Archives pour la catégorie Edito

La corruption au cœur du système

Le scandale Publifin a créé un vent de panique dans la classe politique wallonne. Et il y a de quoi au vu de ce qui a été révélé ! L’intercommunale Publifin et sa nébuleuse de sociétés a servi à payer grassement les « copains » du PS ou du CDH au moyen de postes d’administrateurs fictifs : jusqu’à 2800 euros par mois sans devoir rien faire !
Ce grand déballage a révélé que le patron de Publifin, Stéphane Moreau, touchait près d’un million d’euros par an pour cette fonction, et qu’un de ses amis propulsé « conseiller » était payé 600 000 euros par an pour 10 jours de travail par mois. Dans le même temps, la société a décidé de réduire les compléments de pension pour ses anciens salariés, ce qui va leur faire perdre 4% de leur revenu.
Il est aussi apparu que Publifin avait utilisé des centaines de millions d’euros de revenus normalement dus aux communes pour financer les déficits de sa filiale Voo. Elle a aussi constitué des « réserves », qui lui permettent aussi de ne pas reverser de dividendes aux communes, avec l’aval des administrateurs, qui sont pour la plupart des élus locaux ou régionaux.
Toutes les intercommunales ont servi de la même manière. Ores, par exemple, est flanquée d’une société sœur, Ores Assest, dont le seul objectif est de détourner les revenus de l’intercommunale et ainsi d’éviter de restituer aux communes ce qui leur est dû.
Les intercommunales s’enrichissent non seulement au détriment des communes, mais aussi sur le dos des familles qui ont vu les tarifs de l’eau, du gaz et de l’électricité augmenter constamment ces dernières années. Ces parasites profitent des besoins de base des classes populaires pour s’enrichir sans scrupules.
Stéphane Moreau est par ailleurs bourgmestre d’Ans, il touche un salaire de 80 000 euros par an pour cela. Comme la plupart des dirigeants et des administrateurs des intercommunales il peut ainsi voter en tant qu’élu des subsides aux entreprises auxquelles il participe ! On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.
Le scandale ne touche pas que le PS : le MR et le CdH sont aussi de la fête. Crucke, le bourgmestre MR de Tournai, qui joue aux Mr Propre de la politique, a fait commanditer par la région wallonne des études à son bureau d’avocats, la société Crucke-Desbonnet.
A cela s’ajoute le népotisme, les fils-à-papa qui dirigent des entreprises subsidiées par la commune de leur paternel, ou les conjoints qui sont administrateurs dans les intercommunales dont leur moitié a la charge.
Face au scandale, les politiciens wallons se sont lancés dans une frénésie de « transparence ». Les démissions pleuvent et les parlementaires, principalement PS et CDH, quittent précipitamment leurs myriades de postes d’administrateurs. Di Rupo a fait reverser à la Croix Rouge les commissions que le PS a perçu sur les revenus de ses élus ; Magnette a promis de se saisir du dossier, de supprimer les postes d’administrateurs de complaisance, de limiter les rémunérations et d’interdire les cumuls.
C’est pourtant ce même Magnette qui, lorsqu’il était ministre fédéral de l’énergie, a permis aux intercommunales de l’énergie d’augmenter leurs tarifs de manière éhontée et contre l’avis de la commission de régulation. Ce sont ainsi 140 millions d’euros qui ont été engrangés en sept ans par Publifin, au détriment des ménages. On voit à quoi cet argent a servi !
Rien n’empêchait Magnette et consorts d’agir plus rapidement. Au contraire, le PS a – parmi d’autres – œuvré pour retarder les mesures de transparence comme, par exemple, la mise en place d’une commission de contrôle. Les parlementaires PS sont parmi les plus farouches opposants à l’interdiction des cumuls.
Evidemment, cet appétit soudain de transparence est motivé par la crainte d’un retour de flamme lors des élections communales de l’an prochain.
Ce scandale ne révèle rien de nouveau. Il démontre une fois de plus les liens entre la politique et l’argent. Et ce n’est pas l’affaire de quelques brebis galeuses, mais tout l’appareil politique qui profite de sa position pour s’enrichir sur le dos de la population.
Dans un système basé sur le profit, ce genre d’abus est dans l’ordre des choses. Les intercommunales ne font que reproduire les pratiques des grands groupes capitalistes qui graissent la patte des politiciens.
Il ne sert à rien de revendiquer que le pouvoir soit aux mains de politiciens honnêtes, mais de retirer le pouvoir des mains de ces capitalistes qui tirent les ficelles.

La destruction d’Alep et la barbarie du monde capitaliste

Alep agonise sous les bombes. Depuis plusieurs mois, les habitants de cette ville presque deux fois plus grande que Bruxelles sont pilonnés par l’armée syrienne soutenue par la Russie. « Les rues sont pleines de gens sous les décombres. Ils meurent parce qu’on ne peut pas les sortir de là », expliquent les secouristes. Même les hôpitaux sont pris pour cible, tandis que l’armée reprend rue par rue les quartiers qui lui échappaient encore. Continuer la lecture de La destruction d’Alep et la barbarie du monde capitaliste 

La corruption, c’est l’ADN du capitalisme

Le Kazakhgate est le nouveau feuilleton politico-financier qui empoisonne les politiciens. L’affaire trouve son origine dans l’intervention de l’ancien sénateur MR Armand De Decker, pour faire adopter la loi sur les transactions judiciaires. Cette loi de 2011 permet aux riches qui se sont fait prendre la main dans le sac de payer pour échapper à un procès et à une condamnation en justice. Continuer la lecture de La corruption, c’est l’ADN du capitalisme 

Les moulins à vents

C’est un véritable mélodrame, un « thriller », qui s’est joué durant ce mois d’octobre. A quelques jours de la date prévue, le parlement wallon a voté son refus de la signature du Ceta, l’accord de libre-échange entre l’Europe et le Canada. Il fut suivi d’un refus similaire des parlements de la communauté Wallonie-Bruxelles et de la Région bruxelloise.
Pendant quelques jours, la Wallonie est apparue comme le dernier village gaulois qui s’opposait à la mondialisation et au libre-échange généralisé. Continuer la lecture de Les moulins à vents 

Une vraie riposte est nécessaire !

La manifestation nationale du 29 septembre a été un succès. Plus de 70 000 travailleurs s’y sont retrouvés. Beaucoup ont exprimé leur ras-le-bol de ce système qui fait la part belle au patronat sans que celui-ci n’ait aucune responsabilité vis-à-vis des travailleurs. Evidemment, tout le monde était en colère après les annonces des licenciements chez Caterpillar, Axa, P&V et Douwe Egberts, pour ne citer que les plus importantes. Continuer la lecture de Une vraie riposte est nécessaire ! 

Les travailleurs font les concessions, les patrons licencient. Ca suffit !

Depuis l’annonce de la fermeture du site de Caterpillar à Gosselies, qui va laisser 2200 travailleurs sur le carreau, une série de licenciements ont été annoncés.
Chez AXA, ce sont 650 emplois qui vont passer à la trappe. Trois cent licenciements ont été annoncés à P&V, deux cent septante chez Douwe-Egberts, deux cent vingt liés à la faillite de MS Mode, plus toute une série dans des entreprises plus petites. Au total, ce sont quatre mille emplois directs qui sont concernés, sans compter l’impact chez les sous-traitants.
Caterpillar a gagné 2 milliards d’euro l’an dernier, et encore plus les années précédentes. Le patron a reconnu que le site de Gosselies était performant, mais qu’il fallait fermer quelque part pour faire remonter les profits… AXA a fait un bénéfice de 5 milliards d’euros mais pour « rester numéro un » et garantir les profits des actionnaires, ils ont décidé de « comprimer les coûts » et donc de restructurer.
Quand Caterpillar a annoncé la fermeture de l’usine de Gosselies, le monde politique a dénoncé la méthode « à l’américaine ». Les politiciens ont dénoncé la forme, aucun n’a remis en cause le droit de Caterpillar à faire des profits sur les dos des travailleurs.
Mais les milliers d’autres licenciements de ce mois-ci n’ont rien à voir avec des firmes américaines. Qu’est-ce que ça change pour les travailleurs d’être licenciés par un patron européen ou américain ? C’est la même galère…
Les gouvernements successifs ont tout fait pour faciliter la vie au patronat, … sous prétexte d’attirer les investisseurs qui allaient créer de l’emploi. Ce que ces licenciements montrent, c’est d’abord que tous les patrons se valent, quelque soient leur nationalité, quelle que soit la taille de leur entreprise.
Cela montre aussi que les travailleurs ont espéré à tort qu’en acceptant les conditions imposées par le patronat, ils allaient garantir leurs emplois pour l’avenir. Les charges sociales ont été réduites, les salaires ont été bloqués, la flexibilité a été accrue et avec l’augmentation de l’âge de la pension, c’est la durée du travail qui a augmenté.
Tout cela, ce sont les concessions que le monde du travail a faites au niveau général, et qui se traduisent par un recul du niveau de vie. Il faut encore y ajouter les concessions qui ont été imposés dans chaque entreprise, sur les conditions de travail, sur les pauses, parfois même sur la sécurité. A chaque fois, en utilisant la menace de la restructuration.
Par exemple, chez AXA, la direction veut aussi imposer une réduction des salaires et une augmentation des horaires pour les travailleurs qui ont échappé au licenciement.
Et ce n’est pas tout ! Avec les subventions et les diminutions d’impôts, le gouvernement dispense le patronat de payer sa quote-part pour les routes sur lesquelles passent ses marchandises, pour les écoles dans lesquelles les futurs travailleurs sont formés, pour les pompiers et les policiers qui les protègent. Tout cela, c’est finalement le monde du travail qui est contraint de le payer ! Ah mais, disent les ministres, si les impôts sont trop élevés, les patrons ne vont pas investir.
Mais au bout du compte, les patrons n’investissent pas et ils licencient quand même !
On veut nous faire croire qu’il y aurait une sorte d’accord possible « concessions contre emplois », entre le monde du travail et le monde patronal. Mais c’est illusoire. Les patrons sont les représentants d’une machine économique inhumaine, une machine pour laquelle seuls comptent les bilans financiers, les investissements et les profits. Cette machine se moque bien des concessions passées, elle ne voit que les concessions futures qu’elle va exiger. Pour elle, il n’y a pas de parole ni d’accord qui tiennent fasse à l’impératif de faire plus de profits.
Personne ne dirige l’économie mondiale, mais il y a ceux qui en profitent, une infime minorité de milliardaires, et l’immense majorité qui en souffre. Les patrons, les actionnaires, ont choisi leur camp.
Les politiciens aussi. Ils participent au chantage à l’emploi, ils répètent qu’il faut tout céder pour garder nos emplois et versent des larmes de crocodiles sur le sort des travailleurs qui ont perdu leur job. Quand ils parlent de sauver l’économie, les travailleurs entendent « sauver des emplois », mais la réalité est qu’il ne s’agit que de sauver les profits des capitalistes.
Tout le système est à changer, mais la première des choses serait d’interdire les licenciements et de prendre sur les profits pour maintenir les emplois.

Tous en grève le 24 juin, le mouvement doit continuer !

La FGTB, rejointe par certains secteurs de la CSC, a appelé à un mouvement de « Grève Nationale » pour ce vendredi 24 juin. L’appel concerne le secteur public comme le privé et il vaut pour tout le pays, au nord comme au sud.
Il est évident que tous les travailleurs doivent y participer, les plus nombreux possible, quel que soit leur syndicat.
Le gouvernement actuel, dans la continuité des précédents, cherche à revenir en arrière sur tous les acquis sociaux : la journée de huit heures, les services publics, la sécurité sociale, le droit à la pension et même le droit de grève. On pourrait remplir des pages et des pages avec la liste des mesures antisociales prises depuis le plan global de Dehaene en 1993 jusqu’aux mesures actuelles pour porter la pension à 67 ans, pour bloquer les salaires, pour augmenter la flexibilité du travail. Tous ces plans ont été mis en œuvre tantôt par des libéraux, tantôt par des sociaux-chrétiens, tantôt par des socialistes.
Tous ces plans ont été justifiés par le soi-disant sauvetage de l’économie et par la création d’emplois futurs. Mais en réalité, le bilan est clair : les profits des entreprises augmentent, tandis que les conditions de travail s’aggravent et les droits sociaux diminuent.
Charles Michel a récemment accusé les grévistes de « radicalisme syndical », faisant un parallèle sordide avec le radicalisme qui est à l’origine des attentats meurtriers. Mais ce sont les gens comme Michel en Belgique ou Hollande en France qui sont des intégristes pro-patronaux : leurs dieux, ce sont la bourse et le patronat. Et ils font des millions de victimes, tous ces travailleurs et ces jeunes qui végètent au chômage, toutes ces personnes âgées qui survivent avec des pensions de misère, toutes les familles qui n’arrivent pas à élever leurs enfants dignement. Tout cela pour réduire les impôts des entreprises et refinancer ces banques qui ont mis leur propre système financier en faillite !
Alors, oui, face à ces attaques, il est grand temps que les travailleurs se mobilisent.
Il est regrettable que la FGTB et la CNE soient les seules à appeler à la grève. Le reste de la CSC a refusé, sous le prétexte qu’elle ne devait pas toujours « suivre la FGTB ». Elle a aussi prétendu que la grève arrivait au « mauvais moment » par rapport aux négociations en cours. Elle a accusé la FGTB d’avoir lancé l’appel à la grève pour des raisons de surenchère électorale pendant les élections sociales. C’est possible, mais qu’est-ce que ça change ? La grève est nécessaire pour la défense du monde du travail, c’est cela qui compte.
L’argument selon lequel on ne fait pas grève car on est dans une négociation est complètement absurde. On ne gagne jamais face à un ministre ou un patron en discutant gentiment avec lui dans les bureaux. Tout simplement parce que les adversaires du monde du travail veulent faire passer le plus possible de leurs mesures antisociales, et que la seule chose qui les en empêche, c’est la résistance concrète des travailleurs, quand ils bloquent les usines et arrêtent les transports.
Un des problèmes des travailleurs, c’est justement que les organisations syndicales préfèrent négocier qu’organiser les luttes. Elles ne brandissent la grève que comme un épouvantail. Mais à force de céder, de menacer sans agir, ils ne font plus peur et le gouvernement et les patrons passent à l’offensive.
C’est donc maintenant que les travailleurs ont besoin de se mobiliser.
La volonté et la détermination sont là. Depuis des semaines, les mouvements se succèdent : la longue mobilisation des gardiens de prison, les débrayages spontanés à la SNCB et aux TEC, les grèves à la Justice ou aux Finances, ou encore à la Poste, dans des intercommunales. Partout, les travailleurs ont montré leur volonté d’agir contre les mesures injustes du gouvernement. Ils ont été des dizaines de milliers à participer aux manifestations. Cette vague doit s’amplifier, rassembler le plus possible de travailleurs pour balayer les attaques du patronat et du gouvernement à son service.
Même si les syndicats n’ont pas fait le nécessaire pour unifier ces luttes, les travailleurs ont intérêt à profiter de toutes les actions organisées pour s’exprimer le plus fort et les plus nombreux possible. Le gouvernement ne reculera pas du premier coup, mais plus la mobilisation sera forte, plus cela encouragera les travailleurs à continuer, et d’autres à rejoindre le mouvement.
Tous en grève le 24 juin !