuent. Israël, dont le Premier ministre Netanyahou était reçu encore dimanche par Macron, sait que les États occidentaux l’appuieront, quoi qu’il fasse, dans la guerre sans fin qu’il livre aux Palestiniens.
Quant aux dirigeants des États arabes, ils sont tout aussi hypocrites. Au cours de l’histoire, ils ont traité les Palestiniens comme des ennemis, car ils redoutaient l’exemple que leur lutte représentait pour leurs propres peuples. Et ils n’ont pas hésité à les massacrer, comme lors du Septembre noir en Jordanie en 1970.
Le régime saoudien critique aussi la décision de Trump. Quelle sinistre farce ! Les rois du pétrole traitent leur propre population comme Israël traite les Palestiniens. Ils réduisent à un quasi-esclavage les millions d’immigrés qui bâtissent leurs villes et font fonctionner leurs puits de pétrole. Ils privent les femmes de droits les plus élémentaires : pouvoir travailler, étudier, obtenir un passeport ou ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur maître de mari. Ils écrasent les Yéménites sous les bombes. À l’égal d’Israël, ce régime féodal et réactionnaire bénéficie de la bienveillance des grandes puissances auxquelles il vend de l’or noir et achète des armes.
Va-t-on vers une nouvelle Intifada de cette jeunesse palestinienne sans avenir ? Son sort révoltant illustre en tout cas combien ce monde régi par les intérêts impérialistes est incapable de permettre aux peuples de vivre dignement. Trump vient de porter aux Palestiniens un coup supplémentaire, mais ses complices se nomment Macron, May et Merkel. Pour préserver leur ordre, les riches et les puissants de ce monde condamnent un peuple entier à la prison à vie.

Une politique criminelle

Le 27 novembre dernier, un train fantôme a fauché quatre cheminots d’Infrabel qui réparaient un passage à niveau à Morlanwelz, en tuant deux sur le coup. Ce train a roulé au total 14 km avant d’en percuter un autre, qui avait été immobilisé suite à la coupure du courant sur la ligne. On connaîtra peut-être un jour la raison pour laquelle une partie de ce train s’est détachée du convoi principal. Il est probable qu’une fois de plus on tapera sur un lampiste en cherchant « l’erreur humaine » ou alors on mettra la faute sur un dysfonctionnement technique. L’émotion passée, l’enquête sera de toute façon enterrée et, comme à chaque fois, des ouvriers, des passagers seront morts ou blessés sans que rien ne soit fait pour remédier aux causes profondes du problème.
En 2001, l’accident de Pécrot faisait huit morts et a vu la SNCB condamnée pour défaut de prévoyance : pas de système de freinage automatique, manque de formation des jeunes conducteurs, etc. Mais il faudra attendre l’accident de Buizingen en 2010, qui a causé 19 morts et 162 blessés, pour que la SNCB se dote d’un plan pour équiper ses trains et ses lignes de systèmes de freinage automatique. Ces deux accidents ont été médiatisés, mais chaque année il y a plusieurs incidents majeurs, déraillements ou accidents, qui provoquent des blessés, sans compter la myriade d’accidents évités grâce aux réflexes des conducteurs.
Malgré tout, il faudra attendre encore cinq ans, soit 2023, pour que l’ensemble du réseau soit équipé du système de freinage automatique ETCS.
Les trains transportent 235 millions de passagers par an, essentiellement des travailleurs qui se rendent à leur travail. Et le rail reste le moyen de transport le plus sûr, bien plus en tout cas que la voiture. Pourtant, au lieu d’investir, l’Etat réduit le budget de la SNCB année après année. Le résultat est affligeant. En termes de sécurité d’abord. Mais aussi de ponctualité : en 2016, 38 000 trains ont été annulés et en 2017, entre 15% et 30% des trains sont en retard pendant les heures de pointe, et c’est parfois pire sur certaines lignes comme Liège-Bruxelles ou Mons-Bruxelles !
Le plan que vient de déposer la nouvelle direction, entérine une réduction des subsides publics de 200 millions par an. Cette coupe budgétaire fait elle-même suite aux restrictions imposées par les gouvernements précédents. Cela se traduira concrètement par la diminution des effectifs à 16 000 cheminots, soit 4 000 de moins qu’en 2014 – c’est 20% du personnel qui va disparaître. En pratique, seul un ou deux départs en pension sur cinq seront compensés par une embauche, en fonction des catégories de personnel. Aujourd’hui, le manque de personnel est déjà tel que les cheminots ne peuvent pas prendre leurs congés ou récupérer leurs heures supplémentaires, au point que la SNCB leur a récemment proposé de racheter les 56 000 jours de congé en souffrance.
Pour compenser cette baisse, Dutordoir, la dirigeante de la SNCB, veut imposer une augmentation de la productivité de 4% par an pendant encore 5 ans. Cela veut dire à la fois travailler plus, mais aussi gagner moins, en particulier en renonçant aux compensations pour le travail du dimanche ou des jours fériés.
Comment les trains peuvent-ils fonctionner de façon sécurisée et régulière alors que les effectifs, déjà insuffisants, vont être diminués ? A Morlanwelz par exemple, le conducteur du train de secours était seul et n’a pas pu voir les wagons se détacher. Et il n’y avait personne pour surveiller les voies là où les ouvriers travaillaient. Rien que ça aurait suffi à sauver leurs vies.
Pour les travailleurs qui empruntent chaque jour le train pour se rendre à leur travail, les retards et les annulations sont un poids de plus dans leur vie quotidienne. Les réductions budgétaires systématiques se sont traduites par une augmentation du prix des tickets, de 20% de plus que les autres prix.
Au 21ème siècle, il serait normal d’avoir un service de transports publics fiable et bon marché. Mais pour la direction de la SNCB, qui suit fidèlement la politique du gouvernement, ce n’est pas cela la priorité. Ce qui compte, c’est de réduire les budgets des services publics et tant pis pour les usagers, que ce soient ceux des trains, des écoles ou des hôpitaux. L’argent ainsi économisé sur leur dos sert à renflouer les caisses de l’Etat, vidées par les aides et les cadeaux fiscaux accordés généreusement aux entreprises et à leurs actionnaires.
L’accident de Morlanwelz est avant tout le résultat d’une politique criminelle qui sacrifie la sécurité des travailleurs en particulier, et l’intérêt public en général sur l’autel des profits d’une minorité parasite.

Face aux attaques continuelles, une riposte des travailleurs est nécessaire

Le gouvernement Michel a fait un pas en avant dans ses attaques contre les travailleurs en faisant voter une loi pour le service minimum à la SNCB.
Le ministre des transports, Bellot, a pris soin de présenter une forme apparemment atténuée du service minimum : il ne sera pas interdit de faire grève et il n’y aura pas de réquisitions de personnel. Cela aurait été de toute façon impraticable et Bellot le sait très bien. En revanche, les syndicats devront déposer un préavis de 8 jours pour tout mouvement de grève et imposant à salariés, comme les conducteurs et les accompagnateurs, de déclarer 3 jours à l’avance leur intention de faire grève.
Evidemment, ce délai supplémentaire servira à la direction à mieux se préparer pour réduire l’impact des grèves en le justifiant bien évidemment par le service aux usagers. La force de la grève, c’est justement de bloquer la production ! Comme les cheminots n’ont rien à bloquer que des trains, ils ne peuvent se faire entendre qu’en bloquant indirectement les entreprises. Et puis, souvent c’est sur les piquets, au contact de leurs collègues grévistes, que les indécis se joignent au mouvement. En imposant de se déclarer en grève à l’avance, le gouvernement essaie d’empêcher l’extension des mouvements.
Et cela ne concerne pas que les cheminots. En introduisant la notion de « travailleurs indispensables » qui seront tenus de se déclarer grévistes à l’avance, le gouvernement crée un précédent. On peut bien imaginer que d’autres entreprises publiques puis privées vont aussi vouloir faire reconnaître certain de leurs travailleurs comme « indispensables ». C’est déjà en marche puisque le CdH a introduit un projet en ce sens pour les TEC wallons, et le MR bruxellois a fait exactement la même proposition pour la Stib à Bruxelles.
Il s’agit là d’une attaque inacceptable et dangereuse contre le droit de grève. Et ce n’est pas la seule, puisque le gouvernement a déjà obtenu d’interdire le blocage des trains par les piquets.
Cette mesure antigrève arrive dans un contexte où le gouvernement est dans une phase d’attaques continues contre le monde du travail. Après avoir porté l’âge de la pension à 67 ans, le gouvernement travaille en douce sur l’introduction d’une pension « à points » qui vise à réduire encore plus le montant des retraites. Le ministre des Finances a annoncé que les dépenses publiques allaient encore être réduites, ce qui aura forcément un impact sur les transports, mais aussi les écoles, les hôpitaux, etc. D’un autre côté, il réduit les impôts sur les entreprises et ne fait quasiment rien contre la fraude fiscale.
On peut se douter que le gouvernement a à cœur de priver les travailleurs des moyens de se défendre face aux attaques à venir. Non seulement la nouvelle loi va rendre la résistance plus difficile mais elle va contribuer à démoraliser une partie des travailleurs qui vont se sentir de plus en plus impuissants.
Malheureusement, la réponse des syndicats est insuffisante. La CGSP wallonne a bien lancé un préavis de grève dans les TEC mais la CGSP–Cheminots refuse de suivre. En revanche, la FGTB et la CSC ont annoncé qu’elles allaient attaquer le service minimum en justice. Comme si la justice pouvait défendre les droits des travailleurs alors qu’elle fait partie intégrante d’un système taillé sur mesure pour le patronat ! Le droit de grève n’a pas été obtenu par une décision de justice, il a été imposé par les luttes des travailleurs des générations précédentes. Seule la grève peut le protéger : le patronat et le gouvernement à son service sont contre la grève, c’est normal, mais pour les empêcher d’agir, il faut rendre coup pour coup et utiliser la grève contre ces attaques.
On entend parfois un discours défaitiste qui dit que les travailleurs ne se mobilisent plus ou que la grève ne sert à rien.
Rien de plus faux ! Ce mardi 21 novembre, 10 000 travailleurs ont manifesté à Liège, tandis que les TEC étaient à l’arrêt complet. La grève nationale d’octobre a été très suivie. De manière générale, le nombre de jours de grève a doublé entre 2015 et 2016. Alors, oui, les travailleurs sont conscients des dangers qui pèsent sur leur avenir et sont prêts à se mobiliser. Ce qu’il faut maintenant, c’est organiser un mouvement d’ensemble qui oblige le gouvernement à reculer.

Impasse nationaliste en Catalogne

Le conflit qui se noue en Catalogne depuis des années entre l’appareil d’État central et le camp nationaliste catalan s’est transformé ces dernières semaines en confrontation ouverte. Les autorités catalanes, dirigées par le nationaliste Carles Puigdemont, ont organisé, le 1er octobre dernier, un référendum d’indépendance, déclaré illégal par le gouvernement de droite de Mariano Rajoy, le leader du Parti populaire. Rajoy n’a rien cédé aux revendications des autorités catalanes. Il a voulu faire la démonstration qu’il resterait inflexible, bloquant des bureaux de vote, usant de la justice, de la police et de ses matraques. Le scrutin a quand même eu lieu. La participation a été de 43 % ; et 90 % des votants ont voté pour l’indépendance. Le camp nationaliste catalan, regroupé derrière le politicien de droite Carles Puigdemont, a tenté de s’appuyer sur la mobilisation de ses troupes pour imposer les intérêts de ceux qu’ils représentent, essentiellement la petite et moyenne bourgeoisie catalane. Pour l’instant, Puigdemont a été contraint de reculer face à Madrid, reportant de fait l’échéance de l’indépendance. Depuis, le gouvernement a inculpé de rébellion les dirigeants catalans et les arrêtent. Puigdemont et d’autres leaders nationalistes ont fui et se sont réfugiés en Belgique, au « cœur de l’Europe » dont ils espèrent l’aide.
Ils ont seulement été accueillis chaleureusement par les nationalistes flamands de la NVA. Une telle bienveillance de leur part en dit long sur le caractère réactionnaire des ambitions autonomistes catalanes.
Quelles conséquences ces événements auront-ils pour la classe ouvrière ? Avec ¬Rajoy, cela fait des années que la condition des travailleurs espagnols recule. Dans le contexte de la crise catalane, Rajoy et ses comparses se sont érigés en défenseurs de la légalité constitutionnelle, de la démocratie parlementaire et de l’unité de l’Espagne, qui protégeraient les citoyens. Rien n’est plus faux. La Constitution est au service des banquiers et des capitalistes. Ils l’ont changée quand cela leur a été utile pour payer la dette aux banquiers après la crise de 2008. Et quand les travailleurs réagissent contre les attaques, Rajoy et les siens recourent à la répression policière et se moquent de ce que permettent ou non la Constitution et la législation.
Pour ce qui est des nationalistes catalans, ils n’ont et ne feront jamais rien gagner aux classes populaires. Les nationalismes sont des courants politiques au service des intérêts des classes bourgeoises qui ont besoin d’un État pour conduire leurs affaires et exploiter les travailleurs. Rajoy aussi bien que Puigdemont et les nationalismes qu’ils représentent s’affrontent, mais ils s’alimentent. Ils cachent leur corruption et dévient les problèmes sociaux vers des affrontements entre les classes populaires elles-mêmes et au sein du monde du travail.
Le conflit actuel en Catalogne est dirigé par la droite « catalaniste » pour détourner vers l’objectif de l’indépendance la profonde indignation que la crise capitaliste a provoquée dans les classes populaires. Précédemment, cette droite autonomiste a marché la main dans la main avec les dirigeants de l’Etat pour attaquer les classes populaires et diminuer les budgets sociaux. Devenus ennemis aujourd’hui, ils sont parvenus à diviser le monde ouvrier et à faire s’affronter les travailleurs d’une même classe ouvrière au nom des droits de la Catalogne ou de l’Espagne.
En Belgique, les autonomistes flamands tirent aussi le voile sur le rôle de la bourgeoisie dans le recul de la condition des travailleurs néerlandophones en désignant les francophones comme responsables. Ils divisent le monde du travail et l’affaiblissent en rompant son unité dans ses luttes contre le patronat.
De plus, on voit bien la façade que le nationalisme offre aux politiciens de la NVA qui font aujourd’hui la guerre aux classes populaires en lui imposant des reculs sur la santé, les pensions, etc.
Nous ne devons pas accepter la politique de ces gouvernements, qu’ils soient « catalaniste », « espagnoliste », flamingant ou autres. Aucun des régimes au service des capitalistes ne pourra améliorer nos conditions de vie. Seule notre lutte peut le faire.
Dans le monde entier, la société est divisée en deux vastes camps ennemis : la bourgeoisie et la classe ouvrière. Les combats que les travailleurs mènent contre la classe capitaliste n’ont pas de frontières.
C’est pour cela que nous levons toujours le drapeau rouge des travailleurs portant leur devise : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »

Une nouvelle révolution est nécessaire

Il y a tout juste un siècle, en février 1917, les manifestations spontanées des ouvrières de Petrograd marquaient les prémisses de la révolution russe. Alors que la guerre faisait rage, le prolétariat de la capitale s’est porté à l’assaut de l’autocratie tsariste et a mis à bas l’un des régimes les plus tyranniques d’Europe. Contrairement aux espoirs de la bourgeoisie russe et de l’impérialisme, les exploités ne rentrèrent pas dans le rang. Chaque jour, ils apprenaient un peu plus à reconnaître leurs alliés et à démasquer leurs faux amis. Et finalement, le 25 octobre 1917, ils prirent la direction de la société et fondèrent, sur un territoire représentant le sixième du globe, le premier État ouvrier de l’histoire.
Le capitalisme avait subi sa première grande défaite face aux prolétaires. Les bolcheviks qui avaient dirigé l’insurrection d’octobre savaient bien qu’elle ne devait être qu’une première étape vers la révolution mondiale. La révolution russe donna de l’espoir à la classe ouvrière mondiale et des insurrections éclatèrent aux quatre coins de l’Europe. Mais partout elles échouèrent et la Russie révolutionnaire resta isolée. L’URSS dut se construire au milieu de puissances capitalistes hostiles qui n’avaient qu’une envie, renverser le pouvoir ouvrier. Cet isolement, avec toutes les conséquences qu’il eut sur la société russe, favorisa la naissance puis la domination d’une couche parasitaire dont Staline fut le premier chef.
Mais cette dégénérescence, qui s’approfondit jusqu’à la disparition de l’URSS en tant qu’État il y a 25 ans, ne peut effacer l’œuvre gigantesque accomplie par le prolétariat russe.
La Russie de 1917 était un pays arriéré soumis à une guerre civile attisée par les grandes puissances. Pourtant, la puissance émancipatrice de la révolution d’Octobre s’observa dans tous les domaines.
La nationalisation des terres et la possibilité pour les comités de paysans d’en organiser le partage et la culture librement, répondaient aux aspirations de la petite paysannerie, qui constituait la majorité écrasante de la population. Le contrôle ouvrier sur la production et la marche même des entreprises fut imposé par les travailleurs dès 1917 sous la forme d’une multitude d’organes de la démocratie révolutionnaire : comités d’usine, syndicats, associations ouvrières et soviets.
La révolution accomplit une tâche immense dans le domaine culturel par la formation en masse d’enseignants, la construction de bibliothèques, d’écoles, puis d’universités, pour combattre l’analphabétisme et l’arriération religieuse. Toute la Russie apprenait à lire, et lisait de la politique, de l’économie et de l’histoire, car le peuple voulait savoir et connaître.
La révolution d’Octobre jeta aussi les bases d’une égalité véritable entre les hommes et les femmes : égalité juridique, droit de vote et d’éligibilité à toutes les fonctions, droit au divorce, à l’avortement, à des congés maternité payés. Une politique de création de crèches et de cuisines collectives fut engagée pour décharger les femmes des charges ménagères.
La jeunesse, dont une grande partie s’échinait jusque-là dans les champs et dans les bagnes industriels, se vit enfin ouvrir de nouveaux horizons grâce à l’accès à l’éducation, à la culture. L’enthousiasme et l’énergie produits par les espoirs nés avec Octobre palliaient souvent en grande partie le manque de moyens matériels.
S’engageait ainsi la construction d’une économie nouvelle, débarrassée du règne de la propriété privée, du parasitisme des actionnaires et du profit. C’est sur cette base et grâce au dynamisme propre de ce premier État ouvrier que l’Union soviétique put connaître un essor industriel sans précédent, au moment même où l’économie capitaliste s’enfonçait dans la plus brutale crise de son histoire.
La victoire de l’insurrection d’Octobre était aussi la démonstration de la nécessité pour la classe ouvrière de disposer d’un instrument pour assurer son émancipation et celle de toute la société. Car si le Parti bolchevique, pas plus que d’autres organisations, ne joua aucun rôle dans le déclenchement du processus révolutionnaire de l’année 1917, il fut l’arme majeure de la victoire des exploités. Contrairement à l’image déformée transmise par les historiens de la bourgeoisie, c’était en 1917 un organe vivant, lié par de multiples organes à la classe ouvrière, dans les quartiers, dans les comités d’usine et jusque dans l’armée.
Aujourd’hui, le capitalisme et la domination de la bourgeoisie plongent chaque jour davantage l’humanité dans le chaos et l’incertitude. L’expérience de la révolution de 1917 est nécessaire pour les travailleurs qui veulent conduire l’humanité vers son émancipation.

La grève est l’arme politique des travailleurs

N’en déplaise au patronat et au gouvernement à son service, la grève du 10 octobre a été largement suivie.
Aux TEC et à la Stib, aucun bus n’a circulé, dans les écoles où à la poste, dans les communes, les CPAS, les intercommunales, les prisons, à la SNCB, des centaines de milliers des travailleurs du service public ont cessé le travail. Le secteur de la métallurgie s’est joint à eux, et Audi, Clabecq, la Sabca, étaient à l’arrêt, parmi d’autres. La participation varie évidemment en fonction des régions. A Verviers, quelques centaines de grévistes sont allés de service en service pour appeler leurs collègues à la grève.
Pourtant, les conditions n’étaient pas favorables. Seules la CGSP et une partie de la FGTB appelaient à faire grève tandis que les autres directions syndicales veulent « attendre », attendre quoi ? On se le demande… mais le résultat est la division et cela est forcément démoralisant.
Cette grève a subi dès son annonce un feu croisé de tous les alliés de la bourgeoisie, gouvernement, FEB, journalistes, tous ont accusé ce mouvement d’être « irresponsable », minoritaire et dénoncé la grève comme étant une « grève politique ». Sans compter les menaces d’astreintes en cas de blocage des voies.
Charles Michel a même prétendu qu’il ne savait pas pourquoi les travailleurs faisaient grève. Et il a ressorti la rengaine des grévistes qui prennent les étudiants et les navetteurs en otages ; et, le jour même de la grève, il a brandi la menace du service minimum, l’arme patronale contre les grèves dans les services publics.
Tout ce blabla n’a qu’un but : discréditer la lutte des travailleurs pour défendre les services publics.
Le gouvernement suit son programme : réduire les budgets des services publics au détriment des usagers, transports insuffisants, routes dégradées, hôpitaux à la dérive, etc. Il réduit aussi les budgets sociaux en reportant l’âge de la retraite et en réduisant les allocations de chômage. Dans le même temps, et grâce à ces coupes budgétaires, les impôts des riches et des entreprises sont réduits à leur plus simple expression. La seule différence par rapport au gouvernement PS qui l’a précédé, est qu’il se donne encore moins la peine de maintenir une illusion de concertation avec les syndicats. Mais dans le fond, la politique est la même.
Et c’est toute la population laborieuse qui est prise en otage de cette politique, c’est elle qui est rackettée, une première fois par les patrons et une deuxième par l’Etat à leur service.
Face à ces attaques systématiques et répétées les travailleurs ont une arme : la grève.
La concertation n’a jamais rien apporté aux travailleurs car le patronat ne cède que face à la menace.
Les élections n’ont jamais permis aux travailleurs de d’imposer au gouvernement une politique qui soit réellement en leur faveur.
La seule manière que les travailleurs ont d’influencer la politique des patrons et celle des gouvernements, est de se mobiliser pour rappeler que sans eux, rien ne fonctionne et qu’ils n’ont pas peur de tout bloquer pour se faire respecter.
En ce sens, la grève est toujours une arme « politique ». Ce sont les faux-amis des travailleurs qui prétendent qu’il ne faudrait pas faire de grève politique. Selon eux, les travailleurs n’auraient le droit de grève que pour défendre leur salaire ou leurs emplois. Au-delà des revendications concrètes, c’est la chasse gardée des politiciens.
Pour les partis de droite, les travailleurs doivent tout sacrifier sur l’autel des profits. Pour les autres, les travailleurs sont juste bons pour voter pour qui va les plumer, mais dès qu’ils veulent exprimer réellement leur volonté, dès qu’ils franchissent la ligne rouge du syndical au politique, alors ils remettent en cause la hiérarchie du pouvoir. Et ça, les faux-amis des travailleurs ne le veulent pas plus que les autres.
Tout le monde sait qu’il ne suffira pas d’une grève pour changer les choses. Il faudra que la mobilisation atteigne un seuil tel que le gouvernement et les bourgeois aient à nouveau peur des travailleurs, comme ils ont eu peur en 1960, en 1936 en France, ou en 1917 en Russie. Même si cette grève n’a encore rien changé, elle a au moins montré que les travailleurs sont encore capables de se mobiliser, et elle peut leur donner confiance en eux pour les luttes à venir.

Hypocrites, démagogues et salauds

Entre ses tweets racistes et ses provocations, Théo Francken, le secrétaire d’Etat NVA à l’immigration poursuit sa politique anti-immigrés. A Bruxelles, quatre ou cinq cent réfugiés campent dans des conditions précaires au parc Maximilien. Francken, qui ne veut pas entendre parler de leur donner un statut quelconque, les harcèle en permanence en faisant confisquer leurs vêtements ou leurs sacs de couchages dès qu’ils ont le dos tourné. Récemment, il y a envoyé la police procéder à une rafle qui a mené à l’arrestation de quelques dizaines de Soudanais. Francken a appelé son opération un « nettoyage ». Ensuite, il a fait venir des représentants du Soudan pour identifier ses prisonniers alors que ce pays est une dictature notoire dont le président est poursuivi pour crimes contre l’humanité. Evidemment, cela a fait scandale. Comme quand il accuse Médecins Sans Frontières d’être des « complices des passeurs » quand ils envoient des navires en Méditerranée pour secourir ceux qui risquent leur vie pour échapper à la misère dans des embarcations de fortune. Et l’an dernier, Francken s’est illustré en menant une bataille juridique féroce pour empêcher une famille syrienne d’avoir un visa.
Non seulement cela ne gêne pas Francken de se comporter comme un salaud, mais il se nourrit de cette image. Il se présente comme celui qui fait le sale boulot que les autres politiciens n’assument pas.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’ensemble du gouvernement le soutient. Charles Michel l’a rappelé et il a justifié les rafles du parc Maximilien pour des raisons de santé publique et de lutte contre la traite des êtres humains ! Face à des pauvres qui fuient la misère et campent dans un parc, la logique de Michel est implacable : au lieu de leur proposer un logement, il les renvoie chez eux. Mais, hypocritement, il leur offre le choix : le retour volontaire ou le retour forcé !
Et cela s’inscrit dans la politique de tous les pays européens de refouler la pauvreté à l’extérieur. Certes, pour la forme, des règles sur l’asile politique sont mises en place. Mais elles sont un véritable parcours d’obstacles juridiques et servent avant tout à se donner bonne conscience pour pas cher.
L’an dernier, les guerres et la pauvreté ont chassé plus de 65 millions de personnes de chez elles, dont 21 millions vivent dans des campements et sont considérées comme réfugiés. Contrairement aux discours des Francken et de l’extrême droite, seule une toute petite partie arrive en Europe. La plupart des autres trouve refuge dans les pays voisins, guère plus riches ni plus stables. La Turquie en accueille 2,5 millions, le Pakistan 1,6 million. C’est bien plus que l’Europe qui n’accueille que 6% des réfugiés. Et on a vu comment les pays européens se sont battus entre eux pour en recevoir le moins possible.
Il faut être hypocrite, démagogue et salaud – ensemble ou séparément – pour prétendre qu’un pays riche d’Europe occidentale ne peut pas accueillir quelques milliers de réfugiés. Le faire ne serait que rendre une infime parcelle de ce que les puissances impérialistes, dont la Belgique à son échelle, ont pillé et volé au fil des siècles et de ce qu’elles ont saccagé et détruit par leurs interventions militaires.
Mais la politique anti-réfugiés du gouvernement va au-delà de la simple « méchanceté ». Quand Francken joue au « dur » contre quelques migrants, il envoie un message à la fois au patronat et aux travailleurs du pays. Aux patrons, il se présente comme un politicien qui n’aura pas peur de faire donner la police contre les pauvres, les réfugiés aujourd’hui, les travailleurs demain. Rappelons-nous que dans les années trente, les premiers à se retrouver dans les camps nazis étaient les communistes et les syndicalistes.
Vis-à-vis des couches populaires, Francken distille le poison du racisme et du nationalisme. Les travailleurs s’inquiètent à juste titre pour leur avenir face à ces crises qui n’en finissent plus, face au chômage persistant et à une précarité croissante. Michel, Francken et tous les politiciens leur disent que leur ennemi, c’est l’immigré qui leur vole leur travail, c’est le réfugié pour lequel il faut payer. Et ils donnent de la matraque à cœur joie.
Aucun d’entre eux ne dit que nos ennemis, ce sont leur maîtres, les capitalistes, qui s’enrichissent en licenciant, qui fabriquent les armes et poussent à la guerre, qui exploitent le pétrole et détruisent les cultures et qui n’hésitent devant rien pour s’enrichir et certainement pas à pousser les populations dans la misère. C’est pour cela que nous disons que les migrants sont nos frères de classes et que nous devons nous battre avec eux contre cette société injuste.

Durs contre les travailleurs, serviles devant les patrons

A peine installé, le nouveau ministre wallon de l’économie et de l’emploi, le MR Jeholet, s’est empressé d’afficher son mépris des travailleurs par des déclarations à l’emporte-pièce sur les chômeurs et la nécessité à ses yeux d’accroître les contrôles et les sanctions. Il a ainsi déclaré « Le chômage n’est pas une rente » ou encore « Les règles doivent être appliquées strictement, les sanctions également ».
Parlant de rente, Jeholet aurait pu s’abstenir car s’il y bien des fainéants sur terre, ce sont les riches rentiers qui dépensent sans compter le fruit du travail des autres. Mais ces fainéants-là, Jeholet les admire !
Jeholet, parle de règles et de sanctions, mais quelles règles a respecté son collègue de parti De Decker dans le Kazakhgate ? Et quelles règles respectent les patrons qui, comme Caterpillar, Axa, ING ou tant d’autres, licencient des travailleurs par milliers pour augmenter leurs profits ? Et tous ceux qui planquent leur argent dans des paradis fiscaux, quelles sanctions risquent-ils ? Pas grand-chose, car les règles sont justement faites pour eux !
Le chômage est dû à la crise, aux plans de restructuration, à la fermeture des usines sidérurgiques et automobiles et aux destructions massives d’emplois directs et indirects qui ont suivi. Mais Jeholet et ses compères veulent en faire porter la responsabilité sur les chômeurs eux-mêmes.
Ses déclarations méprisantes ne sont pas gratuites. Les discours et la politique du MR sont la contrepartie idéologique de son programme économique. Culpabiliser les chômeurs sert à justifier les exclusions et les réductions d’allocations et à les obliger à accepter n’importe quel boulot à n’importe quel salaire. Les sanctions contre les chômeurs servent ensuite à faire peur aux travailleurs qui ont encore un emploi, pour les pousser à accepter les privations, l’aggravation des conditions de travail, par peur de se retrouver chômeurs à leur tour. En faisant du chômage un vrai repoussoir, le gouvernement espère aggraver la concurrence et la compétition entre les travailleurs, afin qu’ils luttent entre eux pour chaque emploi en sacrifiant leurs droits au passage.
Le discours de Jeholet sert aussi à diviser les travailleurs en faisant passer ceux qui sont privés d’emplois pour des parasites aux yeux des autres, ce qui permettra – espère-t-il – de les attaquer séparément.
Toutes ces éléments contribuent à affaiblir le monde du travail, à le diviser, à l’assommer moralement, afin de le rendre encore plus corvéable et soumis au dictat des patrons.
Les déclarations de Jeholet sont aussi un message en direction du patronat : le MR est de votre côté, finies les concessions, les travailleurs vont trinquer. Et Waseige, le président de l’Union wallonne des Entreprises l’a reçu 5/5 : « Ce nouveau gouvernement nous écoutera davantage », a-t-il déclaré.
Ces attaques sont en ligne avec ce qui se passe au niveau fédéral, avec les « flexi-jobs » et les soi-disant « emplois convenables » conçus pour obliger les travailleurs à tout accepter. Le gouvernement a même déjà calculé que les exclusions et les sanctions allaient lui permettre de faire 20 millions d’économies… dont seuls les patrons profitent car elles sont en réalité une manière de réduire les charges sociales.
Jeholet méprise le monde du travail, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut être nostalgique de l’époque PS. Le MR, le PS et le CdH, partagent le même mépris des travailleurs et la même servilité vis-à-vis du patronat. La chasse aux chômeurs, les visites domiciliaires et la réduction des allocations ont été l’œuvre d’Onkelinx et Di Rupo. Le MR incarne une politique plus agressive au service d’un patronat qui ne veut plus faire de concessions sociales.
Le chômage est une conséquence directe mais injuste de l’économie capitaliste. Il n’est pas normal que des travailleurs en âge et en capacité de travailler soient contraints à l’inactivité et à la misère sous prétexte de rentabilité des entreprises. C’est aussi une absurdité sociale : alors que des travailleurs subissent l’inactivité forcée, d’autres sont obligés de faire des heures supplémentaires, soit par obligation contractuelle, soit pour compenser la faiblesse de leur salaire. Tout cela pourquoi ? Pour constituer une réserve de travailleurs dans laquelle le patronat va piocher en fonction de ses besoins.
Pour le capitalisme, les travailleurs ne sont que de la chair à profit, c’est bien pourquoi il faut le renverser.

Encore des attaques contre les pensions

Cet été, le gouvernement a décidé de s’attaquer une nouvelle fois à nos retraites. La loi du ministre des pensions, Daniel Bacquelaine, permettra bientôt une réduction supplémentaire des revenus des futurs retraités.
Comme si cela ne suffisait pas après l’augmentation de l’âge à la retraite à 67 ans, les syndicats ont calculé que c’est entre 140 à 531 euros par an que les prépensionnés et les chômeurs pourraient perdre sur leurs revenus annuels de retraités.
Pour masquer ses attaques contre les travailleurs, le gouvernement a promis une augmentation des pensions pour les carrières complètes. Or, qui est concerné par de telles augmentations ? Un nombre infime de travailleurs puisque la majorité n’arrivera jamais à atteindre les 45 ans de carrière
En réalité, c’est le cadet des soucis de Bacquelaine de permettre une vieillesse confortable aux travailleurs. Il est bien plus pressé de montrer aux autres politiciens qu’il sait parfaitement tenir la bride de l’austérité budgétaire. Il compte bien respecter les impératifs de la politique réclamée par les riches et comme il dit, réaliser son « projet ambitieux, innovant et tourné vers le futur ». On n’a pas la même idée du futur que lui. Pour ce médecin bourgeois, l’avenir, c’est de condamner toujours plus de travailleurs âgés à la misère.
Pour nous vendre sa réforme, Bacquelaine et son comité d’étude du vieillissement prétend que le risque de pauvreté des personnes âgées se réduirait. C’est un mensonge. Ils ne peuvent pas nous tromper avec leurs chiffres et leurs calculs : les travailleurs, les employés, les ouvriers et les chômeurs savent bien qu’être à la retraite signifie une diminution du niveau de vie et bien souvent de sombrer dans la pauvreté.
Bacquelaine reprend aussi un vieux leitmotiv et argue que le système des pensions n’est pas viable à long terme. C’est aussi un mensonge. Pour détourner l’attention des vrais responsables, les politiciens nous disent qu’il y a de plus en plus de personnes âgées, de plus en plus de chômeurs, que tous, ils coûtent à la sécurité sociale et que ce qu’ils paient à l’État est insuffisant pour financer des allocations déjà misérables. Les politiciens tentent de mettre la faute sur la tête des chômeurs, des travailleurs âgés et même des malades.
Ils cherchent à nous leurrer : ce sont ceux qui engrangent des richesses fabuleuses construites grâce à notre travail qui ne paient pas assez.
S’il n’y a pas assez d’argent dans les caisses de l’État pour financer les pensions ou tous les autres services publics, c’est parce que les grands patrons paient de moins en moins d’impôts grâce aux réductions de charges sociales que leur accorde l’État.
Et c’est sans compter avec les banques qui se remplissent les poches avec les intérêts sur la dette publique.
Oui, il manque de l’argent pour la sécurité sociale. Eh bien, il faut aller le chercher là où il est ! Dans les poches de ceux qui nous les font tous les jours ! Dans les fortunes de ceux qui ne font rien et qui ont tout : la classe capitaliste, cette classe de patrons et de banquiers qui ont comme complice le gouvernement.
La société crée assez de richesses pour fournir à tous une vie digne, y compris aux travailleurs retraités. Par exemple, on pourrait très bien aller puiser dans les coffres des banques (comme BNP Paribas) renflouées en 2008 par l’Etat à coups de milliards.
La sécurité sociale telle que nous la connaissons aujourd’hui date de 1944. Alors que la société sortait meurtrie d’une boucherie barbare, les bourgeoisies européennes craignirent que la classe ouvrière ne renoue avec la révolution, comme elle l’avait fait après la première guerre mondiale. En Belgique, le gouvernement signa avec les organisations syndicales un pacte social qui instaurait l’assurance maladie, les pensions,…
Septante ans plus tard, nous travaillons jusqu’à 67 ans et les politiciens tentent de nous faire croire que la société belge serait devenue incapable de financer les pensions !
Les patrons d’aujourd’hui sont les mêmes que ceux qu’hier. Ils ne cèdent que face à la crainte de la classe ouvrière, lorsque les grèves et les manifestations grondent dans les entreprises et dans la rue.
C’est pourquoi, aujourd’hui, il faut renouer avec les luttes. Il faudra faire reculer ce patronat qui empoisonne la société de son égoïsme pour, plus tard, édifier une société meilleure.

Face à la faillite du capitalisme, l’avenir c’est le communisme

En 2017, huit familles possèdent autant de richesses que la moitié de l’humanité, tandis que des milliards de femmes et d’hommes vivent dans le sous-développement, la misère ou la guerre. Le constat des inégalités est accablant.
Les travailleurs, victimes de la faillite du capitalisme
La course aux profits crée une concurrence acharnée pour le contrôle des ressources minières ou pétrolières, qui est à l’origine des conflits militaires passés et présents. Des populations ont été décimées et déplacées pour le pétrole irakien ou l’uranium nigérien tandis que des régions entières ont été transformées en champ de ruines. C’est ce qui pousse aujourd’hui des millions de personnes à chercher refuge en Europe ou ailleurs. C’est aussi ce qui a permis au terrorisme de prospérer.
Les grands groupes capitalistes ne reculent devant rien pour s’enrichir, ni devant la misère des peuples, ni devant la destruction progressive de la planète.
A l’opposé, l’immense majorité de la population mondiale est composée de simples travailleurs. Ce sont eux qui créent par leur travail l’ensemble des richesses et en particulier la fortune des actionnaires des grandes entreprises. Les travailleurs ont en commun de n’avoir rien d’autre pour vivre que leur salaire et d’être des chômeurs en sursis, vivant sous la menace permanente du licenciement. Pas besoin de chercher loin : même dans les pays dits « riches » comme la Belgique, la misère guette.
Les profits créés par le travail des couches populaires sont injectés dans les circuits financiers qui gonflent les bulles spéculatives et qui engendrent à leur tour des crises économiques. Ensuite, au nom de ces crises, de nouveaux sacrifices sont imposés au monde du travail. Mais ils ne font que donner un répit aux capitalistes qui peuvent ainsi se relancer à nouveau dans la spéculation et préparer la crise suivante, au point que ni eux ni les gouvernements ne contrôlent plus rien. C’est la preuve de la faillite du système capitaliste.
Cette faillite, c’est aux banquiers, aux industriels, de la payer, pas aux travailleurs !
Pour échapper à la spirale infernale des crises et pour maintenir des taux de profit indécents, les capitalistes imposent la précarité et la misère à la majorité de la population. Les gouvernements y participent en réduisant les impôts et les taxes payés par les entreprises et en exigeant que les travailleurs se serrent la ceinture pour combler le déficit qu’ils ont eux-mêmes créé.
Il faut des mesures d’urgence
Face à ces attaques répétées, il faut des mesures d’urgence. En premier lieu, interdire les licenciements, partager le travail et augmenter les salaires. Au lieu de donner de l’argent au patronat, l’Etat doit créer des emplois publics utiles dans les écoles, les hôpitaux, les transports, etc.
Quand les patrons prétendent ne pas avoir les moyens d’embaucher ou d’augmenter les salaires, ils mentent. Ils sont payés des dizaines de milliers d’euros mais refusent la moindre augmentation aux salariés. Il faut prendre sur cet argent pour augmenter les salaires et faire disparaître le chômage.
Pour démasquer tous les mensonges patronaux, il faut que les travailleurs puissent avoir un accès complet aux comptes des entreprises. Cela signifie la fin du secret bancaire et du secret des affaires.
Pour une révolution communiste
Ces mesures d’urgence ne suffiront pas. Les capitalistes chercheront inlassablement à reprendre chaque acquis, à contourner les règles et à échapper au contrôle social, comme ils le font déjà actuellement. Pour en sortir, il faut aller plus loin, se débarrasser du capitalisme lui-même et mettre en place une société communiste.
Le principe du communisme, c’est de mettre en commun les richesses et les moyens de production afin de maîtriser le fonctionnement de l’économie de manière rationnelle et collective.
Les crises de l’économie capitaliste sont la conséquence directe du fait que les usines, les banques, les transports, l’alimentation et tout le reste sont aux mains d’entreprises privées dont la finalité est le profit de leurs actionnaires et pas le bien commun. A la place de ce système anarchique et profondément injuste, il serait possible de planifier la production, la distribution et l’exploitation des ressources en fonction des besoins de chacun. Ainsi, les progrès techniques actuels pourraient profiter à tous et assurer ainsi l’accès à l’éducation, aux soins de santé, à une nourriture et un logement de qualité et, de manière générale, à tout ce qui fait une vie digne.
Cela pourrait se faire sous le contrôle collectif de la population, qui pourrait décider ce qu’il faut produire et comment le produire, dans un équilibre entre les besoins et les ressources humaines et naturelles.
En supprimant la propriété privée des moyens de production, on met fin du même coup à la course aux profits, à l’exploitation de l’homme par l’homme et à toutes les inégalités sociales. L’avenir de chacun étant assuré, il n’y aura plus de concurrence entre les individus. Il est évident que les rapports humains en seront complètement transformés.
Mais pour y parvenir, les travailleurs devront arracher le pouvoir aux capitalistes, en se saisissant du pouvoir d’Etat et en expropriant banques et entreprises. C’est la première étape d’une transformation durable et profonde de la société.
La révolution russe a montré l’exemple
La tâche peut paraître immense, mais l’histoire a montré que c’était possible. En 1917, des millions d’ouvriers et de paysans se sont soulevés et ont renversé le Tsar et sa clique de nobles qui maintenait la Russie de l’époque sous leur domination. Ensuite, ils ont réorganisé la société sur base de conseils ouvriers et paysans (les « soviets ») dans lesquels ils prenaient collectivement des décisions dans tous les domaines de la vie politique, économique, sociale et culturelle.
Des mouvements similaires ont eu lieu partout en Europe mais ils ont été réprimés dans le sang et la jeune Union Soviétique s’est retrouvée isolée. Elle est sortie victorieuse de la guerre que lui ont mené tous les pays européens. Mais l’épuisement, la misère et la famine ont contribué à éloigner les travailleurs des soviets et à laisser le pouvoir à la bureaucratie stalinienne. Le pouvoir des soviets a dégénéré en une dictature dont les premières actions furent de se débarrasser des révolutionnaires qui s’opposaient à cette évolution.
L’échec de la révolution russe a été dû aux conditions misérables de la Russie de l’époque et à son isolement. Mais elle a quand même montré la capacité des travailleurs à prendre le pouvoir et à l’organiser de façon communiste pendant plusieurs années.
Il faut un parti des travailleurs
Pour renouveler cette expérience, les travailleurs ont besoin d’un parti qui ait pour objectif principal d’arracher durablement les moyens de production aux capitalistes, de les réorganiser et de les développer dans le cadre d’une société communiste.
Il va de soi que de tels changements ne pourront pas être obtenus par de simples décrets parlementaires. Le vrai pouvoir n’est pas dans les mains des députés et des ministres mais dans les conseils d’administration des grandes entreprises et c’est ce pouvoir-là qu’il faut contester.
Pour transformer la société, il faudra des luttes et des mobilisations d’une grande ampleur. C’est pourquoi ce n’est pas un parti comme les autres : il ne cherche pas à se substituer aux travailleurs dans le parlement mais à les mobiliser dans des luttes, car c’est ainsi qu’ils peuvent prendre concrètement conscience de leur immense force. Ceux qui prétendent faire l’économie des luttes, ceux qui prétendent défendre les travailleurs au moyen d’un simple bulletin de vote sont des charlatans. Comme le disait déjà Marx il y a 150 ans, « l’émancipation des travailleurs ne peut être que l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».
Aucun parti actuel ne propose rien de semblable. Alors que la situation est critique pour la population laborieuse, aucune des mesures d’urgence que nous proposons ne figure dans leur programme.
Ce parti qui manque cruellement au camp des travailleur, nous appelons à le construire.