Archives pour la catégorie Edito

Turquie : Erdogan réélu, la crise continue

Il aura fallu deux tours de scrutin à Recep Tayyip Erdoğan pour être réélu pour la troisième fois, avec 52 % des voix exprimées, à la présidence de la Turquie. Avec un bilan économique et social catastrophique, la victoire était loin d’être assurée et le Raïs turc n’a pas lésiné sur les moyens. En regroupant autour de lui une alliance de droite nationaliste et islamiste, Erdoğan a plus que jamais mobilisé les moyens de l’État et multiplié les cadeaux. Il a monopolisé le temps d’antenne dans les médias à sa botte, à grands renforts de campagnes de désinformation grossière, de propagande religieuse et de discours haineux contre ses opposants. La répression s’est accentuée tout au long de la campagne électorale avec de nouvelles vagues d’arrestation de journalistes, de syndicalistes et de militants kurdes ou de gauche, soupçonnés comme d’habitude de terrorisme, et des milliers de poursuites pour insulte au président. L’opposition a été muselée par la censure des réseaux sociaux et des médias indépendants, l’interdiction d’envoi de sms aux électeurs et l’état d’urgence décrété dans les départements frappés par le terrible tremblement de terre du 6 février. Et si cela ne suffisait pas, les partisans de l’AKP et les « Loups gris » du MHP n’ont pas hésité à faire le coup de poings contre les militants et les électeurs de l’opposition, tant en Turquie qu’à l’étranger. Comme lors des précédentes élections, de multiples cas de fraudes ont été constatés avec un système bien rodé de bourrages d’urnes dans certains districts à forte présence militaire ou policière.
Malgré le rejet suscité par Erdoğan dans une grande partie de la population et les soutiens affichés par le parti kurde HDP et la plupart des partis de gauche, son principal rival, Kemal Kılıçdaroğlu, pouvait difficilement être une alternative pour les travailleurs et les classes populaires. A la tête d’une coalition disparate de sociaux-démocrates, de nationalistes, d’islamistes et de dissidents de l’AKP, le candidat kémaliste n’avait pour programme que la vague promesse d’un retour massif des investissements étrangers en échange d’une politique dictée par les marchés financiers. A la propagande militariste, antikurde et homophobe d’Erdoğan, Kılıçdaroğlu a répondu par une surenchère nationaliste et xénophobe en flattant les sentiments anti-réfugiés, comme si les travailleurs syriens étaient responsables de l’inflation ou de la faiblesse des salaires. Dans les régions kurdes où l’abstention était plus forte qu’ailleurs, on n’a pas non plus oublié que cette même opposition a systématiquement approuvé les crédits de guerre pour les interventions militaires en Syrie et en Irak.
Dès l’annonce de la victoire d’Erdogan, la livre turque, qui a déjà perdu plus de 90 % de sa valeur en dix ans, a connu une nouvelle chute pour franchir les 20 livres pour un dollar, appauvrissant un peu plus encore les Turcs. Avec une dette extérieure de 450 milliards de dollars, un déficit de 50 milliards de dollars, une inflation officiellement estimée à 43 % et un chômage à 22 %, la grande majorité d’entre eux ne se font guère d’illusions. D’autant qu’une fois les élections passées, Erdoğan et sa clique vont continuer à faire payer cette crise aux classes populaires. La politique de baisse des taux d’intérêt, tant décriée par les observateurs étrangers feignant la naïveté, n’a pour but que de favoriser les profits des exportateurs et du secteur touristique. Que cette politique aggrave l’érosion des salaires et des retraites d’une population déjà largement éprouvée, voilà bien le dernier souci des fondés de pouvoir de la classe capitaliste, qu’elle soit turque ou internationale !
La dernière manœuvre en date suffit à l’illustrer. Avant les élections, le gouvernement avait annoncé en grande pompe la gratuité du gaz pour tous les ménages pour une durée d’un mois. Cette mesure sert à présent de prétexte pour limiter l’augmentation des salaires et des retraites au prétexte d’une baisse artificielle de l’inflation ! Les travailleurs payeront deux fois ce généreux cadeau électoral : d’une part, via l’augmentation des taxes et impôts, et d’autre part, via un gel de leurs salaires. Les travailleurs devront dès maintenant se préparer à riposter sur leur terrain de classe. Ouvrir des perspectives révolutionnaires, face à ce régime d’exploitation et d’oppression, est une tâche urgente

Israël-Palestine : 75 ans d’une politique guerrière

Le 2 mai, un militant nationaliste palestinien est décédé dans une prison israélienne au terme de 86 jours de grève de la faim. Cette mort a ravivé la colère des habitants de Gaza et fourni, s’il en était besoin, un nouveau prétexte aux attaques meurtrières d’Israël, que le gouvernement de coalition droite-extrême droite qualifie de préventives.

Parmi les 4 900 détenus politiques palestiniens enfermés par Israël, plus de mille le sont au titre d’une « détention administrative », sans jugement, sans même une inculpation, sans possibilité de défense juridique. Khader Adnane, boulanger à Jénine, était de ceux-là. Militant se réclamant d’un groupe nationaliste concurrent du Hamas au pouvoir à Gaza, il connaissait les geôles israéliennes et n’en était pas à sa première grève de la faim pour obtenir que ses droits minimums soient respectés. Mais, traités avec « trop d’égards » selon le ministre de l’Intérieur d’extrême-droite Ben Gvir, les détenus palestiniens font partie des victimes des directives ultrarépressives récemment appliquées dans les prisons. Adnane n’a donc même pas été transféré à l’hôpital.

Avant un cessez-le-feu, forcément temporaire, conclu le 13 mai sous l’égide des autorités égyptiennes, il y a eu plusieurs jours d’escalade meurtrière. À des tirs de roquettes envoyées de Gaza après la mort d’Adnane a répondu le déclenchement, le 9 mai, de l’opération israélienne Bouclier et Flèches, consistant en des bombardements dits ciblés, à l’issue desquels Netanyahou, l’armée et la sécurité intérieure se félicitent d’avoir tué six militants palestiniens qu’ils considèrent comme des responsables de groupes armés. Ces frappes « propres » ont au passage tué également la famille et les voisins des militants visés, si bien que 34 personnes ont été tuées et 190 autres blessées. Mais il ne s’agit, selon le communiqué israélien, que de « victimes civiles inévitables dans l’environnement densément peuplé de Gaza » !
En effet, Gaza est surpeuplée, des milliers de réfugiés palestiniens y ayant trouvé abri depuis trois quarts de siècle. Ces faits coïncident d’ailleurs avec le 75e anniversaire de la naissance de l’État d’Israël le 14 mai 1948, sur un territoire qui était loin d’être un désert car peuplé de centaines de milliers de Palestiniens, agriculteurs, éleveurs, commerçants… Des centaines de milliers de Juifs qui avaient survécu à la barbarie nazie espéraient, pour la plupart, trouver en Israël un État pacifique, juste, animé d’intentions presque égalitaires, ainsi que certains aspects de la propagande sioniste le laissaient entendre.

En fait, la création d’Israël s’est faite sur la base de l’expulsion violente d’une partie de la population arabe palestinienne, celle dont les descendants vivent encore aujourd’hui dans les camps de réfugiés des pays voisins. L’État israélien s’est fait l’acteur du vol des terres palestiniennes et, en fait d’égalité des droits, a fait de ses habitants arabes des citoyens de seconde zone. Il a organisé l’occupation de la Cisjordanie et couvert sa colonisation par des colons conquérants et racistes. Leur extrémisme religieux et leur idéologie d’extrême-droite ont fini par prendre en otage la population juive israélienne elle-même, au point qu’elle manifeste maintenant toutes les semaines contre l’évolution autoritaire de cet État qui leur promettait la liberté.

Il n’y avait aucune raison pour qu’Arabes palestiniens et Juifs rescapés des camps ne puissent vivre ensemble. C’est toute l’orientation nationaliste, anti-arabe et pro-impérialiste qui a fait de l’État d’Israël un nouveau facteur d’oppression et l’acteur de guerres permanentes, dont souffre sa propre population. Pour la population arabe de Gaza, de Cisjordanie, de Jérusalem-Est, mais également pour la population arabe et juive d’Israël même, c’est un triste anniversaire que célèbre son gouvernement.

Russie-Ukraine : à la recherche de chair à canon

Alors que, dans le Donbass, des masses de soldats russes et ukrainiens sont envoyés depuis des mois au massacre pour un pan de mur, une cave ou quelques mètres de tranchées et que leurs dirigeants n’ont à la bouche que la préparation de « la » grande offensive ou contre-offensive de printemps en Ukraine, à l’arrière, les sergents recruteurs de tout poil battent le rappel de ceux qui, dans chaque camp, tentent d’échapper à l’abattoir.
Des chaînes de télévision et la presse ont montré, ces jours derniers, des jeunes et des moins jeunes qui en Ukraine refusent la conscription, se cachent pour y couper, résistent à la police militaire qui vient les embarquer et disent carrément qu’ils ne veulent pas aller à la mort. Ils le font souvent avec les mêmes mots, et dans la même langue, que leurs frères de destin, de l’autre côté de la frontière, en Russie.
Le phénomène s’est amplifié en Ukraine. L’enthousiasme patriotique des premiers temps, qui avait drainé un flot de volontaires vers les centres de recrutement, s’estompe et le flot des recrues se réduit. Mais surtout, la corruption des milieux militaires éclate en une succession de scandales que la presse ne parvient plus à cacher.
Ces dernières semaines, les réseaux sociaux, puis des médias ont donné le montant des pots-de-vin extorqués par les officiers à ceux qui veulent échapper à la conscription, être affectés d’emblée à un poste loin du front, être transférés dans une unité non combattante, etc. En clair, pour échapper à la mort et, pour les plus chanceux, à une blessure, ce sont des milliers d’euros qu’il faut trouver, 12 000 euros pour les meilleures planques, et même le double pour aller « légalement » se mettre à l’abri à l’étranger.
Les médias occidentaux ressassent le caractère démocratique, nouveau et quasi angélique de Zelensky et du pouvoir ukrainien. Mais parrainé, armé et financé par l’impérialisme américain et ses alliés de l’OTAN, il reste, au même titre que son homologue russe, un rejeton vénal, répressif et antipopulaire de ce qu’avait été la bureaucratie post-stalinienne.
À ceux qui se demanderaient pourquoi la mobilisation de printemps, n’a accouché de rien de tangible, bien que les tanks lourds allemands et anglais arrivent à la rescousse, Reznikov, le ministre ukrainien de la Défense, s’est voulu rassurant. L’armée, dit-il, fait face « tranquillement » à ses pertes et les compense « à un rythme calme et progressif ».
On ne sait qui ce langage pourra convaincre dans la population, en particulier parmi les futurs conscrits et leurs proches. En tout cas, les soutiens américains du régime ukrainien y voient, et ils le disent, un signe d’essoufflement des autorités civiles et militaires ukrainiennes à assurer la victoire du camp occidental avec la peau de leurs compatriotes.
Dans le camp d’en face, le pouvoir de Poutine n’a pas non plus la partie facile en matière de recrutement. Il vient donc de modifier la loi pour que les conscrits puissent officiellement aller en Ukraine – chose actuellement interdite, en principe. Il suffira qu’ils soient affectés, non pas à l’opération militaire spéciale selon la terminologie officielle qui refuse de parler de guerre, mais à des « forces de maintien de la paix », et qu’ils se portent volontaires pour aller « pacifier » l’Ukraine !
Autre nouveauté : alors que beaucoup de jeunes changeaient d’adresse ou quittaient leur emploi pour ne pas risquer de recevoir une convocation militaire à domicile ou au travail, ce qui est une pratique courante, cette convocation sera désormais doublée sous forme électronique. Les jeunes gens étant tous enregistrés sur un fichier électronique, sept jours après son envoi la convocation sera réputée avoir été reçue. Des sanctions sont prévues si le destinataire ne se présente pas au centre d’enrôlement.
Bien entendu, le Kremlin ne publie pas de chiffres sur les jeunes qui refusent de sacrifier leur vie sur l’autel de la Grande Russie, mais des informations transpirent sur les réseaux sociaux à ce sujet.
Il y a un mois, une vidéo a montré des soldats, mobilisés malgré eux, qui se présentaient comme des survivants d’un bataillon d’assaut, en expliquant qu’un tiers des effectifs de leur unité avaient été tués ou blessés depuis septembre. Mais d’autres témoignages aussi éclairants émanent de l’autre bord. Ainsi, le média russe Vot Tak a rapporté que, lors du procès de l’incendie criminel d’un centre d’enrôlement, un juge militaire du district central avait révélé que pas moins de 77 de ces centres avaient été incendiés en 2022.

Delhaize, une longue lutte !

Le 7 mars, la direction de Delhaize annonçait la vente des 128 magasins intégrés à des franchisés. Elle affirmait la main sur le cœur depuis des décennies la défense de la grande famille Delhaize…
Les actionnaires du groupe Ahold Delhaize, dont dépend la filiale belge Delhaize, ont engrangé 2 milliards d’euros en 2022 ! Ces derniers sont le produit du vol légal des milliers de travailleurs du groupe. Mais ce n’est pas assez pour eux ! Ces parasites aimeraient encore augmenter leurs marges bénéficiaires de plusieurs centaines de millions d’euros.
La vente sous franchise a pour but d’aggraver l’exploitation des 9200 travailleurs de l’entreprise en diminuant les avantages salariaux et en augmentant la charge de travail de tous. Là où il y avait une cinquantaine de travailleurs dans un Delhaize intégré, il n’y en aura plus que 20 ou 30 dans un magasin franchisé. Cela signifie la mise à la retraite des plus âgés, l’engagement de plus jeunes dans des conditions de travail dégradées. Le changement de commission paritaire n’est que la manifestation de cette aggravation de l’exploitation !
Quant aux petits patrons qui veulent acheter, ils n’ont fait que manifester leur contentement de participer à leur faible mesure à la curée proposée par Ahold Delhaize.
Les travailleurs ne sont pas restés passifs face à la nouvelle. Ils ont rapidement débrayé début mars, amenant la majorité des magasins à fermer. Plusieurs sont alors entrés en contact les uns avec les autres et se sont entraidés pour développer la grève. Certains se sont d’ailleurs rendus au dépôt central de Zellik pour convaincre leurs collègues de faire grève. Là où dans certains magasins, c’était plus difficile, ils se sont venus en aide. Nombreux sont ceux pour lesquels c’était la première grève et ils voulaient aller jusqu’au bout de la mobilisation.
Certains ont été discuté avec des travailleurs des magasins déjà franchisés, d’autres ont des anciens collègues dans les autres enseignes, dans les Aldi, les Lidl, les Colruyt, les Carrefour, etc. et ils les ont entendu exprimer les mêmes craintes et entendre sourdre la même colère.

La classe ouvrière a dans ses mains une force, celle du nombre et bien des ressources d’initiative. Or, la politique des directions syndicales est insuffisante. Depuis le début de la crise, elles ont proposé de négocier, se sont plaintes dans la presse, dénonçant mollement l’arbitraire patronal… Les seules actions qu’elles ont menées correspondait à leur volonté d’avoir un rapport de force pour négocier sans se soucier que les travailleurs produisent et contrôlent leur propre mouvement. Leurs actions se sont soldées par des échecs. Leur politique, au lieu de mener les travailleurs vers le développement de leur lutte, a seulement pour but de négocier avec un patron qui se moque bien de discuter avec des représentants syndicaux qui ne sont rien pour eux, tant que les travailleurs n’ont pas montré leur force.
Le patron a bien sûr utilisé tous les moyens légaux et il compte évidemment sur l’usure des travailleurs. Il a envoyé la police et les huissiers. Le 8 avril, il réussissait à rouvrir 19 magasins avec leur aide. Il restait 43 magasins fermés.
Si les travailleurs veulent faire faire machine arrière aux patrons, ils ne peuvent compter que sur leurs propres forces. Les politiciens du PS eux ont fait des discours moraux à la direction, promis l’intervention d’un conciliateur social et proposé le vote d’une loi censé garantir les emplois malgré la franchise. Ces discours politiciens ne sont que des promesses qui n’ont pas pour but de s’opposer réellement à la direction de Delhaize. Ils proposent seulement de se substituer aux luttes des travailleurs pour mieux enterrer le mouvement de grève.
Pour faire reculer l’arbitraire des patrons, pour les obliger à déchirer leur acte de vente qui n’est qu’un chiffon de papier, il n’y a qu’une seule solution, étendre la grève, se baser sur l’énergie toujours renouvelée des milliers de travailleurs, que ces derniers se donne leur propre politique, leur faire confiance pour changer leur sort. Leur confiance en eux, c’est une confiance dans le monde du travail.
C’est seulement ainsi que la phrase de Marx prendra tout son sens : « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »

Et si la rue dictait enfin sa loi ?

Voilà deux mois que le monde du travail se mobilise en France contre la réforme des retraites de Macron, qui vise à faire passer l’âge de la retraite à 64 ans au lieu de 62 actuellement.
Macron comptait peut-être que le mouvement allait s’essouffler rapidement. Eh bien, c’est raté. Il espérait qu’en forçant l’adoption de la loi sans vote au parlement, il mettrait les travailleuses et les travailleurs devant le fait accompli et que ça les découragerait. Eh bien, ça aussi, c’est raté.
Bien au contraire, ce mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur. Des salariés qui n’avaient jamais fait grève, qui n’avaient jamais manifesté s’y sont mis pour la première fois. Des jeunes qui sont pourtant bien loin de l’âge de la retraite ont rejoint en nombre les manifestations dans toutes les villes du pays. Depuis le début du mouvement sur les retraites, des millions de travailleurs ont participé au moins à une manifestation, à un débrayage voire à une journée de grève.
Ils viennent du public comme du privé, des grandes entreprises comme des plus petites, de Paris comme de la province. Certains sont en CDI mais d’autres en CDD, en intérim ou en stage. Pour beaucoup, c’est leur premier combat. Partout dans les ateliers et les bureaux, les discussions se multiplient et partout les consciences sont en train de changer. Pour tous, les retraites sont la goutte d’eau de trop, après la flambée des prix et le gel des salaires.
Car au-delà de la question des pensions elles-mêmes, la population rejette toute l’arrogance de cette caste de politiciens grassement payés et dotés de pensions généreuses et qui cirent les pompes du patronat. Elle n’en peut plus des coupes budgétaires dans les services de santé, de l’inflation, de la misère tandis qu’un Bernard Arnault s’affiche au palmarès des capitalistes les plus riches de la planète avec une fortune personnelle de 200 milliards de dollars. Lui et ses comparses ont profité de l’inflation pour accroitre encore plus leurs marges bénéficiaires alors que des millions de ménages n’arrivent plus à joindre les deux bouts.
Face à cette minorité de parasites, les travailleurs représentent une force colossale. Qu’ils soient de la métallurgie, du commerce, de la pétrochimie, du nettoyage, des banques, des hôpitaux, des transports, qu’ils soient ouvriers, employés, techniciens, ingénieurs, conducteurs, informaticiens, caissières, secrétaires, aides-soignants, etc., ils sont à la base du fonctionnement du moindre rouage de la société.
Grâce à ce mouvement, beaucoup d’entre eux réapprennent à s’exprimer et à agir collectivement. Des liens de solidarité et de confiance se construisent et nombre de travailleurs se sentent plus légitimes que jamais pour revendiquer. Rien que prendre l’habitude de discuter de tous les problèmes qui se posent, salaires, horaires, conditions de travail, transport… est une avancée précieuse pour notre camp et un danger pour le patronat.
Face au coup de force de Macron, un sujet est sur toutes les lèvres : les manifestations ne suffiront pas, les grèves d’un jour non plus, alors que faire ? Plusieurs secteurs ont déjà répondu en entamant des grèves : transports, écoles, centrales électriques, raffineries ainsi que les éboueurs dans plusieurs grandes villes.
La grève, c’est ce que craint le plus le grand patronat, au point que des capitalistes, notamment à Stellantis et Continental, ont mis en chômage technique un grand nombre de leurs usines les jours qui ont suivi les journées de grève.
La force de la grève générale c’est avant tout qu’elle bloque la machine à faire du profit et qu’elle touche directement le grand patronat au portefeuille. De plus, la grève libère les travailleurs de leur poste de travail auxquels ils sont enchaînés pendant toute la semaine. Elle leur donne le temps de s’organiser, de discuter entre eux et de remettre en cause tout ce qui ne va pas. Avec elle, tout devient possible ! Cela coûte, certes, mais l’inaction coûte encore plus cher.
Si la force du patronat est de posséder les entreprises, la force des travailleurs est de les faire tourner et ils deviennent 10 000 fois plus puissants que l’infime minorité des capitalistes, quand ils se lancent tous ensemble dans le combat et dans la grève.
Nul ne sait ce que le mouvement va donner. Une chose est certaine c’est que le gouvernement belge a lui aussi des plans pour réduire le montant des pensions, et que l’inflation frappe tout aussi durement de ce côté-ci de la frontière. Alors oui, nous aurions bien besoin d’un tel mouvement !
Toutes les lois anti-sociales que les gouvernements passés ont imposé, la grève peut les défaire.

Pas de guerre pour les profits

Voilà un an que la guerre en Ukraine a commencé. Nul ne peut en ignorer les ravages : 200 000 morts, des millions de déplacés, des familles démunies qui se demandent comment elles vont passer l’hiver. La destruction des infrastructures, routes, écoles, hôpitaux, centrales, est une catastrophe supplémentaire dont les conséquences vont se faire sentir pendant des années.
Les justifications de Poutine pour déclencher cette guerre sont tout aussi mensongères que les déclarations des pays de l’OTAN qui prétendent défendre la démocratie et le droit des peuples. Leur propagande présente la Russie comme un agresseur face à des pays « pacifistes ». Or l’histoire récente montre bien qu’ils n’ont pas hésité à se lancer eux-aussi dans des aventures guerrières. Ils ne sont pacifistes que quand ils peuvent imposer leur volonté au monde par leur simple poids économique.
Cette guerre est le fruit d’une concurrence féroce pour décider qui va contrôler les ressources minières, agricoles et humaines de l’Ukraine. Elle n’est qu’un épisode de plus dans l’histoire sanglante du capitalisme.
La folie de la concurrence entre capitalistes fait que seuls les plus gros survivent, elle leur impose une fuite en avant dans la surproduction et cela rend rapidement les frontières nationales trop étroites pour les mastodontes de l’industrie et de la finance. Cette bataille se mène depuis plus d’un siècle à l’échelle mondiale.
Dans cette course au profit, les gouvernements de chaque pays ont pour rôle défendre les intérêts de leur propre bourgeoisie en lui assurant les meilleurs accords, les meilleurs accès à des marchés captifs et aux matières premières. Historiquement, cela explique les politiques de colonisation à l’œuvre au 20ème siècle.
Aujourd’hui la colonisation est indirecte. USA, Europe, Japon, Chine, Russie se partagent des zones d’influence économique et politique sans cesse remises en cause en fonction de leurs rapports de force. C’est la loi du plus fort et si le plus faible la refuse, cela se tranche par les armes, par la guerre, qui n’est donc que la continuation sanglante du combat des capitalistes entre eux pour l’accaparement des richesses de la planète et l’exploitation des peuples. Et quand ceux-ci se révoltent, c’est la guerre aussi.
Cette logique mortelle a été à l’origine des deux premières guerres mondiales et de tous les conflits récents, en Syrie, en Afghanistan, au Yémen et maintenant en Ukraine.
La Russie à l’économie déclinante défend son influence sur l’Ukraine tandis que les pays alliés de l’OTAN veulent l’étendre.
Aujourd’hui, le conflit menace de se généraliser. Tous les pays sont sommés de choisir leur camp. Est-ce que la Russie réussira à impliquer d’autres pays de la région ? Est-ce que l’OTAN interviendra directement ? Est-ce que la Chine livrera des armes à la Russie ? Car dans le même temps, le ton ne cesse de monter entre la Chine et les Etats-Unis. Les économies de ces pays sont complètement liées, mais la Chine cherche à sortir de sa situation de dépendance et pour cela elle doit disposer, elle-aussi, de sa zone d’influence et cela ne peut se faire qu’au détriment d’une autre puissance…
L’affaire du ballon espion chinois abattu au-dessus des Etats-Unis, le survol de Taïwan par des drones militaires chinois, sont autant d’étincelles qui testent la volonté de ces géants économiques et militaires à en venir aux mains. Il y a là les germes d’un autre conflit, d’une autre guerre.
Surtout que la guerre, qui est une horreur pour les peuples, est aussi une aubaine pour les fabricants d’armes. Rien qu’à l’échelle européenne, ce sont des milliers de milliards d’euros d’argent public qui vont être consacrés à fabriquer des machines à tuer en masse.
Ce système économique produit la misère, la guerre et la mort. Il ne peut pas en être autrement sans que les travailleurs y mettent un terme. Ils le peuvent car sans eux rien ne fonctionne. Les capitalistes et leurs gouvernements ont besoin d’eux pour tout, y compris pour produire, transporter les armes… et pour se battre.
Le rouleau compresseur de la propagande prépare les esprits à une future guerre, à devoir défendre la démocratie contre la dictature, russe ou chinoise. Or le capitalisme, c’est la dictature, c’est la misère, et les travailleurs n’ont pas à se ranger derrière un exploiteur plutôt qu’un autre.
Préparons-nous au contraire à défendre notre propre camp, à nous unir entre exploités, par-delà les frontières, contre nos propres gouvernements et contre la classe capitaliste qui nous exploite.

Une catastrophe bien trop prévisible

Le lundi 6 février, deux tremblements de terre ont frappé à quelques heures d’intervalle la région de Ga-ziantep à la limite de la Turquie et de la Syrie. Leur ma-gnitude de 7,8 en fait des séismes extrêmement destruc-teurs, qui ont complètement ravagé les infrastructures de plusieurs villes de la région. La ville d’Antakya par exemple a été quasi totalement rayée de la carte. Les secousses ont été ressenties à des dizaines de kilo-mètres !
A la date d’aujourd’hui, plus de 19 000 morts en Turquie et plus de 3 000 en Syrie ont été recensés, s’y ajoutent près de cent mille blessés et au moins 300 000 déplacés. Ces derniers n’ont nulle part où aller et sont hébergés dans des conditions plus que précaires alors que l’hiver bat son plein. Certains rescapés du séisme sont morts de froid.
Le président Erdogan a déclaré que le tremblement de terre ressortait de la volonté divine et qu’il n’était pas prévisible. Il a condamné ceux qui critiquaient la lenteur et l’inefficacité des secours.
Cela fait des années que cette région est connue pour ses risques sismiques et étudiée en long et en large par les géologues. Donc, non, ce n’est pas une surprise et l’impréparation n’a d’autre explication que le manque de volonté des gouvernements successifs.
Malgré leur bonne volonté, les secouristes ont été dé-bordés par la situation, ils n’étaient pas assez nombreux pour la tâche : des dizaines de milliers de blessés, de sans-abris à protéger tout en recherchant des survivants dans les décombres. Le constat des habitants a été par-tout le même : trop peu et trop tard. Ils sont en colère mais la réponse d’Erdogan est de mettre en prison les contestataires.
Comment se fait-il en outre que des bâtiments, parfois récents, se soient effondrés comme des châteaux de cartes ? Les normes antisismiques n’ont de toute évi-dence pas été respectées. Il semble que la leçon du tremblement de terre précédent, qui a fait 17 000 morts ait été rapidement oubliée.
Disposer de secours suffisants et de bâtiments résis-tants aux séismes, est une question de choix politique ! C’est le choix de laisser les promoteurs immobiliers construire à bon marché des immeubles en carton-pâte. C’est le choix d’investir dans une armée qui est bien plus efficace dans la répression contre les Kurdes que pour secourir les populations civiles.
De l’autre côté de la frontière, la situation est encore pire. La Syrie est déjà en ruines, conséquence d’une guerre civile, qui fit particulièrement rage dans cette région, proche d’Alep. La ville et ses environs a été occupée par l’État Islamique puis bombardée sans re-lâche par les avions alliés et surtout russes. Les hôpi-taux de la région ne fonctionnaient déjà quasiment plus avant le séisme, faute de médecins, par manque de ma-tériel et tout simplement de fuel pour les groupes élec-trogènes qui ne fonctionnent qu’une heure par jour. Rien n’a été reconstruit depuis la guerre et la région souffre de telles pénuries d’eau que des maladies telles que le choléra ont fait leur apparition.
Cette situation est le résultat de l’embargo internatio-nal contre la Syrie qui pèse lourdement sur la popula-tion. Il est la continuation de cette guerre pour le con-trôle de la région. Assad, comme en son temps Saddam Hussein, était le gendarme régional au service des grandes puissances. Il est devenu gênant mais ne veut pas lâcher les rênes du pouvoir et de la richesse, même dans une Syrie dévastée.
Des deux côtés de la frontière on trouve le même mé-pris pour la vie humaine quand il s’agit de celle des couches populaires. On trouve la même logique du pouvoir et du profit, qui se traduit par des économies meurtrières sur la qualité des bâtiments ou sur l’efficacité des services de secours.
La presse tire à boulets rouges sur les manœuvres po-liticiennes d’Erdogan et d’Assad, mais il y a derrière eux les dirigeants principalement américains et euro-péens qui les utilisent pour jouer au Monopoly avec la peau des peuples.
Et s’il existe une corruption bien réelle qui permet de passer outre les normes de construction, ce n’est pas une spécificité locale. On a pu voir en Europe suffi-samment de crises sanitaires, d’inondations mal gérées et autres catastrophes similaires, pour se rendre compte que la même logique de profit est à l’œuvre et que nulle part sur la planète, le monde du travail ne peut compter sur les États pour les protéger.
En Turquie, comme en Syrie, la catastrophe naturelle aurait eu bien moins de conséquences si elle ne s’était pas doublée d’une catastrophe sociale dont la respon-sabilité n’est pas à chercher dans une quelconque vo-lonté divine mais dans l’appétit de profits inhérent à ce système capitaliste.

Une guerre sans issue

Voilà un an que la guerre fait rage en Ukraine à la suite de son invasion par la Russie.
Il est impossible de déterminer le nombre de morts et blessés mais il est certain que cela se comptera en centaines de milliers dans chaque camp. Le pays est ravagé par les bombardements qui ont détruit routes, hôpitaux et centrales électriques. Des millions de personnes ont dû fuir et vivent dans la précarité la plus totale en Ukraine ou en exil.
Poutine a présenté cette guerre comme une opération militaire visant à chasser les “néonazis” du pouvoir et à protéger les populations de l’est de l’Ukraine d’un prétendu génocide. De leur côté, le gouvernement ukrainien de Zelensky et ses alliés de l’OTAN se présentent comme les hérauts de la démocratie et les défenseurs de la paix.
Tout cela est mensonger d’un côté comme de l’autre. Toutes les guerres ont besoin de prétextes pour envoyer les soldats à la mort et derrière les discours ronflants se cachent mal la concurrence pour le contrôle de l’économie ukrainienne, ses ressources et son marché. Depuis la chute du mur de Berlin et la fin de l’Union Soviétique dans les années 1990, les pays occidentaux grignotent progressivement l’ancienne zone d’influence de la Russie. L’économie russe a été pillée par ses anciens dirigeants et hauts fonctionnaires reconvertis en capitalistes. Elle stagne et ne peut faire face au rouleau compresseur américain.
La Russie a mobilisé des centaines de milliers de soldats, essentiellement issus des milieux populaires, et les a envoyés sur le front sans préparation, parfois sans matériel adéquat, où ils ont été fauchés par l’artillerie alliée.
Le gouvernement ukrainien a dû « démissionner » des ministres et des hauts fonctionnaires coupables de corruption. Ils s’étaient arrangés avec les fournisseurs de l’armée pour surfacturer nourriture et équipements et empocher la différence. Il s’agirait d’une multiplication par deux ou trois du prix des aliments destinés aux soldats, ainsi que du détournement de l’argent destiné à reconstruire des centrales.  Pendant ce temps, le reste de la population peine à se chauffer et à se nourrir.
Le gouvernement Zelensky était déjà sur la sellette avant la guerre à cause de sa politique anti-sociale, exigée par les investisseurs occidentaux pour mieux exploiter sa main d’œuvre bon marché. A l’époque, le plus proche conseiller de Zelensky avait déjà été pris la main dans le sac, sans que celui-ci juge nécessaire de s’en séparer.
Cela est particulièrement choquant aux yeux de la population laborieuse ukrainienne qui est la première victime, à la fois de la guerre et de la politique économique du gouvernement. Mais ce n’est pas une surprise pour les alliés de Zelensky. Ils savaient bien qu’ils faisaient affaire avec un gouvernement anti-ouvrier et corrompu. Cela ne les a pas dérangés, bien au contraire.
Il est évident qu’à part leur nationalité, les oligarques ukrainiens ne diffèrent pas des oligarques russes, pas plus que des grands patrons européens et américains : prêts à sauter sur n’importe quelle opportunité pour s’enrichir au détriment de la collectivité. Des liens économiques étroits existaient entre ces vautours avant la guerre, ils ont perduré malgré les sanctions et reprendront de plus belle après.
Quoi qu’il en soit, la corruption du régime n’empêche pas les occidentaux de livrer des armes en quantité astronomique, y compris depuis ce mois-ci, des chars lourds réclamés par le gouvernement ukrainien depuis des semaines.
Face à la surenchère à l’aide militaire, les pays occidentaux ont montré leurs hésitations. Chacun d’entre eux cherche à se positionner pour la reconstruction du pays, qui sera une poule aux œufs d’or pour les multinationales du béton, de l’acier, des équipements et de la logistique. Mais les gouvernements ne veulent pas forcément aller trop rapidement dans l’escalade guerrière car les risques d’élargissement du conflit sont réels. Poutine a été leur allié dans la guerre en Syrie, il a réprimé les manifestations ouvrières au Kazakhstan l’an dernier. Il a rendu des services à l’ordre capitaliste mondial et rien ne dit qu’il ne pourrait pas encore leur servir, ne serait-ce que pour garantir la continuité et l’ordre en Russie même.

Tous les belligérants sont des ennemis des travailleurs. La seule promesse que les pays de l’OTAN peuvent faire aux Ukrainiens : du sang aujourd’hui et des larmes demain. Et Poutine ne leur en fait pas d’autre.
Les guerres font partie du capitalisme qui en a fait des catastrophes mondiales. La Première et la Seconde Guerre Mondiale en témoignent. Seule la fin du capitalisme nous permettra d’éviter la troisième.

Pour une année de luttes

Une nouvelle année commence, mais elle ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices que la précédente.

La guerre continue à faire rage en Ukraine, où les morts s’accumulent. Les destructions touchent particulier les infrastructures de santé et d’énergie, ce qui met la population dans une situation de détresse. Cette tragédie, résultat de la lutte d’influence entre les pays de l’OTAN et la Russie, aura des répercussions pendant des dizaines d’années.

Il n’y a d’ailleurs pas qu’en Ukraine, le Yémen est aussi en proie à la guerre depuis 8 ans, sous les bombes de l’Arabie Saoudite, alliée des Etats-Unis et des pays européens.

Ces guerres ouvertes, comme tous les conflits latents dans le reste du monde, ne sont pas le résultat de l’aveuglement stupide et belliqueux de quelques dirigeants. Elles sont le fruit pourri des conflits économiques, de la concurrence exacerbée entre les grandes entreprises mondiales et les États qui les hébergent pour contrôler des ressources naturelles ou des marchés d’exportation.

Ce n’est pas un phénomène nouveau. C’est le même qui a engendré les première et seconde guerres mondiales. Depuis, les conflits étaient certes de moindre ampleur, mais la guerre était toujours quelque part, au Kosovo, en Irak ou en Syrie, pour ne citer que les plus récents.

La guerre est aussi l’occasion de profits énormes pour les marchands d’armes et la paix qui suivra fera le bonheur des marchands de béton.

Donc, oui, avant, pendant et après, la guerre est le produit de cet ordre social où les capitalistes et leurs États s’affrontent dans l’arène mondiale pour imposer leur domination économique. Les prolétaires, civils ou militaires, en sont les seules victimes.

La guerre en Ukraine a aussi été le détonateur d’une inflation qu’on n’avait pas connue depuis longtemps. Le chiffre global de l’année s’est stabilisé autour de 10% mais dans les rayons des supermarchés, la hausse des prix a atteint les 18%. L’électricité et le gaz ont augmenté respectivement de 35% et 75% sur un an. Les aides misérables du gouvernement pour essayer de calmer les travailleurs n’ont certainement pas compensé le trou énorme que cela a creusé dans les budgets.

Et pourtant, le patronat continue de demander la suppression de l’indexation automatique des salaires ! Ces parasites viennent de s’empiffrer comme jamais grâce à l’inflation mais ils voudraient que les travailleurs soient encore plus pauvres.

Le patronat et le gouvernement prétendent que l’inflation est causée par le conflit ukrainien et que les prix ne font que refléter le « marché » face auquel ils seraient impuissants. C’est faux, ils ont fait le choix de maintenir leurs sacro-saintes marges bénéficiaires au détriment des populations.  Et puis, les attaques contre le pouvoir d’achat et les pensions n’ont pas attendu la guerre. Elles n’ont en réalité jamais cessé.

Comme la guerre, l’inflation est une conséquence de ce système capitaliste absurde et injuste dans lequel une couche infime d’ultra-riches profite de la misère des autres. Là aussi, les prolétaires en sont les seules victimes.

Les communistes disent depuis toujours que le patronat n’en aura jamais assez, qu’il ne peut pas supporter que les travailleurs puissent vivre décemment de leur travail et qu’ils ne cesseront jamais de s’en prendre aux salaires, aux pensions et aux services publics.

Cela ne laisse pas d’autre choix au monde du travail que de se battre, que d’organiser les luttes les plus larges et les plus déterminées possibles pour faire reculer le patronat.

Les communistes disent aussi depuis toujours que les travailleurs peuvent changer les règles du jeu, qu’ils peuvent changer le monde. N’oublions jamais que ce sont les travailleuses et les travailleurs qui produisent toutes les richesses. Les riches n’ont qu’un seul mérite, celui d’être bien nés et d’avoir su faire travailler les autres pour eux.

Quand les travailleurs sont mobilisés pour résoudre leurs problèmes communs, quand ils passent par-dessus le piège des divisions nationalistes ou religieuses que leur tendent les politiciens bourgeois, alors ils peuvent faire peur au patronat. Nos divisions et notre passivité sont sa seule force. Seule la peur de notre mobilisation peut le faire reculer.

Cela veut dire que pour l’année qui vient, il faut se préparer à entrer en lutte, il n’est pas possible d’en faire l’économie. Il faudra des grèves et des manifestations pour nous imposer. Ce sera peut-être difficile, mais c’est possible. L’histoire de notre classe l’a montré plus d’une fois et c’est la meilleure chose à souhaiter pour l’année qui vient.

Le capitalisme pourrit tout ce qu’il touche

La coupe du monde a commencé, c’est impossible de ne pas le savoir tant les médias la rendent omniprésente.

Il y a la fête, il y a le sport mais, comme à chaque fois, l’organisation de cette compétition a été l’occasion d’une débauche de milliards. Qu’on aime le foot ou pas, il est aberrant de construire des terrains de foot géants en plein désert, qui ne serviront que pendant deux semaines ! Les montants des contrats publicitaires et de sponsoring sont démesurés alors que partout dans le monde des femmes, des hommes, des enfants crèvent littéralement de faim ou de misère.

Cette année, l’organisation de la coupe a été confiée au Qatar, dont la famille régnante, la famille al-Thani dispose d’une fortune qui se compte en centaines de milliards d’euros, essentiellement issus des revenus du pétrole et de l’exploitation de millions de travailleurs précaires dans les champs pétrolifères.

L’odeur de pétrole et sang de cet argent n’a pas rebuté la FIFA qui savait, en choisissant le Qatar, qu’elle allait toucher le pactole.

Et il n’y a pas que la FIFA : le Qatar a fait construire sept stades géants, une nouvelle ville, avec ce que cela implique d’infrastructures routières et autres. Les multinationales de la construction et de l’équipement se seraient partagé un gâteau de 220 milliards de dollars, c’est le coût estimé de l’organisation de cette coupe du monde. La précédente édition, en Russie, avait coûté 12 milliards de dollars, ce qui est déjà une somme énorme, mais sans aucune comparaison. Cette somme est supérieure à toutes les richesses produites en un an par un pays comme la Grèce.

La presse s’est aussi faite l’écho des états d’âme de certains gouvernements ou de certaines fédérations footballistiques par rapport aux droits de l’homme et aux conditions de travail au Qatar.

Ce n’est pas un scoop et la FIFA, ainsi que tous les gouvernements qui y sont représentés, connaissaient très bien cette situation. Elle n’est un secret pour personne. Depuis que le Qatar a été créé, son clan dirigeant dirige le pays d’une main de fer. Le pays compte 350 000 citoyens qataris au service desquels travaillent plus de deux millions de travailleurs immigrés indiens, népalais, bengalis, syriens, irakiens, philippins et soudanais. Leur nationalité importe peu, ils n’ont de toute façon aucun droit. Les conditions de travail sont atroces avec des journées de douze heures, des semaines de sept jours et des températures de 40 degrés ou plus. Tout cela pour toucher moins de 300 euros par mois que ces travailleurs espèrent pouvoir envoyer à leur famille restée au pays car le regroupement familial n’existe pas.

Jusqu’à récemment, les salariés ne pouvaient même pas changer d’employeur sans leur accord. Ils n’avaient aucune garantie sur le versement de leur salaire. Aujourd’hui encore, ils risquent l’expulsion à la moindre revendication.

Le nombre de morts d’accidents du travail avoisine les 6 500 en dix ans – chiffre qui n’est évidemment pas reconnu par l’émirat.

Quant aux droits des femmes ou des homosexuels, ils sont réduits à néant par une application rigoriste de l’Islam.

Tout cela, la FIFA le savait, les gouvernements le savaient et toutes les entreprises qui font affaire depuis des dizaines d’années avec le Qatar le savaient aussi et d’autant plus qu’elles sont les premières à profiter des conditions misérables de ces travailleurs.

Les bourgeois ne peuvent pas résister à l’appât du gain. Les remords et dénonciations de dernière minute ne peuvent masquer la complicité hypocrite des pays riches avec la dictature qatarie. Le Qatar lui-même est une création récente dont les frontières ont été dessinées en 1930 en fonction des champs de pétrole, afin d’assurer leur contrôle par les pays impérialistes. L’émirat ne peut se maintenir politiquement que grâce au soutien des Etats-Unis et de l’Europe et il renvoie l’ascenseur par des investissements massifs dans l’immobilier et l’achat de matériel, en particulier militaire.

Le Qatar n’est donc qu’un des multiples avatars du capitalisme. Il en montre la face hideuse et brutale et il n’en a hélas pas le monopole.

De même, cette coupe du monde, sa débauche d’argent et d’énergie, montre une fois de plus que le capitalisme pourrit tout ce qu’il touche, et le sport n’y fait pas exception.