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Algérie : le chef de l’armée veut resserrer l’étau

Sept mois après le début de la contestation en Algérie, le chef de l’état-major Ahmed Gaïd Salah, nouvel homme fort du pays depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika, use de la force et de l’intimidation pour tenter d’imposer l’élection présidentielle du 12 décembre et en finir avec le mouvement.
Les restrictions aux libertés d’expression et de manifestation sont accompagnées d’une vague d’arrestations, en particulier à Alger, où la police procède à des interpellations à chaque manifestation. Rien qu’à la prison d’El Harrach à Alger, une centaine de personnes seraient en détention pour attroupement sans autorisation.
Dans ce contexte, l’ordre donné à la gendarmerie d’empêcher l’accès à la capitale aux manifestants venant des autres régions du pays, n’a fait qu’attiser la colère. Si cela fait déjà des mois que l’accès à la capitale le vendredi est rendu difficile par la suppression des trains de banlieue et les barrages filtrants des gendarmes, ce bouclage d’Alger revendiqué et médiatisé a été vécu comme une menace et une provocation.
Vendredi 20 septembre, la réponse des manifestants a été cinglante. Malgré les menaces, ils ont défilé massivement à Alger et dans une quarantaine de villes. Dans la capitale, les familles, les jeunes des quartiers populaires de Belcourt, Bab El Oued et la Casbah étaient présents en nombre, affichant leur fierté d’être toujours mobilisés, accueillant les manifestants des autres villes au cri de « Bienvenue aux autres wilayas ! ». Certains étaient venus en voiture la veille, d’autres par la mer, d’autres à pied en suivant les voies de chemin de fer. Avec détermination, ils ont répondu à Gaïd Salah : « Une démocratie, pas une caserne ! », « Gaïd Salah dégage ! », « Pas d’élection avec le gang ! »
La décision de placer un ex-ministre de Bouteflika à la tête de l’autorité « indépendante » chargée de superviser les élections nourrit le sentiment que le système se protège pour que rien ne change. Ce sentiment est renforcé par un quotidien dégradé par la hausse du chômage et une inflation galopante qui touche de plein fouet les classes populaires. Ces dernières semaines, l’émigration a repris de plus belle. Empruntant des embarcations de fortune, de nombreux jeunes sont morts en mer, laissant des familles dans le désarroi.
Pour défendre leurs droits démocratiques, comme leur droit à une existence digne, les travailleurs et les classes populaires sont conscients qu’ils n’ont d’autre choix que de s’organiser et d’amplifier leur mobilisation.

Égypte : “Sissi, dégage !”

Six ans après le coup d’État qui a porté le maréchal Sissi au pouvoir en Égypte, des centaines de manifestants ont contesté sa dictature, les 20, 21 et 22 septembre.
Après la diffusion virale sur les réseaux sociaux de la vidéo d’un entrepreneur égyptien en exil accusant le pouvoir de corruption, et dénonçant concrètement Sissi et ses proches se faisant construire par exemple de somptueuses villas, des manifestants se sont rassemblés par centaines. Au Caire place Tahrir, à Alexandrie, Suez, Mahalla et d’autres villes ouvrières, ils ont scandé « Sissi, dégage ! » et « Dites-le, n’ayez pas peur, Sissi doit partir ». Ils ont bravé les lois qui, depuis 2013, interdisent toute manifestation ou rassemblement. Depuis cette date, des centaines de sentences de mort ont été prononcées par les tribunaux militaires, 60 000 arrestations ont eu lieu, sans compter les disparitions forcées, tabassages et tortures. Systématiquement, les ouvriers débrayant pour réclamer leurs arriérés de salaire sont arrêtés, aussitôt qualifiés de terroristes et poursuivis à ce titre. Et cependant des travailleurs et des jeunes, des opposants, ont eu le courage de braver la police, les nuages de lacrymogènes, les tirs à balles de caoutchouc et même réelles.
Aussitôt, le black-out a été instauré. Des sites d’information comme celui de la BBC ou Facebook Messenger ont été coupés et le service du renseignement égyptien a averti les journalistes étrangers pour leur dire qu’il les surveillait de près.
Sissi et l’armée au pouvoir ont du mal à maintenir la fiction de la bonne situation des cent millions d’Égyptiens. L’austérité s’est accrue avec la suppression de subventions sur le carburant et des produits de base. En juillet, un tiers de la population a été recensée au-dessous du seuil de pauvreté, fixé à 1,30 euro par jour. Récemment encore, des ouvriers ont été arrêtés à Ismaïlia, dans le nord-est du pays, pour avoir manifesté contre leur patron et contre la perte de pouvoir d’achat face à l’inflation. Accusés de blocage des rues, ils n’ont été libérés qu’une semaine plus tard par la justice.
En visite à New York au moment des manifestations, le dictateur a pu faire mine d’ignorer les refrains scandés dans la nuit égyptienne. Mais la situation des travailleurs et de la population pauvre est source de colère, présente et à venir.

Ils assurent leurs bénéfices

Les compagnies d’assurances font des centaines de millions d’euros de profits chaque année. Et elles renouvellent ça tous les ans, depuis des dizaines d’années. Mais elles refusent d’augmenter les salaires de leurs employés ne serait-ce que du 1,1% que réclament les syndicats. Elles consentiraient, disent-elles, à une prime unique, mais s’opposent à une augmentation récurrente. Ces filous n’assurent qu’une chose : leurs bénéfices.

27 000 m2

Entreposage de 75 trams, hall d’entretien, bâtiment administratif, bassin pour récupérer l’eau de pluie, bois africain labellisé, 600 panneaux voltaïques, etc., mais pas de cafétéria au nouveau dépôt de Marconi ! Le patron juge cela probablement non rentable. Il y a bien un distributeur de sandwiches, mais désespérément mous, ça manque de variété et surtout de relations humaines.
Un comité paritaire restaurant (patron-syndicats) existe pourtant mais la direction se moque de l’avis et du bien-être des travailleurs !

Et les usagers !

Parfois aux arrêts, le public attend longtemps un transport et voit débouler en convoi jusqu’à trois bus de la même ligne. Pour eux, cela paraît absurde et ajoute à leur frustration. Bien entendu, ce sont les chauffeurs qui subissent le ressentiment général. Il faut secouer l’arbre de la direction pour que la régulation soit efficace.

STIB : Meuh Meuh fait sa com

De Meeûs, le grand chef de la Stib a été interviewé récemment dans Le Soir pour commenter l’accord du gouvernement bruxellois en ce qui concerne les transports en commun. Pour lui, c’est un « bel » accord, mais on se demande pour qui exactement.
La gratuité est prévue pour les moins de 25 ans et les plus de 65 ans, mais ce sera au détriment des autres dont le tarif va être revu à la hausse pour le 1er février 2020. De plus, la gratuité pour les pensionnés est simplement un retour à la situation d’avant 2013. Par ailleurs, c’était déjà gratuit pour les moins de 12 ans.
L’offre de transport en commun va augmenter. Au vu de la croissance démographique à Bruxelles, ils n’ont de toute façon pas le choix. Mais jusqu’à présent l’augmentation de l’offre n’a jamais compensé l’augmentation de la fréquentation. Nous sommes toujours entassés comme des sardines aux heures de pointes dont la plage horaire s’élargit. Et l’offre reste insuffisante en dehors de ces heures, en soirée, le week-end, les jours fériés, etc.
La STIB engage chaque année plus de travailleurs qu’il n’y a de départs, mais jamais assez pour satisfaire les demandes de congé du personnel et diminuer la pression à la productivité. La direction continue de jongler avec le personnel entre les dépôts pour fonctionner à minima.
Finalement, dans ce « bel » accord gouvernemental, rien pour les agents, pas d’amélioration des conditions de travail ni de hausse salariale, et presque rien pour les usagers qui vont rester debout à des tarifs onéreux.

A Chirac, la bourgeoisie reconnaissante…

Chirac décédé, tous les politiciens français, de toutes les couleurs politiques, jusqu’à Mélenchon et Le Pen, se sont déchaînés pour faire l’éloge du personnage à la télé comme à la radio. Même « L’Humanité », le journal du parti communiste français lui a rendu hommage.
En Belgique, Reynders, Demotte, Charles Michel, Di Rupo, Verhofstadt et tous les autres y ont été de leur couplet.
Pour le monde du travail, Chirac fut un homme politique comme tous les autres gouvernants, multipliant les attaques : contre les retraites, vol d’un jour férié aux salariés sous prétexte de jour de « solidarité » envers les retraités, etc. Il fut aussi celui qui flatta les préjugés racistes les plus odieux en parlant « du bruit et de l’odeur » pour désigner les familles immigrées.
Bref, un digne représentant de la classe des bourgeois qu’il a servie quand il était au pouvoir et qui, aujourd’hui, lui rend l’oraison funèbre qu’il a mérité.

Haine contre Greta Thunberg

Depuis son intervention à l’ONU, la jeune militante écologiste Greta Thunberg a vu les attaques verbales contre elle monter d’un cran. Journalistes et politiciens l’accusent d’être une psychopathe, ou d’être manipulée, sans compter tous ceux qui cherchent à la décrédibiliser parce qu’elle est trop jeune, ou autiste ou même simplement… une fille. Il est en effet facile de s’attaquer au messager quand on ne veut pas que les choses changent. Tant que l’écologie permet de justifier l’augmentation des taxes, les politiciens en veulent bien ; tant qu’elle ne vise qu’à culpabiliser les individus qui consomment mal ou trop, ils la tolèrent. Mais pas question de toucher à la liberté des capitalistes de produire et de polluer.

Enseignement : des blablas mais toujours pas de profs !

Le nouveau gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’apporte aucune réponse au problème criant du manque de profs dans les écoles. Il faut savoir qu’on en est au point où il existe au sein de la FWB une « chambre de la pénurie » chargée de gérer les appels au secours des écoles. L’an passé, 14% des cours n’ont pas été donnés faute de profs. Mais que propose le gouvernement ? Assouplir le décret « titres et fonctions » afin de permettre aux écoles d’embaucher des profs temporaires qui n’ont pas le diplôme requis. Or, actuellement, dans le secondaire, un prof d’histoire-géo sur deux et un prof de math sur quatre n’ont pas le diplôme nécessaire pour ces enseignements. Il ne faut pas s’étonner des mauvais résultats des élèves, sauf évidemment ceux dont les parents ont les moyens de payer des cours particuliers… Ce n’est ni en ajoutant des dérogations, ni en saupoudrant des heures supplémentaires, qu’on dispensera un enseignement de qualité aux futures générations.
Il faudrait d’abord massivement former et embaucher des profs, avec un statut stable, un salaire décent et réduire le nombre d’élèves par classe. Cela demande des moyens mais le Ministre du budget de la Fédération, Frédéric Daerden (PS), a déjà pointé qu’elle était en déficit de 600 millions et Di Rupo a confirmé que le programme du gouvernement PS-MR-Écolo ne prévoyait aucun refinancement. En revanche, il a prévu de reporter encore d’un an le nouveau programme de formation des enseignants en quatre ans au lieu de trois, un programme qui est en préparation depuis déjà dix ans mais pour lequel les fonds nécessaires ne seront toujours pas débloqués cette année.
Les politiciens de droite et de gauche se moquent bien de l’enseignement donné aux enfants des couches populaires, il leur suffit que l’école fournisse des travailleurs prêts à l’emploi aux entreprises.

Le cri des patrons : moi d’abord et toujours plus

Le déficit de la Sécurité sociale refait parler de lui. Ce déficit a servi – depuis de longues années – à justifier l’austérité, le rabotage des allocations, le report de l’âge de la pension à 67 ans, l’augmentation des cotisations et la fin du remboursement de certains médicaments. Eh bien, non seulement il n’est pas comblé mais il est plus profond que jamais. Ils est désormais à trois milliards d’euros et annoncé à six milliards dans cinq ans.
Les syndicats ont enfin osé dénoncer la multitude d’exonérations fiscales dont bénéficient les entreprises : flexijobs, emplois étudiants, tax shift et autres gâteries qui leur ont permis d’augmenter leurs profits. La ministre Maggie de Block reconnaît l’existence du déficit mais nie évidemment que les cadeaux fiscaux en soient à l’origine. Les patrons, quant à eux, ont surenchéri : ils demandent encore plus d’exonérations pour « stimuler la création d’emplois supplémentaires ». On croit rêver ! Toutes les exonérations passées n’ont jamais permis de créer un seul emploi, ils ont au contraire restructuré et licencié massivement dans tous les secteurs, ils se sont enrichis et ils en redemandent encore ! Comme si cela ne suffisait pas, les patrons voudraient aussi retarder encore l’âge de la pension pour pouvoir « faire face à l’allongement de l’espérance de vie »… ce serait ridicule si on ne savait pas que le gouvernement actuel, tout comme le prochain, seront servilement disposés à les satisfaire.
Cela annonce des combats à mener pour les travailleurs.