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France : le poison frelaté du front national

Interrogé sur BFM-TV le 2 avril par le journaliste Jean-Jacques Bourdin, Jean-Marie Le Pen a réaffirmé ses propos sur les chambres à gaz, qui seraient selon lui « un détail de l’histoire ». Poursuivant sur cette période, il s’est vanté de rassembler au sein du FN aussi bien des gaullistes que de « fervents pétainistes ».
Le Pen père tient à confirmer que son parti est un ramassis de réactionnaires relevant d’une peu reluisante tradition. On est bien loin du parti « neuf », qui n’aurait « jamais été essayé », comme le prétendent ses dirigeants.
Le régime de Pétain, dont les nostalgiques ont une place revendiquée au FN, porte la responsabilité du fichage et de la déportation des Juifs en France entre 1940 et 1944, ainsi que de la persécution des militants de gauche, des syndicalistes et de tous les opposants. Le Pen père ne renie pas cette dictature d’extrême droite, même si sa fille, qui veut ratisser plus large, marque ses distances avec les propos de son père.
Selon un jeu de rôle bien rôdé, Marine Le Pen s’est en effet empressée de prendre ses distances avec celui qui reste le président « d’honneur » du FN. Par ses provocations, le père rappelle à ceux qui croient que le FN est un parti nouveau que c’est un repaire pour nombre de réactionnaires, d’antisémites, racistes et foncièrement anti-ouvriers.
Ce jeu de rôle fait partie de la stratégie de normalisation du Front National : en montrant qu’elle est prête à renier politiquement son propre père, Marine Le Pen cherche à faire tomber un obstacle au vote d’un certain nombre d’électeurs indisposés par la personnalité et les idées nauséabondes du père.
C’est une manière de contrer l’offensive de Valls, le premier ministre PS, qui comme d’autres cherche à sauver le score électoral de son parti en faisant appel à un vote utile contre le Front National, présenté comme un parti quasiment diabolique.
Car, si le FN est aussi haut, à qui la faute ? Pourquoi le FN a-t-il une telle influence dans les quartiers populaires et dans les villes ouvrières qui jusque-là votaient pour la gauche ? Pourquoi une fraction de l’électorat populaire rejette-t-elle le PS au point de se jeter dans les bras du FN, le pire ennemi des travailleurs ?
Parce qu’à chaque fois que les socialistes accèdent au pouvoir, la même histoire se répète : des promesses électorales, la trahison presque dès le lendemain et une politique anti-ouvrière pendant cinq ans.
Face au PS et à l’UMP de Sarkozy, le FN a beau jeu de sortir son argument du « il n’y a que lui que l’on n’a pas essayé ». Le Pen se dit « anti-système », dans le sens qu’elle est contre le système politicien dominé par « l’UMPS » mais elle n’a rien contre l’ordre social capitaliste où une famille bourgeoise peut disposer de la vie de centaines de milliers de travailleurs. Et pour cause, les Le Pen eux-mêmes sont des bourgeois qui ont fait fortune sur le travail d’autres en héritant du groupe de cimenterie Lambert.
À entendre le FN, le chômage, les bas salaires, le manque de logements… tout est de la faute des immigrés. Pas un mot contre les licencieurs ni contre les spéculateurs ! Une telle démagogie fait de Le Pen la meilleure défenseure du patronat.
Le FN est un parti bourgeois comme le sont le PS et l’UMP, mais en pire car la haine de l’étranger sur laquelle il surfe est un poison pour la société et la politique à poigne qu’il annonce contre les immigrés se retournera contre tous les travailleurs.
Alors que les travailleurs ont besoin d’unité pour se défendre des attaques patronales, Le Pen père et fille veulent les dresser les uns contre les autres en fonction de leur origine ou de leur religion. Demain, s’ils en ont le pouvoir, ils livreront les travailleurs les uns après les autres à la férocité patronale.
Tous ces gens-là, des fervents pétainistes du papa aux nouveaux cadres propres sur eux qui entourent la fille, appartiennent au même mouvement et ils veulent tous le même régime dictatorial.
L’abandon par la gauche de l’objectif de renverser le capitalisme a fait le lit du FN. Pour l’instant, le FN surfe sur la résignation et l’abattement mais cela aura une fin car, par la force des choses, le patronat ne laissera d’autre choix aux travailleurs que de se battre pour défendre leurs droits, renverser la minorité capitaliste et libérer tous les exploités.

Face au racisme : la lutte de classes !

Les déclarations de Bart de Wever sur les immigrés d’origine marocaine ont de quoi choquer. Le leader de la NV-A accuse les populations d’origine berbère de ne pas vouloir s’intégrer et associe allègrement l’origine, la religion et le « radicalisme », comme si tous les musulmans étaient marocains, salafistes et vice-versa. Il dénonce le « laisser faire » des gouvernements précédents qui auraient régularisé « en masse » des « délinquants ».
Tout cela est évidemment un tissu de mensonges, De Wever le sait très bien mais cela ne l’empêche pas de distiller ses idées nauséabondes, répétant ce discours qui vise à faire croire que les travailleurs belges seraient menacés par les travailleurs étrangers.
De Wever espère ainsi attirer à lui en premier lieu les petits patrons, les commerçants et les notables qui craignent que la crise ne les entraîne à la faillite, mais qui ne veulent surtout pas remettre en question le système capitaliste qui en est l’origine. Il espère aussi rallier une partie des travailleurs dont l’emploi est menacé et qui sont confrontés à la concurrence avec les autres travailleurs, elle-même conséquence du chômage, et qui tire les salaires vers le bas, aggrave les conditions de travail et la précarité. Dans ce contexte, certains travailleurs sont tentés de voir en chacun un adversaire ; et il n’y a qu’un pas à envisager de chasser les derniers arrivés, ou ceux qui sont différents par leur origine ethnique ou leur religion.
Ceux qui bénéficient de ces divisions, ce sont évidemment les patrons. C’est pour eux que la NV-A travaille en agitant la menace des « envahisseurs » et en essayant de faire croire aux travailleurs qu’ils doivent faire front avec leurs propres exploiteurs !
Le MR, le CD&V et l’OpenVLD, partenaires de la NV-A au gouvernement, se sont désolidarisés de De Wever, mais uniquement dans la forme car tous approuvent l’idée fausse que l’immigration serait un problème et qu’il est de la responsabilité des travailleurs immigrés de « s’intégrer ».
Mais avant de parler d’intégration, il faudrait rappeler le racisme et la méfiance que tous les travailleurs immigrés ont dû subir, et pas seulement ceux d’origine maghrébine : les travailleurs italiens ou polonais ont eux-aussi été accusés de refuser de s’intégrer, d’être des délinquants, des voleurs, des « ritals » ou des « pollacks ».
Les populations immigrées sont par définition les plus fragiles et servent systématiquement de boucs émissaires à tous les maux de la société. En faisant le procès des immigrés, les politiciens cherchent à détourner l’attention de la cause réelle des problèmes du monde du travail : le capitalisme.
Aujourd’hui encore, un milliard de personnes sont condamnées à survivre avec un euro par jour tandis que, sur la même journée, d’autres accumulent un ou deux millions. Pour se vautrer dans le luxe, une minorité pille des régions entières, exploite le dénuement des populations quitte à les livrer à la barbarie des pires bandes armées.
Dans les pays riches, dans cette période de crise, les dizaines de milliards avec lesquels les grands groupes se rachètent, spéculent et arrosent leurs grands actionnaires et leurs PDG, proviennent de l’aggravation de l’exploitation, des emplois supprimés, de la précarité, des bas salaires et du pillage des caisses de l’État !
Alors que les riches ne cessent de s’enrichir du travail des autres, les plus pauvres, au contraire, sont condamnés à travailler toute leur vie et ils ne s’enrichiront pas. C’est la conséquence de la lutte des classes que mène la bourgeoisie contre le monde du travail, implacablement et partout, contre tous les travailleurs, quelles que soient leur origine ou leur religion.
Inverser le rapport de force avec la classe capitaliste est pour les travailleurs une nécessité vitale, et cela ne peut se faire que collectivement, en se battant contre tout ce qui divise le monde ouvrier : le nationalisme, le communautarisme et le racisme.
On nous rabâche que notre identité dépend de notre origine, de notre nationalité ou de notre confession. Mais un aspect essentiel de notre vie et de notre identité, c’est que nous sommes des travailleurs. Notre condition de travailleur exploité nous unit, pour le meilleur et pour le pire. Au-delà de nos différences, nous partageons les fins de mois difficiles, la pression des chefs et la menace du chômage.
Alors, il faut serrer les rangs, rejeter ceux qui veulent dresser un mur entre nous et affirmer notre conscience d’appartenir à une seule et même classe sociale, la classe ouvrière. Une classe qui ne pourra s’émanciper de l’oppression qu’en détruisant sa cause, l’organisation capitaliste de l’économie.

Le gouvernement veut racketter les travailleurs âgés

Le monde politique s’agite autour de la question des prépensions. En décembre, le gouvernement avait décidé de forcer les prépensionnés à se remettre à la recherche d’un emploi. Depuis lors, patronat et syndicats sont parvenus à un accord qui garantit le statut des travailleurs prépensionnés avant 2015, tandis que les futurs prépensionnés devront être disponibles pour un emploi qui leur serait éventuellement proposé.
Mais le gouvernement a rejeté cet accord et, s’il a concédé de ne pas toucher aux prépensions déjà accordées, il persiste dans sa volonté d’obliger les futurs prépensionnés à rechercher activement du travail, comme les autres chômeurs.
Tout cela n’a apparemment aucun sens : alors que le chômage touche 600 000 personnes, quel sens cela a-t-il de remettre sur le « marché du travail » des travailleurs âgés qu’aucun patron ne veut de toute façon embaucher ? Si le patronat a conclu un accord avec les syndicats, c’est justement par ce que les prépensionnés ne l’intéressent pas ! Que du contraire puisque les patrons ont toujours utilisé le système pour faire passer plus facilement des plans de restructurations auprès des travailleurs, en proposant la prépension comme alternative au chômage.
En réalité le sort des prépensionnés n’intéresse pas vraiment les camps en présence. Chaque parti fait de la surenchère par rapport à son propre électorat. La NV-A ratisse à droite avec un discours antisyndical caricatural dans lequel De Wever prétend que le pouvoir des syndicats bafoue la démocratie. Le MR joue aux défenseurs de l’orthodoxie budgétaire, rappelant qu’il est pour l’allongement de la durée des carrières et qu’il n’hésitera donc pas à sacrifier la vie des travailleurs sur l’autel de l’austérité. Voilà qui ne peut que plaire aux patrons petits et grands. Le CD&V, de son côté, cherche à récupérer des voix à sa gauche en se présentant comme un défenseur du « dialogue social », comme une alternative « soft » au libéralisme de la NV-A et du VLD.
Depuis l’opposition, le PS joue les défenseurs des travailleurs. Cela est un peu tardif et amnésique car c’est bien le gouvernement Di Rupo qui a décidé en 2012 du relèvement de l’âge de la prépension de 58 à 60 ans avec 40 ans de carrière.
On a l’impression d’assister à une répétition de la même pièce de théâtre où chacun joue son rôle et dans laquelle les travailleurs sont toujours les dupes ! Aucun de ces politiciens de gauche comme de droite ne se soucie de la vie de ces travailleurs, qui ont une pension rabotée à un peu plus de mille euros après une vie de travail, et en attendant une vraie pension. Parfois la prépension est un souhait de travailleurs fatigués qui acceptent temporairement une pension incomplète pour échapper à un travail qui les épuise. Mais le plus souvent, la prépension est imposée par les patrons lors des restructurations, afin de les rendre plus présentables en réduisant artificiellement le nombre de « licenciements secs ».
Qu’une grande partie d’entre eux s’enfonce encore plus dans la misère suite aux nouvelles mesures du gouvernement laisse politiciens et patronat complètement indifférents.
Ce qui compte réellement derrière cette attaque supplémentaire contre le monde du travail, c’est le message qui l’accompagne : la population vieillit et il va falloir travailler plus longtemps pour ne pas aggraver le déficit de la sécurité sociale. Tous accordent leurs violons sur cette rengaine ! Pourtant, rien n’est plus faux. Aujourd’hui, la productivité du travail est telle qu’un nombre plus faible de travailleurs peut largement produire assez de richesses pour financer une retraite décente aux seniors. Il y en a une preuve évidente : les milliards que les patrons et les riches ont planqué en Suisse, au Luxembourg et autres paradis fiscaux viennent directement du travail des salariés et de nulle part ailleurs. Une petite partie de cet argent suffirait à financer largement la sécurité sociale.
La mesure du gouvernement ne vise pas que les travailleurs âgés, elle vise à faire payer la crise du système capitaliste à l’ensemble des travailleurs, qui devront travailler plus longtemps pour des pensions plus faibles, faute d’avoir travaillé assez longtemps.
Les syndicats ont refusé le plan du gouvernement et ont organisé un rassemblement le 11 mars et appellent à une manifestation le 31. Mais il faudra une mobilisation encore plus large que celle de novembre et décembre pour faire reculer le gouvernement et le patronat dans leur offensive contre le monde du travail.

Le hold-up du gouvernement contre les travailleurs

Sans surprise, le gouvernement a officiellement décidé d’imposer un saut d’index de 2% à partir du mois de mars. Cela signifie que les augmentations de prix en dessous de ce seuil ne seront pas prises en compte pour l’augmentation des salaires. Le gouvernement Michel a même été plus loin, en introduisant des amendes pour les entreprises qui augmenteraient néanmoins les salaires.
La mesure est présentée comme « nécessaire » pour relancer l’économie. Cette nécessité se traduit, selon le gouvernement et la plupart des médias, par l’amélioration de la « compétitivité » des entreprises. Ce message est répété jour après jour dans les journaux, à la télé ou à la radio. Il vise à convaincre les travailleurs que, pour que leur emploi ait un avenir, il faut qu’ils acceptent de gagner moins car sinon, les salaires moins élevés dans les pays voisins feraient fuir les entreprises du pays.
Selon les sources, le « gain » en emplois que ce saut d’index permettrait de créer serait de 16 500 emplois créés d’ici 2020 selon le Bureau du Plan à 56 000 selon la Banque nationale. Or, en janvier 2015, il y avait plus de 600 000 chômeurs recensés ! Et qu’en sera-t-il d’ici 2020 ? La population en âge de travailler aura augmenté de 50 000 personnes, soit plus que le gain escompté ! En plus, les économies de salaires dans le secteur privé, n’ont jamais créé aucun emploi : les patrons feront faire le même travail, par les mêmes personnes et se contenteront de les payer moins. D’ailleurs, la FEB, la Fédération des Entreprises de Belgique, n’a pas caché sa satisfaction à l’annonce de la mesure !
Le saut d’index va aussi toucher les travailleurs du secteur public. 2,5 milliards seront ainsi économisés sur le budget de l’état. Ce sont toujours les travailleurs qui font les frais des réductions des budgets publics tandis que les entreprises sont exonérées de charges et creusent la dette de la sécu. Et ces baisses de charges qui sont aussi, comme le saut d’index, toujours présentées comme un moyen de créer des emplois, n’ont jamais eu, de l’avis même des experts du gouvernement, aucun effet contre le chômage !
Les gains pour les patrons sont clairs, mais il n’y a que des pertes pour les travailleurs. Le pouvoir d’achat va être amputé d’une quarantaine d’euros du fait de l’augmentation des prix – pour les bas salaires, ce sera un problème de plus à la fin du mois. Les conséquences d’un pourcentage en apparence anodin sont énormes : sur la carrière entière d’un salarié, cela représente une perte de salaire de 25000 euros pour un salaire de base à 2500 euros bruts (environs 1600 euros net). Et cela fait aussi que les pensions seront moins élevées puisqu’elles seront calculées sur des salaires plus faibles.
Et cette mesure s’ajoute à d’autres mesures anti-sociales comme l’obligation faite aux prépensionnés de chercher à nouveau du travail ou comme la limitation des allocations d’insertion qui renvoie des milliers de jeunes belges vers le CPAS et le cycle infernal de la misère. Sans compter le projet de relever l’âge de la pension à 67 ans.
L’idée que la « santé de l’économie » serait bénéfique pour les travailleurs est fausse ! C’est un discours qui vise à endormir les travailleurs. La réalité, c’est que la croissance des entreprises rime avec la pauvreté de la population !
Que le gouvernement œuvre à l’augmentation des profits des entreprises et des riches au détriment des pauvres n’est pas nouveau. Malgré un discours plus social, le gouvernement Di Rupo a eu le même genre de politique, par exemple en limitant les droits des chômeurs dans la durée. Mais les travailleurs ne sont pas démunis face à ces attaques. Leur force, c’est le nombre, ils forment l’écrasante majorité de la population. Leurs armes, ce sont les manifestations et la grève. Le succès des mouvements de l’automne, qui a vu jusqu’à 120 000 manifestants le 6 novembre à Bruxelles, prouve que les travailleurs sont parfaitement capables de se mobiliser en masse. Bien sûr, face à la détermination actuelle du patronat, il faudra plus d’une manifestation et plus d’une grève pour obtenir gain de cause. Mais c’est le seul moyen d’enrayer la machine infernale.

Les riches ne paient pas d’impôts, car cette société est faite pour eux.

Après le LuxLeaks, voilà le SwissLeaks, une série de montages financiers sophistiqués organisés par la banque suisse HSBC pour permettre à ses riches clients de payer moins d’impôts en créant des sociétés fictives dans des paradis fiscaux. Cette fois-ci, les montants révélés sont de l’ordre de cent milliards de dollars au niveau mondial, dont 6 milliards de fraude rien que pour la Belgique.
Parmi les fraudeurs, on trouve entre autres la famille Boël qui a fait fortune dans la sidérurgie et la famille de Clerck actionnaire de AB Inbev, déjà épinglée dans le scandale des cadeaux fiscaux luxembourgeois. Mais ils sont quelques milliers à avoir planqué leur argent à l’abri de l’impôt…
Le scandale touche les politiciens qui s’accusent les uns les autres de laxisme. Le PS accuse le MR de « faciliter la fraude » et il est vrai que le MR est le défenseur des « intérêts notionnels » qui sont un moyen pour les entreprises de payer moins d’impôts. Mais quand ils ont gouverné ensemble, ils ont appliqué une politique de rigueur budgétaire qui a abouti à réduire drastiquement le personnel du Ministère des finances chargé des enquêtes fiscales. Et aujourd’hui le MR, avec la NVA cette fois, a coupé tous les budgets qui permettraient d’embaucher le personnel et d’acquérir les logiciels nécessaires à la traque des fraudeurs.
D’ailleurs, que propose le PS ? Rien de plus que de créer une « commission parlementaire », qui ne fera que papoter et constater que les fonctionnaires n’ont pas les moyens de s’attaquer aux fraudes massives et perfectionnées mises en places par les milliardaires.
Tout cela montre bien que la priorité des politiciens n’est pas de s’attaquer au monde de la finance. Et si cela avait été le cas, on le saurait depuis longtemps car si les révélations de l’informaticien suisse ont permis de trouver des noms, les fonctionnaires du fisc savent depuis longtemps que ce genre de montages existe et qu’ils permettent chaque année à des milliards d’euros de s’évader en toute impunité.
S’il en fallait une preuve, il y a eu les « LuxLeaks », il y a deux mois, qui ont dévoilé que le Ministère des finances faisait des accords secrets avec de grandes entreprises belges ou étrangères pour leur octroyer un taux d’imposition inférieur à la normale.
La passivité des gouvernements de tous bords à lutter contre la fraude fiscale, voire leur complicité dans les mécanismes de fraude, est à comparer à l’énergie qu’ils mettent à s’attaquer aux classes populaires. Pendant la dernière campagne électorale, Di Rupo s’est vanté d’avoir réalisé 22 milliards « d’effort budgétaire ». Même si ces chiffres sont contestables et difficiles à interpréter, il est évident que son gouvernement a pioché bien plus dans la poche des travailleurs que dans celle des riches. Et le gouvernement MR-NVA de Charles Michel s’est donné comme objectif de faire quatre fois plus en deux ans !
C’est cela le choix politique de tous ces gouvernements au service de la bourgeoisie : bloquer les salaires et supprimer l’index pour augmenter la rentabilité des entreprises, reporter l’âge de la pension pour en diminuer le montant, manipuler les remboursement de soins de santé, réduire les budgets des écoles, des services publics, des transports publics et pourchasser les chômeurs en les accusant de fraude. Voilà la politique des gouvernements, une politique qui mène des familles entières vers la misère, qui fait que de plus en plus de travailleurs renoncent à se soigner par manque de moyens, qui mène à l’échec scolaire et au cercle infernal du chômage.
Si ce chômage existe, si cette crise économique existe, ce n’est pas parce que les moyens manquent : ce genre de scandale rappelle que les grandes fortunes ont les moyens d’injecter des milliards d’euros dans les circuits financiers. Cet argent pourrait servir à créer les emplois qui font aujourd’hui cruellement défaut. Mais les gouvernements préfèrent cent fois s’attaquer aux pauvres et aux travailleurs que de lever le petit doigt contre ces riches parasites.
Les capitalistes disposent de leurs politiciens, de tous ces partis qui se déchirent entre eux mais qui servent le même maître. Ce dont le monde du travail a besoin aujourd’hui, c’est de s’organiser, de constituer son propre parti pour lutter contre ce système avec ses propres armes, que sont les manifestations et la grève. Ce sont les travailleurs qui font fonctionner l’économie, ce sont eux qui constituent la majorité de la population. Unis et organisés, ils pourraient imposer que les moyens financiers soient utilisés pour le bien-être de tous et pas seulement d’une poignée de nantis.

Après les élections, les travailleurs grecs devront continuer à se battre!

« Syriza, c’est la sortie de l’euro, la fin de l’aide financière et le chaos », voilà en substance ce qu’a voulu faire croire la Troïka – le FMI, la BCE et Bruxelles – pour décourager les électeurs de voter Syriza. Eh bien, son chantage n’a pas marché. Le peuple grec ne s’est pas laissé impressionner. En votant massivement pour la gauche radicale, il a rejeté l’austérité et les sacrifices, il peut en être fier !
Depuis 2009, les Grecs ont vu leurs conditions de vie s’effondrer. Le chômage a triplé, les salaires et les pensions ont été réduits de 10, 20, 30 %. Des milliers de commerces ont fermé, le système de santé a été largement démantelé, des milliers de fonctionnaires ont été licenciés.
Sauf les quelques centaines de familles liées aux armateurs et au grand capital de la distribution et du bâtiment, toute la population a été frappée. Ingénieurs, cadres, ouvriers, fonctionnaires, tous ont subi les licenciements, les retards et les amputations de salaire. Incapables de faire face aux dépenses quotidiennes, leur vie a été bouleversée.
Des familles se sont habituées à vivre sans électricité, d’autres à se soigner auprès des associations humanitaires et certaines à se nourrir de soupes populaires. Les plans dits de « sauvetage » ont accordé aux banquiers les garanties qu’ils voulaient, mais la Grèce, elle, a été transformée en pays du tiers-monde. Après cinq ans de descente aux enfers, la population ne se résigne pas aux sacrifices. C’est une leçon pour nous tous et un gage d’avenir.
Aujourd’hui, ses espoirs se tournent vers Syriza et son leader Tsipras. Mais suffit-il de faire confiance à ceux qui se hissent au pouvoir en promettant monts et merveilles ? Sûrement pas !
En Belgique, le PS s’est toujours présenté comme le défenseur des travailleurs alors qu’il menait une politique en faveur du patronat. Ce sont les espoirs mis hier dans le parti socialiste qui ont engendré la démoralisation, la dépolitisation et le succès actuel des nationalistes et des démagogues d’extrême-droite dans les classes populaires.
En Grèce, les travailleurs en ont aussi fait l’amère expérience. En 2009, Papandreou, dirigeant du Parti socialiste, avait promis de « rompre avec la dictature des marchés financiers ». Une fois au pouvoir, il a veillé à ce que les banquiers soient payés en temps et en heure quoi que cela en coûte aux travailleurs.
L’histoire ne se répète pas à l’identique, mais il faut se préserver des erreurs passées. Ce n’est pas d’espoir dont les travailleurs ont besoin mais de conscience.
Tsipras a promis qu’il fera payer davantage les plus riches, y compris les armateurs et l’Église orthodoxe. Il a aussi promis de renégocier les termes de la dette auprès de la Troïka. À l’heure où tout le monde convient que cette dette ne pourra jamais être payée et que les cures d’austérité ont fait plus de mal que de bien, il obtiendra peut-être des créanciers qu’ils desserrent leur étau. Et avec une dizaine de milliards, il atténuera peut-être les souffrances des plus démunis.
Mais ce n’est pas ce qui sortira les Grecs de la misère et du chômage. Pas plus en Grèce qu’ailleurs, on ne peut créer des emplois et augmenter les salaires et les pensions sans remettre en cause les profits des capitalistes.
Il ne peut pas y avoir de miracle. On ne mettra pas fin à l’austérité sans en extirper ses racines : l’exploitation, le profit et le pouvoir des capitalistes. Et se fixer pour seul objectif de combattre les abus de certains capitalistes corrompus et voyous, comme le fait Syriza, c’est se vouer à l’impuissance.
Pour retrouver des conditions de vie dignes du 21ème siècle, il faut mener une lutte sans merci contre le pouvoir de la bourgeoisie et des financiers. Pour être victorieuse, cette lutte doit s’appuyer sur la force collective des travailleurs et sur leur action consciente car ils sont les seuls à pouvoir réorganiser la société en fonction des intérêts du plus grand nombre.
Ce n’est pas l’objectif de Syriza, mais ce doit être celui des travailleurs grecs. Ceux-ci n’ont d’ailleurs pas attendu les élections pour mettre en avant leurs exigences. Ils ont montré à maintes reprises leur combativité et leur détermination à se battre pour leurs conditions d’existence. Alors, tout ce que l’on peut leur souhaiter, c’est qu’ils continuent.
Si les élections permettent d’exprimer une opinion, elles ne permettent pas de changer le rapport de force avec les capitalistes. Pour cela, les seules armes des travailleurs grecs comme belges sont celles de la lutte de classe, les mobilisations et les grèves. C’est de là, et non de Syriza, que peut venir le salut…

Ne laissons pas nos ennemis de classe dresser les travailleurs les uns contre les autres!

La manifestation du 11 janvier à Paris a été le point culminant d’une série de manifestations spontanées de soutien à la liberté d’expression et en réaction à l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo. Et il est clair qu’on peut partager l’indignation de ces millions de personnes que des dessinateurs soient tués pour avoir exprimé leur opinion, qu’un ouvrier et des policiers le soient pour s’être trouvés là au mauvais moment, ou que les clients d’un magasin soient tués simplement parce qu’ils sont juifs.
Ceux qui ont commis ces assassinats se sont attaqués à un symbole de la liberté d’expression pour faire savoir qu’être en désaccord avec eux est un délit puni de mort. Et s’ils se sont attaqués à des journalistes désarmés, mais aussi à tous ceux qui se trouvaient sur leur passage, ce n’est pas seulement par lâcheté. C’est parce que leur message s’adresse d’abord au monde du travail : après la liberté d’expression, ils s’attaqueront à celle de contester, de manifester, de revendiquer et ils tueront des militants politiques ou syndicaux.
Pour ces gens-là, l’Islam n’est qu’un prétexte, un moyen pour asseoir leur pouvoir, en commençant par leur communauté : par la terreur, ils veulent imposer que les travailleurs issus de pays musulmans soient sous leur contrôle. Et pour cela ils ont besoin d’opposer les travailleurs d’origine musulmane aux autres, alors que les travailleurs doivent avant tout être unis, quelle que soit leur nationalité, religion, origine ou langue.
En divisant les travailleurs, mais aussi en détournant les jeunes des vrais combats à mener, ils font finalement le jeu du grand patronat qui, lui, se moque bien, des religions et des frontières quand il s’agit d’exploiter les pauvres. En ce sens, ils sont avant tout des ennemis du monde du travail.
Mais, évidemment, ce n’est pas pour cette raison que Hollande et toute une clique de chefs d’Etat ont manifesté en tête du cortège. Et pas n’importe lesquels : Netanyahou qui massacre des palestiniens par milliers, Porochenko qui fait assassiner des syndicalistes en Ukraine, Bongo qui emprisonne journalistes et opposants au Gabon, ou Choukry, le premier ministre Egyptien, pays où une personne vient d’être condamnée à trois ans de prison pour athéisme. Tous ces dirigeants détestent la liberté d’expression et ils détestent encore plus Charlie Hebdo ! Ce sont eux les responsables de ce qui arrive.
Aujourd’hui des régions entières d’Afrique sont dans une misère sans espoir, le Moyen-Orient est retourné 50 ans en arrière à cause des guerres de Bush et consorts et de leurs destructions. Comment imaginer que les peuples de ces pays ne nourrissent pas de la haine contre ceux qui sont responsables de cela ? C’est sur base de cette colère que des petits chefs djihadistes et des apprentis dictateurs arrivent à recruter.
En Europe même, toute une génération de jeunes se retrouve aujourd’hui sans avenir : il n’y a pas de travail, avec ou sans diplôme. Mais pendant qu’ils végètent au chômage, quand ils y ont droit, d’autres vivent dans le luxe et gaspillent des milliards dans la spéculation tout en refusant d’investir pour créer des emplois. Les politiciens ne leur proposent rien d’autre que de l’austérité, le durcissement des contrôles et, comme en Belgique, l’exclusion du chômage. Et pour ces jeunes qui sont en plus d’origine étrangère, ils sont en butte au racisme, harcelés par la police et accusés d’être responsables du chômage. Comment imaginer que parmi ces jeunes il n’y en ait pas qui finissent par nourrir de la haine contre ce système ?
Le système capitaliste profondément injuste sème la barbarie dans le monde, ici comme ailleurs. Ce qui est barbare, c’est ce système qui permet que les uns s’enrichissent de la misère des autres.
Aujourd’hui les dirigeants politiques et religieux veulent unir tout le monde derrière eux dans la « guerre contre le terrorisme ». Cela servira à justifier le durcissement des contrôles en Europe et leurs interventions militaires en Syrie, en Irak ou d’autres à venir. Mais ce n’est pas avec plus de prisons et plus de guerres que les choses vont aller mieux, au contraire !
Ce n’est d’ailleurs pas pour cela que des millions de personnes ont manifesté. Mais au delà de l’émotion, il faut se rendre compte qu’une machine à diviser est en marche et que, loin de s’opposer les uns aux autres, les travailleurs auraient tout intérêt à unir leurs forces contre leurs exploiteurs, contre le capitalisme, pour mettre enfin un terme à la cause réelle de toute cette barbarie.

Le monde du travail en a marre !

Les trois journées de grève tournante du 23 no-vembre, du premier et du huit décembre ont été un franc succès. La SNCB, les TEC, De Lijn et la Stib ont été totalement en grève, idem dans les grandes en-treprises et dans la distribution où Delhaize, Carre-four, Colruyt ou Inno ont été fermés. Et la grève a aussi touché beaucoup de plus petites entreprises dont les salariés faisaient parfois grève pour la première fois. Des délégations de travailleurs ont bloqué des axes routiers ou l’accès à des zonings. Chaque journée a ainsi eu des conséquences dans le pays entier.
Il est vrai que les piquets devant les entreprises ne rassemblaient pas forcément beaucoup de travailleurs, mais si l’on compare cela par rapport à la faiblesse des mouvements de ces dernières années, il y a quand même un net progrès.
Ces résultats et aussi l’ambiance sur les piquets montrent que l’ensemble des travailleurs en a assez. Nombreux sont ceux qui ont exprimé qu’il était grand temps que les syndicats organisent une réaction face aux attaques pro-patronales du gouvernement. Et ces attaques ne datent pas d’hier : bien des mesures anti-sociales ont été mises en place par Di Rupo : réduc-tion des budgets, non-remplacement des départs à la pension dans les services publics, blocage salarial, ré-duction des allocations de chômage, etc. Les mesures du gouvernement Michel, si elles étaient appliquées, ne vont qu’aggraver encore plus la situation des classes populaires, aggraver la pauvreté et la précarité et certainement pas réduire le chômage. La politique d’austérité au service du patronat était hypocritement cachée derrière des discours sociaux sous Di Rupo, elle est maintenant arrogante et agressive sous Michel.
Alors, oui, beaucoup de travailleurs disent à juste titre qu’il était temps d’agir.
Les discours des médias et de certains politiciens, présentaient une Flandre « travailleuse » et nationa-liste opposée à une Wallonie « grévicultrice » et fai-néante, mais la grève a montré à quel point cela est faux : flamands, wallons et bruxellois ont tous été mobilisés de la même manière. Une fois de plus cela confirme ce que les communistes disent depuis tou-jours : la vraie division n’est pas entre les nationalités mais entre les patrons et les travailleurs – et au-jourd’hui, les travailleurs du Nord et du Sud sont unis contre les patrons de toutes sortes et contre les politi-ciens à leur service.
Pour l’instant le gouvernement n’a pas franchement réagi au mouvement de grève. Le CD&V, qui a des liens avec le mouvement mutualiste et syndical fla-mand a fait mine d’être prêt à envisager une taxation sur le capital, mais ses compères MR, VLD et NVA ont clairement fermé la porte. Il est probable que le gouvernement table sur un essoufflement du mouve-ment et qu’il espère ainsi humilier et démoraliser un peu plus les travailleurs en leur faisant subir un nou-vel échec. C’est à nous de montrer qu’il se trompe.
C’est pourquoi il est important que la mobilisation continue et que la journée du 15 décembre soit un nouveau succès. On peut espérer que l’ampleur de la manifestation du 6 décembre et la réussite des trois premières journées de grève vont encourager de plus en plus de travailleurs à se joindre au mouvement.
Le fait que les directions syndicales ont montré qu’elles étaient capables de mobiliser largement peut aussi donner confiance en eux aux travailleurs. Par ailleurs, le mécontentement de la base, qui remonte à travers les délégations de base peut faire pression sur les directions syndicales pour qu’elles continuent dans le même sens.
Notre détermination seule peut obliger le gouverne-ment à reculer : s’il voit que le mouvement continue au delà du 15 décembre et qu’il implique une partie de plus en plus importante de la population laborieuse, alors il devra céder. L’économie, ce n’est pas la fi-nance ou les capitalistes qui la font, ce sont les mil-lions de travailleurs qui fabriquent les produits, les distribuent ou les transportent. Les patrons ne font que récolter les bénéfices. Sans les travailleurs ils ne sont rien et ils le savent. Voilà d’où vient la force poten-tielle du monde du travail. Mais cette force exige notre mobilisation.
L’enjeu des semaines qui viennent sera de renforcer et d’élargir le mouvement. Cela signifie que chaque travailleur doit chercher à convaincre ses collègues à participer aux piquets. Et ce serait aussi un signe fort si les travailleurs en grève se rejoignaient pour des manifestations collectives.

La mobilisation a commencé !

Avec environ 120 000 participants, la manifestation nationale du 6 novembre a été un franc succès. Dès le matin, les gares ont été prises d’assaut et les trains étaient bondés, au point que la SNCB a dû ajouter 16 trains supplémentaires pour emmener les manifestants à la Gare du Nord, le point de départ de la manifestation. Et une fois à la gare, il fallait encore de longues minutes pour en sortir tant elle était pleine à craquer. A dix heures du matin, soit deux heures avant le départ officiel, la foule était déjà là, et les travailleurs présents ont démarré, sans attendre le signal du départ. Le soir, à 16 heures, les derniers manifestants n’étaient pas encore arrivés à la gare du midi.
Le chiffre de 120 000 manifestants est indirectement confirmé par la SNCB qui a annoncé avoir vendu 80 000 billets au tarif spécial « événement » qu’elle avait activé spécialement pour ce jour-là.
Il était frappant de voir que, contrairement aux manifestations précédentes, les appels à la manifestation avaient eu un écho bien au-delà des cercles syndicaux habituels. Certes, bien des manifestants étaient venus avec leur délégation syndicale, en rouge, en vert ou en bleu, mais beaucoup étaient venus d’eux-mêmes. Et on a pu voir défiler aussi bien des délégations d’entreprises privées, comme Delhaize, Caterpillar ou Total, que de services publics tels que la santé ou l’enseignement qui étaient aussi très présents.
Et puis, contrairement aux légendes qu’auraient voulu faire croire le gouvernement, et en particulier la NVA, ce n’est pas que le sud « francophone et gréviculteur » qui était là mais, au contraire, les travailleurs flamands se sont déplacés en masse pour manifester ! D’ailleurs, Anvers, Gand ou Courtrai étaient complètement paralysées faute de transports en commun : les chauffeurs de De Lijn étaient en train de manifester à Bruxelles, avec ceux des TEC de Liège et Charleroi.
Cela montre bien à quel point l’ensemble de la population laborieuse a conscience de la gravité des attaques gouvernementales et de l’urgence de se mobiliser pour les contrer.
Par coïncidence, le jour même de la manifestation, éclatait le scandale « LuxLeaks » : des fuites émanant de la société de conseil fiscal PWC montrent que des riches familles et entreprises belges ont pu, avec la complicité des gouvernements, éluder l’impôt pour des montants estimés à plusieurs milliards d’euros.
Ce scandale éclaire des affaires à la limite de la légalité, voire franchement illégales. Mais c’est en réalité tout le système économique qui est conçu pour permettre aux grandes fortunes de s’enrichir encore plus sans rien payer en retour. Et c’est ce système qui fait qu’au bout du compte les caisses sont vides : comment pourrait-il en être autrement quand les riches engagent des experts en fraude fiscale pour ne payer que 2% d’impôts au lieu de 34% ? Le soi-disant « problème des retraites », ou le « trou de la sécurité sociale » ont été créés par les gouvernements au service des riches, et c’est aux travailleurs qu’ils veulent le faire payer !
Alors il était grand temps que les travailleurs se mobilisent pour dire non ! Et c’est ça qui ressortait de cette manifestation. On en a marre de se serrer la ceinture et de devoir se passer de l’essentiel, de s’inquiéter pour l’avenir des enfants qui n’ont pas assez de profs et qui n’auront pas de travail parce que les patrons coupent dans les effectifs pour augmenter leurs profits. On en a marre de travailler dans des conditions qui empirent pour une pension ridicule et reportée à 67 ans.
Evidemment une manifestation ne suffira pas à arrêter Charles Michel et Bart de Wever, ni les patrons qui les soutiennent. Mais cette manifestation est un encouragement pour tous. Le fait que 120 000 travailleurs se sont déplacés à Bruxelles ne peut qu’inciter les millions d’autres à faire de même.
Les prochaines étapes annoncées par les syndicats sont les journées de grève régionale le 23 novembre, le 1er et le 8 décembre, puis la grève générale nationale le 15 décembre. Il en faudra probablement d’autres pour que le patronat se mette en tête qu’il n’aura rien de plus et qu’il faudra qu’il paie pour les retraites, pour des salaires décents et des services publics au service de tous, ou il risquera de perdre bien plus que quelques jours de grève.
C’est possible si chaque travailleur mobilise autour de lui pour faire en sorte que les prochaines actions soient des succès, qui encouragent à chaque fois de nouveaux travailleurs à rejoindre le mouvement. La mobilisation a commencé, il faut qu’elle continue !

Préparer la riposte des travailleurs

Les attaques du gouvernement fédéral de Charles Michel contre le monde du travail sont maintenant largement connues. Des attaques contre les salaires avec le saut d’index, contre les pensions dont l’âge se-ra porté à 67 ans et dont le montant sera réduit. Des attaques contre les travailleurs dont la flexibilité sera aggravée par l’annualisation du temps de travail, et contre les chômeurs à qui le gouvernement veut impo-ser du travail forcé non payé. Et enfin des attaques contre les services publics utiles à tous par la réduc-tion des budgets des soins de santé, de l’enseignement, des transports publics, etc.
En revanche, le gouvernement fait pour quatre mil-liards de cadeaux fiscaux au patronat : les riches vont payer moins d’impôts et ils pourront faire travailler les salariés plus longtemps et pour moins cher. C’est la diminution constante des cotisations patronales et des impôts sur les entreprises qui ont vidé les caisses publiques et créé les fameux « trous » dans les bud-gets de la santé et des pensions.
Le PS et le CDH, qui ont été rejetés dans l’opposition au niveau fédéral en profitent pour re-prendre des accents sociaux. Le PS, par exemple, a fait une campagne dans la presse contre le saut d’index. Mais quand il était au gouvernement, le PS a lui aussi mené une politique d’austérité, par exemple en économisant 2 milliards sur le budget en 2014. Il a préparé le terrain au gouvernement actuel ! Et Milquet, quand elle était ministre CDH de l’emploi a instauré une norme salariale qui interdisait toute forme d’augmentation au-delà d’un index misérable.
Tous les partis sont d’accord pour limiter les salaires au nom de la « compétitivité », qui justifie à leurs yeux d’aligner tous les salaires européens sur le ni-veau le plus bas. Aucun ne parle évidemment de limi-ter les profits des patrons ! Pourtant, ce sont ces pro-fits qui vampirisent l’économie.
Face à cette union tacite de tous les partis en faveur du patronat et contre le monde du travail, les ouvriers, les employés, les pensionnés et les chômeurs doivent s’unir.
Les travailleurs sont la base de la société, tout repose sur eux. Sans eux, pas de production dans les usines, pas de trains, pas de courrier, pas de « data center », pas d’électricité, pas de soins dans les hôpitaux, pas de transport routier, etc. Tout ce qui se fait est fait par des travailleurs. Et les profits des entreprises aussi, ils sont le résultat de notre travail. Le patronat prétend que ce sont les investissements qui créent la richesse mais c’est faux : c’est le travail humain qui trans-forme les capitaux en profits. Et les profits, ils sont empochés par les patrons !
C’est parce qu’ils ont ce rôle central que les travail-leurs ont les moyens d’empêcher le gouvernement de mettre en œuvre ses attaques contre les couches popu-laires.
Partout, dans tous les secteurs, l’inquiétude et la co-lère montent. Des arrêts de travail ont eu lieu dans l’enseignement le 23 octobre, la Police était en grève les 23 et 24 octobre et les cheminots de la SNCB ont arrêté le travail à La Louvière le 17 octobre, à Charle-roi le 20 et à Liège le 21. Tous protestent contre la dégradation de leurs conditions de vie et de travail et contre les attaques sur les pensions.
Et ils ont bien raison !
De leur côté, les syndicats ont déjà annoncé plu-sieurs actions importantes : manifestation nationale à Bruxelles le 6 novembre, grève régionale en Hainaut, Luxembourg, Anvers et Limbourg le 23 novembre, grève régionale à Liège, Namur et Flandre Orientale et Occidentale le 1er décembre, grève régionale en Brabant Wallon et Flamand et à Bruxelles le 8 dé-cembre, et enfin une grève générale nationale le 15 décembre.
Il est important que le plus grand nombre possible de travailleurs participent aux actions de grève et aux manifestations.
Si les actions réussissent, si dans toutes les régions, dans toutes les branches, dans toutes les langues, les travailleurs sont unis et déterminés à bloquer l’économie plutôt que de payer la facture à la place du patronat, alors cela renforcera le camp des travailleurs et cela mobilisera d’autres couches de salariés qui grossiront encore le rang des grévistes.
Et cela seul pourra faire reculer le patronat et sa clique gouvernementale.