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Le communisme est l’avenir du monde

Le dernier rapport de l’association Oxfam sur les inégalités dénonce l’ampleur des inégalités dans le monde : 1% de la population, super-riche, possède plus que les 99% restants. Devant ce chiffre choquant, Oxfam a appelé les participants au forum de Davos à s’attaquer aux paradis fiscaux.
Il faut être au mieux naïf pour espérer que les plus riches requins du monde réunis à Davos vont faire quoique ce soit pour limiter leur propre richesse !
La situation n’est pas nouvelle, elle n’est pas spécialement due aux paradis fiscaux, aussi injustes soient ils. Durant toute son histoire, le capitalisme n’a jamais bien fonctionné pour la population car il est fondé sur l’inégalité. Les capitalistes ont besoin que les travailleurs soient pauvres, déracinés, divisés et faibles pour leur imposer des conditions de travail les plus pénibles et les salaires les plus bas.
Aujourd’hui, quelques centaines d’individus contrôlent la production mondiale en fonction de leurs intérêts propres. La nourriture, les médicaments, l’énergie et l’eau pourraient et devraient être accessibles à tous mais leur production dépend des profits qu’ils peuvent en tirer et pas des besoins de la population, quitte à créer des famines et laisser les épidémies se répandre.
En plus de traiter les humains comme des marchandises, le capitalisme a créé une course effrénée aux profits où celui qui en fera le plus pourra éliminer ou racheter ses concurrents. C’est cette fuite en avant qui a gonflé la finance, créé des bulles boursières et qui a été la cause de toutes les crises économiques. Les capitalistes cherchent à y échapper en créant de nouveaux produits, en ouvrant de nouveaux marchés, en utilisant les jeux financiers. Mais la crise les rattrape toujours et alors, avec la complicité des États, ils la font à chaque fois payer aux travailleurs – ici, par des plans d’austérité, ailleurs par des guerres.
Les gouvernements se présentent comme des protecteurs face aux crises. Mais, évidemment, ils sont complices. La démocratie actuelle n’est qu’un mot creux. La puissance réelle, économique, est aux mains des capitalistes, l’État n’est là que pour organiser les affaires publiques. Il n’est pas un arbitre au-dessus de la mêlée mais le concierge des capitalistes.
Les socialistes, en particulier, ont emmené les travailleurs dans une impasse. Sous prétexte de chercher une voie pacifique, ils leur ont toujours demandé de faire des concessions, soi-disant pour éviter le pire. Les travailleurs ont fait les concessions, mais le pire arrive quand-même. Il n’y a pas de voie pacifique car le patronat ne veut pas de paix avec le monde du travail, il lui mène une guerre sans pitié, c’est la lutte des classes.
Voilà pourquoi les communistes pensent qu’il est nécessaire d’en finir avec le capitalisme.
Le communisme est, au fond, une idée simple : mettre en commun les outils de production et organiser le fonctionnement de l’économie de façon collective et consciente, en répartissant le travail entre tous de façon à satisfaire les besoins légitimes de chacun.
Il est évident que cette idée est à l’opposé du capitalisme. Pour qu’elle puisse se réaliser, il faut renverser le système économique et politique actuel. Il faut que le pouvoir passe des mains d’une minorité dans celles de la majorité. Et cela ne se fera pas sans une lutte entre les travailleurs et les capitalistes.
Ce n’est pas facile. Les capitalistes sont organisés, ils ont le pouvoir, ils disposent des médias et surtout ils profitent de leur monopole du travail pour mettre le couteau sous la gorge des travailleurs. L’État est à leur service, avec sa justice, sa police et au besoin son armée. La condamnation récente de travailleurs de Goodyear pour avoir séquestré leur patron quelques heures le rappelle une fois de plus.
Mais de leur côté, les travailleurs ont pour eux le nombre et leur rôle central dans l’économie : ce sont eux qui produisent toutes les richesses. Ce sont donc eux les seuls à pouvoir changer les choses.
Pour cela, ils doivent arracher le pouvoir économique à ceux qui l’ont aujourd’hui, leur reprendre la gestion des usines, des mines, des terres, de l’énergie et des transports. Alors, il deviendra possible de commencer à réfléchir collectivement à la meilleure manière de gérer l’économie
Une telle transformation se prépare, s’organise. C’est le rôle d’un parti communiste, qui reste à construire. Les communistes ne sont pas des politiciens, mais des travailleurs conscients de la nécessité de changer le monde, conscients qu’on ne peut pas s’accorder avec le patronat et qu’il faut absolument rétablir un rapport de force en faveur des travailleurs et à terme établir une société juste et égale, pour les hommes et les femmes de tous les pays.

La force des travailleurs est dans les luttes sociales, pas dans les élections

Le premier tour des élections régionales en France a été un choc pour beaucoup : le Front National, le parti d’extrême-droite de Marine Le Pen a obtenu la première place dans plusieurs régions importantes, avec une pointe à 40% dans le Nord et en Provence-Côte d’Azur. Lors du second tour, les listes de la droite « traditionnelle » et du Parti Socialiste sont repassées en têtes et, finalement, le Front National ne l’a emporté dans aucune région.
Mais il n’y a pas de quoi se rassurer pour autant.
Plus de 6 millions d’électeurs lui ont donné leur voix. Depuis que la fille Le Pen a pris la tête du FN, son électorat progresse à chaque élection. C’est la petite diminution de l’abstention au deuxième tour du scrutin qui a empêché le FN de gagner les régions qu’il convoitait au premier tour. Les listes de droite et de gauche ont ainsi bénéficié de l’effet épouvantail du FN.
Or, cette abstention touche avant tout les classes populaires (environ 60% chez les ouvriers et les employés) – et l’électorat de gauche. La raison est évidente : à force de voir leurs espoirs trahis, ils ne se retrouvent plus dans la politique menée par le Parti socialiste. Austérité, attaques contres les chômeurs, contre les retraites et contre les services publics, voilà le menu indigeste que les gouvernements successifs ont servi à la population travailleuse. Le Parti Socialiste se prétend de gauche, mais soutient le patronat, y compris de manière très symbolique, comme lorsque le premier ministre Valls a envoyé la police arrêter des travailleurs d’Air France en colère contre la restructuration. En France comme en Belgique, depuis des dizaines d’années, ceux qui prétendent défendre le monde du travail ont toujours mené une politique anti-ouvrière lorsqu’ils étaient au pouvoir. Alors, à quoi cela a-t-il servi de voter « contre la droite » si c’est pour avoir un gouvernement qui fait une politique de droite ?
Dans le même temps, la surenchère nationaliste et sécuritaire du parti de Sarkozy – aujourd’hui rebaptisé « Les Républicains » – pour reprendre des voix au Front National n’a fait que légitimer les discours qui font passer les travailleurs d’origine étrangère pour responsables des problèmes sociaux. Et le Parti Socialiste lui-même a joué le jeu du « problème de l’immigration » pour masquer que le chômage vient des licenciements ou que les difficultés du financement de la sécurité sociale sont dues aux réductions de charges sociales octroyées au patronat. Le PS français n’a pas attendu l’afflux récent de réfugiés venant d’Irak ou de Syrie, ni les attentats de Paris, pour tenir ce genre de discours.
C’est ainsi que depuis des années, le FN et ses idées réactionnaires pèsent de plus en plus sur la vie politique et sociale en France. Ce parti ne fait finalement que récolter ce que le PS et la droite ont semé. Il a prospéré sur le dégoût et la désorientation des classes populaires face aux trahisons de la gauche, mais il n’est pas une alternative. Il se distingue des autres partis par son discours chauvin et sa haine ouverte de l’étranger, mais il est tout autant au service du système capitaliste. Prendre les immigrés ou l’Europe comme boucs émissaires des difficultés des travailleurs est un moyen de masquer que c’est la bourgeoisie qui est responsable de l’exploitation, du chômage et de la pauvreté, et parmi elle, au premier rang, il y a des patrons des patrons tels que Bouygues, Arnault, Bolloré et autres milliardaires bien français.
Dans les villes où le FN a des élus, il n’a pas créé plus de bien-être, uniquement plus de répression et d’exclusion. Dans la plupart de ces villes, l’abstention a d’ailleurs été encore plus forte qu’ailleurs.
Fondamentalement, tous ces partis entretiennent l’idée que les travailleurs n’ont pas d’autre moyen de se changer leur sort qu’en votant pour l’un ou pour l’autre. Mais parce qu’ils représentent tous, chacun à leur manière, l’ordre bourgeois et capitaliste, ils ne peuvent que trahir les espoirs que les travailleurs auraient mis en eux.
Les travailleurs ne pourront pas changer leur sort par les élections. Leur force vient de leur nombre et de leur rôle central dans l’économie : ce sont eux, et eux uniquement, qui la font fonctionner. Mais pour que cette force se réalise, il faut des luttes collectives, des grèves, des manifestations. Et il faut que les travailleurs s’unissent et s’organisent dans un parti qui leur appartienne.
Voilà seulement ce qui pourra mettre fin à cette société basée sur l’injustice et l’exploitation.

Pendant les gesticulations sécuritaires, la lutte de classes continue

Les attentats de Paris et leurs ramifications en Belgique ont amené le gouvernement belge à prendre des mesures sécuritaires sans précédent : métros, musées et écoles ont été fermés, les rassemblements ont été plus ou moins formellement interdits, tandis que l’armée prenait position dans les rues.
Le gouvernement n’a pas jugé bon d’expliquer ce qui justifiait de telles mesures. Ni pourquoi les écoles de Bruxelles ont rouvert malgré le maintien du niveau d’alerte quatre, ni non plus pourquoi le niveau est redescendu à trois. Continuer la lecture de Pendant les gesticulations sécuritaires, la lutte de classes continue 

Massacre atroce à Paris

Les attentats qui viennent d’avoir lieu à Paris et qui ont fait 129 morts et 350 blessés sont atroces et injustifiables. Leurs auteurs ont voulu faire un maximum de morts, aveuglément, pour semer la terreur.
Ces attentats ont été revendiqués par l’Etat islamique, qui utilise en Irak et en Syrie les mêmes méthodes barbares pour terroriser et mettre en coupe réglée des populations entières, réduire les femmes en esclavage et liquider tous ceux qui ne pensent pas comme eux.
En France, l’état d’urgence a été décrété et la police et l’armée ont été mobilisées. Les médias, les politiciens font semblant de découvrir que « la France est en guerre ». Mais ce qui vient d’arriver n’est que l’extension en Europe de la guerre que la France mène déjà en Syrie et en Irak aux côtés des Etats-Unis, de l’Angleterre et de la Belgique, parmi d’autres. Depuis quinze ans, ce qui vient d’arriver à Paris, les bombes, les attentats, les mitraillages aveugles sont le quotidien des populations de ces pays.
La lutte contre le terrorisme a permis de justifier les interventions armées des pays impérialistes dans leurs anciennes colonies. Il est évident qu’il ne s’agit là que d’un prétexte et que ce qui compte à leurs yeux, c’est de s’assurer du contrôle des circuits économiques liés au pétrole, ainsi que de s’assurer la plus grosse part du gâteau des échanges commerciaux avec ces pays.
Et pour arriver à leurs fins, tous les moyens sont bons, y compris la guerre, les assassinats, le soutien de dictatures sanguinaires, ou même d’organisations terroristes quand les régimes en place ne sont pas assez dociles à leur goût – en fermant les yeux sur leurs méthodes brutales et leur idéologie moyenâgeuse. De fait, les capitalistes américains et européens, n’ont jamais apporté autre chose aux peuples des autres continents que l’exploitation, la répression, l’obscurantisme et une misère sans fin.
Cette politique n’a pu que nourrir la haine des peuples contre leurs oppresseurs occidentaux et renforcer ainsi des groupes comme l’Etat islamique.
Le fait qu’un certain nombre de jeunes européens partent se battre en Syrie sous le drapeau de l’Etat islamique, ou qu’ils participent à des attentats comme celui-ci, est une conséquence de l’aggravation de la misère dans les pays riches européens. Toute une génération de jeunes se retrouve aujourd’hui sans avenir. Le niveau du chômage est tel qu’ils n’ont aucune perspective de trouver un emploi et de construire une vie décente, qu’ils soient d’origine belge ou pas. Mais pour les étrangers ou ceux qui sont d’origine maghrébine, la situation est pire : en butte au racisme, harcelés par la police et accusés d’être responsables du chômage, toutes les portes leur sont fermées. Il n’est dès lors pas étonnant qu’une partie finisse par nourrir de la haine contre ce système injuste.
A ces jeunes-là, les groupes islamistes proposent une échappatoire à défaut d’un avenir. Ils tournent leur colère contre tout ce qui est « occidental » confondant dans leur haine les vrais responsables, que sont les capitalistes et les politiciens, avec les travailleurs qui ne sont que d’autres victimes de l’économie capitaliste. En opposant travailleurs « européens » et « musulmans », les islamistes jouent le même jeu que les dirigeants occidentaux : celui de la division des travailleurs pour les dominer et les exploiter plus sûrement, pour les détourner de la lutte contre les injustices économiques qui sont à la source de tous leurs maux.
L’horreur des attentats de Paris renforce ceux que leurs auteurs prétendent combattre. Ils renforcent l’État français, qui instaure l’état d’urgence et accroît les mesures policières. Ils renforcent l’extrême droite, ses discours haineux vis-à-vis des musulmans et des immigrés, et sa revendication d’un État plus fort.
Les discours guerriers de Hollande, Sarkozy et Le Pen ne peuvent laisser aucun doute : le cycle infernal de la répression et de la violence va continuer. Ces politiciens se posent aujourd’hui en pompiers d’un incendie qu’ils ont allumé eux-mêmes, et ils n’ont rien d’autre à proposer que de remettre de l’huile sur le feu !
Dans ces combats fratricides, les victimes sont toujours et uniquement les travailleurs. Le communisme est la seule alternative politique qui s’offre à eux, car c’est la seule qui leur propose de s’unir par delà les frontières pour en finir une fois pour toutes avec ce système barbare qu’est le capitalisme.

La lutte sociale est notre seule arme

Le 23 octobre dernier, une malade est décédée suite au retard d’un médecin qui avait été pris dans un embouteillage dû au blocage de l’autoroute E40 par des travailleurs en grève.
L’hôpital a porté plainte pour masquer sa propre désorganisation et faire porter la responsabilité de cet accident sur les grévistes.
Les politiciens, la presse et les médias se sont emparés de l’affaire et déchaînés contre les grévistes et la FGTB, traités d’assassins irresponsables. Continuer la lecture de La lutte sociale est notre seule arme 

Travailleurs européens et réfugiés, une seule classe ouvrière !

Depuis le début de l’année, des centaines de milliers de réfugiés tentent au péril de leur vie de rejoindre l’Europe par la mer et les routes. Les 52 personnes retrouvées asphyxiées dans la cale d’une embarcation en Méditerranée et les 71 cadavres découverts dans un camion sur une autoroute autrichienne viennent récemment alourdir le bilan des milliers de réfugiés morts en 2015. L’extension et l’aggravation de la guerre au Moyen-Orient mais aussi de la pauvreté et de la violence en Afrique ont provoqué une explosion du nombre de candidats réfugiés depuis le printemps.
En réaction, de nombreux dirigeants européens, de droite comme de gauche, ont multiplié les obstacles, les mesures répressives et les discours populistes présentant les réfugiés comme une menace, une source d’accroissement du chômage et de la criminalité. En Hongrie, le gouvernement du nationaliste réactionnaire Viktor Orbán construit depuis juillet un mur hérissé de barbelés et de lames de rasoir le long de la frontière avec la Serbie. En Grèce, des centaines de familles sont entassées dans des stades ou des bâtiments abandonnés, souvent sans nourriture, ni eau, ni électricité. Les gouvernements français et anglais ont signé un accord en août pour compléter le dispositif répressif existant à Calais par des projecteurs, des détecteurs à infrarouge et plus d’un millier de policiers et gendarmes. La Commission européenne a décidé cet été de débloquer une aide de 2,4 milliards d’euros sur six ans ; mais ces aides aux États serviront bien plus à renforcer les barrières qu’à accueillir et soulager les réfugiés.
En Belgique, le nationaliste d’extrême-droite, Bart De Wever, présente les migrants comme des « profiteurs » et plaide pour un statut social particulier du réfugié qu’il résume en trois expressions : « un lit, un bain et du pain ». Reprenant les thèmes nauséabonds du Vlaams Belang, le leader de la N-VA prône le contrôle aux frontières et le refoulement des réfugiés. Et en bon représentant de la bourgeoisie belge, il demande que les autres États européens prennent en charge plus de réfugiés ; alors que lui, son parti et le reste du gouvernement refusent la répartition contraignante proposée par la Commission en juin.
Mais la gauche n’est pas beaucoup moins méprisante. Sous la pression des événements, le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration de la N-VA, Théo Francken, qui avait fermé 6000 places d’accueil en deux ans, a obtenu du gouvernement de pouvoir réquisitionner des bâtiments, dont la caserne de Tournai. Les bourgmestres en titre et faisant fonction de cette ville, Rudy Demotte et Paul-Olivier Delannois, tous deux du PS, s’y sont opposés avec virulence dans la presse. Ce dernier parlant de « sentiment d’insécurité » et de « racisme » qui seraient provoqués par la concentration de réfugiés.
Qu’on ne puisse pas « accueillir toute la misère du monde » est un mensonge bien hypocrite de la bourgeoisie. D’abord, la majorité des millions de réfugiés fuyant la violence et la misère, se réfugient dans des pays comme le Liban ou la Lybie, deux fois moins peuplés et dix fois moins riches que la Belgique. Ensuite, les sommes dépensées pour l’accueil des réfugiés sont faibles. Le budget de l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile s’élève à environ 300 millions d’euros par an. C’est à peu près le coût annuel d’entretien des 40 nouveaux avions de chasse dont l’armée belge veut se doter. Or, finalement, ce sont bien les interventions militaires des puissances impérialistes qui engendrent la barbarie et maintiennent le Moyen-Orient et l’Afrique dans les griffes de grands groupes capitalistes comme BNP Paribas.
Quant au chômage, ces mêmes capitalistes n’ont pas attendu l’afflux de réfugiés pour multiplier les licenciements collectifs de milliers de travailleurs comme Delhaize. La guerre et la misère dans les pays sous-développés, le chômage et la pauvreté dans les pays impérialistes ne sont que deux faces d’un même système capitaliste barbare et décadent.
Les populations expropriées, chassées ont toujours migré vers les centres industriels pour chercher du travail. Les travailleurs sont tous des émigrés, ils n’ont pas de patrie. Nous avons intérêt à refuser la démagogie et les divisions dressées entre les peuples. Demain, une grande partie des migrants rejoindront le monde du travail et ses luttes pour mettre fin à l’exploitation et à l’injustice.

La population grecque dans les griffes de la finance

À l’heure où nous écrivons, nous ne savons pas si l’Union Européenne, la BCE et le FMI trouveront un terrain d’accord avec la Grèce ni quelles concessions sociales Tsipras sera amené à faire en échange du déblocage de la dernière tranche de l’aide du FMI. On ne peut jamais exclure que la partie de poker menteur tourne mal et il est difficile de faire la part entre le bluff et les intentions réelles des uns et des autres.
Mais une chose est sûre : ni le gouvernement grec, ni les dirigeants européens ne souhaitent un défaut de paiement de la Grèce et sa sortie de l’euro.
Ce ne sont pas ses conséquences sur la population grecque – l’envolée des prix, les pénuries et la récession qui en découleraient – qui inquiètent les dirigeants européens. La politique qu’ils dictent à la Grèce depuis cinq ans le montre assez : ils n’ont que faire de l’explosion du chômage et de l’effondrement du niveau de vie en Grèce.
Leur problème est l’incertitude que cela fait peser sur la zone euro. Car personne ne peut jurer que cela ne débouchera pas sur de nouvelles attaques spéculatives et sur la déstabilisation de la monnaie unique.
Les dirigeants européens présentent le bras de fer avec la Grèce comme une « négociation ». Comme s’il s’agissait de discussions entre parties égales ! Comme s’ils ne mettaient pas le couteau sous la gorge de Tsipras en refusant de débloquer la dernière tranche du plan d’aide, alors qu’il est censé rembourser dans huit jours 1,6 milliard d’euros au FMI !
Et comble de cynisme, c’est Tsipras qui est accusé d’être « jusqu’au-boutiste ». Mais qui est irresponsable dans cette affaire ? Ceux qui veulent affamer un peuple ou ceux qui s’y refusent ?
Car c’est bien de cela dont il s’agit. En Grèce depuis 2008, les salaires, les pensions de retraite, les droits sociaux ont reculé de 20, 30, 40%. Le chômage a explosé au point qu’un jeune sur deux est au chômage. Le pays a connu une récession qui l’a renvoyé 50 ans en arrière.
Et tout cela, pourquoi ? Pour payer les intérêts d’une dette que ni les travailleurs, ni les paysans ou les retraités n’ont faite. Et comme, loin de se résorber, cette dette n’a fait qu’augmenter, le versement de ces intérêts toujours plus colossaux se fait plus qu’au prix d’immenses sacrifices.
Alors oui, la population grecque paye, comme aucun peuple, le parasitisme de la finance internationale.
Et les nouvelles exigences des créanciers de la Grèce sont criminelles ! Et cela n’a rien à voir avec une question d’argent. La Grèce risque un défaut de paiement pour 1,6 milliard. Qu’est-ce à côté des centaines de milliards que les banques centrales injectent dans la finance ?
Il s’agit pour les porte-parole de la bourgeoisie de donner une leçon politique. À travers la Grèce, ils signifient à tous les peuples qu’ils doivent se serrer la ceinture et se résigner à payer leur dîme à la finance.
Aucune des dettes dont on nous rebat aujourd’hui les oreilles, que ce soit la dette grecque ou belge, n’ont été contractées au bénéfice des classes populaires.
Elles ont toutes été le fruit des manœuvres des banquiers, des grands groupes capitalistes qui ont investi tous les secteurs de l’économie en forçant à l’endettement. Mais, au nom de ces dettes, on nous impose partout des cures d’austérité.
En Grèce, cela signifiera peut-être encore la suppression des retraites complémentaires et l’augmentation de la TVA.
En Belgique, cela signifie le blocage des salaires, le report de l’âge de la pension, le désinvestissement dans les services publics.
La finance s’est immiscée dans tous les secteurs d’activité et elle ne connaît que la loi des usuriers : faire rentrer les intérêts. Cette loi s’impose au-dessus de tout, au-dessus des gouvernements, au-dessus des élections, au-dessus de la démocratie.
Ce qui se passe en Grèce montre que les élections ne pèsent rien face du pouvoir du capital. C’est la preuve qu’il ne suffit pas d’élire des gens bien disposés à l’égard des travailleurs pour que notre sort change.
Les socialistes n’ont eu de cesse de déplorer la « puissance de la finance », mais pour s’incliner devant elle au lieu de la combattre. C’est cette puissance à laquelle se heurte aujourd’hui la Grèce. Pour la renverser, il faut sortir du cadre capitaliste qui est devenu le règne de la finance. C’est la tâche que devront se fixer tous les exploités non seulement en Grèce mais partout.

Turquie : les grévistes font reculer le patronat !

Pendant 13 jours, les 5 700 ouvriers de Renault Bursa en Turquie ont fait grève et occupé leur usine pour exiger des augmentations de salaire, afin de compenser une inflation de plus de 20% par an, ainsi que pour la liberté de choisir leur syndicat.
Un mois auparavant, une grève chez Bosch, dans la même zone industrielle, avait permis aux ouvriers d’obtenir des hausses de salaire allant de 12% à 60%.
Un important mécontentement se fait en effet sentir dans les usines de l’ouest de la Turquie où l’inflation est à l’origine d’un effondrement dramatique du pouvoir d’achat des travailleurs. Mais le syndicat implanté dans la majorité des usines de la métallurgie est le syndicat Türk-Metal-is qui est dévoué au grand patronat et dont les dirigeants sont influencés par l’extrême droite. Fin 2014, Türk-Metal-is a signé un accord de trois ans prévoyant une hausse de salaire de… 3%. Et quand, en janvier, le syndicat concurrent Disk a tenté d’appeler à la grève sur ce problème, le gouvernement l’a purement et simplement interdite.
Néanmoins, les ouvriers de Bosch ont quand même fait grève et ils ont rapidement obtenu gain de cause. Leur revendication d’une augmentation de salaire de 130 euros par mois fut alors reprise par ceux de Renault.
Dans ce pays où règnent la répression, la dictature du grand patronat, l’absence de liberté syndicale, le mouvement de Renault a débuté par des gestes simples de rébellion collective : des vacarmes dans les cantines, des manifestations dans l’usine après le travail, puis dans le centre-ville. Les liens entre travailleurs se sont ainsi renforcés. Le signal de la grève fut donné le 14 mai par le licenciement de quatorze travailleurs qui avaient mis fin à leur adhésion à Türk-Metal-is. L’équipe de nuit débraya aussitôt. Pensant couper court au mouvement, le directeur se déplaça en pleine nuit devant l’usine arrêtée pour annoncer la réintégration des travailleurs licenciés. Mais cela ne fit qu’encourager les travailleurs et lorsque la direction confirma qu’elle refusait toujours d’augmenter les salaires, cela entraîna immédiatement la grève et l’occupation totales de l’usine.
Les revendications des grévistes d’Oyak Renault furent rapidement reprises par les travailleurs d’autres usines de la région : refus de tout licenciement, rejet du syndicat mafieux Türk-Metal-is et augmentation des salaires comme chez Bosch. Bientôt, avec ceux de Fiat à Tofas, près de 16 000 ouvriers étaient en grève, occupant jour et nuit leur usine.
Chez Renault, les grévistes ont élu leurs propres délégués d’atelier, rendant compte en assemblée générale des rencontres avec la direction ou avec la police. Les décisions étaient prises en assemblée par vote à main levée ou acclamations.
Devant les menaces proférées par les autorités, les grévistes ont voté de ne plus se rendre aux convocations de la police, commentant : « Si le préfet a quelque chose à dire, qu’il vienne devant l’usine ».
Le mouvement s’est étendu à d’autres usines des zones industrielles de Bursa, de la grande banlieue d’Istanbul et d’Izmit : Fiat, Valeo et Delphi à Tofas, Türk Traktör à Ankara ont débrayé puis, à leur tour, les 8 000 travailleurs de Ford Otosan à Izmit sont entrés en grève le 18 mai sur les mêmes revendications, élisant leurs propres délégués et annulant leur adhésion à Türk-Metal-is.
Le patronat de la métallurgie semble hésiter à faire appel aux forces de police, postées non loin des usines, en particulier sans doute à cause de la proximité des élections législatives prévues le 7 juin.
Contrairement à ce que prétend la propagande patronale, le mouvement continue à s’étendre à d’autres villes comme Izmir où les ouvriers de l’usine de jantes CMS ont obtenu une prime de 330 euros après avoir seulement distribué un tract menaçant de faire grève. Des villes moyennes sont touchées à leur tour.
Les grévistes d’Oyak Renault ont repris le travail le 27 mai au matin, à la suite d’un accord garantissant l’absence de sanctions, le maintien des délégués élus par les ouvriers comme seuls interlocuteurs valables – ce qui sape en partie les bases du pouvoir de Türk-Metal-is –, 200 euros de prime annuelle garantie, 500 euros pour la reprise et l’assurance que l’accord salarial sera revu dans le mois qui vient.
Ce succès ne pourra qu’encourager les milliers de travailleurs qui continuent à se battre pour survivre face à un patronat rapace. Comme le dit un slogan des grévistes :
« Si tu ne veux pas te retrouver à la rue, lutte ! ».

Tax Shift: encore un moyen de faire payer les travailleurs

Le gouvernement Michel poursuit sa stratégie contre les travailleurs. Il y a d’abord eu le report de l’âge de la pension à 67 ans et une limitation du droit aux prépensions. Il y a eu la criminalisation accrue des chômeurs. Puis est venu le saut d’index, qui va réduire de 2% le pouvoir d’achat des couches populaires. En parallèle, les moyens des services publics ont été réduits à peau de chagrin, tant au niveau de la sécurité sociale, de l’éducation, que des transports. Il y a aura moins de trains pour amener les travailleurs au boulot… et il y aura moins de fonctionnaires pour lutter contre la fraude fiscale des patrons. Dans le même temps, les charges des entreprises ont été diminuées. Le bilan est clair : quels que soient les discours des différents partis, c’est un programme 100% patronal qui a été mis en œuvre.
Maintenant, c’est sur le plan fiscal que les attaques se préparent. Cela s’appellera le « Tax Shift ». Il a été présenté comme un moyen de répartir plus « justement » l’impôt, en imposant moins le travail pour imposer plus la consommation, l’environnement et, éventuellement, le capital. En d’autres termes, ce que les travailleurs paieront en moins comme impôts, ils le paieront en plus par une augmentation de la TVA ou des accises sur l’essence.
Les partis de la majorité sont d’accord sur le fond, mais divisés sur la forme, car chacun doit soigner son image vis-à-vis de son électorat. Aucun d’eux n’a envie d’être associé à des impôts nouveaux. L’Open-VLD, par exemple, refuse tout nouvel impôt sur les bénéfices des entreprises sous prétexte que cela bloquerait la croissance. Mais pour ne pas paraître trop pro-patronal, il bloque aussi l’augmentation de la TVA. Sa solution, qui est aussi celle du MR, serait de taxer la « pollution ». Cela paraît louable en apparence, mais en pratique tous les travailleurs qui travaillent dans des entreprises polluantes savent bien que leurs patrons parviennent toujours à échapper aux amendes et aux taxes, surtout si dans le même temps l’Etat et les régions refusent d’embaucher des contrôleurs, pour raison d’économies. Ca tourne tout simplement en rond. La taxation de la pollution se résumera donc à augmenter les accises sur le diesel, ce qui touchera uniquement les travailleurs…
Quant au déplacement de la « charge sur le travail » vers la « consommation », cela ne signifie rien d’autre qu’une augmentation de la TVA. Le CD&V et le MR y étaient initialement opposés, mais ils ont déjà commencé à retourner leur veste. Pas besoin de faire un dessin : les entreprises ne paient pas la TVA, alors si elle augmente, ce seront uniquement les classes populaires qui seront touchées.
Ce fameux « Tax Shift » a été présenté cet hiver comme un rééquilibrage qui permettrait de compenser les sacrifices exigés de la part du monde du travail. C’est cet argument qui a été utilisé par le CD&V pour justifier ses pressions sur la CSC lors des mouvements de grève : acceptez le saut d’index, acceptez le report de l’âge de la pension, mais en échange il y aura une fiscalité plus juste… Comme dit le dicton, les promesses n’engagent que ceux qui y croient ! Et une fois la menace sociale passée, la majorité passe à la suite de l’offensive. Il ne fallait pas s’attendre à autre chose de la part d’un gouvernement de bourgeois au service des bourgeois.
Le gouvernement Di Rupo avait fait 20 milliards d’économies sur les services publics, la santé et les transports. Le gouvernement Michel prend la suite et a déjà planifié onze milliards supplémentaires. On nous rabâche les oreilles avec la compétitivité, qui serait nécessaire pour relancer l’économie et créer des emplois. Mais où sont les 250 000 emplois promis par Di Rupo ? Et les 570 000 promis par Leterme avant lui ? Alors comment croire à la promesse de Michel de créer 200 000 emplois ? C’est du vent. Les sacrifices ont été consentis, mais les emplois n’ont pas été créés et les travailleurs sont aujourd’hui plus pauvres.
Cette situation n’est pas une fatalité. Tout ce système ne tient que tant que les travailleurs acceptent leur sort. Et on voit bien qu’avec l’éloignement de la menace de grève générale, les partis politiques renient les quelques vagues promesses qu’ils avaient faites. Voilà pourquoi il ne peut y avoir de compromis entre le monde patronal et le monde du travail. Les patrons et leur gouvernement utiliseront tous les moyens pour imposer des sacrifices supplémentaires aux exploités. Mais les travailleurs peuvent répondre sur le terrain où ils sont une force : celui des luttes collectives.

L’Europe capitaliste condamne les migrants à mort

Combien d’enfants, de femmes et d’hommes sont morts noyés dimanche dans le naufrage de leur embarcation au large de la Libye ? 700, 800, 900 aux dires de certains survivants ? On ne le saura peut-être jamais, mais ce naufrage fait suite à d’autres tout autant effroyables et ce n’est pas le dernier.
Quand cette hécatombe cessera-t-elle ? Combien de Syriens, d’Érythréens, de Soudanais ou de Somaliens devront encore mourir aux portes de l’Europe avant que l’Union européenne daigne lever le petit doigt ?
Avec la multiplication des passeurs sur les côtes libyennes et l’afflux de migrants ces derniers mois, l’urgence de la situation était connue. Et qu’a fait l’Union européenne ? Elle a refusé de participer au financement du dispositif de sauvetage mis en place par l’Italie qui avait fait ses preuves en sauvant 150 000 vies.
En réduisant le nombre et la portée des patrouilles, les dirigeants de l’UE ont fait le choix de laisser mourir ceux qui tenteraient la traversée. C’est de la non-assistance à personne en danger. Les navires et les hélicoptères, qui ont été envoyés sur les lieux du drame mais après le naufrage, rajoutent à l’ignominie.
Après avoir séché leurs larmes de crocodile, ces mêmes dirigeants s’entendront pour durcir leur politique criminelle contre les migrants. Car s’ils veulent que l’Europe « coopère », ce n’est pas pour sauver les migrants, c’est pour les refouler ! C’est exactement le sens du programme en dix points qui vient d’être annoncé : lutte contre les réseaux, blocage des routes d’immigration, renvoi rapide des immigrés, etc. Toujours dans le même sens, Jan Jambon, le ministre de l’intérieur N-VA, a déclaré que ce qui comptait, c’était « que ces gens ne puissent plus monter dans les bateaux ». C’est dire que le sort de ces femmes et de ces hommes qui fuient la guerre et la misère ne les intéresse pas du tout. Et pourtant, il y aurait de quoi car ce sont bien les manœuvres guerrières des puissances impérialistes en Irak, en Syrie ou en Libye, qui ont conduit au dépeçage des États par des milices surarmées, qui ont détruit l’économie des pays de la région et qui ont aggravé le sort des peuples qui y vivaient.
Tout cela, les dirigeants, belges et européens s’en moquent mais, en plus, ils ferment les voies sécurisées et légales pour demander l’asile et traquent les candidats à l’asile comme des parias, ce qui les condamne à se retrouver sous la dépendance de passeurs sans scrupules. Jambon et Francken dans le gouvernement Michel, comme Maggie de Block dans le gouvernement Di Rupo, peuvent dénoncer les passeurs, mais ce sont eux qui exposent les migrants à des risques de plus en plus grands.
Près de 4 millions de Syriens ont fui leur pays, en guerre depuis 2011 ; la Belgique n’en a accueilli que 4300, c’est une goutte d’eau. La grande majorité s’est réfugiée en Turquie ou au Liban, c’est-à-dire dans les pays voisins. Seule une petite fraction tente de rejoindre l’Europe développée, mais cela suffit aux politiciens pour parler de problèmes migratoires et pour associer migration avec chômage et criminalité. Agiter ce fantasme quand des enfants, des femmes et des hommes meurent sous des bombes est révoltant. Cela ne sert qu’à désigner les populations plus faibles comme boucs émissaires des problèmes sociaux, alors que les responsables de ces problèmes, ce ne sont pas les migrants d’ailleurs mais les riches d’ici ! C’est leur pouvoir sur la société qui crée tant d’inégalités et d’injustices.
Les dirigeants européens s’échinent à tenir les peuples les plus pauvres à distance. Mais le système qu’ils servent multiplie la misère, les guerres et les persécutions. Ils ont toujours les mots « démocratie », « paix », et « développement » à la bouche. Mais qu’ont-t-ils apporté à l’Afrique, si ce n’est le pillage continu de ses richesses ?
Condamner les peuples au dénuement extrême, les emprisonner dans leur situation d’exploités fait partie de la guerre menée par la bourgeoisie contre les pauvres en général. La lutte que les États riches mènent contre les migrants en est un aspect infâme.
L’Europe concentre de formidables richesses. Mais elles s’accumulent dans les poches d’une minorité, sont gaspillées dans des caprices de riches ou dans la spéculation et manquent cruellement pour satisfaire les besoins de la majorité.
Ce système capitaliste n’accordera jamais à tous le droit de vivre dignement. Pour mettre fin à cette barbarie, les travailleurs doivent arracher les moyens de production des mains de la minorité capitaliste et en prendre eux-mêmes le contrôle.