Archives pour la catégorie Edito

Coronavirus : prouesses scientifiques et absurdités sociales

Le 13 février, le nouveau coronavirus avait touché plus de 60 000 personnes, pratiquement toutes en Chine, et tué plus de 1 300 d’entre elles.
Les équipes de recherche ont vite progressé dans la connaissance de ce nouveau virus. Même s’il reste encore de nombreux points d’interrogation, notamment sur la propagation de l’épidémie, l’ampleur et la vitesse de sa progression et même si on ne dispose toujours pas de traitement efficace ni de vaccin. Pour l’instant, il est impossible de prévoir l’ampleur de l’épidémie et le nombre de morts qui seront imputables à ce nouveau virus, mais il est certain qu’on est loin des 300 000 et 650 000 morts causés chaque année dans le monde par la grippe saisonnière.
Les craintes et les angoisses laissent le champ libre à toutes les inepties, dont celles qui attri-buent le risque de contamination à la couleur de la peau et la forme des yeux, voire, comme on a pu l’entendre, au riz cantonais ! En revanche, s’il y a bien une crainte à avoir c’est à l’égard du délabrement du système hospitalier et, dans bien des pays pauvres, de son inexistence.
En Belgique, les politiques de coupes budgétaires dans les soins de santé ont réduit la capacité des hôpitaux à répondre à des situations de crises. Le manque de personnel infirmier et la pénu-rie de médecins engendrée par le numérus clausus font que le temps d’attente moyen aux ur-gences dépasse les trois heures. En y ajoutant les économies sur les médicaments et les 10% d’infirmiers en burnout, les hôpitaux fonctionnent déjà mal, alors que se passerait-il en cas d’épidémie ?
Cela n’empêche pas Maggie de Block de prétendre que tout est sous contrôle ! Or, en tant que Ministre de la santé du gouvernement Michel, elle a divisé par trois la croissance des soins de santé. Elle a dû le reconnaître elle-même : si jusqu’à présent il y a eu si peu de cas en Belgique, c’est pour l’instant juste une question de chance. C’est la même situation qui prévaut dans les autres pays « riches » comme la France ou l’Allemagne, où les contraintes budgétaires ont car-rément causé la faillite et la fermeture de nombreux hôpitaux. Ailleurs, c’est pire.
Dans ces conditions, une véritable augmentation du nombre de malades pourrait conduire de-main à une catastrophe sanitaire. Mais ce n’est pas le virus qui en serait la seule cause !
Les six semaines qui se sont écoulées depuis que les premiers cas ont été signalés à Wuhan ont été le théâtre de véritables prouesses techniques et scientifiques. Elles montrent combien la société d’aujourd’hui a de moyens pour combattre une épidémie. La Chine a été capable de construire en dix jours deux hôpitaux ultramodernes capables d’héberger 2 300 malades.
Mais dans le même temps, les journaux et tous les médias font état d’une autre fièvre, écono-mique celle-là, que le coronavirus pourrait entraîner. La mise en quarantaine d’une province chinoise peuplée de soixante millions de personnes, les routes coupées, le trafic aérien ralenti voire stoppé, les usines fermées, l’activité industrielle en baisse ont fait baisser la demande de pétrole et fait chuter de plus de 10 % les cours mondiaux du baril. Et les commentateurs de s’inquiéter des répercussions à plus long terme sur l’économie chinoise et sur l’économie de toute la planète.
En Chine, Volkswagen, Ford, Honda, Toyota, Nissan, PSA ont dû fermer leurs usines au moins pour quelques jours. En Corée du Sud ou au Japon, des usines de montage automobile sont à l’arrêt, faute de composants et de pièces détachées produites par les usines chinoises. En Italie, Fiat-Chrysler menace de fermer une de ses unités de production victime de la production à flux tendu.
Un simple virus, un être à peine vivant et de taille microscopique, pourrait donc menacer l’économie de toute la planète Terre ? La question n’est évidemment pas le virus mais la fragilité de cette économie et l’absurdité de son organisation.
L’humanité a connu bien d’autres épidémies, et des pires. Au stade actuel des connaissances, il ne devrait pas y avoir de problème à prendre le temps nécessaire au contrôle de l’épidémie, quitte à arrêter quelques usines et à produire les voitures plus tard, sans que cela entraîne une catastrophe économique. Mais dans cette société malade, cela ne peut se faire sans spéculations et crises.
Si l’on est capable aujourd’hui d’investir toutes les intelligences dans la découverte des moyens nécessaires aux traitements, il reste encore beaucoup à faire pour débarrasser la société de ces préoccupations d’un autre âge : celles des Bourses et des marchés.

Le capitalisme, c’est l’insécurité sociale

La FGTB organise ce mardi 28 janvier une manifestation nationale pour défendre la Sécurité sociale.
La Sécurité sociale, on le sait, paie les pensions, les soins de santé, les accidents du travail, les allocations familiales et les allocations de chômage. Elle est financée à 75% par les salaires des travailleurs, sous la forme de charges sociales retenues à la source. Les 25% restants viennent des impôts, des taxes sur le tabac et un peu de la TVA. Donc, d’une manière ou d’une autre, ce sont les travailleurs qui paient. Cela est également vrai pour les charges dites « patronales » puisqu’elles sont elles aussi un prélèvement sur les salaires, même si elles ne figurent pas sur les fiches de paie. La Sécurité sociale, comme tout ce qui est payé par les impôts constitue notre « salaire indirect ».
Depuis que la Sécurité sociale existe, le patronat ne cesse de réclamer des réductions des charges patronales. Cela leur permet de payer moins de salaire sans que cela ne se voie sur les fiches de salaire des travailleurs. Ils se moquent bien qu’il n’y ait ensuite plus assez d’argent dans les caisses de la sécu car, eux, ils ont les moyens de se payer des hôpitaux privés et n’ont pas besoin de pension car ils comptent bien encaisser toute leur vie le bénéfice du travail des salariés.
Mais pour le reste de la population, les coûts restent les mêmes : il faut toujours payer les pensions, les soins, les allocations. Le résultat, c’est ce déficit de la sécurité sociale qui est régulièrement agité comme un épouvantail. Rendez-vous compte : 6 milliards de déficit d’ici 2024 ! Cela paraît énorme mais ça ne fait jamais que 8% de son budget de 76 milliards et ce n’est rien devant les mille milliards d’euros de chiffre d’affaire des entreprises belges. Simplement, les partis de gouvernement sont au service de la bourgeoisie et ne veulent pas faire payer le patronat. Alors ils agitent des chiffres catastrophiques et essaient de trouver un moyen de faire payer le déficit par les travailleurs.
Ils n’ont que deux options : réduire les coûts ou augmenter la charge sur les travailleurs – ou les deux à la fois. C’est ce qu’a fait le gouvernement Michel avec le report de l’âge de la pension à 67 ans : chaque travailleur va cotiser plus longtemps et touchera sa pension moins longtemps. Le compte n’est pas bon : nous paierons plus pour toucher moins. C’est aussi ce qu’a fait la Ministre De Block : alors que la population augmente, le budget des hôpitaux a été réduit de 200 millions d’euros. Cela se traduit par un manque dramatique de personnel dans les hôpitaux, el flicage des accidentés du travail, etc. Quant à la diminution du remboursement des antibiotiques, elle coûte 40 millions de plus par an aux malades.
Pour les pensions, on accuse le « vieillissement de la population », pour les antibiotiques on accuse les malades de surconsommer. En réalité, le problème n’est pas là, mais uniquement dans le fait que les charges patronales sont réduites sans cesse.
Récemment, la Banque nationale a publié son rapport, dans lequel elle a dû admettre que ces politiques de réduction des charges n’ont jamais créé un seul emploi : les patrons empochent les réductions et n’embauchent pas. Au contraire, ils licencient !
Contrairement à ce que les trois syndicats affirment, la sécurité sociale n’est pas un acquis des travailleurs, il n’y a jamais eu de lutte pour l’obtenir. C’est l’État qui a pris cela en charge après la deuxième guerre mondiale dans le contexte du « pacte social » négocié entre le patronat et les syndicats. A l’époque, le patronat craignait que la fin de la guerre donne lieu à des troubles sociaux. Il souhaitait donc garantir une forme de stabilité. C’est pour cela que l’État a été chargé de centraliser les assurances et mutuelles qui existaient déjà, et de généraliser le système aux travailleurs qui n’en bénéficiaient pas encore.
Il n’y eut ni lutte, ni conquête. La Sécurité sociale fut, pour la bourgeoisie, le prix à payer pour la paix sociale, c’est-à-dire pour que l’économie soit reconstruite, redémarre, en faisant travailler la classe ouvrière au moindre coût. La Sécurité sociale était, comme les assurances sociales de l’époque, financée par des prélèvements sur les salaires, pas sur les profits.
Depuis, l’État pille petit à petit la sécu au bénéfice des patrons et ce sont les travailleurs qui en paient le bilan catastrophique. Alors, oui, il est important de lutter contre ce pillage et de défendre la Sécurité sociale car ce sont les salaires que nous défendons ainsi.
Mais pour lutter contre l’insécurité sociale que fabrique chaque jour le système capitaliste, il faudra le renverser.

Vivent les luttes de 2020 !

L’année 2019 a vu un approfondissement de la crise générale de l’économie capitaliste. On le voit à la manière dont les marchés financiers s’affolent à chaque tweet de Trump, on le voit dans la guerre commerciale sur les tarifs douaniers entre les États-Unis et la Chine : des escalades verbales qui tiennent plus du bluff que de la réalité tellement les deux économies sont imbriquées, mais qui sont révélatrices de la tension qui règne sur les marchés. Les responsables des institutions économiques, du FMI à l’OCDE, tirent la sonnette d’alarme à propos de la croissance en berne. Malgré les prêts à 0%, malgré le blocage des salaires et les réductions d’impôts, les entreprises n’investissent pas. Elles empochent ces cadeaux et placent l’argent à court terme dans les circuits financiers.
Pour l’instant la crise prend la forme d’un ralentissement structurel sur la durée mais il suffirait de peu de choses pour qu’elle explose comme en 2008. Les gouvernements tentent de protéger les capitalistes de la crise qu’ils ont créée, par des mesures protectionnistes, peut-être par des investissements publics pour compenser le manque d’investissements privés, certainement en continuant à faire peser le poids de la crise sur les classes populaires, qui subissent déjà le chômage, la précarité et les bas salaires depuis des années. Le profit vient uniquement de l’exploitation des millions de salariés qui font tourner les usines, transportent les marchandises, etc. Les opérations financières ne créent pas de profit, elles ne font que le répartir entre les capitalistes. Le seul moyen de maintenir les profits est donc d’aggraver l’exploitation des classes populaires.
La seule force capable de freiner cette tendance, c’est la force collective de la classe ouvrière.
On l’a vu en 2019, ce ne sont pas les luttes qui ont manqué, preuve que le mécontentement est général et peut se transformer en action, même dans les conditions les plus dures.
Il a fallu du courage et de la combattivité aux Indonésiens, aux Haïtiens, aux Irakiens ou aux Libanais pour affronter la répression policière et exprimer leur colère face à la corruption des élites. Au Soudan, la population mobilisée a réussi à faire tomber la dictature sanguinaire d’Omar Al-Bechir. Au Chili la population est mobilisée contre le coût de la vie, à Hong-Kong elle l’est pour défendre la démocratie. Aux États-Unis, les travailleurs de General Motors ont mené la plus longue grève depuis 40 ans pour défendre leurs salaires et leurs retraites. En France, on a vu le mouvement des gilets jaunes puis la grève et les manifestations pour défendre les retraites, qui durent depuis un mois. En Algérie aussi les travailleurs restent mobilisés pour leur 45ème vendredi de mobilisation contre le gouvernement !
Dans un autre registre, on a vu la jeunesse se mobiliser dans tous les pays pour la défense de la planète et exiger des actions contre le réchauffement climatique.
Donc, non, à l’échelle du monde, ce n’est pas la combativité qui manque !
L’aspiration à un changement de régime ou à une autre politique sont parfaitement compréhensibles et légitimes. Le problème ne se limite cependant pas à savoir qui va remplacer le dictateur déchu ou le politicien détrôné. Au pire, un autre dictateur prend le relais, comme en Égypte ; au mieux, c’est un régime plus parlementaire, comme en Tunisie, sans que les choses changent pour l’écrasante majorité des classes pauvres.
Il ne suffit pas de renverser un dictateur pour que cesse la dictature de l’argent, plus exactement du grand capital, sur la société. Les dictateurs sont comme les hommes politiques des pays qui se prétendent démocratiques : ils sont interchangeables.
La seule force capable de changer réellement et durablement les choses, c’est la force collective de la classe ouvrière. Pourtant, les victoires partielles et passées des travailleurs ont aussi montré que les luttes les plus puissantes ne peuvent que donner un répit, le temps que les bourgeois et leurs politiciens se réorganisent.
Le problème qui se pose à nous tous n’est pas tant de défendre les intérêts des travailleurs face au capitalisme, mais de le renverser. C’est cet objectif qui fait défaut aux mobilisations, pourtant impressionnantes des travailleurs du monde entier.
Si aujourd’hui les idées en vogue sont celles du repli national, régional ou communautaire, c’est à cause de l’absence de la classe ouvrière, du monde du travail, sur le plan politique. Quand les travailleurs sont conscients de leur force collective, ils se battent ensemble, toutes origines et toutes religions confondues, contre leur ennemi commun, le capital ; et cette force peut attirer à eux les autres couches de la société car elle est capable de renverser le capitalisme pour mettre en place un autre monde.
Pour y arriver, il faudra reconstruire un parti communiste qui organise les luttes dans cette perspective.
n

En France, un million de travailleurs disent Non à des retraites de misère

Depuis sa campagne présidentielle, Macron a promis de s’attaquer aux retraites des travailleurs des services publics. Macron avait dit tout et son contraire, qu’il « irait jusqu’au bout » mais il a eu la seule réponse qu’il méritait : l’entrée en lutte des travailleurs ! Ils étaient entre huit cent mille et un million cinq cent mille à manifester le jeudi 5 décembre, cheminots, enseignants, pompiers, ambulanciers, hospitaliers et de nombreux salariés du privé, tous ensemble pour dire tout le mal qu’ils pensaient de la réforme des retraites. Et déjà la suite se prépare : la grève continue dans les transports et une seconde manifestation a rassemblé huit cent mille travailleurs le 10 décembre.
Entre temps, les détails de la réforme ont été rendus publics par le Premier ministre, Édouard Philippe. Le système à points qu’il veut mettre en place, doublé d’un calcul de la pension sur toute la carrière, n’aura qu’une conséquence : les travailleurs pauvres deviendront des retraités pauvres.
Le gouvernement confirme surtout qu’il faudra travailler plus longtemps. Il prétend sans rire qu’il ne veut forcer personne… mais il veut introduire un malus en-dessous de 64 ans, ce qui obligera les salariés à choisir entre s’épuiser au travail – s’ils en ont encore un – ou tomber dans la misère avec une pension tronquée.
Quant au fait que la réforme ne s’appliquera qu’aux salariés nés après 1975, c’est une tentative de division abjecte. Les travailleurs qui refusent un recul pour eux-mêmes n’en veulent pas non plus pour leurs frères, leurs enfants ou leurs collègues plus jeunes.
Le gouvernement cherche aussi à diviser les travailleurs en présentant les cheminots comme des privilégiés, ou les conducteurs de bus de Paris comme des nantis par rapport à ceux de province. À ce jeu-là, nous sommes tous perdants parce que chacun trouvera toujours plus mal payé et plus exploité que lui.
Cette réforme des retraites est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. C’est la mesure de trop qui s’ajoute aux salaires bloqués, aux primes rognées, aux sous-effectifs et aux menaces de licenciement. Privé ou public, en France ou en Belgique, tous sont logés à la même enseigne ! Tous subissent les pressions au travail, les cadences infernales, les réorganisations incessantes et la politique du chiffre.
Ce qui se passe en France ne peut que rappeler ce qu’a fait le gouvernement Michel : repousser l’âge de la retraite à 67 ans et prolonger la période de cotisation, ce qui aura pour effet concret de réduire le montant des pensions car personne n’arrivera à remplir les critères exigés pour une pension complète. Tout cela, paraît-il pour « combler le déficit ».
Pourtant, l’argent pour les retraites, les salaires, les emplois et les services publics, il existe du côté des vrais privilégiés, parmi les banquiers amis de Macron en France, ou leurs compères en Belgique, parmi tous ceux qui ne se posent pas le problème de leur retraite ou de leurs fins de mois parce qu’ils sont richissimes, ce sont eux les vrais privilégiés que les gouvernements arrosent de cadeaux, qui creusent les déficits publics et qui exigent de plus en plus d’austérité pour les travailleurs.
La journée du 5 décembre donne une idée de l’immense force collective dont disposent les travailleurs.
Si le gouvernement a repoussé la date d’entrée en vigueur de sa réforme, c’est parce qu’il y a cette mobilisation et qu’il est sous la pression de ceux qui sont en grève reconductible. Macron et Philippe ne veulent pas d’un mouvement qui s’amplifie, alors que celui des gilets jaunes n’est pas encore terminé. Macron a déjà entrepris les grandes manœuvres de séduction vis-à-vis des syndicats pour les embrigader dans un « dialogue social » qui vise avant tout à démobiliser les travailleurs pendant des négociations de façade.
Là aussi les travailleurs de Belgique ont fait la même expérience : pendant que les syndicats discutaient, le mouvement s’est essoufflé. Ce qui fait peur au patronat et aux gouvernements à son service, ce sont les travailleurs mobilisés et en colère, pas les représentants syndicaux dans des salons feutrés. Ce n’est pas avec une manifestation par an, comme on l’a connu ces dernières années, que l’on fait reculer un gouvernement.
Mais si les grèves se multiplient et se renforcent, si de nouveaux manifestants battent le pavé, le gouvernement peut reculer comme l’a fait celui de Juppé en 1995. Ce sera non seulement une victoire pour les travailleurs de France, mais surtout un encouragement pour tous ceux qui vivent la même réalité dans toute l’Europe.

La violence contre les femmes : reflet de la barbarie de notre société

Ce dimanche 24 novembre, 10 000 personnes, hommes et femmes, ont manifesté à Bruxelles à l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes. Des manifestations similaires ont eu lieu dans la plupart des grandes villes des cinq continents.
Ces manifestations expriment un ras-le-bol légitime. Rien qu’en Belgique en 2019, trente-sept femmes ont été tuées par leur compagnon ou un proche. En France, ce nombre atteint les 131, soit une femme tuée tous les deux jours. Mais en proportion de la population, le problème est deux fois plus grave en Belgique.
Ce qui choque encore plus est que dans la plupart des cas, la police et la justice n’ont rien fait alors qu’elles étaient informées du comportement violent du mari.
En Belgique, 80% des plaintes des femmes pour violences conjugales sont classées sans suite, comme si les coups et violences étaient moins grave quand ils sont portés par le mari. On comprend dès lors que la plupart des femmes renoncent à porter plainte, y compris en cas de viol.
Comme s’il en fallait une preuve de plus, ce 27 novembre, trois jours à peine après cette manifestation, une trente-huitième femme a été tuée à coups de poings par son mari violent et alcoolique. Elle avait porté plainte mais il avait été remis en liberté sans que rien ne soit fait pour la protéger.
Le féminicide est le sommet de la violence masculine contre les femmes, mais cette violence commence par les comportements quotidiens, les sifflets, les sales blagues, les mains aux fesses, tout autant d’actes de violence quotidienne qui sont considérés comme « pas bien graves » par les hommes mais qui montrent aux femmes, depuis leur plus jeune âge, qu’elles n’ont pas leur place dans cette société masculine.
Toute la société renvoie les femmes à leur statut d’inférieures. Jusqu’en 1948, elles n’avaient pas le droit de vote en Belgique et ce n’est qu’en 1958 qu’elles ont enfin obtenu l’égalité devant la loi. Cette égalité en droits ne s’est toujours pas traduite dans la pratique économique : les femmes gagnent toujours moins que les hommes et elles ont moins accès aux postes de direction. Et même si ce n’est qu’une coïncidence liée au départ de Charles Michel, il aura fallu attendre 2019 pour qu’une femme soit Première ministre en Belgique.
Pour les communistes, l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas une revendication… car cette égalité est un fait. Car il n’y a aucune raison que les différences sexuelles et biologiques impliquent une inégalité sociale. Ces inégalités ne sont pas naturelles, elles n’existaient pas à l’origine de l’humanité et sont apparues tardivement, après la découverte de l’agriculture, l’apparition de la propriété privée et des sociétés d’exploitation, esclavagiste, féodale puis capitaliste.
Le développement du capitalisme a encore accru la domination et la détresse des femmes. Les crises économiques catastrophiques qui se succèdent depuis des dizaines d’années ont fait reculer le monde du travail, aggravé sa misère et sa précarité. Les femmes en ont subi les premières conséquences, ce sont les premières à devoir se contenter d’intérims, d’horaires coupés et de temps partiels.
Ces reculs ont favorisé jusqu’à présent les idéologies réactionnaires des Trump, Salvini et autres Vlaams Belang, qui en rajoutent une couche avec un discours ouvertement contre les droits des femmes. Ce n’est pas par hasard si la N-VA et le Belang se sont retrouvés la semaine dernière aux côtés du CD&V pour voter contre la dépénalisation de l’avortement : ces messieurs veulent contrôler le corps des femmes qu’ils jugent mineures et tout justes bonnes à faire la vaisselle et à porter leurs enfants.
Tout ce que proposent les partis c’est de mettre le féminicide dans le code pénal. Cela ne coûte rien et surtout cela ne sert à rien. Il serait bien plus utile de protéger les femmes en détresse plutôt que de condamner leurs maris une fois qu’elles sont mortes…
Mais même si le gouvernement mettait plus de moyens, cela ne suffirait pas à mettre un terme à la violence faite aux femmes car elle n’est qu’un des sous-produits barbares d’une société elle-même foncièrement barbare. L’injustice, la violence, la prostitution, l’exploitation de la précarité des plus pauvres – tout cela fait partie de l’ADN du système capitaliste. Toutes ces tares indignes de l’humanité, ne pourront disparaître qu’avec le renversement de ce système.

Le capitalisme promet la liberté mais il n’a que la misère à offrir

Voilà trente ans que le mur de Berlin est tombé. Ce « mur de la honte » coupait en deux Berlin Ouest et Est et matérialisait la division entre la République fédérale d’Allemagne, capitaliste, et la République démocratique allemande, qui appartenait au bloc soviétique. Il avait été érigé en 1961 pour empêcher le passage des berlinois de l’Est vers l’Ouest, attirés par les promesses du « paradis » capitaliste.
Durant l’été 1989, cent mille est-allemands avait fui à l’Ouest et les manifestations contre le régime de l’Est se multipliaient, contraignant le gouvernement de l’Est à autoriser le passage du mur à Berlin. Ce fut un immense moment de fraternisation entre les habitants des deux parties de la ville. Personne dans la foule ne songeait encore à réunifier les deux Allemagnes. Partout dans le monde la presse encensait la victoire de la « démocratie ».
Cependant, le gouvernement ouest-allemand d’Helmut Kohl y vit immédiatement l’opportunité de reprendre le contrôle de la partie est du pays. Début 1990, il décréta qu’un mark de l’Est vaudrait autant qu’un mark de l’Ouest. Les marchandises produites à l’Est devenaient du coup quatre fois plus chères à l’exportation et surtout hors de prix pour ses clients du bloc soviétique, qui en absorbaient habituellement 80%. Coupée de son marché, l’économie est-allemande ne pouvait que s’effondrer et tomber sous la coupe de l’ouest. En cinq ans, des régions entières ont été transformées en déserts économiques, toute l’industrie de l’est a été récupérée par les capitalistes ouest-allemands et 2,5 millions de travailleurs se sont retrouvés au chômage, dans un pays où cela n’existait auparavant pas.
Trente ans plus tard, l’est de l’Allemagne reste la zone la plus pauvre du pays. La précarité y sévit, le chômage y est plus haut et les salaires plus bas. L’unification a enrichi les riches occidentaux mais n’a tenu aucune promesse, ni démocratique, ni économique, vis-à-vis des travailleurs.
Certes, le régime de l’Est était une dictature. C’est ce qui a été mis en avant par tous les prétendus démocrates de la planète quand le mur est tombé. Mais au moins, chacun y avait droit à un logement, à un travail et à une pension. Les soins de santé et les études y étaient gratuits. Il y avait la queue dans les magasins et bien des marchandises occidentales y étaient introuvables. Mais la table était toujours garnie et il ne fallait pas envoyer cent lettres de motivation pour trouver un emploi.
En Allemagne de l’est, les services secrets, la Stasi, contrôlait les faits et gestes de tous les citoyens, étouffant toute contestation dans l’œuf. Mais est-ce que les pays occidentaux sont plus démocratiques ? Aux États-Unis, la NSA enregistre et surveille toutes les communications électroniques de la planète. La lutte contre le terrorisme a justifié dans tous les pays de nouvelles attaques contre la vie privée. Et on a pu mesurer cette année encore la violence que la police est prête à utiliser contre les manifestants.
Pour un mur qui est tombé en 1989, combien ont été érigés depuis : entre Israël et la Palestine, entre les USA et le Mexique et des barbelés tout autour de l’Europe !
Mais rien de tout cela n’empêche les politiciens bourgeois qui se partagent le pouvoir sans tenir aucun compte des besoins réels de la population de continuer à prétendre que le capitalisme est un modèle de démocratie.
Le fait que la RDA, comme les autres pays du bloc de l’Est, se parait des couleurs du communisme a certainement contribué à dégoûter bien des travailleurs de cet idéal. Bien que ces régimes n’aient rien à voir avec le communisme, les intellectuels, les politiciens et les journalistes bourgeois ne se sont pas gênés pour associer communisme et dictature. Ils ont ainsi pu faire passer la chute du mur pour la chute du communisme et démoraliser ainsi toute une génération de travailleurs qui ne voient plus vers qui ou quoi se tourner pour s’organiser et se défendre. C’est une des raisons qui explique le soutien qu’obtient aujourd’hui l’extrême droite parmi la classe ouvrière en Allemagne et dans toute l’Europe.
Chômage, pauvreté, recul des luttes, démoralisation des travailleurs et montée de l’extrême droite, la chute du mur a été une catastrophe pour la classe ouvrière.
Donc, non, la chute du mur de Berlin n’a pas ouvert une nouvelle ère de liberté ! Pour que ce mot ait une signification pour tous, il faudra que le monde du travail exproprie les grands bourgeois, les industriels et les banquiers pour prendre en main la direction de l’économie et la gérer démocratiquement en fonction des besoins de tous.

Pendant que les migrants meurent,
les bourgeois s’enrichissent…

Le 24 octobre dernier, les corps de 39 migrants morts ont été retrouvés dans un camion frigorifique en Angleterre. Il semblerait qu’il s’agit de familles originaires de Chine ou du Vietnam qui auraient payé des dizaines de milliers d’euros à des passeurs pour rejoindre le Royaume Uni mais qui ont fini morts de froid ou asphyxiés. L’ensemble de la classe politique anglaise a exprimé ses condoléances et condamné les passeurs et les trafiquants d’êtres humains.
Ces passeurs sont certainement des criminels mais la compassion des politiciens à l’égard des victimes est hypocrite car si les familles pauvres d’Asie, d’Afrique ou du Moyen Orient en sont réduites à devoir se cacher dans des camions pour passer les frontières, c’est bien parce que ces mêmes politiciens ont mis en place des barrières quasiment infranchissables pour empêcher les migrations. Ce sont eux qui donnent les ordres pour que les migrants interceptés par la police soient renvoyés dans leur pays d’origine manu militari, y compris quand c’est un retour certain vers la guerre, la misère ou la mort.
Ces 39 migrants morts s’ajoutent à tous ceux qui se noient régulièrement dans la Manche, aux dizaines de milliers qui disparaissent chaque année en tentant de traverser la mer méditerranée, sans compter ceux dont on n’entend jamais parler. Ils viennent d’Irak ou de Syrie, en guerre depuis l’invasion par les USA et leurs alliés européens. Ils fuient l’Afghanistan des Talibans, qui ont été financés par les USA pour contrer l’influence russe dans la région. D’autres viennent d’Éthiopie ou de Somalie, des pays en proie à la sécheresse et surtout à des guerres civiles permanentes menées par des chefs de guerre financés et armés en sous-main par des groupes d’intérêts le plus souvent européens ou américains.
Les gouvernements des grandes puissances, en concurrence pour le contrôle des régions stratégiques, en particulier pétrolières, sont la cause de ces migrations du désespoir, mais elles laissent les populations pauvres en supporter les conséquences.
Toute l’Europe est devenue une forteresse au pied de laquelle elles viennent s’échouer, souvent reléguées dans des camps infâmes, sur l’île grecque de Lesbos ou alors en Turquie, payée par l’Europe pour la débarrasser de ces « indésirables ».
En Australie, les migrants sont parqués sur une île au large du continent dans des conditions inhumaines. Aux USA, Trump fait construire son mur pour soi-disant protéger la population américaine contre les « trafiquants de drogue mexicains ». Or, ceux qui fuient le Mexique et les autres pays d’Amérique latine sont le plus souvent des familles pauvres qui espèrent échapper à des régimes corrompus et trouver un emploi stable et un revenu dans l’économie la plus puissante du monde. Et si les pays d’Amérique latine sont pauvres, ce n’est pas à cause de la fatalité, mais de la domination écrasante des trusts américains.
La richesse des multimilliardaires des pays riches s’est construite sur la misère des peuples : ces gens-là ont besoin que les travailleurs soient pauvres, précaires ou déracinés, pour leur imposer leurs conditions de salaire et de travail et en tirer le plus de profit possible.
S’il y a du chômage, c’est parce que les grandes entreprises licencient pour faire baisser leur coûts. Si les salaires sont trop bas pour vivre, c’est parce que le patronat refuse de les augmenter pour maintenir ses profits. S’il n’y plus d’agent pour la sécurité sociale ou les services publics, c’est parce que les grandes fortunes ne paient pas leur quotepart d’impôts. S’il y a de l’insécurité, c’est parce que ce système crée toujours plus de pauvreté et la précarité.
Or les plus grands voleurs, ce sont encore et toujours les grands bourgeois. Que des familles entières vivent dans la précarité et l’angoisse toute leur vie leur importe peu et ils se moquent bien que des pauvres migrants meurent en essayant de rejoindre un eldorado illusoire. Pire encore, des politiciens comme Trump, Salvini ou, le petit Francken, cherchent ouvertement à monter les travailleurs les uns contre les autres, sur base de leur nationalité ou de leur religion.
La réponse à cette politique n’est certainement pas de dresser des murs, mais au contraire d’unir les luttes des travailleurs de toutes origines. Les patrons se moquent bien de la nationalité de ceux qu’ils exploitent et ils profitent de la faiblesse des uns pour exploiter plus les autres. Il est nécessaire que les travailleurs s’unissent pour lutter ensemble contre leur ennemi commun, le capitalisme.

Impérialisme et nationalisme relancent la guerre en Syrie

L’annonce par Trump du retrait des forces américaines du nord de la Syrie a donné le feu vert à une invasion par la Turquie de cette zone frontalière, essentiellement peuplée par des Kurdes. Alors que les combats avaient en grande partie cessé en Syrie, cette intervention ouvre un nouveau front, avec son lot de massacres et de misère pour les populations locales, forcées de fuir sous les bombardements des canons et des avions turcs. Cent mille réfugiés ont déjà dû s’enfuir. Une fois de plus, les calculs politiques des puissances impérialistes vont mettre la région à feu et à sang.
Les Kurdes sont répartis sur plusieurs pays, la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie. En Irak, ils disposent d’une certaine autonomie régionale mais dans les autres pays, ils sont privés de tous droits et opprimés. Pendant la guerre qui a opposé l’État syrien aux milices regroupées sous la bannière de l’organisation État Islamique (EI), les Kurdes de Syrie se sont engagés aux côtés de la coalition dirigée par les États-Unis et ont contribué à sa victoire. C’est ce qui leur a permis de prendre de fait le contrôle de la région autonome du Rojava, à majorité kurde et aujourd’hui attaquée par la Turquie.
Or, en même temps qu’ils s’appuyaient sur les milices kurdes syriennes contre l’EI, les États-Unis étaient alliés à la Turquie dont le président, Erdoğan, mène une politique corrompue qui ne bénéficie qu’à ses riches amis et qui est de plus en plus remise en cause par les travailleurs turcs. Depuis toujours, Erdoğan utilise l’arme du nationalisme afin de détourner l’attention de la population turque des problèmes économiques et pour tenter de la rassembler derrière son combat contre le « terrorisme kurde ».
Pour éviter un conflit entre ses alliés turcs et kurdes, les États-Unis avaient posté des soldats américains dans une zone tampon au nord de la Syrie. En retirant ces troupes, Trump a livré les Kurdes, soldats comme civils, à l’armée turque.
Pour les Kurdes, c’est une trahison et ce n’est pas la première. En 1991 déjà, lors de l’invasion du Koweït, les États-Unis avaient appelé les Irakiens à se soulever contre Saddam Hussein, mais quand les Kurdes l’ont fait, ils se sont retrouvés seuls et les dirigeants américains ont laissé Saddam les réprimer dans le sang.
Aujourd’hui, alors que la bataille contre l’EI semble gagnée, les États-Unis privilégient l’alliance avec la puissance économique et militaire de la Turquie. Cela pèse bien plus aux yeux de Trump que le droit des Kurdes à l’autodétermination.
En signe de protestation, certains pays européens ont décrété un embargo sur les exportations d’armes vers la Turquie. Une partie des politiciens américains, y compris dans le Parti républicain de Trump, ont poussé à des sanctions contre la Turquie. Évidemment, ce n’est ni pour des raisons humanitaires, ni pour les droits des Kurdes. Ce qui les gêne, c’est qu’en quittant la zone, Trump laisse le champ libre à la Russie et à la Syrie dans une zone stratégique du point de vue pétrolier. En outre, la folie nationaliste et meurtrière d’Erdoğan risque de remettre le feu aux poudres de façon incontrôlable, voire même de remettre l’EI en selle.
Néanmoins, les réactions des uns et des autres, y compris celle des Nations Unies, sont bien timides et se limitent le plus souvent à de grandes déclarations de principe ou à des demandes polies à Erdoğan pour « qu’il n’exagère pas ».
Ce qui détermine la politique des pays impérialistes, ce ne sont pas les valeurs morales, mais leurs intérêts économiques. Les guerres en Palestine, en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Bosnie ont toutes été le reflet de la concurrence des superpuissances – USA, Russie et Europe – pour le contrôle économique ou militaire de ces régions. Aucune d’entre elles n’a jamais hésité à allumer un incendie si cela pouvait ébranler le pouvoir de l’autre. Les peuples dans tout ça ne sont que des pions et les familles décimées, séparées, réfugiées, ne sont que des dommages collatéraux.
Ces Trump et ces Erdoğan de tous bords veulent jeter les peuples les uns contre les autres dans une guerre fratricide. Ce nationalisme est un poison pour les travailleurs, qui les détourne de leur ennemi commun, le capitalisme, car c’est au bout du compte lui qui engendre la misère et la guerre. C’est pourquoi Marx disait déjà il y a deux siècles : « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous ».

Les patrons doivent payer

Encore une fois, le déficit de la Sécurité sociale revient sur la table, et encore une fois le patronat veut le faire payer par les travailleurs.
Le débat a été relancé suite à la parution des dernières prévisions qui évaluent le « trou » à 3 milliards pour 2019 et jusqu’à six milliards dans les cinq années suivantes. On est loin des cris de victoire de Charles Michel qui prétendait avoir vaincu le dragon de l’endettement à force de sacrifices imposés aux travailleurs ! Les allocations ont été réduites, l’âge de la pension a été reporté à 67 ans et les salaires rabotés par les sauts d’index. Mais le déficit est toujours là…
Lors de la réunion entre la Ministre des affaires sociales, Maggie de Block, les patrons et les syndicats, ces derniers ont pointé du doigt, comme cause du déficit, les cadeaux fiscaux aux entreprises comme les flexi-jobs, les emplois étudiants ou le tax-shift qui ont réduit la contribution patronale au budget de la sécurité sociale. Évidemment, les patrons nient et la ministre temporise.
Mais si l’on replace ce chiffre dans son contexte, il prend une toute autre signification. La dette publique belge est de 460 milliards d’euros, dont 96% sont dus à des institutions financières belges ou internationales. Donc, premièrement le déficit de la sécu est une goutte d’eau et deuxièmement, la dette profite au patronat. Chaque année, le remboursement de cette dette lui rapporte 40 milliards d’euros, dont 10 milliards rien qu’en intérêts. Chaque travailleur rembourse donc avec ses impôts environ 7 000 euros par an.
Le montant du déficit de la Sécurité sociale n’est rien non plus quand on le compare à d’autres dépenses : le sauvetage des banques lors de la crise financière de 2008 a coûté 30 milliards. La fraude fiscale à grande échelle coûte 25 milliards par an. Pourtant, le nombre de fonctionnaires chargés de pourchasser les fraudeurs a été diminué par deux sous le gouvernement actuel. Les folies et les magouilles du système financier creusent dix fois plus le trou que les pensions, le chômage et les soins de santé de tous les travailleurs de Belgique !
Donc, non, le problème, ce n’est pas les pensions.
Le patronat refuse de parler de nouveaux impôts sous prétexte qu’il en paierait déjà plus qu’assez. C’est en tout cas ce qu’ils ont rappelé lors de cette réunion.
Or, le taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés a été divisé quasiment par deux depuis les années 1980. Il était de 48% à l’époque et il est maintenant officiellement de 25%. Les grosses entreprises, elles, s’arrangent même, grâce à des montages financiers complexes, pour ne payer que 3% de taxes. Chaque année, 250 milliards d’euros filent vers les paradis fiscaux, aux îles Caïmans ou autres Bermudes.
Donc, non, les patrons ne paient pas leur quote-part des dépenses publiques !
En réponse aux syndicats, les organisations patronales ont proposé un nouveau « pacte social » étalé sur 75 ans qui empêcherait la croissance des dépenses liées au vieillissement et réduirait les charges sur les entreprises. Non content de creuser le déficit public, le patronat voudrait encore une fois le faire payer par les travailleurs en reportant l’âge de la pension.
Que cela soit du pipeau, les patrons s’en moquent car de toute façon les gouvernements, de gauche comme de droite, répètent comme des perroquets que le travail coûte trop cher et que les travailleurs doivent se serrer la ceinture.
Mais en réalité, ce n’est pas le travail qui coûte trop cher. D’où vient l’argent qui sert à payer les salaires, les charges sociales et les pensions ? Exclusivement du travail ! Le bénéfice des capitalistes est lui aussi le produit de notre travail. C’est pour cela que nous, les communistes, nous disons que les capitalistes sont des parasites : ils ne créent rien mais ils profitent du fait que les entreprises leur appartiennent pour imposer leurs conditions à des travailleurs qui n’ont pas d’autre moyen de survivre que de se louer pour un salaire.
S’il n’y a pas assez d’argent pour les pensions, les hôpitaux ou les écoles, si les salaires sont trop bas, s’il n’y pas assez de personnel dans les entreprises, c’est exclusivement dû à l’appétit de profit des patrons qui en veulent toujours plus.
Nous savons tous que les gouvernements sont à leur service. Les seuls qui peuvent s’y opposer, ce sont les travailleurs eux-mêmes : ils sont les plus nombreux et ils sont au centre de toute l’économie. Ce qui leur manque, c’est un parti qui organise cette force et mène les luttes nécessaires pour faire payer le patronat.

Petits secrets entre copains

Les magouilles autour de Enodia, anciennement Publifin, font à nouveau la une des journaux. On se rappelle que l’an dernier un scandale avait éclaté autour de la rémunération d’administrateurs fantoches, censés représenter les communes membres de l’intercommunale mais qui ne participaient à aucune réunion… C’était une manière pour la direction de l’intercommunale liégeoise de s’acheter la complicité des politiciens et leur silence sur les salaires mirobolants des dirigeants, près de 900 000 euros pour le CEO Stéphane Moreau (ex-PS). Dans la foulée de ces révélations, une série de politiciens ont dû rendre l’argent, voire démissionner.
Ce grand déballage a permis de se rendre compte comment une simple intercommunale était devenue un véritable groupe capitaliste avec des montages financiers complexes et des filiales telles que Voo, BeTV, Les Éditions de l’Avenir, Win (Internet), Elicio (énergie), etc. La toile d’araignée de Publifin s’étendait jusqu’en France, en Serbie et même au Mali !
A l’époque, tout le monde voulait la tête de Moreau, en premier lieu ses propres complices qui espéraient en le sacrifiant pouvoir sauver le système… et eux-mêmes à l’occasion. Beaucoup de têtes sont tombées mais Moreau, exclu du PS, a gardé sa place dans Publifin.
Depuis lors, de nouvelles règles de « bonne gouvernance » sont censées mettre fin aux abus. Évidemment, aucun politicien n’a expliqué pourquoi ces règles n’existaient pas avant. En attendant, des individus bien placés ont ainsi pu se construire des fortunes en jouant aux grands patrons avec l’argent des communes.
Aujourd’hui, alors que l’affaire semblait calmée, un nouveau scandale défraie la chronique : Moreau, encore lui, aurait vendu Voo et Brutélé à un groupe financier américain, la filiale Win à son copain Fornieri et Elicio à la firme CMI en partenariat avec le même Fornieri. Le tout se serait fait dans le plus grand secret. Cerise sur le gâteau, Moreau aurait démissionné de Enodia pour devenir le patron de la société de Fornieri ! On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même…
En réalité, c’est bien la direction d’Enodia qui avait chargé Moreau de la revente. Ce qui a déclenché le scandale, c’est que trois mois après la signature des accords de vente, le conseil d’administration d’Enodia n’était pas au courant et l’a appris par des fuites dans la presse ! Les nouvelles règles de gouvernance étaient bafouées avant même d’être mises en application.
Le vrai problème n’est pas que ces messieurs-dames des conseils d’administration aient des secrets les uns pour les autres. D’ailleurs, une fois la température retombée, ils ont tous reconnu que le secret des affaires était tout de même sacro-saint.
C’est justement là que le bât blesse. Il n’est pas normal que l’argent des communes, qui est l’argent prélevé sur les salaires des travailleurs, serve à des investissements capitalistiques sans même que la population soit au courant.
L’affaire Publifin-Moreau n’est pas la première en son genre. Combien d’entreprises publiques ont été vendues pour un franc symbolique à des patrons bien connectés avec la classe politique ? Et combien d’entreprises privées en difficulté ont été « nationalisées » au prix fort pour sauver d’autres patrons avec de l’argent public. Il n’y a qu’à penser à Cockerill achetée cher en 1981 par la Région pour être revendue pour trois francs six sous à Arcelor. Des exemples comme celui-là, il y en a des centaines. Tenter de faire passer cette affaire pour un cas exceptionnel est une tentative de masquer à quel point la politique et les affaires sont liées à tous les niveaux. Les vrais maîtres du monde actuel sont les capitalistes, ils possèdent les entreprises, les terres, les bâtiments, tout ce qui a une valeur. Les politiciens ne sont là que pour assurer le fonctionnement des services communs, comme les transports par exemple, et surtout pour garantir l’ordre social en s’assurant que les travailleurs restent bien à la place qui leur est réservée, en bas de l’échelle.
Les entreprises que possèdent les patrons ne valent rien sans les travailleurs pour les faire fonctionner. Pourtant les travailleurs n’ont rien à dire, sauf à changer de temps en temps les politiciens censés les représenter. Le secret des affaires dont se prévaut le patronat sert surtout à cacher aux travailleurs l’immensité des richesses qu’ils produisent et qui leur échappent, alors qu’elles permettraient largement de satisfaire leurs revendications élémentaires : un salaire et un travail dignes pour tous ! Il faudrait au contraire lever tous les secrets. C’est une des mesures indispensables pour s’opposer à la mainmise des bourgeois sur la société.