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Menace de guerre en Ukraine : ne nous laissons pas embrigader !

Y aura-t-il la guerre en plein cœur de l’Europe avant la fin de la semaine ? C’est ce qu’affirment les autorités américaines qui ont appelé leurs ressortissants à quitter l’Ukraine. De son côté, Poutine déclare que les dizaines de milliers de soldats russes mobilisés ne font que participer à un entrainement. 

Depuis des semaines, dans un vaste jeu de poker menteur, Biden, Macron et Scholz multiplient les rencontres médiatisées avec Poutine, tout en le présentant comme un dictateur, agresseur et va-t-en-guerre. Dictateur, Poutine l’est sans conteste, contre son opposition et contre les classes populaires de toute la Russie. En revanche, jusqu’à présent, il n’est pas l’agresseur. 

En 1991, les bureaucrates de Moscou, Kiev et Minsk ont fait éclater l’Union soviétique, sans consulter ses peuples. Mais les États-Unis n’ont pas pour autant dissous l’Otan, l’alliance militaire qu’ils avaient construite pour isoler celle-ci. Bien au contraire, profitant de l’affaiblissement de la Russie sous Eltsine, ils y ont intégré les trois États baltes, la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, etc. Ils ont pris pied en Géorgie et en Asie centrale. Les bases américaines ceinturent aujourd’hui la Russie, et Poutine veut empêcher l’Ukraine de rejoindre l’Otan. 

Si Biden et Macron fustigent Poutine parce qu’il déploie des troupes aux portes de l’Ukraine, ils ne trouvent rien à redire lorsque le même Poutine a envoyé début janvier 3 000 parachutistes russes pour aider le dictateur du Kazakhstan à mater la révolte ouvrière. Au Kazakhstan, il s’agissait de réprimer des ouvriers qui protestaient contre la vie chère. L’enjeu était de sauver les profits de Total, Chevron, ArcelorMittal et autres trusts occidentaux qui exploitent les ressources et les travailleurs de ce pays ex-soviétique. Pour réprimer les révoltes, Poutine, Biden et puissances européennes sont complices !

C’est pourquoi les travailleurs n’ont pas à partager l’hystérie guerrière des dirigeants américains plus ou moins suivis par les Européens. Les uns et les autres se moquent du sort des Ukrainiens comme de tous les peuples qu’ils oppriment eux-mêmes partout dans le monde.

Ils se prétendent les champions de la liberté, mais ils empêchent des femmes et des hommes de circuler librement pour fuir la guerre ou la misère. Ils ont reconstitué un rideau de fer en installant des barbelés qui provoquent la mort de nombreux migrants entre la Biélorussie et la Pologne.

Ils prônent la paix et la démocratie mais ils entretiennent une multitude de guerres régionales meurtrières et arment des dictateurs.

En Europe de l’Est, comme en Afrique ou en Asie, les grandes puissances interviennent pour défendre les intérêts de leurs capitalistes respectifs, en lutte pour se partager les marchés et accéder aux matières premières. Dans une économie en crise, cette concurrence est de plus en plus acharnée, et les dirigeants impérialistes se préparent à transformer la guerre économique en guerre tout court.

Leurs budgets militaires ne cessent d’augmenter. Quand ce n’est pas la Russie, c’est la Chine qu’ils présentent comme une menace. Ce sont pourtant des navires de guerre et des sous-marins américains, australiens et même français qui patrouillent en mer de Chine, pas des navires chinois au large de la Californie !

Face à la Russie, un dérapage n’est pas exclu et ce sera la population ukrainienne qui en payera le plus grand prix. Même si le statu quo perdure, le sursis ne durera pas tant le monde capitaliste est une poudrière. Les manœuvres des impérialistes concernant l’Ukraine ont servi à déployer leur propagande de guerre pour mettre au pas leur propre population et la conditionner à servir de chair à canon. 

Avant les deux guerres mondiales, une série de conflits avaient également été l’occasion pour les grandes puissances de préparer les peuples à la guerre. Tous ceux qui n’ont que « les intérêts de l’Europe » à la bouche participent à cette mise en condition.Il faut refuser de marcher car cette guerre n’est pas celle des travailleurs. C’est celle de leurs exploiteurs, qui rivalisent pour accaparer la plus grande part de profit. Seule la classe des travailleurs sera capable d’empêcher la guerre.

L’inflation profite aux patrons. C’est à eux de payer

Les prix du gaz et de l’électricité ont explosé en 2021, mettant les ménages dans l’impossibilité de payer la facture et menant à plus de 900 000 demandes de report de paiements. L’inflation en janvier 2022 est de 7,6%, le plus fort taux enregistré depuis près de quarante ans ! C’est principalement la hausse du prix de l’énergie qui est responsable. Pour les travailleurs, qui consacrent une plus grande part de leurs dépenses à l’énergie et moins aux loisirs, les conséquences sont dramatiques.  La facture pourrait grimper jusqu’à 4000 € en Wallonie !

Les patrons prétendent qu’ils ne font que répercuter la hausse du cout de l’énergie et donc des transports sur la production. C’est un mensonge ! Ce sont toujours les mêmes travailleurs sur les mêmes machines qui extraient le pétrole et le raffinent, ou produisent le gaz et l’électricité. La valeur intrinsèque de l’énergie et de toutes les marchandises n’a pas changé soudainement. La seule raison de l’augmentation des prix est que les producteurs profitent de la demande pour augmenter artificiellement les prix et encaisser un surprofit. Les intermédiaires reportent à leur tour les augmentations sur les suivants dans la chaîne de production, tout en augmentant leur marge au passage, et ainsi de suite jusqu’aux travailleurs. De cette manière, ce sont eux qui, à la source de toutes les richesses produites vont payer pour la soif de profits de capitalistes qui, eux, ne produisent rien et ne servent à rien. 

Toutes les aides de l’Etat aux consommateurs pour pallier la hausse des tarifs de l’énergie, sont financées par nos impôts, par de l’argent public qui finira dans la poche des producteurs d’électricité ! Cet argent ne sera plus disponible pour payer les soins de santé, alors que la pandémie a montré à quel point on avait besoin d’eux et à quel point le secteur hospitalier manquait de moyens. Ou encore, il manquera dans l’éducation, les infrastructures ou les services de secours, et là, ce sont les inondations de l’été dernier qui ont montré les conséquences du manque d’investissement.

Finalement, le gouvernement a décidé de réduire jusqu’en avril la TVA à 6% sur le prix de l’énergie. Cette mesure est profondément injuste. Elle va surtout profiter aux riches qui ont des plus grosses maisons et dépensent plus d’énergie.  Or, ce sont les couches populaires qui dépensent la plus grosse part de leur salaire dans le gaz et l’électricité. Ce sont eux qui risquent de vivre dans le froid ! La TVA est l’impôt le plus inégalitaire car il s’applique aux chômeurs comme aux PDG. 

 De plus, comme le fait remarquer un économiste, la baisse de la TVA va reporter la prochaine indexation des salaires de six mois. C’est un manque à gagner plus élevé que la hausse de l’électricité sur la même période ! Ce que le gouvernement donne d’une main aux travailleurs, il le reprend de l’autre. 

Le Premier ministre prétend qu’avec les aides, le pouvoir d’achat va augmenter de 1000 euros cette année. Cela semble un gros chiffre, mais cela ne fait jamais que plus ou moins quatre-vingts euros par mois ! Le calcul de De Croo est fallacieux car il additionne toute une série de choses, comme l’indexation par exemple, qui n’ont rien à voir avec des augmentations de pouvoir d’achat mais ne sont que de petites compensations face à l’augmentation des prix. Le budget des couches populaires ne sera pas moins ric-rac, au contraire ! 

Et dès la crise un peu passée, ce gouvernement ou le prochain, reparlera d’austérité, de report de l’âge de la pension pour faire encore une fois porter les coûts par le monde du travail. Le patronat reviendra à la charge pour exiger la suppression de l’indexation des salaires au nom de la compétitivité. Ce n’est donc pas du gouvernement qu’il faut attendre des solutions.Il est déjà difficile de vivre avec les salaires actuels ; ce sera impossible si les prix continuent d’augmenter. L’index ne reflète pas la réalité de la vie des couches populaires. Par exemple, le prix des carburants n’y est pas inclus. La seule solution est d’augmenter les salaires et de mettre dans le calcul de l’index tous les produits de la consommation, y compris les cigarette et l’essence. Mais ça ne se fera pas tout seul. Il faudra des luttes, des manifestations et des grèves, et pas qu’une seule, car il s’agira de faire plier le patronat sur ce qui lui tient le plus à cœur : ses profits. Pour que de telles luttes réussissent, elles devront unir les travailleurs de tous les secteurs, car par-delà les différences de statut ou de branches, les travailleurs sont unis par les mêmes intérêts et ils représentent collectivement la plus grande force qui soit.

Otan-Russie : Négociations entre brigands

Depuis le 10 janvier, les diplomates russes et américains se rencontrent pour discuter des relations entre l’OTAN et la Russie en général et du sort de l’Ukraine en particulier.

La Russie est présentée par les dirigeants occidentaux comme l’agresseur de l’Ukraine depuis l’annexion en 2014 de la Crimée, dont la population est majoritairement russe, et le soutien militaire apporté par Poutine aux séparatistes russophones du Donbass. Fin avril, sous prétexte de manœuvres militaires, Poutine a massé des troupes aux frontières de l’Ukraine dans une démonstration de force face aux dirigeants ukrainiens pro-occidentaux qui souhai­tent adhérer à l’OTAN, l’organisation militaire chapeautée par les États-Unis.

Ces grandes manœuvres amènent les dirigeants baltes, polonais et même scandinaves à réclamer une plus grande protection militaire de l’OTAN en évoquant la menace russe. Á raison, ils considèrent que l’Union européenne n’est pas fiable car elle n’a pas d’existence militaire et politique réelle. En l’occurrence, dans le conflit avec la Russie, la France et l’Allemagne ne sont pas sur la même longueur d’onde tant elles ont des intérêts contradictoires. Car chacune défend d’abord les intérêts de ses capitalistes. Les grandes industries allemandes sont plus dépendantes du gaz russe que les françaises et craignent qu’en représailles aux sanctions de l’OTAN, Poutine ne ferme le gazoduc qui les approvisionne. 

Ni Poutine ni les dirigeants occidentaux n’agissent évidemment pour défendre la volonté et les intérêts des peuples, qu’ils soient ukrainien, russe, polonais, balte ou… kazakh. L’OTAN a été bâtie au moment de la guerre froide pour enrôler les alliés des États-Unis dans leur combat pour isoler et affaiblir l’Union soviétique. À la chute du rideau de fer, suivie de l’éclatement de l’Union soviétique, il y a trente ans, les dirigeants américains n’ont pas dissous l’OTAN. Au contraire, ils ont profité de l’affaiblissement brutal de la Russie, dans la décennie 1990, pour faire adhérer à l’OTAN les trois pays Baltes, les pays de l’Est européen anciens membres du Pacte de Varsovie et pour prendre pied en Asie centrale en ouvrant des bases militaires au Tadjikistan ou au Kirghizistan. Aujourd’hui que Poutine a restauré en Russie un appareil d’État répressif et une armée opérationnelle, il tente de défendre les intérêts et la zone d’influence des oligarques qu’il représente. 

Dans toutes leurs grandes manœuvres, les dirigeants américains n’ont jamais été gênés par leur collaboration avec des dictateurs ou des politiciens d’extrême droite ultranationalistes. Il est significatif, alors même qu’ils sont en conflit ouvert avec Poutine en Ukraine, que les dirigeants occidentaux n’aient rien trouvé à redire à l’envoi de milliers de soldats russes au Kazakhstan pour aider la dictature à réprimer la révolte populaire contre l’augmentation des prix.

Ni l’alliance militaire que constitue l’OTAN, ni celle placée sous l’égide de la Russie ne sont là pour défendre la liberté des peuples. Aujourd’hui avec Poutine comme hier avec les bureaucrates staliniens du Kremlin, les dirigeants impérialistes et russes se partagent les rôles de gendarmes du monde et de gardiens d’un ordre social injuste. 

On ne peut pas prédire quelle étincelle mettra le feu aux poudres, mais la bourgeoisie impérialiste s’y attend et elle s’y prépare. 

Mardi 24, le chef de l’armée belge expliquait dans la presse que jusqu’ici l’armée se préparait à des interventions en Afrique ou en Afghanistan, mais qu’aujourd’hui l’objectif était devenu d’être prêt à des opérations de défense collective. En France, l’armée se prépare à un conflit de grande intensité, État contre État. Et si ce n’était pas contre la Russie, ce serait, sous l’influence des États-Unis, contre le Chine. La presse internationale s’en fait déjà le relais. Les budgets de la défense augmentent en conséquence : 1,54% du PIB belge en 2030, 50 milliards en France pour 2025.

Quelle que soit la teneur des tractations qui se mènent à Genève ou à Bruxelles entre l’OTAN et la Russie, les classes populaires de tous les pays n’ont que des menaces à en attendre.

Avant, pendant et après l’épidémie, la lutte des classes continue

Après bientôt deux années de Covid, beaucoup espèrent un « retour à la normale » et il est vrai que les confinements, le masque, le télétravail obligatoire et le Covid Safe Ticket ont été et sont encore un coup de plus porté à une vie déjà difficile. 

Depuis le début de l’épidémie, tout se passe comme si elle était devenue le centre de toute l’activité politique, comme si toutes les décisions étaient prises en fonction de cette situation exceptionnelle. En réalité, pour le patronat, les affaires continuent. Les riches sont toujours plus riches et les travailleurs toujours plus pauvres, « comme avant » pourrait-on dire. Les grandes entreprises ont engrangé des profits comme jamais, les places financières sabrent le champagne.

Et pour « après », la FEB, la Fédération des Entreprises de Belgique, a donné le ton : elle attend du gouvernement qu’il bloque les salaires, y compris l’indexation, alors même que l’inflation galope et que les prix de l’essence, du gaz et de l’électricité ont explosé ! Le patron de l’UWE, l’Union Wallonne des Entreprises, allait dans le même sens le mois dernier, en demandant qu’on durcisse les règles contre les chômeurs.  

Les paroles que le Premier ministre, De Croo, répète à chaque Codeco « prenez-soin les uns des autres » ne concernent évidemment pas les patrons…

La crise sanitaire a servi de prétexte à assouplir les règles qui gênent les patrons, à leur distribuer des aides publiques que le gouvernement compte bien faire payer plus tard aux travailleurs. La sortie de la crise va fournir de nouveaux prétextes à de nouvelles attaques. Les restrictions imposées pendant le Covid vont perdurer si on se laisse faire.

Cette agressivité patronale se traduit aussi politiquement : aux États-Unis, en Allemagne, en France, on voit la droite se durcir. Trump, Le Pen ou Zemmour font beaucoup de bruit autour de leur soi-disant opposition aux élites et leur prétendu intérêt pour le sort des « gens ». En réalité, leur discours de haine sert surtout à diviser les travailleurs, selon leur origine ou leur religion, afin de les affaiblir face à la bourgeoisie. Bien sûr, les partis d’extrême droite, leurs discours racistes, réactionnaires et démagogiques, existent depuis longtemps. Mais depuis les fascismes des années trente, ils n’avaient jamais été aussi forts. 

Leur succès n’est pas un simple effet de mode, c’est le reflet exact du fait que le patronat se sent de plus en plus fort, que le rapport de force est en sa faveur et qu’il ne voit aucun frein à sa politique anti-ouvrière de choc. 

La crise inhérente à cette société accroît inexorablement la concurrence entre capitalistes. En même temps, l’absence depuis des décennies d’un parti révolutionnaire, l’affaiblissement des organisations politiques de la classe ouvrière ouvrent un boulevard aux capitalistes. Ils se sentent pousser des ailes, ne se privent plus de financer et de soutenir ouvertement les partis d’extrême droite. Aujourd’hui, Bolloré, le patron de Vivendi et 10ème fortune de France, ne cache pas son soutien à Zemmour. 

 En Belgique, l’extrême droite reste marginale en Wallonie mais elle a déjà pris de l’avance en Flandre. Mais les attaques contre les travailleurs ne manquent pas : il s’en est fallu de peu que la non-vaccination devienne un motif de licenciement. La direction de Brussels Airlines a menacé d’exiger des astreintes contre la grève du personnel. La condamnation des syndicalistes de la FGTB pour le blocage de l’E40 est aussi un signal d’alarme.

En 2021, les grèves dans des entreprises n’ont pas manqué, mais il n’y a malgré tout pas eu de mouvement d’ensemble. Les syndicats continuent à faire des grèves d’un jour et des manifestations sans suite, en espérant être invités à une table des négociations où il n’y a plus de place depuis bien longtemps. 

La force du monde du travail réside dans son nombre et dans sa capacité à bloquer l’économie, puisque rien ne peut fonctionner dans cette société sans travailleuses et travailleurs. Le patronat a ses partis – il a même tous les partis de son côté. Ce qu’il manque aux travailleurs, c’est un parti qui leur appartienne, qui ne se contente pas de demander des ajustements à la marge, mais qui organise notre force collective pour changer réellement le fonctionnement de la société. C’est le parti que nous cherchons à construire.

L’hôpital malade du capitalisme

Le Comité de concertation « Codeco » du 26 novembre a pris de nouvelles mesures restrictives dans le contexte de la lutte contre le Covid-19. Il y a eu, comme à chaque fois, des débats sur le fait que ces mesures seraient trop ou pas assez strictes, sur le fait qu’il est bizarre de fermer les écoles dans deux semaines alors que c’est maintenant que la 4ème vague est au plus haut.

Mais, Codeco après Codeco, on voit bien que les raisons qui déterminent l’action du gouvernement sont très basiques. En tout cas, ce n’est pas l’espoir de sauver des vies car on voit bien que la classe politique dans son ensemble s’accommode assez bien du fait qu’il y ait 50 morts par jour. En revanche, ils ont l’air très préoccupés par le nombre de lits occupés en soins intensifs, et ça veut dire beaucoup de choses.

Certes, De Croo et Vandenbroucke parlent du taux de contamination, du nombre de cas positifs, et prennent un air paternel pour dire de prendre soin les uns des autres. Il y a un an, le gouvernement avait mandaté des experts pour définir des critères objectifs liés à des niveaux d’alerte et des plans d’action. Rien n’en est sorti. Et c’est logique, car le seul chiffre qui les pousse à agir, c’est le nombre de lits occupés en soins intensifs.

Évidemment, aucun ministre n’a envie de se retrouver sur la sellette si on voyait en Belgique des patients mourant dans les couloirs des hôpitaux faute de lits, comme ce fut le cas dans certains pays lors de la première vague. Cela démontrerait leur incapacité à gouverner et pourrait provoquer une saine colère de la part de la population. Aux yeux des dirigeants politiques, les malades peuvent mourir, tant qu’ils le font en bon ordre et en silence.

Mais il n’y a pas que les morts. Il y a toutes les opérations « non urgentes » qui sont reportées. Le responsable d’un hôpital dit qu’ils ne font plus de colonoscopies. Combien de cas de cancer du côlon vont apparaître dans les années qui viennent, parce que les dépistages n’auront pas été effectués à temps ? Combien de gens vont mourir d’autres maladies que l’on peut prévenir et guérir parce qu’il faut absolument empêcher le spectacle de malades du Covid entassés dans les couloirs ? Car cela pourrait remettre en question le pouvoir politique ; pas seulement le pouvoir de tel ou tel politicien, mais tout ce système politique qui ne fonctionne que dans l’intérêt des plus riches. 

Car la question qui n’est jamais soulevée, c’est comment se fait-il que dans un pays riche comme la Belgique, il n’y ait que 2000 lits disponibles aux urgences pour 11 millions d’habitants ? Qu’est-ce qui fait qu’après bientôt deux ans de pandémie, les hôpitaux en soient toujours réduits à une telle misère ? On entend qu’il y a une pénurie de personnel. Oui, les soignants se plaignent depuis des années d’être en sous-effectifs. Il y a eu des manifestations pour faire entendre leur voix. Mais s’il y a si peu de candidats et si tant de personnes quittent le métier, c’est qu’il y a un problème, un problème de salaire, un problème de conditions de travail, et ce problème vient de dizaines années d’austérité et de restrictions budgétaires durant lesquelles les directions hospitalières ont augmenté la productivité et réduit les effectifs sous la pression de budgets en constante diminution.

Ah oui, il y a eu le « Fonds Blouses Blanches », censé apporter 400 millions au budget des soins de santé. Vandenbroucke se vante d’y avoir fait ajouter encore 500 millions. Cela ne fait jamais que 3% du budget des soins de santé et, surtout, cet argent ne sert que très peu à créer de vrais nouveaux emplois. Contrairement à ce qui a été annoncé, il n’y a pas eu 1500 nouveaux emplois temps plein créés, mais surtout la transformation de CDD et d’intérims en CDI. En Belgique, il y a 360 000 infirmiers et aides-soignants et on voit que c’est insuffisant. Même 1500 de plus ne vont pas y changer grand-chose.

Ce milliard d’euros dont le gouvernement est si fier, ne compense pas le manque à gagner des années précédentes, les économies faites par Maggie de Block, OpenVLD comme De Croo. Rien qu’en 2017, c’étaient 900 millions !

Les soins de santé, comme tous les services publics, comme les écoles, les pompiers, les transports, ont été pillés pour faire des économies et réduire les impôts du patronat. Ceux qui meurent aujourd’hui, ceux qui vont mourir demain, faute d’avoir reçu les soins adéquats à temps, le doivent avant tout à ces politiques criminelles d’austérité.Le capitalisme est mortel pour l’humanité. Il ne mérite que d’être détruit et remplacé par une société dirigée par les travailleurs et dans l’intérêt de la collectivité. Ça s’appelle le communisme.

A bas l’Europe forteresse, travailleurs unissons-nous !

Ce qui se passe à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie est révoltant. Près de 3 000 migrants sont massés à cette frontière, errent et dorment dans la forêt, dans l’espoir d’entrer en Pologne sans être refoulés. Exténuées par les jours et les nuits passés dans le froid, sans nourriture, une dizaine de personnes sont déjà mortes. Chaque jour qui passe menace de faire de nouvelles victimes.

Les dirigeants européens accusent le dictateur biélorusse d’avoir favorisé l’arrivée de migrants à la frontière pour déstabiliser l’Europe. Et ils s’indignent de ce qu’il aurait « instrumentalisé et manipulé les migrants ». C’est vrai ! Mais que font-ils d’autre, eux, si ce n’est les laisser souffrir et mourir ?

Quand ils ne laissent pas les migrants mourir aux portes de l’Union européenne, ils s’arrangent pour qu’ils restent enfermés dans les mouroirs que sont les camps au Liban, en Libye ou en Turquie, ou qu’ils restent prisonniers de leur pays d’origine, comme l’Afghanistan, ravagé par la guerre, où la famine pousse des familles à vendre leurs enfants.
Oui, la palme du cynisme revient aux dirigeants européens, car les candidats à l’immigration ne demandent qu’à arriver par des voies sécurisées et légales pour demander l’asile. Au lieu de cela, ils se retrouvent sous la dépendance de passeurs sans scrupules et traqués comme des criminels. 

Et nul besoin d’aller en Pologne pour constater que les dirigeants européens se moquent du sort des migrants.  Sammy Mahdi n’a-t-il pas dit, après la mort de 27 migrants qui se sont noyés en tentant de traverser la Manche, que si la carte d’identité existait au Royaume-Uni, le problème serait résolu ! 

Ces femmes et ces hommes sont ouvriers, secrétaires, techniciens, ingénieurs ou médecins. Et demain, certains parmi eux travailleront dans l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment, ils seront routiers, intérimaires dans l’agroalimentaire ou l’industrie. D’autres aideront à faire tourner les hôpitaux ou les écoles. Parmi leurs enfants, il y a peut-être de futurs footballeurs ou des champions d’échecs. À côté de ceux qui deviendront ainsi très connus, il y aura tous ceux qui travailleront avec nous. Ces femmes et ces hommes sont des nôtres. Il faut qu’ils sachent qu’ils sont bienvenus dans le camp des travailleurs.

Il y a déjà eu trop de morts, trop de naufrages et de drames. Il faut la liberté de circulation et d’installation pour les migrants. Il faut l’ouverture des frontières. Pour les riches étrangers, fussent-ils des requins de la finance, les portes sont grand ouvertes ; pour des travailleurs qui ne demandent qu’à être utiles à la société, elles sont fermées.

Certains parmi les travailleurs sont inquiets parce qu’il y a déjà beaucoup de chômeurs. Mais le chômage, la précarité et les bas salaires ne dépendent pas des migrants. Ils dépendent du rapport de force avec le patronat et des luttes que le monde du travail est capable de mener contre les licencieurs et tous ces groupes capitalistes rapaces.

La bourgeoisie et ses politiciens opposent les salariés aux chômeurs, les intérimaires aux CDI et les Belges aux immigrés, pour dominer et s’enrichir sur le dos de tous. Face à eux, les travailleurs doivent faire bloc pour se défendre.

L’Europe est devenue une forteresse. La crise et les politiques antiouvrières menées par tous les gouvernements, de gauche ou de droite, y ont fait prospérer les partis nationalistes et les idées racistes.  Il n’est même pas nécessaire qu’il existe un parti d’extrême droite. En Belgique, il y a bien un Sammy Madhi, ministre d’un parti catholique, pour refuser des papiers à des grévistes de la faim.  

Si nous n’y prenons garde, la barbarie du monde, la xénophobie et les guerres nous emporteront. Le nationalisme, la méfiance généralisée nous ont déjà rattrapés. Les travailleurs conscients doivent prendre le contrepied de cette évolution délétère.Le capitalisme brasse les travailleurs du monde entier. Nous pouvons en faire une force à condition d’être conscients d’appartenir à un même camp, le camp des travailleurs, dont l’intérêt est de révolutionner la société de fond en comble

Le sommet des promesses non tenues

La 26ème grand-messe pour le climat a démarré le 31 octobre à Glasgow. Comme toujours, les chefs d’État vont promettre et jurer, main sur le cœur et larme à l’œil, qu’ils feront mieux demain. La réalité est qu’ils nous conduisent à la catastrophe.
En 2015, lors de la COP21 à Paris, ils avaient recon-nu la nécessité de contenir le réchauffement pour limiter l’augmentation de la température à 1,5° C. Mis à part la Gambie, aucun État n’a tenu ses engagements, la Bel-gique pas plus que les autres.
Cela fait près de 30 ans que les chefs d’État se réunis-sent dans l’objectif de lutter contre le réchauffement climatique et 30 ans que les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter. Même les promesses financières destinées à aider les pays du Sud à faire face au changement climatique n’ont pas été tenues, alors que des centaines de milliards sont engloutis dans la spéculation et les grandes fortunes !
Les commentateurs appellent à « passer des paroles aux actes ». « Nous partageons la planète, alors il faut plus de coopération internationale », entend-on aussi. C’est vrai, mais les tensions entre les USA et la Chine, ou entre l’Angleterre et la France nous rappellent que tous les gouvernements placent les intérêts de leurs industriels, la course aux profits et la guerre commer-ciale au-dessus de tout. Ils les placent au-dessus des salaires, des droits et des conditions de vie des travail-leurs. Et ils les font passer avant les considérations climatiques.
C’est ainsi qu’en Belgique, le glyphosate est toujours autorisé pour les entreprises ; que, depuis des années l’offre de trains va en diminuant, au profit du transport routier et des marchands de pétrole. Les tergiversations autour de la sortie du nucléaire, prétendument justifiées par la « sécurité énergétique », ont surtout été guidées par la protection des profits d’Engie. Et ce n’est pas fini quand on voit les récentes déclarations du MR ou de la N-VA.
Quand on voit que la Belgique est incapable d’arriver en ordre de marche à la COP26 parce que les régions se disputent sur le partage des coûts de la politique en-vironnementale, il y a de quoi douter sérieusement de la volonté des dirigeants politiques de faire quoi que ce soit tant. Pour eux, le moindre contrôle sur les déci-sions des capitalistes paraît être un sacrilège.
Autrement dit, il faudrait accepter les décisions prises dans le secret des conseils d’administration des grands groupes capitalistes qui sont les principaux pollueurs, quand bien même elles sont nuisibles pour les hommes et la planète !
Tant que les intérêts du grand patronat s’imposeront, c’est sur la population et sur les travailleurs que pèse-ront les sacrifices. Du matin au soir, on nous dit que « chacun est responsable » et que l’on consommerait mal et trop. Cela revient à dédouaner les responsables qui nous dirigent. Et c’est surtout une façon de nous faire payer la crise climatique avec des mesures aussi injustes que l’interdiction de rouler pour les voitures Euro 3 à Bruxelles ou l’obligation d’acheter un véhi-cule électrique en Flandre à partir de 2027. L’environnement y gagne beaucoup moins que les fa-bricants automobiles !
Si l’on veut être responsable, il faut remettre en cause l’organisation capitaliste de l’économie. Toute politique écologique se heurte à la folie de ce système et à la spé-culation. Un exemple en est qu’avec la flambée actuelle du prix du gaz, le charbon devient plus compétitif pour produire de l’électricité. Les grandes puissances, qui reprochent à la Chine d’ouvrir de nouvelles centrales au charbon, sont elles-mêmes en train de relancer son ex-ploitation. Cette année, sa part dans la production euro-péenne d’électricité a bondi de 14% à 19%.
Alors que le MR propose la prolongation des vieilles centrales nucléaires, nous ne pouvons leur faire con-fiance sur la maîtrise de ce genre de production, elle aussi soumise aux lois de la rentabilité plus qu’à celles de la sécurité.
On ne sauvera pas la planète sans arrêter la course au profit et sans en finir avec ce système basé sur la pro-priété privée des grands moyens de production, sur la concurrence et le marché, sources d’anarchie et de gas-pillage incroyable.
Cette lutte correspond aux intérêts de tous les travail-leurs qui sont les premières victimes de ce système. La crise climatique et la nécessité d’y répondre ne peuvent que nous conforter dans la perspective d’exproprier les grands groupes capitalistes pour les gérer collective-ment et planifier l’économie à l’échelle planétaire. C’est le seul moyen de satisfaire les besoins présents et fu-turs de l’humanité.

Les prix augmentent ? Il faut augmenter les salaires !

La Commission de régulation de l’électricité et du gaz (Creg) a calculé que les ménages qui avaient des contrats d’énergie variables risquaient de voir leur facture de gaz et d’électricité augmenter de plus de 700 euros par an. Les prix de l’essence et du diesel ont aussi fortement augmenté, ce qui pourrait se traduire par des dizaines d’euros de surcoût par mois pour ceux qui sont obligés de prendre leur voiture pour aller au travail.

Et pourquoi ? Par le miracle des « lois du marché » qui permettent à quelques spéculateurs de profiter de la moindre pénurie pour se gaver. L’an dernier, c’était sur les masques, cet été sur le blé, aujourd’hui sur le pétrole et le gaz. Et demain ? Rien n’échappe à leur soif de profits, quitte à affamer des populations.

C’est inacceptable. Pour tous ceux qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts, c’est-à-dire la majorité des travailleurs, chômeurs et pensionnés, cela va se traduire par une dégradation de leur qualité de vie. Sur quoi vont-ils devoir encore rogner pour s’en sortir ? Les soins de santé ? La nourriture ? Le chauffage ?

Ces augmentations arrivent alors que beaucoup ont souffert financièrement pendant la crise du Covid, en particulier tous ceux qui ont dû subir du chômage économique, complet ou partiel. Quand on touche 65% de son salaire, on doit quand même payer 100% de son loyer !

Elles arrivent aussi juste après que les accords interprofessionnels ont acté le quasi-blocage des salaires. Pas besoin de savants calculs pour se rendre compte que l’index ne reflète pas qu’en réalité le pouvoir d’achat diminue année après année. Ce ne sont pas les malheureux 0,4% négociés en juin dernier qui vont y changer quelque chose.

De nouvelles augmentations, plus générales, s’annoncent. En effet, le tarif des transports maritimes a augmenté de 500% en un an. Or, 80% des marchandises importées sont transportées par bateau. On imagine bien que les distributeurs vont tenter de reporter ces augmentations sur les prix au détail.

Voilà à quoi ressemble dans les faits la « reprise économique » que les politiciens comme les médias faisaient miroiter aux yeux des travailleurs, comme un espoir après la crise du Covid. Ce qu’on voit pour l’instant, c’est la reprise de la vie chère. 

La crise liée au Covid a surtout touché économiquement les couches populaires ; les patrons qui ont subi des restrictions ont reçu des aides et la plupart des actionnaires des grandes entreprises se sont enrichis, en particulier dans les secteurs de la distribution, du transport et, évidemment, de la pharmacie. La reprise, si les travailleurs se laissent faire, n’en sera une que pour les profits patronaux.

Pire encore, toutes les aides versées au patronat, toutes les réductions de charges et même les allocations de chômage versées aux travailleurs pendant la crise, ont été ponctionnées sur le budget l’État et ont aggravé le déficit public. Dans le monde où nous vivons, rien n’est gratuit et, à un moment donné, l’État va devoir rembourser. Et à ce moment-là, qui va payer ? Les travailleurs ou le patronat ?

Eh bien justement, le gouvernement vient d’établir le budget pour l’année prochaine et sa réponse est claire : il n’a pas l’intention de faire payer les riches. 

Alors que la crise a montré l’insuffisance des services publics de santé, le gouvernement a décrété une économie linéaire sur tous les services publics.

Alors que les travailleurs font face à l’augmentation du prix de l’énergie, De Croo et ses acolytes proposent un chèque de 80€ pour les ménages les plus pauvres. C’est insuffisant mais surtout, au lieu d’exiger que les prix baissent, le gouvernement va payer les profits des producteurs d’énergie avec de l’argent public. Encore un cadeau pour les patrons, avec de l’argent public, et c’est aux travailleurs qu’on demandera demain de rembourser ! 

Cette société capitaliste est organisée pour exploiter les travailleurs à tous les niveaux : dans les entreprises, ils produisent les richesses, dans les magasins ils subissent la spéculation sur les prix, leurs pensions font faire des bénéfices aux assurances et l’argent public de leurs impôts est dilapidé dans des cadeaux fiscaux au patronat tandis que les services publics auxquels les impôts devraient servir sont réduits année après année.Toute l’année les travailleurs s’épuisent au travail mais ils doivent quand même faire face avec angoisse aux fins de mois ingérables. Tout ça pour que les riches continuent à s’enrichir. A un moment donné, ça suffit, il faudra mettre ce système pourri à bas.

Le communisme est l’avenir de l’humanité

Le 21ème siècle vient à peine de commencer et il a déjà connu plusieurs crises économiques majeures. La crise des subprimes de 2008 a vu l’avidité de profit des grands groupes financiers mener l’économie à la faillite et appauvrir des populations entières, y compris en Europe. Des milliards d’euros d’argent public ont été engloutis pour renflouer ces grands groupes financiers.

La crise liée au Covid, dont on ne connaît pas encore toutes les répercussions, a fait des millions de morts et privé de leur travail bien plus de monde encore.  

Il y a deux siècles, lorsque le capitalisme a entamé son développement mondial, il représentait un progrès par rapport à l’Ancien Régime. Mais aujourd’hui, même entre deux crises, même dans ses périodes d’expansion, le capitalisme est incapable de satisfaire les besoins de l’humanité. Au contraire, il continue à accumuler les richesses à un pôle en développant la misère à l’autre. 

L’humanité le paie par les guerres innombrables menées par les grandes puissances pour maintenir leur contrôle sur le monde. Des populations entières fuient la misère des pays dévastés et la violence. 

Au nom de la religion, les femmes sont enfermées par les Talibans, interdites d’avorter par l’église catholique et des évangélistes comme en Pologne ou au Texas. Les nationalismes encouragés par des politiciens d’extrême-droite montent les populations les unes contre les autres à un niveau jamais atteint dans l’histoire.

Le capitalisme est également bien incapable d’une gestion rationnelle des ressources de la planète car ce qui domine aujourd’hui l’économie, c’est la recherche du profit : les capitalistes investissent dans des entreprises susceptibles de leur rapporter les plus gros bénéfices possibles. Peu leur importe qu’il s’agisse de nourriture, de médicaments, d’armes ou de produits toxiques, pourvu que ça se vende. Peu leur importe que la terre se réchauffe, que la faune et la flore disparaissent et que la hausse du niveau des mers provoque l’exil de populations entières.

Le fait même que la société soit aussi désarmée devant des catastrophes issues de sa propre activité est la pire condamnation du capitalisme.

La science, l’industrie et l’agriculture ont pourtant atteint un degré de développement qui permettrait de résoudre tous les problèmes matériels de l’humanité. Mais cette richesse économique, propriété privée d’une petite minorité de magnats de la finance, n’est pas mise au service de la collectivité bien qu’elle soit le fruit du travail collectif de plusieurs générations.

Puisque l’économie capitaliste porte en elle-même la misère, les guerres, le sous-développement et les crises, alors la seule façon d’y mettre fin, c’est de mettre fin au capitalisme lui-même. Ce n’est qu’en mettant la richesse accumulée au service de tous que l’avenir matériel de l’humanité sera assuré. Pour cela il faudra une révolution sociale.

La société actuelle repose sur l’opposition de deux classes sociales ; les capitalistes et les prolétaires. Les capitalistes, ce sont les quelques milliers de familles qui, propriétaires des capitaux qui font tourner les industries, en disposent à leur gré et décident ainsi du sort de l’ensemble des êtres humains.

Les prolétaires, ce sont les femmes et les hommes qui, quotidiennement, font fonctionner la société, construisent routes, bâtiments et ordinateurs, transportent ces marchandises d’un coin à l’autre de la planète, etc. Ils forment l’immense majorité de la population et, pourtant, ce sont eux qui subissent la loi de la minorité capitaliste. Ils créent toutes les richesses et pourtant ils vivent dans la pauvreté, voire la misère.

Mais du fait de leur nombre et de leur rôle central, ce sont aussi les seuls à pouvoir arrêter la machine capitaliste dans sa course à la catastrophe économique, humaine et écologique. 

De la même façon que pour aboutir à la société actuelle, l’humanité a dû traverser des étapes plus barbares encore, la société capitaliste elle-même ne représente qu’une étape sur le chemin de l’avenir.

C’est cet idéal, socialiste et communiste, que le Parti Socialiste et le Parti Communiste avaient défendu, il y a plusieurs décennies, avant de renoncer à ces idées. Aujourd’hui, un tel parti manque, un parti qui défende cet avenir-là, un parti qui défende les intérêts politiques des exploités. Recréer un tel parti est l’objectif des militants de La Lutte ; c’est à ça que servent ce bulletin et notre journal. Ce que nous proposons, c’est que les travailleurs s’organisent pour construire une force politique capable de conduire l’humanité vers un autre avenir.

Les augmentations ne se gagnent pas sur le papier mais dans la rue

La FGTB appelle à une manifestation nationale ce vendredi 24 septembre contre la loi sur la marge salariale.

Cette loi, votée en 1996, vise à limiter les augmentations de salaires en Belgique en les alignant sur les salaires des pays voisins. Depuis lors, chaque année, l’augmentation des salaires que peuvent demander les salariés est limitée par la loi. Ce système a été mis en place sous le gouvernement Dehaene 2 auquel participait le PS. La loi a été durcie en 2017 par le gouvernement Michel et la norme salariale est devenue impérative alors qu’elle était auparavant indicative.

Ces lois sont toujours présentées comme devant servir à protéger l’emploi. C’est grotesque car cela veut dire que si les travailleurs ne trouvent pas d’emploi, c’est parce qu’ils demandent des salaires trop élevés et qu’il est donc logique que les patrons cherchent ailleurs des salariés qui leur coûteront moins cher. Toute la logique de ces lois injustes est que les travailleurs peuvent bien limiter leur salaire alors qu’il est inimaginable de demander aux patrons de limiter leurs profits.

La même chose est vraie pour les pensions : les travailleurs peuvent bien accepter de travailler deux ans de plus, mais jamais un gouvernement ne demandera au patronat de cotiser plus, parce que tous les efforts de tous les gouvernements vont justement dans le sens de réduire les cotisations patronales.

Ce que la loi sur les salaires de 1996 a de particulier, c’est d’ériger en règle de base le principe de la concurrence entre les travailleurs des différents pays. Il n’était évidemment pas nouveau que les patrons utilisent les différences de salaires entre pays pour mettre les travailleurs en concurrence, mais la loi en a fait la règle : pour sauver leur emploi, les travailleurs d’un pays doivent être moins chers que ceux des pays voisins.

Même si la FGTB est seule à appeler à la manifestation du 24 septembre, les autres syndicats demandent eux aussi une modification de la loi. Mais leurs demandes à tous se limitent essentiellement à revenir à avant 2017, quand la marge de négociation était plus souple, et à changer les règles de calcul. La CSC souhaite, une « discussion honnête » pour fixer la norme. La FGTB, comme la CGSLB, voudraient intégrer d’autres éléments dans le calcul. Aucun des trois ne remet en cause le principe même d’une norme salariale, tous acceptent le principe que les travailleurs doivent se plier à la concurrence voulue par le patronat. Alors que les syndicats prétendent unir tous les travailleurs et mettre en avant la solidarité de tous, ils trouvent normal que les travailleurs belges doivent coûter moins cher que leurs voisins. Certes, aucun syndicat ne le dit aussi crûment, mais quand ils avancent comme argument que les travailleurs sont plus productifs en Belgique qu’en France ou en Allemagne pour justifier un assouplissement de la norme, cela veut bien dire qu’ils rentrent dans le jeu de la concurrence capitaliste.

Alors, oui, il faut participer à cette manifestation, il faut nous mobiliser contre cette loi qui maintient des millions de travailleurs la tête sous l’eau. Mais pas pour la remplacer par une version adoucie qui redonne simplement l’illusion que les syndicats vont pouvoir obtenir quelque chose de la part du patronat simplement parce que la loi a changé. 

Il n’y a pas de « discussion honnête » possible avec le patronat car son seul objectif est la maximisation des profits. C’est à ce niveau que se place la concurrence entre les entreprises, à celle qui en fera le plus, sous peine d’être exclue du marché des capitaux. Cette concurrence capitaliste élimine toute possibilité d’un équilibre entre patronat et travailleurs. Cela supposerait qu’il existe un niveau de profit « raisonnable » qui mettrait tout le monde d’accord. C’est une illusion.

Donc, même si la loi changeait comme le demandent les syndicats, ça ne voudra certainement pas dire que les salaires vont augmenter ! Loi ou pas, le patronat cherchera encore et toujours à raboter les salaires, éviter les taxes, réduire ses cotisations sociales, etc. Contrairement à ce que laissent entendre les syndicats, ce ne sont pas les lois qui font la force du patronat, mais à l’inverse, c’est la faiblesse du monde du travail qui permet au gouvernement de graver les dictats patronaux dans la loi. 

Pour que cela change, il faudra nous imposer au patronat, par des grèves et des mobilisations. Les augmentations ne se gagnent pas sur le papier mais dans la rue.