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Un médicament inefficace mais très rentable

Fin octobre, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a acheté à la société pharmaceutique américaine Gilaed 12300 doses de remdésivir, un soi-disant remède miracle pour les malades du Covid, pour 4,3 millions d’euros. Les conclusions d’une étude clinique partagées quelques jours plus tôt par l’OMS démontraient pourtant toute l’inefficacité du traitement. Vendu au tarif exorbitant de 345 euros l’unité pour un prix coûtant de moins d’un euro (!), ce médicament était avant tout administré pour réduire les séjours d’hospitalisation. Tandis que le personnel soignant doit lutter chaque jour contre la pandémie et le sous-financement des hôpitaux, le gouvernement remplis les poches des charlatans capitalistes en échange d’un vulgaire placebo.

À chacun ses valeurs…

Le patron de la FEB a récemment déclaré qu’investir dans le public pour engager ou pour relever les salaires ne produisait pas de « valeur ajoutée ». Quand on pense à l’état catastrophique des hôpitaux, aux conditions de travail dans la santé et aux 18 000 morts causés par la pandémie, ces paroles sont celles de criminels ! Aux yeux de ces messieurs, les seules choses qui ont de la valeur sont celles qui font gonfler leur portefeuille.

Médaille d’or pour la Belgique

Loin devant l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni et même les États-Unis, la Belgique détient le record du nombre de décès dus au Covid par rapport à sa population. Cette triste victoire, elle ne la doit pas seulement aux multiples échecs des gouvernements. C’est avant tout en se souciant uniquement de la santé des profits, en sacrifiant celle des travailleurs, qu’ils ont propulsé la Belgique à cette place… en vain ! La crise économique s’installe et, une fois encore, c’est aux travailleurs qu’on demandera tous les sacrifices. 

Les vrais responsables

Le procès de la petite Mawda, tuée par une balle perdue lors d’une poursuite par la police, s’est ouvert récemment. Tenus pour responsables de trafic d’êtres humains et du meurtre de la petite fille, le chauffeur et le convoyeur de la camionnette qui transportait les migrants risquent 7 ou 10 ans de prison. Pas de doute, il est ignoble de se faire de l’argent sur le dos de pauvres gens qui cherchent à fuir la misère ou la guerre. Mais ça ne justifie pas de blanchir le policier qui a tiré sur une camionnette remplie d’hommes, de femmes et d’enfants. Quant au gouvernement et tous ceux qui provoquent les crises et les guerres que ces gens fuient ou qui ferment toutes les portes aux réfugiés, ils ne sont même pas inquiétés ! Cela n’est possible que dans une société aussi cupide que la nôtre, qui écrase constamment les plus pauvres, qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs.

Traitement de faveur pour les exploiteurs

Qu’ils soient régionaux ou fédéraux, les gouvernements sont bien peu regardants quand ils versent les primes pour aider les patrons. Rien qu’en Flandre, au moins 20 000 entreprises ont bénéficié d’aides alors qu’elles n’avaient déjà plus aucune activité avant la crise ! Idem pour le chômage temporaire : certains patrons ont reçu les allocations, alors qu’ils continuaient à faire travailler leurs employés. L’État ne s’est jamais montré aussi peu regardant et généreux avec les travailleurs, plus particulièrement avec les chômeurs, qu’il flique en permanence. 

Les politicards et leurs promesses

Les politiciens qui hier avaient assuré, la main sur le cœur, qu’ils soutiendraient la loi sur la dépénalisation de l’avortement viennent de la renvoyer en commission, de qui revient à l’enterrer pour des mois ou des années.  C’est la routine pour ces politiciens dont le seul objectif est d’obtenir des postes au gouvernement et qui se moquent bien des promesses qu’ils avaient faites la veille. Il n’y a qu’en leur bottant une bonne fois les fesses qu’on leur fera comprendre que le corps des femmes n’appartient qu’à elles seules et qu’ils n’ont rien à leur imposer !

La violence policière, reflet de la violence sociale d’une société injuste

En Belgique comme en France, les violences policières font l’actualité.

En Belgique, la justice a mis le feu aux poudres à Anderlecht en demandant un non-lieu dans l’affaire d’Adil, ce jeune homme qui a trouvé la mort dans une course poursuite avec la police suite à un contrôle Covid. Il y a l’affaire Chovanec, du nom de ce voyageur qui a été étouffé en cellule, tandis qu’une policière faisait le salut nazi devant la caméra. Dans l’affaire Mawda, le policier qui a tiré et tué la petite fille s’en tirerait avec tout au plus un an de prison – contre 7 à 10 pour le chauffeur de la camionnette de migrants. En septembre dernier, un commissaire a été mis de côté suite à la répression violente d’une manifestation pacifique pour la défense des soins de santé.

En France, il y a, entre autres, le cas de Zineb, une dame de 80 ans tuée à sa fenêtre par une grenade lacrymogène pendant une manifestation des gilets jaunes. Il y a Michel Zecler, tabassé chez lui par la police pour n’avoir pas porté de masque.

En France comme en Belgique, ces affaires n’auraient pas eu un tel retentissement si des familles, des amis ou des militants ne s’étaient pas mobilisés. Michel Zecler serait peut-être encore en prison si son passage à tabac n’avait pas été filmé, car la police l’avait mensongèrement accusé de rébellion. Cela illustre bien à quoi va servir la loi dite de « Sécurité globale » de Macron, qui veut justement interdire de filmer la police ! Dans l’affaire Mawda, la police belge a d’abord tenté de cacher que la petite fille avait été tuée par balle. Dans tous les cas, les gouvernements ont été solidaires de la police, tentant de minimiser la gravité des faits ou d’en limiter la portée en parlant de « cas individuels », voire en discréditant les victimes.

Cette solidarité sans faille a une cause profonde : la police est un outil essentiel pour la défense de l’ordre établi, avec tout ce qu’il comporte d’inégalités et d’injustices. Pourchasser les bandits et les voleurs est certes un travail utile mais le premier rôle de la police reste la répression.

Comment un système oppressif et injuste comme le capitalisme pourrait-il survivre, avec sa minorité de super-riches et une immense majorité de travailleurs, chômeurs et pensionnés qui vivent dans l’insécurité financière permanente, à la limite de la pauvreté ? Il est évident qu’un tel système ne peut qu’engendrer des révoltes. La police est justement là pour les réprimer.

Pour atteindre leurs objectifs sécuritaires, la hiérarchie policière et les ministères de l’Intérieur, ne sont pas très regardants sur qui ils embauchent. N’importe quel candidat fait l’affaire tant qu’il est prêt à manier la matraque avec vigueur sur les têtes ouvrières. Qu’ils soient d’extrême-droite, racistes ou anti-pauvres ne gêne personne, bien au contraire ! Il ne faut pas s’étonner alors de voir ce genre de policiers tabasser des quidams sur base de leur couleur de peau, gazer des manifestants ou tirer des grenades à tout-va. Et quand les bavures ont lieu, il est toujours temps pour les ministres de tirer sur un lampiste et discourir hypocritement sur la moralisation de la police et la nécessité d’y donner des formations contre le racisme.

Dans une période de crise économique et sociale comme celle que nous traversons, le risque d’une explosion sociale est d’autant plus grand que les injustices s’accroissent et que le poids de la crise pèse plus lourdement sur les épaules des classes populaires. Les gouvernements le savent bien et, non seulement ils ne vont rien faire contre, mais ils se préparent à faire payer la dette liée à la crise du Covid au monde du travail, par plus d’austérité, plus de flexibilité, plus de chômage. Alors, ils se dotent de tous les moyens pour faire face aux mouvements sociaux qui pourraient les faire vaciller du pouvoir. Ils fourbissent leurs armes, autopompes et caméras de surveillance, et votent des lois qui leur laissent les coudées franches. En Belgique, le MR voudrait une loi qui interdise les grèves « disproportionnées ». En France, la nouvelle loi de sécurité permettrait d’enrôler les agents de sécurité dans des missions de police, ce qui donnerait virtuellement au gouvernement une armée de 500 000 hommes en cas de besoin. Et c’est sans compter les nombreuses législations anti-terroristes, qui sont prêtes à servir contre les travailleurs en lutte et toutes les organisations de la classe ouvrière.  

Le gouvernement Macron n’est ni le premier ni le dernier à établir une politique autoritariste et policière. Une partie de la bourgeoise belge et les libéraux rêvent déjà de l’imiter. Les travailleurs devront se défendre pied à pied par la grève et les manifestations. 

Prime « de découragement » pour la santé

Le gouvernement a annoncé fièrement qu’il verserait avant la fin de l’année une prime unique de 985 euros bruts afin « d’encourager » le personnel de la santé. Ils auront dû attendre de nombreux mois pour voir arriver enfin du concret de la part du gouvernement, plus généreux en paroles qu’en actes ! Or cette prime ne s’adresse qu’aux soignants des hôpitaux au niveau fédéral. Rien n’est prévu pour le personnel d’entretien, pour les travailleurs des maisons de repos ou des maisons psychiatriques, ou pour les nombreux indépendants qui travaillent dans le secteur. C’est donc une bien maigre compensation pour ceux qui se sacrifient et s’épuisent depuis le mois de mars dans des conditions épouvantables.

Hausse des inégalités scolaires

Une étude récente est venue appuyer ce que les enseignants disent depuis des mois : la crise sanitaire, a accru les inégalités scolaires. Comme toujours, ce sont les classes populaires qui paient le prix fort en temps de crise, et les enfants n’y échappent pas ! Déjà parqués en temps normal dans des établissements vétustes, amiantés et exigus, confrontés à une pénurie de professeurs ainsi qu’à un manque de matériel électronique, la situation s’est empirée depuis mars. Résultat des comptes : un retard scolaire d’environ six mois en moyenne. Mais l’éducation devra encore se contenter de quelques miettes et de beaux discours, quand le patronat, lui, encaisse les millions.

Le profit d’abord, les travailleurs peuvent crever

La seconde vague de la pandémie est bel et bien là. Les contaminations sont reparties à la hausse de façon spectaculaire et les hôpitaux se remplissent à nouveau. Les experts tirent la sonnette d’alarme : une nouvelle catastrophe s’annonce et malgré le renforcement récent des mesures sanitaires, la situation va s’aggraver encore dans les jours qui viennent.

Dès le début de cette seconde vague, les politiciens en ont imputé la responsabilité à la population, en particulier aux jeunes qui ne respecteraient pas les règles ou aux fêtards irresponsables. Il y a certainement une minorité de réfractaires au port du masque mais ce ne sont pas eux qui expliquent que la pandémie ait repris son expansion dans tout le pays, ni dans toute l’Europe.

Il ne faut pourtant pas chercher loin : si l’on rassemble des milliers d’étudiants dans des salles de classe fermées ou des centaines de travailleurs dans des bureaux ou des ateliers, les contaminations vont forcément augmenter, masque ou pas. Comment respecter les gestes barrières quand on continue à s’entasser dans des transports publics bondés tous les matins ?

Les chiffres du « tracing » semblent indiquer que le foyer familial serait le premier lieu de contamination. Or, avant d’atteindre la famille, le virus a bien dû frapper l’un de ses membres, que ce soit à l’école ou au boulot. Pourtant, les politiciens préfèrent faire la morale et accuser telle ou telle partie de la population de ne pas suivre les règles, plutôt que de remettre en cause leur docilité face à une classe patronale impatiente de relancer la machine économique. Ces attaques sont d’autant plus injustes que les règles s’appliquent bien plus durement à ceux qui ont des bas salaires et qui se retrouvent au chômage économique, à ceux qui vivent dans des petits appartements étriqués et pour qui la rue tient lieu de seul espace de liberté. Pour eux, pas de villa ni de jardin, contrairement aux bourgeois qui forment la clientèle chérie des ministres. 

Cela fait des mois que le gouvernement Wilmès a répété que la situation était en train de redevenir normale, que l’on devait rouvrir les écoles, les universités et retourner au travail. De plus en plus de voix s’élevaient, au sein même du gouvernement, pour réclamer que l’on cesse de sacrifier l’économie sur l’autel de la santé. Et après ils voudraient mettre la responsabilité de la deuxième vague sur le dos des travailleurs ? Quelle sinistre plaisanterie !

Alors, oui, la responsabilité première, c’est celle du gouvernement qui ne connaît qu’une seule urgence : relancer la machine à profits du patronat.

Maintenant, le mal est fait. Et l’on se rend compte que sept mois après la première vague, les dirigeants du pays sont tout autant pris au dépourvu. Le « baromètre » de la pandémie n’est pas prêt et les mesures pour l’affronter semblent s’improviser semaine après semaine sans aucune logique autre qu’éviter de prendre des mesures sérieuses qui coûteraient éventuellement cher au patronat.

En effet, quel sens cela a-t-il d’instaurer un couvre-feu pendant les heures où 99% de la population dort ? Certains lieux de rassemblement comme les restaurants et les bars ont été fermés mais les entreprises restent ouvertes, de même que les écoles. Pourtant, c’est là que la majorité des contacts ont lieu.

On ne peut pas cette fois-ci invoquer à nouveau le prétexte de la surprise pour justifier le manque de matériel ou de personnel. Pourtant, le matériel de protection continue à être rationné et il y a toujours pénurie d’infirmières et d’aides-soignantes. Les places manquent dans les hôpitaux, dont les plus encombrés ont commencé à envoyer des malades dans d’autres villes. Certains hôpitaux demandent au personnel de santé de venir travailler même quand ils sont testés positifs ! D’autres en sont même réduits à faire appel à des bénévoles faute de moyens. 

Comme au printemps, ce sont les travailleurs qui font le plus les frais de la crise sanitaire et économique. D’abord parce qu’ils sont les moins protégés : ouvriers, caissières ou infirmières doivent continuer à se rendre au travail alors que leurs managers peuvent travailler à domicile. Ensuite,parce que le gouvernement s’est empressé d’ouvrir son portefeuille pour les patrons, tandis que les travailleurs en quarantaine ou dont l’école a fermé doivent prendre sur leurs congés !

Les mesures du nouveau gouvernement en faveur du secteur de la santé seront totalement insuffisantes. Les salaires des soignants restent trop bas ; le personnel est en sous-effectif chronique. Le secteur de la santé a subi des dizaines d’années de politiques d’austérité menées par les mêmes partis que ceux qui sont aujourd’hui au gouvernement. Ces politiques ont déjà privé une partie de la population de l’accès aux soins, aujourd’hui elles nous laissent impuissants face à la pandémie. C’est la logique du capitalisme : le profit avant tout, et tant pis pour les travailleurs.