Archives pour la catégorie Belgique

Des enfants à la rue, la crise de l’asile a bon dos

Faute de place dans les centres d’accueil de Fedasil, 21 adolescents n’ont pu compter que sur des ONG pour dormir au chaud. En septembre, le nombre de demandes de protection – plus de 4000 – a atteint un record depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan à l’été 2021. Mais parler de crise de l’asile est ridicule pour justifier les carences de l’Etat belge, condamné plus de 4500 fois depuis le début de l’année pour non-respect de ses obligations. C’est bien une politique délibérée pour dissuader les candidats réfugiés de déposer une demande d’asile.  

Un automne social trop poussif

Thierry Bodson, le président de la FGTB, annonce un premier rassemblement syndical pour ce 21 septembre avant une grève générale prévue dans la première quinzaine de novembre. Alors que les prix continuent de flamber et que les travailleurs ont toujours plus de mal à joindre les deux bouts, ce calendrier d’action sociale est bien trop timoré. Face à un patronat prêt à tous les sales coups, il est plus que temps de durcir le ton et de faire payer aux capitalistes qui se gavent sur notre dos une augmentation immédiate des salaires et des allocations sociales.

Engie : une rapacité sans limites

Pour réduire la dépendance aux hydrocarbures russes sur fond de guerre économique et militaire, le gouvernement avait décidé en mars dernier de prolonger deux centrales nucléaires jusque 2035. Engie, le propriétaire de ces deux centrales, comme de toutes les autres d’ailleurs, avait flairé la bonne affaire. Ses dirigeants savent bien qu’ils peuvent compter sur la complicité des politiciens qui se succèdent dans les cercles du pouvoir. Ils n’ont pas été déçus ! 

En juillet, le gouvernement De Croo a annoncé qu’il acceptait toutes les conditions d’Engie pour la remise en route des centrales. Deux mois plus tard, alors que les prix de l’énergie continuent d’exploser et que l’entreprise a annoncé un bénéfice net de 5 milliards d’euros, en augmentation de près de 100 % par rapport à l’année dernière, que fait le gouvernement ? Il persiste et signe : lors du « codeco sur l’énergie », il s’est caché derrière l’accord du précédent gouvernement pour justifier qu’il ne pourrait pas modifier les taxes avantageuses offertes à Engie avant… 2025.

Quant à la « taxe sur les surprofits » brandie comme un épouvantail par les Écolos, le gouvernement va sagement attendre de voir ce qui se fait au niveau européen. Pareil pour la limitation du prix de l’électricité : le gouvernement se cache derrière l’Europe pour justifier son inaction. 

Les gouvernements ne sont pas là pour défendre le pouvoir d’achat des travailleurs, mais pour assurer la continuité de leur exploitation par le patronat. Quand Macron, qui n’est pas un gauchiste, bloque les prix du gaz et de l’électricité en France, c’est avant tout pour éviter des explosions sociales.

Pourtant, c’est bien de ça dont le monde du travail aurait besoin, car seule une lutte sociale d’envergure fera suffisamment peur au patronat, et à Engie en particulier, pour leur imposer d’arrêter l’augmentation des prix et de rendre l’argent qu’ils nous ont volé par leur spéculation. 

Les bienfaits de la digitalisation

Au gré des licenciements dans les services, il devient toujours plus nécessaire d’être « connecté ». Du bureau de chômage au cabinet médical, en passant par la gare ou la banque, trouver un guichet ouvert ou un humain au bout du fil revient à gratter un billet de Lotto. Pourtant, nombreux sont ceux qui n’ont pas d’ordinateur, de connexion internet ou qui éprouvent des difficultés à s’en servir. Les abonnements et le matériel informatique coûtent extrêmement cher ! Cette digitalisation qu’on nous vend comme une « simplification administrative » entraîne en fait l’exclusion de toute une partie de la population qui n’a pas les moyens de l’utiliser : la fracture numérique est une fracture… sociale. Au final, il faut reconnaître ce qu’elle est avant tout : un prétexte dont se servent les patrons pour licencier. 

Non-accueil des réfugiés, politique délibérée

Il ne se passe pas une semaine sans que la politique d’accueil – ou plutôt de non-accueil – des réfugiés en Belgique ne fasse parler d’elle pour son incurie et son amateurisme. Et l’Etat belge n’est pas le seul à souffrir de ces maux. Aux Pays-Bas, 700 demandeurs d’asile sont contraints de dormir dans la rue et un bébé de trois mois est mort dans un centre surpeuplé ! Que des dizaines de candidats réfugiés se voient chaque jour privés de la moindre protection n’a rien d’une fatalité fortuite. C’est bien l’action délibérée d’un système avare et dégénéré.

Cela fait maintenant de nombreux mois que les travailleurs sont confrontés à la spirale infernale de l’envolée des prix. 

Officiellement, les statistiques de l’État affichent une augmentation de 10 % à la fin du mois d’août. On est bien loin de la réalité des fins de mois car moins un ménage a de moyens, plus les augmentations des prix de produits de première nécessité pèsent lourd dans son budget. Ce sont les prix de l’électricité et du gaz qui ont tiré les chiffres vers le haut. Depuis 2020, ils ont été multipliés respectivement par dix et par quinze ! C’est à près de 8 000 euros que s’élèverait en moyenne la facture annuelle d’énergie pour un ménage de quatre personnes. À côté, ce sont aussi le pain, les céréales, la viande et les vêtements qui ont encore augmenté le mois dernier. Des choses dont on voit mal comment se passer. Au bout du compte, ce sont des centaines d’euros qui manquent à la fin du mois.

Et ces centaines d’euros, multipliés par plusieurs millions de ménages, ne disparaissent pas comme par enchantement. Ils vont tout droit sur les comptes en banque des grandes entreprises auprès desquelles on fait nos achats. Ce n’est pas un hasard si le chiffre d’affaires de Delhaize a bondi de 15%. Comme l’affirme son directeur : « cette hausse s’explique en grande partie par l’inflation ». En ce qui concerne Solvay, son chiffre d’affaires a bondi de plus de 32%, dont 26% grâce à ses augmentations de prix. L’inflation n’est pas une plaie qui s’abat mystérieusement sur nos têtes, c’est une méthode qu’utilisent les capitalistes pour faire grossir leurs profits.

Les méthodes de brigandage des capitalistes appraissent le plus clairement dans le domaine de la production et de la distribution d’énergie ou de céréales. Les montagnes d’or accumulées en quelques mois le prouvent à elles seules. Dans ces deux secteurs, seule une petite poignée de grands groupes font la loi. Rien n’est donc plus facile pour eux que de s’entendre ou d’organiser une pénurie pour faire bondir les prix. Qu’il s’agisse de Total, Exxon, Chevron ou Shell dans le secteur de l’énergie, d’ADM, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus dans celui du blé, les hausses de prix imposées ont fait décoller les profits et ce sont des milliards de bénéfices supplémentaires qui ont atterri dans les poches de leurs actionnaires.

Journalistes et gouvernements nous répètent à longueur de journées que les augmentations de prix sont causées par la guerre en Ukraine, par les pénuries de matériaux ou encore par la sécheresse. Ce sont des explications bien commodes, qui blanchissent les vrais responsables. L’inflation n’est ni un phénomène naturel, ni une fatalité, elle est le résultat de la dictature du profit. Si les prix décollent, c’est parce que quelques grands groupes, en position dominante, imposent ces hausses de prix aux autres capitalistes, qui choisissent de les répercuter à leur tour afin de préserver les marges bénéficiaires. Au bout du compte, c’est aux travailleurs qu’est présentée la note, donc à ceux qui ne peuvent répercuter ce vol sur personne. Les capitalistes exploitent le travail tout au long de l’année et, en plus, ils font les poches des travailleurs en manipulant les prix ! En fait, grâce à l’inflation, ces profiteurs nous volent deux fois.

Les capitalistes mènent une véritable guerre à la classe ouvrière sur ces deux fronts. Ils nous entraînent progressivement vers la misère. En Europe comme dans le reste du monde, les travailleurs sont confrontés aux attaques d’une poignée de milliardaires. Pour y mettre un terme, la seule solution est d’engager, nous aussi, le combat. Aujourd’hui, certains ont déjà commencé, comme  les travailleurs du Royaume-Uni, qui ont entamé de grands mouvements de grève. En Sierra Leone, à Haïti, en Iran, au Kazakhstan ou encore au Sri Lanka, les manifestants ont bravé les balles de la police et de l’armée pour crier toute leur colère contre ce système injuste et contre les gouvernements qui le défendent.

Ces luttes montrent concrètement que les mêmes problèmes se posent à tous les travailleurs du monde et que partout, des femmes et des hommes sont prêts à se mobiliser pour défendre leur droit à une vie décente. Partout, les gouvernements utilisent des méthodes de répression policière pour défendre le droit du patronat à exploiter les plus pauvres. Tous ces gouvernements, même s’ils s’opposent dans leurs intérêts commerciaux, se soutiennent dans la répression contre les travailleurs. Mêmes problèmes, mêmes luttes, mêmes ennemis. Cela n’a pas changé depuis deux siècles, pas plus que notre devise : « travailleurs de tous les pays, unissez-vous ».

Chantiers scolaires, écoles précaires

Un récent rapport confirme l’état de délabrement avancé des bâtiments scolaires en Wallonie et à Bruxelles. Pas moins de 500 nécessitent des travaux de démolition et de reconstruction ou de lourde rénovation. Et encore, le recensement est loin d’être complet. Les chantiers en matière d’économies d’énergie sont tout aussi colossaux et souvent bâclés à la va-vite. Après plus de quarante ans de sous-financement chronique de l’enseignement, la facture s’annonce lourde, et ce sont encore les classes populaires qui vont en payer le plus lourd prix.

Bruits de bottes et de tiroirs caisses

Après avoir annoncé qu’il dégagerait un milliard d’euros pour l’armée, le Premier ministre promet d’arroser encore bien plus les marchands de canon. En début d’année, le gouvernement s’était déjà accordé sur l’augmentation des dépenses militaires à 1,54 % du PIB d’ici 2030, avec son projet « star ». 

Maintenant, comme les autres pays de l’OTAN, De Croo voudrait les porter à 2 % en 2035. Ce n’est rien moins que 10 milliards d’euros par an ! Pendant ce temps, les hôpitaux attendent encore les belles promesses de la veille. Les gouvernements voudraient nous faire croire qu’ils « défendent la paix, la veuve et l’orphelin » mais ils se préparent surtout à faire la guerre et à semer la mort.

Violences sexuelles, société poubelle

Un nombre record de victimes de violences sexuelles a été enregistré en 2021 par les centres de prise en charge hospitaliers, avec une moyenne de 193 signalements par mois au deuxième semestre, dont 65% de viols. Parmi les victimes, un tiers sont mineures d’âge ! S’il n’y a sans doute pas plus de violences sexuelles aujourd’hui qu’avant, les agressions abjectes commises contre des femmes, souvent très jeunes, en disent long sur l’état de cette société barbare où le corps féminin peut être consommé et exploité comme une vulgaire marchandise.

Hausse des prix :  ils nous roulent dans la farine

Le groupe belge de boulangerie industrielle La Lorraine vient d’annoncer un chiffre d’affaires record pour l’année 2021 : 885 millions d’euros ! Et, pour 2022, les prévisions sont encore meilleures. Aucun soucis avec l’augmentation du coût de l’énergie et des matières premières : le groupe annonce qu’il répercutera ces hausses par… l’augmentation de ses prix. Cela a le mérite d’être clair : c’est en vendant plus cher le pain, qu’ils feront leur beurre. Ces grands groupes ne connaissent pas la crise, puisqu’ils la font payer aux travailleurs !